RIFIFI A LA LONASE : Baïla mouille condetto et déballe

L’ancien Directeur de Lonase, épinglé par les syndicalistes de maison sur sa gestion, sort de sa réserve pour donner sa version sur la supposée vente dont la boîte a été l’objet. Baïla Wane n’y est pas allé de main morte. Rappelant au besoin les statuts et son mode de gestion, il dit tout sur la Lonase. Et entre autres révélations fracassantes, révèle que la société de jeux perd actuellement entre 25 et 30 millions par jour. L’Observateur rapportait le week-end les termes d’une «résolution» du Conseil d’administration de la Lonase, datée du 7 avril, dans laquelle l’organe de décision écrit n’avoir «jamais été saisi pour la création de la société ‘’La Panafricaine des jeux’’». «La Lonase ne peut en rien être engagée» par l’acte de Baïla Wane, mentionne le document qui porte, entre autres, la signature du PCA, Ibrahima Condetto Niang.  

 La presse a fait état toute la semaine dernière de la «vente» de la Lonase, alors que vous en étiez le directeur général. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

La Lonase n’a jamais été vendue, ni privatisée d’ailleurs. Il se trouve que j’avais un problème avec Pmu France dans lequel l’Etat du Sénégal exigeait le paiement d’un peu plus de 4 milliards aux titres de l’impôt sur le bénéfice non-commercial (Bnc). Un impôt qui est dû à toutes les entreprises étrangères qui n’ont pas de représentations au Sénégal. Il se trouvait que dans nos relations, la Lonase devait 636 millions au Pmu France sur les images qu’il nous transmettait pour les jeux. Du coup nos relations se sont détériorées. Ils ont alors coupé les images et cela depuis plus de deux ans. Dans le souci de payer les salaires, j’ai eu le service d’un fournisseur d’images tant bien même que je suppose qu’il n’avait pas les droits. Mais, cela nous faisait fonctionner jusqu’à ce jour. Malheureusement, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais le nouveau directeur général n’a pas donné suite à ce contrat. Ce qui fait que les images sont coupées.

 A ce propos, que répondez-vous aux accusations du nouveau directeur général de la Lonase ?

 J’ai vu dans un communiqué de la direction générale de la Lonase que c’est Pmu France qui a coupé. Ce qui est faux. Les images de Pmu France ont été coupées depuis 2008. S’ils ont des problèmes ou un conseil d’administration en moins, ils n’ont qu’à s’en prendre qu’à eux-mêmes et non à moi. D’autre part, pour sauter cette étape parce qu’une société nationale ne peut pas continuer à faire du clandestin, j’ai cherché une opportunité et elle m’a été donnée par Jean Jacques Grenier qui est venu au nom de Pmu France pour essayer de régler les différends que ladite structure avait au Sénégal et dans d’autres pays. Ils ont trouvé une astuce pour créer une société tampon entre nous et Pmu France. Ce qui permet non seulement ne pas payer le Bnc dans les pays respectifs, mais aussi de continuer à fournir des images aux pays demandeurs. J’ai alors sauté sur l’occasion. Il y avait une société qu’on devait créer, j’ai fait en sorte que ce soit au Sénégal. Car, en le créant au Sénégal, nous avons des images et nous gagnons de l’argent. Ils me donnent des images, et moi en tant qu’actionnaire à 20%, parce que c’est une filiale de la Lonase. Ils vont investir eux-mêmes, et moi je gagne 20%. Et ce ne sera pas seulement au Sénégal, puisque c’est une société panafricaine sur la Guinée-Bissau, la Gambie, le Mali… Et à chaque fois qu’une de ces sociétés achète des images, la Lonase gagne 20%. Ainsi, en termes de comptabilité, on n’aura pas à payer des images qui seraient presque gratuites.

Maintenant, cette société créée aurait la possibilité de créer d’autres jeux que la Lonase ne pas faire à ce jour. Pmu sur téléphone. A l’image d’une société qui était-là qu’on appelait «Interact» qui faisait le Loto. A l’image d’ « Africa million » avec qui j’ai signé au nom de l’Afrique. Ce jeu, s’il avait démarré aurait permis de gagner beaucoup de millions. Jamais, on ne m’a dit que j’avais privatisé. Malheureusement, aujourd’hui le directeur général, je ne sais pas ce qui l’a pris. On a suivi à la télé des syndicalistes qui ont dit que c’est l’actuel Dg qui leur avait dit que l’ancien Dg avait privatisé la société. Si tel était le cas, comment peut-il lui en être le directeur général, puisque le propriétaire nommerait le Dg ? Mieux, il ne pourrait jamais me remplacer. Il n’a qu’à me dire combien cela a coûté, avec qui on l’a acheté… Je pense que le ministre des Finances a clos ce débat puisqu’il a dit qu’il n’était pas au courant de cette vente.

