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SANTÉ DE LA REPRODUCTION : La contraception, un droit pour les adolescents

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SANTÉ DE LA REPRODUCTION : La contraception, un droit pour les adolescents

Le droit à la contraception des adolescents est garanti par la loi sur la Santé de la reproduction adoptée au Sénégal en 2005. Les jeunes et adolescents ont recours aux préservatifs et pilules, entre autres produits contraceptifs pour faire face aux grossesses précoces et/ou non désirées. Mais, ils sont confrontés à diverses difficultés relatives au manque de compréhension de leurs parents, à l’accueil dans les structures où de tels services sont offerts.

Au Sénégal, les rapports sexuels ont lieu, de plus en plus, tôt chez les jeunes. Selon l’Enquête démographique et de santé (Eds IV, 2005), avant d’atteindre 15 ans, 13% des femmes âgées de 20 et 49 ans au moment de l’enquête avaient déjà eu des rapports sexuels. Avant 20 ans, le pourcentage était de 59% pour la même tranche d’âge. A 25 ans, 75% de ces mêmes femmes avaient déjà eu des rapports sexuels.

Chez les hommes, 25% étaient déjà sexuellement actifs à 18 ans. Le taux est passé à 56% pour ceux qui avaient 22 ans pour atteindre 69% pour les hommes âgés de 25 ans.

La précocité des rapports sexuels est donc évidente. Elle est de ce fait un facteur d’exposition aux grossesses non désirées. Ce qui a nécessité, la mise en place de stratégies de prise en charge, pour éviter que les jeunes filles, les adolescentes en particulier, subissent les conséquences dramatiques liées au phénomène des grossesses non désirées. Lesquelles ont pour noms : avortement clandestin, infanticide...

Pas de loi contre l’accès des jeunes à la contraception

C’est dans ce cadre que la contraception est devenue un droit pour les nombreux jeunes qui sont sexuellement actifs. La loi sur la Santé de la reproduction adoptée au Sénégal en 2005 le stipule clairement en son Article premier. « Toute personne a le droit d’être informée et d’utiliser les méthodes de régulation des naissances de son choix qui ne sont pas contraires à la loi, méthodes qui doivent être sûres, efficaces, accessibles et acceptables... ». Plus explicite, l’Article 10 dit ceci : « Toute personne est en droit de recevoir tous les soins de Santé de la reproduction sans discrimination fondée sur l’âge, le sexe, le statut matrimonial, l’appartenance à un groupe ethnique ou religieux ».

Pour cette raison, déclare le Dr Marième Diop, du bureau santé du nouveau né au ministère de la Santé et de la Prévention : « Il n y a pas de loi interdisant l’accès des jeunes à la contraception ».

Possibilité de choisir

Le Dr Abdoulaye Ly d’ajouter : « Nous sommes dans un pays musulman. Mais, il faut que les jeunes connaissent les méthodes contraceptives qui doivent être accessibles et disponibles ». D’ailleurs, au-delà de la connaissance de ces méthodes, la contraception chez les adolescents est bien une réalité au Sénégal. C’est, en tout cas, le constat de Mbacké Diouf, coordonnateur du Centre conseil pour adolescents de Mbour, qui révèle que 80% des jeunes fréquentent des structures comme le Centre conseils pour adolescents (Cca) de Mbour, pour avoir accès à la contraception. « C’est la réalité ! », insiste M. Diouf qui pense qu’aujourd’hui, on a l’impression que les jeunes et adolescents font moins de rapports sexuels. Alors que c’est tout à fait le contraire. « C’est juste parce qu’ils se protègent qu’il y a cette fausse impression », indique-t-il.

Seulement, s’agissant du nombre de jeunes et d’adolescents qui utilisent des produits contraceptifs, Dr Marième Diop informe qu’aucune étude n’a jusqu’ici été faite au Sénégal. « C’est en 2008 qu’on a commencé la collecte des données avec la modification des documents. Et on va commencer à les utiliser cette année ». Selon Mbacké Diouf, si on en est arrivé à ce stade, c’est parce que les jeunes ont l’information aujourd’hui. De même que la possibilité de choisir. Puisque les jeunes ont désormais la possibilité d’être informés et de choisir une méthode contraceptive, il pense que c’est pour cette raison que « les Centres conseils pour adolescents ont été stigmatisés au début. Mais, aujourd’hui, on sent nettement que les grossesses précoces et non désirées ont régressé ».

Et de déplorer que l’éducation sexuelle n’était pas acceptée et que la Planification familiale était exclusivement réservée aux couples. « C’est pourquoi, il y avait beaucoup de grossesses non désirées, d’infanticides, d’avortements clandestins, avec leurs corollaires », soutient le coordonnateur du Centre conseils pour adolescents qui avance que c’est avec la mise en place de ces structures que la Planification familiale a été libéralisée au Sénégal.

