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RÉOUVERTURE DES SITES D’ORPAILLAGE A KEDOUGOU : Les chercheurs d’or retrouvent le sourire

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RÉOUVERTURE DES SITES D’ORPAILLAGE A KEDOUGOU : Les chercheurs d’or retrouvent le sourire

Après plus d’un an de fermeture, les « diouras » ont rouvert. Au grand bonheur des orpailleurs qui ont durement ressenti cette mesure. Entre temps, l’insécurité et les braquages ont fortement baissé, de même que l’utilisation des produits chimiques dans le traitement du minerai. 


La fermeture, en 2014, des « diouras », ces fameux sites d’orpaillage, a été une pilule dure à avaler pour les populations de Kédougou. Sur le plan social, « les conséquences, engendrées par cette décision des plus hautes autorités, ont été négatives », admet Pathé Dièye, le chef de la Division régionale de l’environnement et des établissements classés (Dreec). En effet, beaucoup de personnes qui gagnaient leur vie dans les « diouras » se sont retrouvées, tout d’un coup, coupées de leurs sources de revenus. Aussi, la décision avait eu une répercussion négative sur le commerce, les activités socio-économiques, les Btp, etc. 
« L’impact a été négatif sur le niveau de vie des populations », reconnaît encore ce fonctionnaire de l’Etat. Il y a deux ans, avant la fermeture des « diouras », l’économie locale était en plein boom. « Aujourd’hui, les activités tournent au ralenti ; alors qu’il y a deux ans, c’était le boom total. Le commerce se portait bien et quand vous sortiez, vous voyiez toujours les nombreux véhicules qui étaient en file indienne pour acheter du carburant, signe qu’il y avait de l’argent », fait remarquer l’environnementaliste. Younoussa Samassa, agent à la Poste de Saraya, confirme cette période faste à Kédougou. 
« Mon contrat à la Poste venait de terminer. En attendant le renouvellement, j’étais parti à Sabodola avec une machine de détection d’or que m’avait envoyée mon oncle depuis l’étranger. La journée, je pouvais gagner jusqu’à 200.000 FCfa », se rappelle-t-il nostalgique. Quand son contrat a été renouvelé, Younoussa Samassa est resté trois longs mois sans percevoir de salaires. Mais, poursuit-il, j’avais suffisamment amassé d’argent dans les « diouras » pour tenir le coup durant tout ce temps. Tout le contraire de ses collègues d’infortune qui peinaient, en ce moment, à joindre les deux bouts.

Un mal nécessaire
Certes, l’onde de choc de la fermeture des sites d’orpaillage a été durement ressentie par les Kédovins, mais Pathé Dièye pense que c’était néanmoins un mal nécessaire. De son point de vue, il était temps de trancher le nœud gordien, tant le mal était profond. « A un moment donné, les gens n’osaient plus sortir de chez eux à cause des braquages et de l’insécurité qui avaient atteint des proportions inquiétantes », révèle le chef de la Division régionale de l’environnement et des établissements classés. Il ajoute que la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase était l’assassinat d’une personne dans un village situé à 9 kilomètres de la commune de Kédougou. 
« Les braqueurs avaient pensé que cette personne portait de l’or. Or, il n’en était rien. Après cet incident, les autorités ne pouvaient plus rester les bras croisés parce que cela s’était produit aux portes mêmes de la ville », justifie-t-il. Le 17 avril 2014 donc, lors du Conseil des ministres délocalisé de Kédougou, le chef de l’Etat Macky Sall prenait la décision de suspendre l’activité minière artisanale en vue de la réorganiser et de mettre un terme à l’insécurité galopante. Il fallait désormais mettre en place une forme d’organisation basée sur l’attribution de couloirs d’orpaillage par les compagnies aux ayant droits. Ainsi, l’orpaillage ne devait plus se faire de manière anarchique et éparse. 
« C’est ce qui était préconisé et c’est ce que les autorités minières locales essaient d’appliquer », soutient Pathé Dièye. Plus d’un an après leur fermeture, les « diouras » ont été rouverts. Récemment, le ministre des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, a procédé à la remise des cartes d’orpailleurs aux ayant droits. Aujourd’hui, se réjouit le chef de la Dreec, l’insécurité et les braquages ont fortement diminué, de même que l’utilisation des produits chimiques dans le traitement des minerais. Il loue le geste des autorités qui ont offert une importante quantité de riz aux populations touchées par la fermeture des sites d’orpaillage. « L’Etat était conscient que l’arrêt de l’orpaillage a eu des conséquences très négatives sur le niveau de vie des populations », ajoute-t-il.

