Repas à base de viande, grande mobilisation d’hommes et de femmes, zikrs du début à la fin, acheminement mouvementé des plats vers Touba. Les « ndogous » des Baay-Fall au niveau de la cité religieuse sont un événement annuel exceptionnel qui fait vibrer toute une ville le temps d’un mois. Entamée depuis 1915 à Diourbel par Mame Cheikh Ibra Fall, la tradition est perpétuée par les fils et les petits-fils de ce dernier. Des scènes inédites, des secrets jamais révélés jalonnent la journée de confection de ces repas. Un tour chez les Bay-Fall permettra de rencontrer celle qui, si homme, aurait été l’actuel Khalif Général des Mourides. Lors de ce reportage, ont été recueillis des propos de Serigne Cheikh Ndigël Fall et de Baye Ridial Seck.
Il est 10 heures, l’envie nous vient d’aller passer la journée avec ces Baay-Fall. Deux points importants sont au menu de la visite : la demeure de Serigne Cheikh Ndigël et celle de Serigne Cheikh Ridial Seck. 11 heures, l’honneur nous ai donné de rencontrer le plus célèbre des marabouts Baay-Fall.
Origine des « ndogous » avec Serigne Cheikh Ndigël
Fils de Serigne Cheikh Fall Bayyub Goor Ibn Serigne Modou Moustapha Fall qui est l’ainé de Mame Cheikh Ibrahima Fall, Serigne Cheikh Ndigël Fall, est sans doute l’une des figures religieuses les plus connues de la communauté Baay-Fall du Sénégal. Le marabout, guide spirituel de milliers de disciples mourides Baay-Fall habite la mythique cité de Palène à Mbacké. Palène est selon les historiens le plus important quartier général des Baay-Fall dans le Baol. Au milieu de ses talibés à quelques heures de la coupure du jeûne, l’homme acceptera, malgré tout, de revenir sur l’historique des « Ndogous ». Ainsi, nous apprendra-t-il que c’est « Serigne Touba qui avait appris un jour à Mame Cheikh Ibra Fall qu’il attendait un étranger qui devrait venir lui rendre visite et qu’il voudrait réserver à celui-ci un accueil exceptionnel . C’est au fil du temps que Mame Cheikh Ibra Fall devait se rendre compte que son marabout faisait allusion au mois de Ramadan. Conscient de l’importance que son marabout accordait à ce mois béni de l’Islam, le Cheikh s’était résolu à confectionner, quotidiennement, des mets à base de poulets qu’il proposait à son Guide religieux aux heures de rupture du jeûne. Le premier « ndogou » était un coq.
Depuis, les fils de Cheikh Ibra se sont évertués à perpétuer cet acte devant les fils de Serigne Touba et aujourd’hui, c’est autour des petits-fils d’en faire autant avec les petits-fils du Cheikh. L’important pour nous qui le faisons, c’est de savoir que c’est un geste destiné à Dieu et que Seul Dieu rétribuera. Nous n’attendons personne pour le faire et n’épargnerons aucun franc ou aucune énergie en le faisant », a confié Serigne Cheikh Ndigël Fall. Des sources renseignent que c’est en 1915 que le premier des Baay-Fall avait offert à Cheikh Ahmadou Bamba un repas à l’heure de la rupture. Après Mame Cheikh Ibra Fall, les « ndogous » ont eu comme maitre d’œuvre Serigne Moustapha Fall son ainé, qui a servi Serigne Moustapha Mbacké et Serigne Fallou Mbacké. Ce fut, ensuite le tour de Serigne Assane Fall, de Serigne Abdoulaye Fall Ndar et de Serigne Abdou Sakoor Fall qui ont perpétué la tradition auprès de Serigne Abdou Lahad Mbacké et Serigne Abdou Khadre. Et, l’on se rappelle les excellentes relations qui ont lié Serigne Modou Aminata Fall et Serigne Saliou Mbacké de 1990 à 2006. C’est pendant cette période que les « ndogous » ont pris cette immense envergure. La tradition se poursuit, de nos jours, avec Serigne Cheikh Dieumb Fall et ses « diawrignes » Serigne Cheikh Ndigël, Serigne Cheikh Ridial.
