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RENTREE DES CLASSES 2009-2010 : Sur fond de fracture et facture scolaires

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RENTREE DES CLASSES 2009-2010 : Sur fond de fracture et facture scolaires

Cinq jours après leurs 62 000 enseignants (dont 57 000 «craie en main», près de deux millions d’élèves du préscolaire, de l’élémentaire et moyen- secondaire du public regagnent, en principe, les classes aujourd’hui. Parmi les potaches, 350 000 «bleus» entrent au Cours d’initiation (Ci), 138 516 en classe de 6e, selon le ministère de l’Enseignement, chargé du Préscolaire, de l’Elémentaire, du Moyen- Secondaire et des Langues nationales.

Mais, dans la pratique, beaucoup de ces élèves ne vivront pas le bonheur des retrouvailles entre potes ou les frissons de la première fois. La faute aux inondations, notamment dans la banlieue de Dakar, et aux problèmes d’insécurité dans les zones environnantes de la ville de Ziguinchor.

Pour les parents, c’est le stress des inscriptions et des fournitures scolaires, par ces temps de crise, même si le Département de M. Diallo informe que 2 351 962 manuels (lecture, calcul, arabe) ont été mis à la disposition des écoles pour 2009-2010. Bref, la facture et la fracture scolaires s’enchevêtrent. 

Cependant, en dépit des déficits de classes (recours encore important aux abris provisoires) et de tables- bancs, du besoin de Profs (1 376 dans le Moyen- Secondaire), le gouvernement reste optimise. Le ministre de tutelle, Kalidou Diallo, a indiqué, hier, à la télévision (Rts), que la rentrée sera «effective à 80, voire 90%».

 

BANLIEUE DE DAKAR : Potaches et parents victimes d’une fracture…scolaire

La rentrée scolaire se passe encore dans la mauvaise humeur pour la banlieue de Dakar confrontée à des inondations.

Une bonne partie des élèves de la banlieue de Dakar ne regagnera pas les classes aujourd’hui, comme l’a, du reste, admis le Premier ministre, la semaine dernière. La plupart des 68 écoles de la région se trouvent en banlieue. Et, même si le gouvernement envisage provisoirement de redéployer des potaches, dont les écoles sont inondées, vers d’autres établissements, des parents d'élèves dénoncent ce qu'ils appellent un «manque de considération».

«Le gouvernement aurait dû prendre des mesures depuis très longtemps pour dégager l'eau des écoles inondées», peste Abdoul Aziz Faye, un jeune parent d'élève rencontré au quartier Tally Boumack, à Pikine. «Peut-être que les écoles situées dans la banlieue ne constituent pas une priorité pour les autorités», s’interroge M. Faye. Pour cet autre père de famille, Dame Cissé, «le gouvernement avait tout le temps pour établir des priorités, dont l'évacuation des eaux qui ont envahi les écoles».

A Guédiawaye, Pikine, Thiaroye et Yeumbeul, les frustrations sont les mêmes. Le moral des élèves est en berne. Tel cet élève de l'école publique Mamadou Mady Ndiaye inondée, qui nourrit des craintes pour sa scolarité : «Je dois préparer l'entrée en sixième cette année 2009-2010 et notre école est toujours inondée. Je suis inquiet à l'idée de savoir que mes camarades des autres écoles vont démarrer le 5 octobre.»

Exil

Les inondations changent la carte scolaire dans la banlieue. Déjà handicapés pour le fait qu’ils habitent des zones défavorisées, les élèves vont subir l’«exil» vers d'autres zones. Des bouleversements en perspective qui auront un impact sur la suite de leur scolarité. «En plus de quitter leurs zones, ces élèves vont d'abord perdre leurs repères et auront des difficultés pour s'adapter à leur nouveau milieu», pense Idrissa Ndiaye, un enseignant qui officie dans l'élémentaire.

«Notre école n'est pas inondée, mais ceux, parmi nos élèves, qui habitent des quartiers inondés vont devoir suivre leurs parents qui ont déménagé vers Keur Mbaye Fall et Keur Massar, 61 parents nous ont déjà sollicités pour transférer leurs enfants», renseigne Mamadou Diouf, directeur de l'école Massaër Diagne de Thiaroye. Ce dernier ajoute : «De même, des élèves de zones inondées, dont les parents sont hébergés dans des quartiers environnants de l'école Massaër Diagne, ont manifesté le souhait de se faire transférer ici. Et à la rentrée, cela va être le rush pour les transferts.» Un chamboulement de la carte scolaire en banlieue qui risque de faire pousser des cheveux blancs aux instituteurs. «Nous serons obligés de faire un travail de mise à niveau», prévient l’instituteur Ibrahima Ndiaye.

