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[ Dossier ] Rentrée scolaire et crise économique : le grand dilemme

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[ Dossier ] Rentrée scolaire et crise économique : le grand dilemme

La crise économique actuelle ainsi que les multiples difficultés au Sénégal installent les parents d'élèves dans un profond embarras face aux immenses frais et autres dépenses qui accompagnent la rentrée scolaire de cette année. Des fournitures aux frais d'inscription exorbitants, en passant par le transport et l’habillement, ces derniers qui ont souvent du mal à joindre les deux bouts, ne peuvent que se résigner devant une crise économique et sociale qui agit comme un rouleau compresseur.

Fournitures, habillement… : La loi des priorités

Devant l'importance des dépenses liées à la rentrée scolaire, les parents d'élèves se réfugient derrière une logique. Celle qui consiste à procéder par priorités des besoins afin de parvenir à assurer l'essentiel des dépenses. Et à ce rythme, c’est le chapitre ports vestimentaires des enfants qui risque d’être rayé du budget.

Survenue seulement deux mois après la fête de la Korité, la rentrée scolaire de cette année 2009 se présente comme un véritable casse-tête pour les parents d'élèves. Ces derniers qui ne savent plus où donner de la tête sont complètement submergés par les multiples dépenses accompagnant un tel évènement. Mais pour certains, il n’y a pas place à la méditation et à l'inquiétude du moment qu'ils ne sauraient faire que ce que leurs bourses leur permettraient de faire. ‘Tout parent d'élève rêve de mettre son enfant dans des conditions idéales durant l'ouverture des classes, mais les temps sont tellement durs qu'il importe de faire avec nos moyens tout en procédant par priorité dans les dépenses’, fait remarquer Adji Fatou Ndiaye. Cette dame trouvée devant un kiosque de librairie sur l'avenue Balaise Diagne révèle privilégier les livres et les cahiers par rapport à l'habillement de ses enfants. ‘Il faut être réaliste dans la vie, car il y a seulement moins d'un mois lors de la korité, j'avais acheté des habits pour mes enfants.
Maintenant, pour l’ouverture des classes, la priorité ce sont les fournitures’, poursuit-elle. ‘Moi, j'ai demandé à mes enfants de porter justement les habits qu'ils ont eus lors de la korité car les temps sont devenus très durs et que par conséquent, il faut savoir s'adapter en procédant par ordre de priorités’, renforce Yaye Awa en train de marchander des livres de mathématique. D'ailleurs, un tour chez quelques tailleurs des différents quartiers de Dakar a permis de nous en convaincre. ‘Il est bien clair que avec cette rentrée des classes, nous n'avons pas pu faire de bonnes affaires car les temps sont durs et nous comprenons parfaitement les parents d'élèves du fait que la Korité a précédé la rentrée scolaire’, reconnaît Mbaye Ndiaye, tailleur à Colobane.

Ainsi, la situation a bien imposé sa logique. Celle qui aura permis aux chefs de famille et responsables des élèves de s'adonner à une véritable adaptation en fonction des réalités du moment. Et pourtant du côté des élèves eux-mêmes, il y a cette résignation qui les conduit à se passer des futilités. ‘Nos parents se surpassent pour nous assurer une bonne scolarité. C'est pourquoi nous ne réclamons pas cette année d'habits neufs pour rejoindre les classes.

Cela, d'autant plus que l'année scolaire est très longue et chaque jour, ils nous donnent quelque chose’, soutient le jeune Cheikh Diop, élève à l'école primaire Colobane1. A cela s'ajoute le fait que la Tabaski pointe déjà à l'horizon avec son lot de frais et autres dépenses allant de la nourriture à l'habillement. Les fêtes de fin d'année qui approchent également sont réputées être celles des enfants. Mais pour le moment, c'est la loi des priorités qui prime. Reléguant tout autre besoin au second plan.

