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QUARTIER A LA UNE - GRAND- DAKAR : Entre drogue, agression et pauvreté

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QUARTIER A LA UNE - GRAND- DAKAR : Entre drogue, agression et pauvreté

Sur l’avenue Bourguiba, en face du stade Demba Diop, un grand bâtiment peint en gris : les locaux de la commune d’arrondissement de Grand Dakar. Municipalité dirigée par Jean Baptiste Diouf de la coalition "Benno Siggil Senegaal". Dans cette localité surpeuplée comparée aux autres quartiers environnants comme les Sicap se retrouvent toutes les couches de la société d’où la promiscuité et les activités illicites.

Situé entre l’avenue Bourguiba depuis le jet d’eau jusqu’à Niary Tally en passant par le boulevard Dial Diop, ENA et le siège du Parti socialiste, Grand-Dakar est un quartier populeux au cœur de la banlieue. Ses rues sont sablonneuses, étroites et bruyantes avec ses interminables immeubles en location. Pourtant le loyer est moins cher ici que dans les autres zones estampillées Résidentielles. « Une chambre est louée entre vint et vingt cinq mille francs CFA » confie Marie Helene Sène comptable de formation aujourd’hui à la recherche de travail. Sa population est située entre soixante quinze (75) et cent (100) mille habitants selon le maire Jean Baptiste Diouf, par ailleurs membre du bureau politique du parti socialiste. Cela s’explique par la construction de nombreux immeubles « en location deux, trois, voire quatre fois plus que la normale ».

Un véritable melting-pot et un haut lieu de banditisme

Une population jeune mais « très dynamique pour rendre le quartier attrayant et visible » dit Ndongo Diaw la quarantaine bien sonnée. Toutes les ethnies du Sénégal se retrouvent dans grand Dakar ce qui en fait « un véritable melting-pot » selon Soumaré jeune étudiant à la faculté de droit de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. « Ici, les femmes sont braves car elles se lèvent très tôt le matin pour ne se reposer que dans l’après midi alors que d’autres franchissent même les frontières pour se rendre au Mali, en Gambie ou en Mauritanie acheter de la marchandise ». « Elles sont entre le petit commerce et le linge » poursuit le pensionnaire du temple du savoir. A coté de lui, un autre jeune ajoute : « parmi ces braves femmes, se trouvent aussi des femmes de mauvaises mœurs qui vendent leur corps une fois la nuit tombée. Tout le monde nie en bloc l’existence de ce phénomène mais c’est certain que ceux qui ne veulent pas en entendre parler sont ceux-là même qui les fréquentent ou qui vivent du commerce de leur charme ». Ce jeune "observateur " dit « ne pas comprendre qu’une jeune femme à qui on ne connait aucune activité génératrice de revenu soit en mesure de faire vivre une famille de plusieurs personnes et s’habiller toujours à la mode avec des tissus très riches et chers sans s’adonner à une activité illicite ». Une explication que Ndéné Dièye trouve plausible. Il ajoute « ce n’est pas la prostitution seulement que l’on trouve ici, la vente et la consommation de drogue sont aussi là, présentes ». Ils en veulent pour preuve « les gens qui ne sortent que la nuit ou à l’aube avec des paquets suspects et qui vivent dans un luxe insolent alors que leurs activités qui sont connues de tous ne peut pas les rapporter cela » explique Babacar Dione dans le quartier depuis plus de trente ans. Ce phénomène est lié aux nombreuses personnes de nationalité étrangère qui habitent maintenant le quartier. Le vieux Abdoulaye Fall indique que « ces gens sont visibles partout surtout dans les cybercafés où ils sont abonnés du matin au soir. Ils ne se fréquentent qu’entre eux parce qu’ils ne veulent pas être découverts par les populations C’est ainsi qu’ils arrivent à écouler leur marchandise et arnaque les paisibles citoyens ». Le vieil homme très en colère poursuit « le quartier est devenu méconnaissable maintenant. Si les autorités ne font rien face à ce phénomène il risque d’empirer et personne ne peut dire jusqu’où ça ira ». Devant ce ton haineux, le vieux Diallo, tenancier d’une boutique de nettoyage à sec rassure « j’ai fait plus de trente ans dans le pays je me suis toujours limité à mon linge, ma femme à sa vente de fruits et arachides grillés ».

