Mamoune Sène, nouveau président de CropLife Sénégal (association des professionnels des fournisseurs de produits agropharmaceutique), a annoncé la mise en œuvre, dans un délai d’un an, d’un plan de retrait progressif de plus de 100 substances actives phytosanitaires jugées obsolètes. Cette initiative s’inscrit dans une démarche d’assainissement du marché des intrants agricoles, conformément aux évolutions des normes internationales en matière de sécurité sanitaire, de protection de l’environnement et de santé publique. Le processus impliquera un réexamen des autorisations de mise sur le marché (AMM) en coordination avec les autorités réglementaires compétentes.
"Ces produits ne répondent plus à un besoin technique ou aux exigences actuelles de santé publique et environnementale. Il est impératif de proposer des alternatives plus sûres et conformes à la réglementation européenne. À Kolda, c’est la chenille légionnaire qui menace les cultures de maïs, tandis qu’en zone cotonnière, l’apparition du parasite Jasyte préoccupe les experts en raison de l'absence de solutions techniques éprouvées", explique M. Sène.
Pour répondre aux défis croissants liés à la sécurité phytosanitaire et à l’utilisation des produits de protection des cultures, CropLife Afrique et Moyen-Orient a organisé un atelier de formation des formateurs à destination des membres des associations nationales et des autorités de régulation d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Objectif : renforcer leurs capacités pour assurer une diffusion efficace des bonnes pratiques agricoles auprès des utilisateurs.
L’atelier, qui a réuni les directions de protection des végétaux de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Burkina Faso, du Cameroun et du Sénégal a également mis en lumière l’urgence phytosanitaire que vivent plusieurs zones agricoles. Dans le bassin du fleuve Sénégal et jusqu’au Cap-Vert, les agriculteurs sont confrontés à une prolifération de Tuta absoluta, un ravageur redoutable des cultures maraîchères, vraisemblablement introduit par des importations en provenance du Maroc.
"Face à ces fléaux émergents, notre rôle est d’appuyer les services phytosanitaires nationaux avec des solutions qui ont fait leurs preuves ailleurs », a indiqué Mamoune Sène.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie visant à promouvoir une utilisation sécurisée et durable des produits phytosanitaires, dans un contexte marqué par des pressions environnementales, réglementaires et sanitaires de plus en plus fortes.
La réglementation, un passage obligé pour l’exportation
Sène Oualy Binetou Fall, cheffe de la Division législation et quarantaine végétale à la Direction sénégalaise de la protection des végétaux, a insisté sur les défis à relever pour concilier production agricole et exigences d’exportation. "Pour exporter, il est impératif d’utiliser des produits homologués par le Comité ouest-africain d’homologation des pesticides. Sinon, les opérateurs doivent se munir de certificats de conformité, notamment pour accéder aux marchés avec des standards élevés comme ceux de l’Union européenne", dit-elle.
De son côté, Jules Talon, responsable de la formation à CropLife Cameroun, a rappelé l’importance de la formation des producteurs pour assurer un usage sécurisé et efficace des produits phytosanitaires. "En tant que formateurs, nous avons la responsabilité d’accompagner les agriculteurs dans le respect des doses, la bonne manipulation des produits, et l’adoption de méthodes de lutte intégrée, combinant plusieurs techniques pour mieux contrôler les maladies et ravageurs", a soutenu M. Talon.
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