Ville très chère


La réouverture des « diouras » a sans doute été bien accueillie par les Kédovins et les nombreux étrangers qui s’activent dans la zone minière de Sabodola. L’espoir renaît parmi eux. Durant plus d’un an, beaucoup, coupés de leurs sources de revenus, ont eu du mal à faire face au coût élevé de la vie à Kédougou. Car, ici, la vie est très chère. « C’est la ville la plus chère », décrète sans ambages Mamadou Guèye, le directeur de l’Agriculture de Kédougou. « La location est aussi chère qu’à Dakar, de même que les denrées de consommation », relève El Hadj Dabo, un commerçant. Il indique que le kilogramme de viande se vendait, avant, à 1.000 FCfa. Maintenant, il coûte 2.500 FCfa. « C’est trop ! », s’exclame-t-il. 


L’activité minière artisanale a rouvert, mais elle reste encore timide contrairement en 2013 où elle avait atteint sa vitesse de croisière. « On a l’impression que l’or a fui. Vous savez, l’or, comme l’argent, n’aime pas le bruit. Les orpailleurs rencontrent de plus en plus de difficulté pour trouver le métal précieux », constate, avec regrets, Younoussa Samassa. Pathé Dièye semble confirmer cette pénurie d’or dans les « diouras ». « Les orpailleurs se plaignent souvent en disant que les sites que leur attribue la compagnie minière ne renferment pas d’or », explique-t-il. A l’en croire, les ingrédients d’une explosion sont encore réunis. 
« Il y a quelques jours, les orpailleurs ont brûlé des véhicules parce que la société est venue fermer un puits où il y avait beaucoup d’or. La compagnie leur a dit que ce puits était dans son périmètre et ne faisait pas l’objet d’une attribution. Il y a eu beaucoup d’interpellations et d’arrestations », fait-il savoir. Selon lui, le même sentiment d’amertume prévaut à Kharakhéna, autre zone minière où le couloir qui a été octroyé aux orpailleurs est épuisé. Face à cette situation, le chef de la Dreec craint que les populations n’aillent occuper d’autres parcelles, au risque d’entrer en conflit avec la compagnie minière. 


En 2008, certains jeunes de Kédougou avaient violemment manifesté dans les rues réclamant plus d’emplois dans les zones minières. Près de 8 ans après ce soulèvement qui s’était soldé par la mort d’une personne et de plusieurs blessés, des efforts ont été faits par la compagnie minière. Le hic, souligne Lamine Ba, un habitant de Kédougou, c’est que les étrangers notamment les Maliens et les Burkinabé connaissent l’or mieux que quiconque, y compris les Kédovins. Il se pose aussi un sérieux problème de qualification, si l’on en croit Pathé Dièye.

Risque de contamination des eaux


Il pense que la création des métiers des mines pourrait, en adaptant la formation aux besoins du marché local, être une solution définitive au chômage des jeunes de Kédougou. L’exploitation minière dans la zone est constituée d’une activité industrielle et d’un exercice artisanal. L’exploitation industrielle, en tant que telle, mobilise beaucoup de matériels et d’engins lourds. Cette activité, soutient Pathé Dièye, peut aller jusqu’à plus de 100 mètres de profondeur. Il révèle que celle-ci, au plan environnemental, a des impacts qui sont très importants avec l’ouverture des tranchées, l’abattage des arbres, les bassins de stockage de déchets miniers de toutes sortes. 
A cela, s’ajoutent les impacts en termes de bruits avec les nombreux engins qui sont mobilisés. Il précise cependant que « c’est une activité légale et encadrée par la réglementation et a donc fait l’objet d’une étude d’impact environnemental et social ». S’agissant de l’activité artisanale qui mobilise aussi d’importantes logistiques, il déplore « l’utilisation intensive de produits chimiques très dangereux comme le mercure, le cyanure, etc. » Selon lui, à cause de cette utilisation abusive de produits toxiques dans le traitement des minerais, le risque de contamination des eaux est extrêmement élevé à Kédougou. 
« On risque, dans le futur, d’observer des malformations sur les populations. Parce que le mercure est cancérigène. Je ne cesse de sensibiliser les populations sur le caractère très dangereux du cyanure. C’est un produit mortel, qui peut tuer rapidement une personne », insiste-t-il. Un orpailleur averti en vaut… plusieurs.

 



1 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2016 (08:05 AM)
    je suis recrute dans une entreprise a kedougou, mais l'etat doit prendre ses responsabilites, ici c'est le bordel total.



    Il faut lutter contre l'alcool, la prostitution, les produits chimiques

    il faut reorienter les gens vers l'agriculture et l'elevage et la mise en place d'usine de transformation
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