 

EVACUATION DES ECOLES OCCUPEES : Risques de clash entre parents d'élèves et sinistrés

En 2005, beaucoup de Sénégalais s'étaient émus des affrontements qui avaient opposé, à l'époque, des parents d'élèves, soucieux de voir leurs enfants démarrer les cours, à des sinistrés qui traînaient les pieds ou refusaient de quitter les écoles où ils avaient été logés à la suite des inondations.

Cette année encore, les risques d’affrontements sont réels. «Nous sommes tous dépassés par la situation. La rentrée approche et les sinistrés sont toujours ici. Ce sont des gens dignes qui nous avaient donné leur parole qu'ils allaient libérer les classes à la rentrée. Ils nous ont assurés, la mort dans l'âme, qu'ils vont retourner à leurs domiciles même s'il faut vivre dans les eaux. D'autres sont retournés au village et ont hypothéqué définitivement les études de leurs enfants dont certains devaient, cette année, être en classe de troisième», se désole Mor Lô, directeur de l'école publique "Martyrs B", situé dans l'enceinte du camp militaire de Thiaroye et porte-parole du collectif des directeurs d'école de Thiaroye.

Le marteau de la rentrée, l’enclume des inondations 

Très attristé par la situation des sinistrés logés dans les écoles et qui sont pris entre le marteau de la rentrée et l'enclume des inondations, M. Lô raconte le cas pathétique d’une dame. «Brillants à l'école», les enfants de cette dernière vont devoir mettre un terme à leurs études et rentrer au village du fait des inondations. «Cette dame est, ici, parmi les sinistrés logés à l'école et je suis en train de voir avec ma famille comment adopter ses enfants.»

Ailleurs, c'est le désarroi. C'est le cas à l'«Ecole 27» de Pikine où sinistrés et parents d'élèves se regardent déjà en chiens de faïence. «La date du 25 septembre avait été retenue pour qu'ils quittent les écoles, mais ils sont toujours là», dénonce un parent d'élève. Ce dernier révèle que «des déclarations sur l'honneur, par lesquelles chaque sinistré s’était engagé à quitter les écoles, avaient été exigées à certaines des victimes des inondations avant de les loger dans les salles de classe. Les plus téméraires avaient fait fi de ces déclarations pour forcer les portes des salles de classe. Il va falloir alors utiliser la force pour les déloger», estime Abdoul Aziz Faye, le jeune parent d'élève.

A Salif Ndongo et Massaër Diagne, deux écoles respectivement situées dans la commune de Djedah Thiaroye Kao et celle de Thiaroye, la parade a été de ne pas ouvrir les portes aux sinistrés.

 

ZIGUINCHOR : Le tableau noirci par 698 abris provisoires, une dizaine d’écoles inondées et l’insécurité    

La rentrée scolaire se fera à plusieurs vitesses dans la région de Ziguinchor. Les fortes précipitations qui se sont abattues dans la commune ont mis plusieurs établissements hors d’état de fonctionnement présentement.

Près d’une dizaine d’écoles sont aujourd’hui inondées. Se sont surtout les établissements scolaires qui se trouvent dans les quartiers périphériques. C’est le cas des écoles Jean Kandé, d’Ibou Diallo, Santhiaba Rural. «Nous avons pris toutes les dispositions avec les autorités et les sapeurs-pompiers pour enlever les eaux dans ces sept (7) écoles élémentaires et sept (7) Collèges d’enseignement moyen et secondaire qui sont aujourd’hui sous les eaux», selon l’Inspecteur d’académie (Ia), Gana Sène. Les cours ne pourront pas démarrer à temps dans ces établissements, mais l’Ia rassure : «Nous osons espérer que ces écoles vont démarrer les cours dès la deuxième quinzaine du mois d’octobre.»