 

Fournitures scolaires : Une nécessité qui ignore la crise

La crise économique qui frappe tous les secteurs n'a aucunement épargné la rentrée scolaire. Les fournitures scolaires coûtent cher et les parents sont, pourtant, obligés d'en acheter pour leurs enfants. Et pour y arriver, tous les moyens légaux sont bons pour assurer aux enfants un parcours scolaire normal.

Les fournitures scolaires, allant des livres aux cahiers, en passant par les stylos et autres accessoires permettant aux écoliers de suivre normalement leurs cours, coûtent très cher. Mais toujours est-il qu'il est difficile de s'en passer. La crise financière mondiale qui a affecté presque tous les secteurs de l'économie ne l'a pas épargné. Du côté des librairies, vendeurs par terre et autres boutiquiers, le constant reste le même : ‘Les ventes de cette année sont insignifiantes. Nous sentons à peine la rentrée scolaire’, disent-ils en chœur.
A la librairie ‘Dico-Rama’, située à quelques encablures de la grande porte de l'Université Cheikh Anta Diop quelques clients se présentent. Pour la plupart, il s’agit d’étudiants qui cherchent des œuvres au programme. Les quelques rares parents discutent le prix des cahiers et livres pour leurs enfants. ‘Cette année, la crise est partout présente et les événements se suivent’, se plaint Madame Sarr, accompagnée de ses deux enfants, des écoliers pour qui elle est venue chercher du matériel scolaire. Viviane, chargée des ventes à ‘Dico-Rama’ explique : ‘nous vendons mieux pendant cette période parce qu'on travaille plus sur le côté professionnel’. ‘Mieux, poursuit-elle, la crise ne peut pas être trop apparente car les fournitures scolaires sont une nécessité voire une obligation pour qui veut que ses enfants étudient’. Les parents qui sont donc tenus d'acheter ces outils précieux à leurs enfants adoptent des stratégies différentes.

Du côté des librairies par terre, les écoliers procèdent à l'échange de leurs œuvres de l'année dernière contre celles de cette année. ‘Maman m'a demandé d'échanger mon livre de Ce1 avec celui du CmI, ma classe actuelle’, informe Aïssatou Sine qui dit avoir ajouté 500f pour obtenir un nouveau livre. Kéba Thiam vendeur par terre se frotte les mains : ‘Nous ne vendons plus parce que nos livres coûtent moins cher et avec la rentrée, les livres de l'élémentaire sont plus vendus. Pour les universitaires, il faudra attendre le mois de novembre’, renseigne-t-il. Toutefois il constate une répercussion notable de la crise sur le pouvoir d'achat des parents qui se contentent, selon lui, du minimum.


Frais d'inscription : Le difficile sésame

Les frais d'inscription imposés cette année aux élèves des établissements scolaires publics constituent un véritable casse-tête pour leurs parents. Déjà confrontés à l'achat de fournitures et autres matériels scolaires, ces derniers butent sur des frais d'inscription très élevés et variant entre 10 et 15 mille francs Cfa.