ACCES AUX PRODUITS CONTRACEPTIFS : Une bonne information d’abord, l’offre de services après

La sage-femme du Centre conseils pour adolescents de Mbour reçoit chaque mois une cinquantaine de jeunes filles qui désirent utiliser des méthodes contraceptives. C’est pourquoi, elle a, dès fois, des problèmes avec certains parents qui découvrent, par exemple, des plaquettes de pilules dans le sac de leurs enfants.

« Des produits contraceptifs sont mis gratuitement à la disposition du Cca. Et nous les distribuons aux jeunes quand la demande vient d’eux ». La révélation est de Tapa Ndiaye, sage-femme au Centre conseils pour adolescents (Cca) de Mbour. Cependant, elle fait savoir que l’accent est davantage mis sur les conseils. « Pour les adolescentes et les jeunes filles, quand la méthode demandée est disponible, nous le leur donnons. Nous avons toute la gamme des méthodes contraceptives, sauf les méthodes longue durée comme le Diu (Dispositif intra-utérin) et le norplant », indique-t-elle.

Seulement, cette sage-femme, qui reçoit chaque mois une cinquantaine de filles, confie qu’elle est dès fois confrontée à des problèmes avec les parents des filles qui sollicitent le Cca pour disposer d’une méthode contraceptive. Surtout quand ils découvrent des plaquettes de pilules dans la chambre ou dans le sac de leurs filles.

« Quand les parents viennent ici, je leur dis, puisque leurs filles sont déjà sexuellement actives, il vaut mieux qu’elles utilisent une méthode contraceptive, plutôt que d’avoir une grossesse non désirée. Laquelle peut conduire à un avortement avec toutes les implications sanitaires que cela comporte ».

Le rôle de Mme Ndiaye, qui reconnaît que cette situation est douloureuse, est aussi de rassurer les parents en leur demandant de faire des efforts pour comprendre leurs filles. Et elle insiste notamment sur l’information de cette cible avant de leur donner telle ou telle autre méthode contraceptive. Selon elle, à chaque fois qu’une fille se présente, on lui donne des conseils et on la laisse réfléchir. « Si elle revient, on sait qu’elle a réellement besoin d’une méthode contraceptive et on lui donne ». De l’avis de cette sage-femme, ce qui compte, c’est la bonne information à mettre à la disposition des jeunes filles.

Par contre, avance le Dr Marième Diop, du bureau santé du nouveau né au ministère de la Santé et de la Prévention, normalement, il n’y a pas de compte à rendre aux parents dans la mesure où on s’adresse aux personnes qui viennent dans les structures de Planification familiale à la recherche d’une méthode contraceptive.

« Mais, s’ils viennent, on peut les informer, les sensibiliser », indique-t-elle. Ainsi, le Dr Abdoulaye Ly est-il d’avis qu’il faut donner l’information aux parents, notamment sur les méthodes modernes de contraception. Parce que, pour lui, certains services ne peuvent pas être offerts aux jeunes sans l’implication de leurs parents qui doivent faire partie des cibles avec la nouvelle approche qui intègre également les religieux.

STRUCTURES D’ACCUEIL : L’équation de la convivialité

Les prestataires renvoient souvent les adolescentes des services où sont offertes des méthodes contraceptives. Ce qui pose un réel problème d’accueil dans ces structures où ces filles peuvent rencontrer leurs tantes, cousines, sœurs, etc.

Prestataire pendant 17 ans, Ndèye Bineta Fall, chargée de la Santé de la reproduction à la Région médicale de Saint-Louis, maîtrise parfaitement la problématique des adolescents. C’est pourquoi, elle déclare qu’elle préfère mettre une adolescente sous contraception, plutôt que de la laisser avoir des rapports sexuels non protégés. Ainsi, elle n’est pas du tout d’accord avec certains prestataires qui renvoient des adolescentes en leur disant qu’elles n’ont pas l’âge pour utiliser des produits contraceptifs.

Dans la même lancée, le Dr Marième Diop, du bureau santé du nouveau né au ministère de la Santé et de la Prévention, souligne que les prestataires se mettent souvent à la place des parents en les renvoyant purement et simplement. D’où un réel problème d’accueil.

L’autre difficulté réside, selon elle, dans l’accès des adolescents et jeunes aux structures de Planification familiale. « Il faut reconnaître que l’accès est difficile pour les adolescentes. Leur crainte est de savoir comment elles vont être accueillies par la sage-femme. Elles ont également peur de rencontrer des proches dans les structures où on offre des services de Planification familiale (maman, tante, cousine...), alors qu’elles ne sont pas mariées ».

Mais, puisqu’on forme les prestataires, la chargée de la Santé de la reproduction de la Région médicale de Saint-Louis pense que les choses vont bientôt changer. Selon elle, l’ensemble des prestataires a été imprégné des droits des adolescents à la contraception. Dans ce cadre, « des aides adolescents ont été formés pour faciliter l’accès des jeunes aux services. Ils doivent savoir que ces derniers ont droit à la contraception », soutient-elle.