Des femmes veulent sortir du lot

Malgré ce tableau sombre, il existe dans le quartier des gens qui se battent jour et nuit afin de pouvoir sortir du lot. Parmi celles-ci, la dame Ndèye Bineta Gaye, présidente de groupement de femmes par ailleurs formatrice en teinture, micro-jardinage, comptabilité, conservation des fruits et légumes et en gestion. Madame Gaye a eu à former plus d’une centaine de femmes dans ces domaines. Selon elle, « c’est une forme de partenariat entre la municipalité et moi. Je supervise les femmes dans leurs actions dont la plupart sont informelles. Aujourd’hui beaucoup groupements de femmes détiennent leur récépissé ». Une aide que la dame dit adopter car « c’est l’union notre force au niveau de grand Dakar ». La mairie, satisfaite de ce travail, « a pu trouver des partenaires belges qui financent beaucoup de projets de la commune d’arrondissement » souligne le membre du bureau politique du parti socialiste.

La difficulté majeure des femmes dans le manque de sécurité. Seynabou Mbodji explique « nous sommes régulièrement agressées et ceux qui en sont les auteurs habitent avec nous la localité. Nous partageons presque tout ensemble. Ils sont de bons voisins le jour, mais une fois la nuit tombée, ils se transforment en voleurs. J’ai eu à subir les foudres de ces gens devant chez moi, le gars m’a chipé mon sac à main ».

La population est très jeune. Le maire explique « quand vous passez aux heures de recréation avec les six écoles primaires que compte la localité, vous vous en rendrez compte ». Selon l’édile de la localité, « les écoles sont subventionnées en fournitures scolaires d’une valeur de douze à treize millions de francs CFA. Une subvention que nous comptons revoir à la hausse l’année prochaine afin que les enseignants ne demandent plus aux écoliers de payer pour les cours particuliers. Ainsi, nous voulons que les élèves aient de bons résultats aux examens » La commune de grand Dakar compte deux postes de santé « un qui se trouve à l’interieur de la municipalité et l’autre qui lui est limitrophe. Mais nous avons un très grand centre de santé qui est fréquenté par toutes les populations environnantes, c’est Gaspard Camara et il dépend de la ville de Dakar » note Jean Baptiste Diouf.

Sur le plan sportif, la commune peut compter l’ASC Niary Tally parmi ses fiertés. En effet, cette équipe de première division fait la joie de deux communes car « elle est à cheval entre celle de Biscuiterie et Grand-Dakar mais nous l’accompagnons dans toutes ses sorties » confie M. Diouf. La municipalité subventionne également les autres associations sportives et culturelles de son territoire communal au nombre quatre (Zone A, Disso, Kourel-bi et Diankalar) en mettant l’équipement qu’il faut pour leur permettre de faire des résultats en « offrant des jeux de maillots, la pharmacie, en augmentant la subvention à cinq cent mille à chacune d’elles » poursuit celui qui a été président de l’ASC Diankalar.

Des salles de cinéma à la déperdition

Grand-Dakar ce sont, cinémas aussi les cinémas, El Mansour et El Malick même s’ils ne sont pas dans le territoire communal « aujourd’hui fermés du fait des difficultés de la Sidec, du nom de la société qui avait en charge la distribution des films » se désole cette dame habillée en sari comme pour se rappeler les bons vieux moments vécus en ces lieux. « On se rendait chaque après midi au cinéma pour suivre les films de Emma Malini et Darmendra qui étaient des stars du septième art hindou. Je me souviens d’une copine qui avait accouché en pleine salle de cinéma, et comme l’enfant était de sexe féminin nous l’avons appelé Mangala qui, elle aussi était de cette génération » se souvient nostalgique la dame. « L’existence de ces salles de cinéma a fait dérapé beaucoup de filles finalement happées s dans le panneau des activités illicites qui leur ont coûté très chères et j’en faisais partie » regrette Mounasse Bâ d’un âge avancé le visage ravagé par la dépigmentation. Certaines populations accusent ces salles de cinéma d’avoir pervertis les jeunes d’alors « ce qui donnait une mauvaise réputation aux habitants. Il nous suffisait de dire que nous habitons Grand-Dakar pour être considérés parmi les gens les plus à craindre de la place » se rappelle encore Ibrahima Diagne. Il poursuit « pourtant malgré tout ce qui se dit, c’est un quartier qui a produit des personnalités dans ce pays ». Certaines personnes estiment que les agressions sont le résultat à la proximité des cinémas. « Les plus grands bandits avaient leur repère derrière les salles de cinéma »laissent elles entendre. D’un autre coté, de jeunes filles se défendent : « le banditisme est partout au Sénégal, Ce n’est pas notre localité seulement qui en pâti ».

Avec l’arrivée de la nouvelle équipe municipale, les jeunes se disent « optimistes après les promesses électorales de leurs élus ». Mais le maire précise « nous avons aidé certains jeunes à trouver des emplois, d’autres à entrer à l’Ecole normale supérieure, à trouver un permis de conduire mais nous avons un grand projet en cours qui pourra permettre aux jeunes de se caser c’est le pavage des rues avec la ville de Dakar ».



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