Des vœux de foi, d’espérance, d’amour et de charité pour l’année 2010. C’est ce que le Cardinal Théodore Adrien Sarr a souhaité hier aux chrétiens et au peuple sénégalais. Dans un message ‘de paix’ de fin d’année, l’archevêque de Dakar a rappelé à l’ordre le président Wade qui, dans ses sorties, notamment pour défendre ‘son Monument de la renaissance’, risque de diviser une communauté nationale caractérisée par une entente exemplaire entre chrétiens et musulmans.
Que personne ne soit surpris et étonné que je sois blessé, que les fidèles catholiques du Sénégal et au-delà, que l’Eglise universelle soient meurtris au plus profond de nous-mêmes, lorsque de telles vérités de notre foi chrétienne sont foulées aux pieds, par une tierce personne’, a souligné hier le Cardinal Théodore Adrien Sarr dans son message de nouvel an à la cathédrale de Dakar. Un moment que le prélat a mis à profit pour livrer la réplique de l’Eglise du Sénégal contre les ‘propos du président Wade qui pourraient engendrer des risques de divisions dans une communauté nationale caractérisée par une entente exemplaire entre chrétiens et musulmans’.
En effet, suite ‘aux propos insupportables’ tenus au Cices par Wade, ‘banalisant publiquement, devant des éducateurs de nos enfants, ce qui fait le cœur de notre foi’, note le Cardinal Sarr, les chrétiens se sentent ‘meurtris et humiliés’. Meurtris et humiliés par l’amalgame que le chef de l’Etat a établi entre le monument de la Renaissance africaine et les représentations qui se trouvent dans les Eglises. Et c’est pour lui notifier de façon claire et une fois pour toute, que ‘les chrétiens n’adorent pas de statues. Ils adorent un seul Dieu’, a martelé le prélat. Dans un contexte économique, social et religieux loin d’être des meilleurs, les priorités de l’heure requièrent qu’on s’y penche immédiatement. Telle ne semble pas être la préoccupation du président Wade dans ses sorties pour défendre ‘son Monument de la Renaissance’ contre les religieux.
Ces priorités, énumère le Cardinal Sarr, sont la hausse des prix des denrées de première nécessité, les délestages avec leur lot de dégâts collatéraux, l’insécurité dans les villes, les inondations dans les banlieues, la précarité dans le monde rural, les violences verbales, physiques et morales, les atteintes au respect des confessions religieuses, etc. Ainsi, dans son message tant attendu notamment par une chrétienté qui a répondu en masse à la présentation de ses vœux, l’archevêque de Dakar a décrié ‘le désintérêt que le chef de l’Etat vient de manifester envers une communauté engagée pour le mieux-être de tous les Sénégalais, sans aucune discrimination philosophique ou religieuse’. ‘Voilà pourquoi je vous invite à la sérénité et à porter toujours un regard de foi sur notre monde, sur notre pays, sur notre Eglise.
Je vous invite à faire toujours confiance au Christ, Vrai Dieu né du Vrai Dieu, n’en déplaise à ceux qui s’attaquent à notre foi’, a lancé le Cardinal Sarr dont le discours a été en phase avec les attentes de son auditoire constitué en majorité de jeunes et de hauts responsables du laïcat catholique. Dans ce dessein, il a présenté ses vœux de foi à tout le peuple sénégalais. Car, ‘il est scandaleux et inadmissible que la divinité de Jésus Christ, cœur de notre foi, soit mise en cause et bafouée par la plus haute autorité de l’Etat’, s’indigne-t-il. Et d’appeler ‘à la retenue dans les propos, qui peuvent blesser toute une communauté’. ‘Trop c’est trop’, a poursuivi le prélat qui s’est référé au Concile de Nicée en 325 pour rappeler ce que les pères de l’Eglise avaient affirmé, à savoir ‘la divinité du Christ, en disant que ce dernier est de même nature que le Père’.
Il a également présenté ses vœux d’espérance. Car ‘notre espérance, c’est le Christ, sa parole solide et vraie, sa fidélité à notre égard’. Selon lui, être chrétien dans le contexte du Sénégal d’aujourd’hui, c’est refuser le fatalisme. ‘C’est regarder l’avenir et croire, sans naïveté, que nous y pouvons quelque chose’. Ainsi a-t-il souhaité une bonne année notamment aux chômeurs du pays. ‘Nous savons à quoi ils aspirent : avoir un emploi, retrouver du travail, ne plus être en marge de la vie sociale, ne plus craindre les fins de mois ou le regard des autres’, a dit le prélat dont les propos n’ont pas manqué de susciter des ovations tout au long de son discours. Le cardinal a appelé, dans cette optique, à la solidarité des uns et des autres pour aider et soulager les personnes qui traversent des épreuves dans leur vie.
L’archevêque de Dakar a, en outre, présenté ses vœux d’amour et de charité. Et c’est pour souhaiter qu’en 2010, ‘cet amour, qui est pardon et réconciliation, illumine notre archidiocèse et le Sénégal tout entier’. Il a aussi confondu dans ses vœux les ‘frères et sœurs musulmans, qui nous ont toujours manifesté leur estime, soutien et solidarité’. Dans une allocution qui a tenu compte des joies et des peines l’Eglise du Sénégal au cours de l’année écoulée, le cardinal Sarr, comme pour rappeler à l’ordre dans les bonnes pratiques du vécu de la charité dans la vérité, note : ‘Toutes les difficultés auxquelles sont confrontés les Sénégalais, les Africains et l’humanité ne se règlent pas qu’à coup d’argent’. Il y a des valeurs fondamentales à respecter et à promouvoir. Il s’agit, entre autres, de la dignité de l’autre, le respect d’autrui, l’estime mutuelle, l’honnêteté et la solidarité agissante. ‘Nous voulons que Celui en qui nous croyons soit respecté’, a martelé le Cardinal Sarr.
Pour leur part, le porte-parole des laïcs du Sénégal, Henry Albis, le secrétaire de l’Union des religieuses et religieux de la maternité catholique, la sœur Marie Thérèse, et le vicaire épiscopal, l’abbé Léon Diouf, ont présenté au Cardinal les vœux de la communauté catholique. ‘Veilleur au regard de notre foi, vous l’êtes donc, Eminence, mais aussi veilleur au vu de ce qui se passe dans le pays’, lui a lancé l’abée Léon Diouf qui est revenu sur les différentes sorties du Cardinal et de ses pairs évêques sur les crises qui ont secoué le pays depuis l’alternance.
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