 Avez-vous obtenu l’aval du conseil d’administration ?

 Maintenant, le conseil d’administration m’a donné l’autorisation par un délibéré signé par son président Condetto Niang après qu’il a envoyé la consultation à domicile en plus de la signature d’un autre administrateur. Ce qui faisait une majorité simple puisque sa voix est prépondérante sur quatre. Mais selon les statuts de la Lonase, je suis tenu d’exécuter cette délibération. Il y en a certains qui ont demandé si la consultation à domicile était valable. Cela ne me regarde pas.

 Selon vous, pourquoi a-t-on mis cette vente sur la table alors que vous nous dites qu’elle n’existe pas ?

Je suppose c’est pour cacher les chiffres d’affaire qu’on perd. Parce que cela fait 15 jours que l’image ne vient pas. C’est entre 25 et 30 millions qu’on perd par jour. Dire que c’est la privatisation, dire que c’est Pmu France qui ne donne pas les images, c’est comme si moi j’ai créé la Panafricaine pour qu’on ne donne pas les images. J’ai quitté la Lonase, on n’a qu’à me laisser en paix, le directeur général n’a qu’à gérer à sa façon. Si tant est qu’il n’est pas d’accord, c’est lui le gestionnaire qui doit prendre les décisions. Il est libre de donner une suite ou non. Si ma signature permettait au monsieur de développer tout de suite, depuis le 15 octobre, il aurait pris les rênes et travaillé. S’il ne l’a pas fait c’est parce que c’est la Lonase qui doit lui fournir une autorisation. J’ai fait une concession qu’on devrait comprendre. Beaucoup d’encre a coulé sous les ponts. C’est comme si on crée une société comme c’est le cas souvent. Je fais du transport, de la papeterie, prestations diverses… On déclare beaucoup de choses jusqu’au jour où, on veut démarrer. C’est pourquoi en créant cette concession, j’ai mis le global qu’on pouvait avoir au niveau des jeux. Il appartient à la Lonase de lui donner un contenu. Si c’était le cas le monsieur n’aurait pas besoin de la Lonase pour fonctionner. Il allait fonctionner depuis le 15 octobre. S’il n’a pas fonctionné à ce jour, c’est parce que la Lonase ne lui a pas donné d’autorisation. Ils sont en train de me faire un faux procès. S’ils veulent que la Panafricaine des jeux leur donne les images, ils n’ont qu’à aller là-bas.

 Pensez-vous que votre démarche a été dans l’intérêt des travailleurs alors qu’ils ont fait une sortie ?

Absolument parce qu’ils auront des images et des chiffres d’affaires. La preuve, ils sont en train de perdre de l’argent. S’ils avaient souscrit avec la Panafricaine des jeux, ils auraient toujours des images. Ils n’auraient pas perdu 25 à 30 millions par jour. Si ce n’est pas l’intérêt des travailleurs cela m’étonnerait.

La deuxième chose, on a été coupé par le Pmc avec qui, on faisait le travail au niveau de la modernisation de l’automatisation des jeux. On s’est remis au manuel avant de reprendre avec «Editec». Un autre fournisseur. Mais je ne suis pas à l’abri de «Editec». Par stratégie, la Panafricaine des jeux aurait pu faire le travail, c’est-à-dire ma roue de secours. En lui donnant le Pmu téléphone, si par extraordinaire comme l’a fait le Pmc, «Editec» me coupait, je continuerais à fonctionner avec le Pmu téléphone. Je garantis ainsi aux travailleurs de l’emploi. Donc, leurs salaires. Dire que je suis contre les travailleurs, c’est trop. La Lonase reste ma grande famille. Des gens qui ne sont jamais sortis et qui disaient qu’ils faisaient la fête le 1er mai, les amener à faire la grève au point de les envoyer en taule sur des bases fausses m’a posé problème pour quelqu’un qui vient d’arriver. Je crois l’intérêt c’est de continuer le job. C’est lui le gestionnaire. Il faudrait qu’il se concentre sur sa gestion.

 Est-ce que vous avez été compris par les travailleurs d’autant qu’ils ont fait des sorties contre vous au point qu’on dit que vous avez été désavoué par le conseil d’administration ?

Le conseil d’administration est d’accord avec moi, il m’a donné un procès-verbal pour créer cette filiale. Le reste c’est ma gestion. Le directeur général est libre mais dans l’intérêt de la société de gérer comme il l’entend. Je n’ai pas à demander une permission à qui que ce soit. Maintenant, le job peut être compris ou pas. Si je fais des fautes de gestion, il y a des sanctions. Mais tirer sur moi comme si je suis en train de mettre des pères de famille dans la rue… Je ne l’ai pas fait au moment où j’étais à la tête de la Lonase, ce n’est pas maintenant que je vais le faire. Je ne fais pas de bébés dans le dos des gens.