Chez Serigne Cheikh Ndigël
C’est une foule immense qui se retrouve tous les jours, depuis le début du mois de Ramadan, devant la concession du marabout à Niari Baay-Fall. Habillés de tuniques de couleur jaune et noir, les disciples du Cheikh n’osent pas s’asseoir tant que la cuisson des repas n’est pas terminée. De grands groupes sont formés et chaque unité s’active autour de quelque chose. Les femmes, logées à l’intérieur du quartier général, épluchent les oignons, les pommes de terre, les patates, les carottes. Elles lavent les condiments et les bols alors que plusieurs autres dames s’affairent autour des marmites. La fumée jaillit de partout, le ciel est noir, la sueur coule des fronts au rythme des « zikrs » scandés sans arrêt du matin au soir. A quelques mètres de là, il y a les hommes qui égorgent les moutons et les bœufs. Il s’agira ensuite pour eux, de dépecer les animaux, de partager la viande entre les différentes marmites déjà posées sur le feu. Sur la route qui mène de Touba à Mbacké, l’on prépare déjà les repas du lendemain. Des Baay-Fall, munis de calebasses, interpellent les piétons et les voyageurs. Ils répéteront, sans cesse, « aycca mouride, ci ndigu-li » (ô vous les mourides ! Votre participation pour la confection des repas). Fait notoire, durant toute la cuisson, aucune femme ne goûtera à la sauce à base de viande. Une dame dira que « goûter à la sauce équivaudrait à donner au marabout des restes ». A 17 heures, les repas sont prêts. Les bols sont disposés en file. Les femmes les remplissent et les referment. Le marabout vient pour les besoins de la supervision parce que, nous raconte-t-on, il faut qu’il s’assure que tous les plats sont bien faits.
Chez Serigne Ridial Seck
Même décor, mêmes activités, mêmes plats proposés. « Depuis plusieurs années, on a cessé de préparer du riz à la viande. Serigne Cheikh Ridial a inauguré l’ère des sauces à la viande, sachant que celui qui prépare du riz à la viande avoue son impuissance à proposer suffisamment de viande », articule Serigne Saliou Seck, membre de la famille. Baye Ridial Seck, entouré de ses disciples, invitera ses derniers à redoubler d’efforts dans la confection des « ndogous ». « Ces « ndogous », c’est un devoir pour nous de les offrir à nos guides spirituels. Que chacun d’entre nous sache que nous n’avons pas le choix ! Quelqu’un qui n’a pas de choix à faire, doit faire de ses obligations et de ce manque de choix, à faire des moments de bonheur. N’attendez personne et n’acceptez que personne ne vous retarde ! ». Ici les Baay-Fall sont vêtus de tenues jaune et noir. Le dispositif de mise chez Serigne Cheikh Ndigël, est presque le même chez ses locataires de la cité de Darou Khoudoss. Les hommes se chargent de l’abattage du bétail et de sa répartition, alors que les femmes s’affairent autour de la cuisson. Les « zikrs » ne manquent pas aussi à l’appel. Assis à même le sol, Serigne Baye Ridial Seck reçoit les « adiyas » (don) de ses disciples. La réflexion est déjà posée sur les repas du lendemain.
Le « Yoonu Ndogou »
Il est 17 heures à Palène comme à Darou Khoudoss. C’est le moment, plus que jamais, d’acheminer les mets sur Touba. A Palène, des véhicules sont disposés tout au long de la route. Serigne Cheikh Ndigël, à bord de sa voiture, dirige le convoi. Les repas sont disposés sur un camion bleu. Des mototaxis Jakartas passent devant le cortège, klaxonnant et clignotant. Derrière le cortège, les chants ont repris de plus bel et iront crescendo au fur et à mesure qu’on s’approche de la mosquée. A Darou Khoudoss, seul le marabout et les autres dignitaires religieux font le déplacement en voiture. Tout le reste devra braver la distance à pied. Les plats, contrairement chez leurs condisciples de Palène handicapés par la distance, sont portés sur la tête par des Baay-Fall. A pas cadencés, ils avancent, indifférents à la chaleur des récipients. Autre fait notoire, durant leur passage, les véhicules qui passent sont déviés. Armés de gourdins, autant dire que ces baay-fall ne peinent pas à débarrasser la route de tous autres éléments encombrants. Le spectacle est unique dans son genre. Des hommes se permettront même de se donner des coups de gourdins au dos. Les tuniques deviennent sanguinolentes, attirant la curiosité des badauds.