Ce n'est pas encore le grand rush dans les établissements publics scolaires. Cela, malgré l'ouverture des classes qui s'est effectuée il y a juste deux semaines. Et c'est le prix très élevé des frais d'inscription qui semble être à l'origine d'un tel rythme. Ces prix fixés entre 10 et 15 mille francs se présentent comme la patate chaude de cette rentrée des classes. Au point que Kalidou Diallo, le ministre en charge de l'éducation, a cru bon de signer une circulaire pour réduire ce montant jugé exorbitant et fixer le plafond à 10 mille francs. Mais toujours est-il que la somme déduite est dérisoire. Car dans certains établissements, le conseil de gestion avait effectué une évaluation des besoins et autres charges en faisant déborder les prix. A la section moyenne du lycée Lamine Guèye appelée communément ‘petit quartier’, cette structure composée des responsables de l'établissement, de l'association des parents d'élèves et autres acteurs éducatifs avait fixé ces droits à 10 mille 500 francs. Mais suite à la note circulaire du ministre de l'Enseignement moyen et secondaire, les élèves qui s'étaient déjà souscrits aux inscriptions se verront restitués chacun la somme de 500 francs. Et même si cette somme est insignifiante, ces derniers ne se font pas prier pour récupérer leur dû. ‘Avec la crise économique très aiguë, il faut que nous récupérions nos 500 francs’, précise Matar, un élève dudit établissement.
Toutefois, avec cette circulaire ministérielle, le problème ne risque pas trop de se poser pour les responsables des établissements parce que beaucoup d'élèves ne sont pas encore inscrits faute de moyens. ‘Ma mère me demande de rester à la maison jusqu'à la fin du mois car c'est mon grand frère qui s'occupe du paiement de ma scolarité et il avait d'énormes charges ce mois-ci’, se désole ce jeune garçon trouvé sur un banc public en train de suivre un match de foot. Mais c'est surtout à l'intérieur du pays que les difficultés se font le plus sentir à cause de la faiblesse du pouvoir d'achat. Dans des localités comme Tambacounda, Kolda et autres régions figurant parmi les démunis du pays, les élèves se demandent même s'ils rentreront dans les classes cette année. ‘Je me demande si ce prix a été fixé pour décourager les parents d'élèves ou pas mais cela ne va pas dans le sens du concept ‘ Education pour tous’’, déclare Baye Ndiogou qui dit avoir dans sa maison huit élèves.

Mais du côté des autorités, l'on semble justifier ce prix par l'augmentation des besoins et des charges des établissements. ‘Le conseil de gestion trouve raisonnable ce montant car il englobe le prix des blouses, de l'entretien de l'établissement et d'autres dépenses relatives au fonctionnement normal de l'école’, rappelle ce responsable du Lycée Lamine Guèye. Toujours est-il qu’amener son enfant à l'école et lui assurer une année scolaire sans troubles, relève aujourd'hui au Sénégal d'un véritable miracle. Un gâchis même, diront certains parents d'élèves. Car, malgré tous les sacrifices consentis pour leurs enfants, ces derniers passent la moitié de l'année scolaire à la maison à cause des grèves cycliques.  
 

Transport des élèves : La carte d’abonnement comme panacée


Les élèves ont repris le chemin de l'école et le transport est aussi l'une des principales rubriques dans les dépenses des parents. La proximité des écoles fait défaut. Pourtant il faut aller chaque matin à l'école et revenir à la maison le soir. Le transport coûte très cher et sa dépense quotidienne avoisine 500 francs par jour et par élève. C'est la raison pour laquelle plusieurs parents ont préféré le système de l'abonnement. A la direction de Dakar dem dikk, en face de l'Ecole nationale d'économie appliquée (Enea) qui se trouve à Ouakam, M. Ndiaye nous livre une fiche de renseignement. ‘Il faut d'abord avoir la carte moyennant 1000 francs et acheter une vignette mensuelle qui s'élève à 10 000 francs pour les élèves et étudiants’, renseigne-t-il.
Au terminus Liberté, 5 Mariama Sané, venue chercher des cartes pour ses enfants, justifie son choix : ‘Avec la carte, une fois la vignette achetée, le transport du mois est assuré. Je ne supporte pas que mon enfant soit obligé de ne pas aller à l'école parce que je n'ai pas de quoi lui payer le transport.’ Parfois, l'abonnement n'est pas la solution totale aux problèmes du transport. L'insuffisance des bus au niveau des arrêts fait qu'il est possible d'attendre des heures au point de devoir arriver à l'école en retard ou de prendre un autre véhicule.

En plus de devoir payer le transport, les élèves sont obligés de fournir beaucoup d'énergie pour avoir un car pour les non abonnés. Au rond-point 26 de Nord Foire, c'est, chaque matin, à partir de 6 h 30 une course de vitesse pour obtenir une place dans un car et être en classe avant l'heure.

Outre les fournitures scolaires, le transport, les frais d'inscription et autres, les enfants qui passent la journée à l'école devront y casser leur croûte. Un autre chapitre du budget familial déjà fortement surchargé.

Réalisé par Abdoul Aziz AGNE et Yandé DIOP (Stagiaire)



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