Des cadres m’ont dit qu’on voulait les instrumentaliser. Ils m’ont saisi. Je voudrais dire au directeur général que ce n’est pas bien. S’il a des choses à me reprocher, je suis prêt à débattre avec lui. Ils m’ont mis sur la sellette, c’est pourquoi j’en parle. Ils ont mis beaucoup de choses sur la table, je n’ai jamais répondu. Parce que mon sacerdoce était de ne jamais parler de la Lonase après mon départ. Mais qu’on me traite de tous les noms d’oiseaux, je suis obligé de sortir de ma réserve.

 Que pouvez-vous exhiber comme preuves de bonne gestion à la tête de la Lonase ? 

Je suis content d’avoir augmenté le chiffre d’affaires, d’avoir augmenté le patrimoine de l’entreprise, d’avoir multiplié presque par deux les salaires des travailleurs, d’avoir donné des moyens pour travailler, d’avoir modernisé la Lonase qui était manuelle jusqu’à présent, d’avoir créé des kiosques nouveaux, d’avoir créé un accord d’établissement qui permet aux travailleurs d’être bien dans leur peau, d’avoir fait des investissements comme le siège… Et j’ai créé des emplois pour les jeunes. Je suis satisfait de tout ça.

 Pourtant,  d’aucuns pensent que votre gestion  était comme une bamboula à la Lonase.

Peut-être que c’est parce que je n’ai pas fait une bonne communication. La Lonase fait mieux que beaucoup de sociétés nationales. Dont les cadres sont bien traités. J’ai trouvé que des cadres supérieurs de la Lonase n’avaient pas de voitures. Je leur ai donné des 4x4. On m’a même reproché de leur avoir vendu ces véhicules. C’était dans un souci de diminuer les charges, mais je n’ai pas été compris. Pourtant au finish, on a amorti toutes les charges. Car à l’amortissement, on leur a vendu les voitures à la valeur vénale. Ils ont alors la charge de leur véhicule.

 On comme l’impression qu’il y a des enjeux insoupçonnés à la Lonase qui fait qu’elle fait courir plus d’un. Qu’en est-il exactement ?

Il y a des enjeux d’argent. La Lonase fait un chiffre d’affaires de 45 milliards. Dans l’imagerie populaire, on pense qu’il y a une caisse à notre disposition où l’on peut se servir comme on veut. Et comme disait un de vos confrères, la loterie se vend bien.

 Quelle relation entretenez-vous aujourd’hui avec la Lonase ?

Je ne suis plus le gestionnaire. Il y a un nouveau directeur général qui a posé des actes. Il a cassé des contrats. Pourquoi il n’a pas dit que c’est l’ancien Dg qui avait signé les contrats ? J’ai signé l’acte de création de la nouvelle société, il n’a qu’à le casser s’il n’est pas d’accord. Il n’y a pas à pérorer. Ce sera sa gestion. Pour mémoire, quand je partais la première fois, j’avais signé pour le Jackpot qui a fait fureur ici qui a vendu en deux mois 1,250 milliard. Les tickets de ce jeu étaient en souffrance au port. C’est moi qui l’est ressorti quand je suis revenu. Le directeur de l’époque (Modiène Ndiaye) n’avait pas jugé utile de faire le Jackpot, il a laissé là-bas les tickets. C’est des options et une question de style. Tout ce que je souhaite pour la Lonase et les travailleurs, c’est beaucoup de bonheur, de réussite et de bien. Ma gestion est terminée, je lui souhaite bon vent.

 Si la page de la Lonase est tournée pour vous, pourquoi avez-vous refusé la passation de service ?

Je n’ai jamais refusé la passation de service. C’est indépendant de ma volonté. S’il avait attendu 14 heures, je leur aurais donné tous les documents en ma possession. Aujourd’hui, j’ai perdu beaucoup de documents parmi lesquels ceux qu’ils voulaient contester et qui se trouvaient dans mon bureau. Je n’ai jamais refusé la passation. J’étais avec le président de la République le vendredi à 2 heures du matin. Il était quasi impossible de le faire à 9 heures. Je leur ai signifié et je prends à témoin un des administrateurs Alioune Diop de la présidence. Il a même pris la décision de les appeler. Et à 11 heures, on casse ma porte. Quelle est ma part de responsabilité ? Il y a un minimum de décence. Qu’ils défoncent, mais au moins qu’ils attendent la passation pour entrer en possession des documents leur permettant de travailler et d’éviter ce qui a été dit. Si je veux être malhonnête, je peux dire que tous les documents étaient dans mon bureau qui a été défoncé. Je ne cache rien et je n’ai rien fait.

Alioune Badara Fall