De trois au départ, le nombre de vols quotidiens passe à quatre. Mais, pour l'essentiel, le rituel reste le même : 10 000 francs, un sandwich et une bouteille de boisson. Une situation qui ne laisse pas indifférents les politiciens.
(Correspondance) - Depuis sa création, l'aéroport Dakar-Bango de Saint-Louis n'a jamais été aussi sollicité et son trafic aérien aussi dense. En fait, depuis le jeudi 12 septembre dernier, début des opérations de rapatriement de jeunes émigrés sénégalais d'Espagne au Sénégal, l'aéroport ne désemplit pas. L'on assiste à un va-et-vient incessant de charters et Mc Donel 83 espagnols, bondés de jeunes refoulés, qu'ils déversent à Saint-Louis.
Avec le contingent d'émigrés clandestins qui a débarqué hier à l'aéroport Dakar-Bango de Saint-Louis, ce sont maintenant mille quatre cent trente cinq Sénégalais qui ont été refoulés d'Espagne via le pont aérien Espagne-Saint-Louis du sénégal. A ce nombre, il convient d'ajouter trois étrangers ( deux Ghanéens et un Bissau-guinéen ) qu'ont a embarqués, par inadvertance, des îles canaries. Ces derniers ayant, toutefois, juste fait escale en terre sénégalaise avant de rejoindre leurs pays d'origine.
Mais le fait nouveau de ces opérations reste le rapatriement massif de jeunes candidats à l'émigration. Et pour cause, on a noté depuis mercredi dernier une augmentation du nombre de vols devant convoyer les refoulés sénégalais d'Espagne à la capitale du Nord. Ainsi, les vols sont passés de trois à quatre vols tous les deux jours. Malgré l'accroissement des vols et du nombre de refoulés d'Espagne, pour l'essentiel, le rituel du retour reste à peu près le même. Etroitement surveillés, les émigrés clandestins descendent de l'aéronef, traversent en rang la centaine de mètres qui les séparent de la tente officielle pour aller à l'identification. Ils sont, ensuite, vaccinés contre la fièvre jaune, empochent les dix mille francs que l'Etat du sénégal leur donne en guise d'appui, brandissent tel un trophée de guerre les 35 euros que les policiers espagnols leur ont donnés à leur descente d'avion, avalent quelques sandwichs, sirotent de la boisson et montent dans les cars chargés d'assurer leur transport jusqu'à leur terroir d'origine.
La mine renfrognée, ils ne manquent toutefois pas de pester contre la méthode tout en dénonçant ces opérations de rapatriement orchestrées sans leur consentement. Pendant ce temps, certains d'entre eux reviennent à la charge pour lancer des piques à l'encontre du Président Abdoulaye Wade et de son régime, réitérant leurs menaces de vote-sanction. D'autres, le visage marqué par la déception et la fatigue, expliquent comment ils ont pu difficilement atteindre les côtes ibériques, encourant d'énormes risques et reviennent sur les conditions de vie dans les camps de rétention espagnols.
Opération de rapatriement : Quand la politique s'en mêle
Les opérations de rapatriement qui se déroulent depuis le 12 Septembre dernier à l'aéroport Dakar-Bango de Saint-Louis sont, très souvent utilisées par certains politiciens à des fins de propagande politique. Si au tout début, ce sont surtout les seconds couteaux et autres lieutenants qui squattaient les lieux, depuis un certain temps, de plus en plus, certains leaders de partis politiques montrent le bout de leur nez. C'est ainsi qu'hier, le leader du Fsd Bj de Feu Cheikh Abdoulaye Dièye a fait le déplacement de Dakar Bango. Cheikh Bamba Dièye a saisi cette occasion pour clouer au pilori la politique de jeunesse du gouvernement de Me Abdoulaye Wade. Pour le fils de Cheikh Abdoulaye Dièye, cet échec est à l'image de ce que le pouvoir en place a produit depuis des années. Cheikh Bamba Dièye a, par ailleurs, fustigé les conditions difficiles dans lesquelles les jeunes rapatriés sont mis. En outre, le natif du quartier de Santhiaba et leader de la Langue de Barbarie a plaidé pour une prise en charge effective des rapatriés d'Espagne. Cheikh Bamba Dièye se dit fondé à croire que ces refoulés d'Espagne sont des Sénégalais et que par conséquent, l'Etat du Sénégal doit les prendre en charge.
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