Sokhna Khady Fatma Mbacké recevant les Ndogous
Cette femme est la plus âgée de la grande famille de Serigne Touba. Elle aurait été un homme, aujourd’hui, c’est elle qui aurait occupé les fonctions de Khalife Général des Mourides. Fille ainée de Serigne Modou Moustapha Mbacké, premier Khalif de Touba, Sokhna Khady Fatma n’est pas loin de la centaine. Depuis plusieurs années, c’est elle qui reçoit les « ndogous » préparés par la famille de Serigne Cheikh Ridial Seck. Malgré son âge très avancé, elle n’a aucun trou de mémoire et reconnait ses proches à première vue. Lorsque tous les repas arrivent, la Mbacké-Mbacké délègue des personnes. Ces dernières seront chargées de distribuer les plats aux nécessiteux déjà à l’affût devant sa concession de Darou Khoudoss.
Les Ngodous, une aubaine pour les pauvres
« Nous faisons partie des rares personnes qui voudraient que toute l’année soit Ramadan car c’est pendant le mois de Ramadan que nous avons droit à de bons repas faits à base de viande. Nous arrivons aux environs de 17 heures pour disposer nos récipients devant la porte. Moi, je viens ici et j’envoie ma fille au niveau de la maison du Khalif. Là-bas aussi les repas sont d’une excellente qualité. Ainsi, nous avons de quoi dîner et de quoi manger pour le « kheud » (repas de l’aurore), confie une dame qui s’empressera de prier longuement pour Sokhna Khady Fatma et pour Baye Ridial.
Mama Moustapha MBAYE (Correspondance)
34 Commentaires
Deug Deg Deug
En Août, 2012 (11:24 AM)Sapotighetti
En Août, 2012 (11:27 AM)Le Senegal En Danger
En Août, 2012 (11:34 AM)Sedar
En Août, 2012 (11:34 AM)Touba rien que Touba et Toujours Touba .
Dieureu dieufe Xaadimu Rassul .
DEE LEENE WAKH REK ÑUY JEUF
Sapotighetti
En Août, 2012 (11:35 AM)Bpc
En Août, 2012 (12:03 PM)Vous n'avez rien compris
Belle Lika
En Août, 2012 (12:07 PM)Bira
En Août, 2012 (12:12 PM)Yirim Mbangik
En Août, 2012 (12:19 PM)Fafara
En Août, 2012 (12:23 PM)Mouride
En Août, 2012 (12:33 PM)Belle Lika
En Août, 2012 (13:01 PM)Mme
En Août, 2012 (13:06 PM)Nts
En Août, 2012 (13:21 PM)Noreyni2
En Août, 2012 (13:56 PM)Belle Lika
En Août, 2012 (14:19 PM)Djily Gaye
En Août, 2012 (15:22 PM)Repugnant
En Août, 2012 (15:43 PM)Mbaye=mbackÉ
En Août, 2012 (16:18 PM)Ndiguelienne
En Août, 2012 (16:21 PM)Belle Lika
En Août, 2012 (16:49 PM)Adja
En Août, 2012 (17:04 PM)Nano
En Août, 2012 (17:44 PM)Karaaaaa
En Août, 2012 (17:51 PM)Il parait ce fou cheikh ibrahima fall naimait pas la priere mais pourtant il setait marie pour satisfaire s libido
Ahmadouna
En Août, 2012 (18:04 PM)diarama mama cheikh ibra fall lééral nga yonwi yayekamal
Repugnant
En Août, 2012 (18:26 PM)Cours De Coran En 3 Leçons
En Août, 2012 (19:42 PM)Live
En Août, 2012 (21:00 PM)Alhamdoullilah
En Août, 2012 (22:46 PM)Ndiareme
En Août, 2012 (00:20 AM)Les mourites ont raison de faire du bruit, si non Ils seraient inexistants.
Majoritaire ils le sont qua Touba ndiareme. Partout ou ils vivent ils son minoritaires.
YALLAH KHAM LOUTAKH....
Veuse
En Août, 2012 (04:13 AM)O M
En Août, 2012 (07:44 AM)Dr
En Août, 2012 (14:59 PM)Mouridoul'lah
En Août, 2012 (16:36 PM)Que ceux qui tentent de salir Serigne Touba durant ce mois sacré sache qu'ils sont déjà déchus de leur condition de musulmans. Mentir et accuser un Aimé D'ALLAH et de Son Prophète, revient à mentir contre ALLAH.
Ce sont vos langues, vos doigts, vos yeux qui témoigneront contre vous, lors d' un Jour que vous ne soupçonnez pas.
Avant de critiquer Cheikh Ibra Fall et ses disciples, regardez-vous vous-mêmes, occupez-vous de noirceur de vos cœurs et de âmes.
Participer à la Discussion