A l’école de Lyndiane 3, tout comme dans les villages de Diabir et de Baraaf, durement éprouvés par les derniers accrochages entre l’armée régulière et des bandes armées supposées appartenir au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), c’est la perte d’une année scolaire qui hante le sommeil des populations. Les élèves et de leurs parents sont venus se réfugier, depuis un moment, à Ziguinchor. Leurs enseignants, pour leur protection et leur sécurité, attendent d’être redéployés dans les établissements de la ville. Mais avise le patron de l’Education de la région, «le redéploiement des enseignants et élèves de ces villages n’est pas encore à l’ordre du jour. Le gouverneur et les autorités militaires de la région sont informés de la situation et toutes les dispositions seront prises également pour le bon déroulement des cours dans le quartier de Lyndiane 3 et les villages de Diabir et de Baraaf».

Par ailleurs, le problème des abris provisoires perdure. 698 abris provisoires ont été enregistrés, dont 556 à Bignona, 39 à Oussouye et 113 à Ziguinchor. «C’est une situation très préoccupante pour nous autres autorités académiques. Nous avons un programme de remplacement de ces abris provisoires dans le cadre de l’initiative Fast-track», note M. Sène.

 

ACHAT DE FOURNITURES SCOLAIRES : Le rush des parents, les bonnes affaires pour les vendeurs 

La rentrée des classes est synonyme de forte rentrée d’argent pour les vendeurs de manuels scolaires. Cette année ne déroge pas à la règle, malgré la crise. Les parents se plient en quatre pour leurs enfants. Chacun en fonction de ses moyens.

Malgré la crise économique, les parents font des pieds et des mains pour équiper leurs enfants en manuels scolaires. Cependant, chacun y va avec ses moyens. Les uns se rendent dans les librairies pour acheter des livres, a priori, neufs, alors que d’autres se rabattent sur les «librairies parterres» où on leur propose des outils scolaires neufs ou de seconde main, à des prix abordables.

A Sandaga, au centre-ville de Dakar, devant une étale de livres, Mme Constance Anna Bâ marchande. «Je suis venue acheter des livres pour mon petit frère qui va faire la Seconde cette année. Je marchande pour pouvoir lui acheter ce dont il a besoin pour débuter ses cours.» De son côté, Mme Aminata Sall a choisi d’aller dans une librairie dakaroise réputée. «Je suis une habituée d’ici, où je viens chaque année acheter le matériel scolaire de mes enfants. Même si les prix sont chers et avec cette crise qui n’arrange pas les choses aussi, je fais tout mon possible pour que mes enfants aient le meilleur.» Selon elle, c’est un investissement à long terme : «J’espère récolter un jour les fruits de ce sacrifice.» Mme Sall ajoute, avec le sourire, qu’elle préfère acheter des livres neufs pour donner «plus d’envie d’étudier» à ses enfants.

En tout cas, les affaires marchent pour tous les vendeurs de fournitures scolaires. «Les affaires marchent bien en ce moment. Surtout en cette période de crise, les parents viennent nous voir pour acheter ce dont leurs enfants ont besoin. Ici, on vend beaucoup moins cher que dans les librairies et nous faisons même des échanges de livres», se réjouit Modou Samb, qui tient un étale de livres et cahiers au rond-point de Sandaga. Son collègue Saliou Amar confirme que «les affaires sont florissantes actuellement, nos prix sont à la portée de tous les citoyens».

Dans l’une des plus grandes librairies de la ville, c’est aussi la ruée. Beaucoup de clients sillonnent les rayons à la recherche de livres pour leurs enfants. A en croire Justin Diatta, le chargé de la communication de la librairie, les affaires vont bien. «Comme c’est la période de la rentrée, les personnes viennent forcément acheter», dit-il.

Aussi bien chez les libraires et que les vendeurs «parterres», on s’accorde pour dire que les ouvrages les plus demandés en ce moment sont «Ami et Rémi», «Sidy et Rama» pour le Primaire. Pour le Moyen- Secondaire, il s’agit de «Go for english» et les livres de Mathématiques. Mais, les prix sont très différents d’un milieu à l’autre. En librairie, la fourchette des prix varie entre 3 500 à 20 000 FCfa ; chez les marchands informels, cela coûte bien moins cher que cela.

 

M. L. Badji, H. hanne, A. Thiam et Nd. F. BA (Stagiaire)



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