Poursuivant, Marième Diop ajoute que l’accent doit être mis sur la convivialité des structures d’accueil pour que les jeunes puissent accéder aux services d’accueil sans grande difficulté. Elle insiste également sur la nécessité de former les pairs éducateurs (volontaires chargés de sensibiliser des jeunes de leur âge) pour un meilleur accès à l’information, pour qu’ils sachent ce qu’ils veulent.

Justement, le Dr Adama Ndoye, du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa), soutient qu’Il faut être prudent par rapport à la question de l’accès des jeunes à la contraception.

« Ce n’est pas une cible privilégiée », lance-t-il. Et d’ajouter : « Ce que nous faisons au niveau de l’Unfpa, c’est leur donner des informations et les préparer à leur vie adulte. Ce n’est pas offrir des produits contraceptifs aux adolescents. Non ! La question n’est pas là. L’accent est mis sur les informations sur la contraception de manière générale et le Vih/Sida en particulier ».

Par contre, sur les conseils à donner aux jeunes qui sont déjà sexuellement actifs, il avance que « ce qui est recherché, c’est grandir positivement, donc mettre l’accent sur la prévention. Pour les jeunes, ce qui est prévu dans le programme, c’est essentiellement le condom plutôt que les autres méthodes contraceptives ».

DEMANDE DE PRODUITS CONTRACEPTIFS : Le jeu de cache-cache des adolescents

Ils sont sexuellement actifs. Pour éviter les grossesses précoces et non désirées, les jeunes et adolescents doivent donc se protéger en utilisant des produits contraceptifs. Mais, pour vaincre la honte, ils usent de stratagèmes pour disposer de préservatifs ou d’autres méthodes contraceptives afin d’éviter que d’autres soient au courant de leur activité sexuelle.

Adama Sène n’a que 12 ans. Et elle a déjà fait le choix de ne pas avoir de rapports sexuels avant le mariage. « Je suis pour l’abstinence ! », lance cette adolescente. Si elle a fait cette option, c’est parce qu’on lui a expliqué au Centre conseils pour adolescents (Cca) de Mbour, comment gérer son adolescence en évitant les mariages précoces, les grossesses précoces et non désirées. Pour éviter de subir les effets néfastes de ces phénomènes, elle a décidé de ne pas avoir de rapports sexuels.

« Je veux arriver vierge au mariage. Mais, je sais que certaines de mes camarades ont déjà des rapports sexuels. Et elles trouvent des moyens pour ne pas tomber enceintes », confie Adama.

Tout comme cette adolescente, Souleymane Diallo, 18 ans, relais au Centre départemental d’éducation populaire et sportive (Cdeps) de Saint-Louis, prêche l’abstinence. « Je sais qu’il y a des jeunes qui utilisent des produits contraceptifs. Ils demandent parfois des renseignements sur les moyens pour éviter de tomber enceinte ou d’engrosser une fille. Mais, nous n’en distribuons pas. J’insiste sur la nécessité pour les jeunes de se rapprocher des structures de Santé pour se renseigner sur leur santé. Mais, je suis pour l’abstinence, parce qu’il y a des limites qu’un jeune ne doit pas franchir », croit-il.

De l’avis d’Hélène, éducatrice pair au Cca de Mbour, il arrive que des jeunes la sollicitent lors des séances de causeries qu’elle organise dans son quartier pour lui demander des produits contraceptifs. « Dans ce cas, je suis tenue de montrer à ceux qui veulent en disposer comment on utilise les préservatifs, par exemple ». Et de préciser : « Je ne donne qu’à ceux qui en expriment le besoin. Nous proposons aussi bien le préservatif masculin que féminin ». Selon Hélène, c’est à la fin des causeries que les jeunes réclament les produits contraceptifs. « Ils sont rares quand même », conclut notre interlocutrice.

Seulement, Hélène insiste sur le fait que l’abstinence est toujours préconisée lors des causeries. Safiétou Sène, relais au Cca de Mbour, rebondit pour dire que c’est après les conseils que les adolescents et les jeunes peuvent disposer de produits contraceptifs. « Mais, nous leur conseillons l’abstinence pour éviter les grossesses précoces et non désirées et les Ist/Vih/Sida. Cependant, s’ils sont déjà sexuellement actifs, on leur donne les produits contraceptifs qui sont distribués gratuitement ici », affirme Safiétou, qui reconnaît que certains jeunes sont souvent gênés d’en demander. « Ils se cachent le plus souvent pour éviter que leurs camarades les voient », raconte-t-elle. Et d’ajouter que les garçons sont plus nombreux à solliciter les préservatifs que les filles qui viennent le plus souvent pour des consultations relatives aux règles douloureuses.

Cependant, Adja Ndèye Fall, éducatrice pair au Cdeps de Saint-Louis, estime qu’il faut même déconseiller aux jeunes et adolescents qui ont déjà commencé à avoir des relations sexuelles d’arrêter, surtout avec les Ist/Vih/Sida. Pour l’abstinence à cent pour cent, elle avance qu’elle ne sait pas si on distribue des préservatifs ou non dans le centre.



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