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SCANDALES FINANCIERS TOUS AZIMUTS AU SENEGAL: POURQUOI ÇA DETOURNE

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SCANDALES FINANCIERS TOUS AZIMUTS AU SENEGAL: POURQUOI ÇA DETOURNE

Des marchés fictifs passés çà et là. Un chef d’agence d’une banque qui fait main basse sur plusieurs millions. Un comptable qui «oublie» de verser les sommes collectées dans le compte de sa boîte. Des agents de gardiennage qui simulent un braquage pour emporter l’argent qu’ils étaient chargés de convoyer. Un intendant qui confond la caisse de son établissement à la poche de son caftan. Les cas de détournement de deniers sont légion au Sénégal. Le phénomène a atteint une ampleur telle qu’il ne se passe plus une semaine sans que la presse n’en fasse écho. Normal, dans un pays où chacun veut s’enrichir en un tour de main.

 Le Sénégalais a un péché mignon : il aime l’argent. Au point de mettre, parfois, sa dignité de côté pour se lancer dans des pratiques de bas étage. On veut rouler en bagnoles rutilantes. Avoir des maisons dans des quartiers huppés et autres stations balnéaires. Epouser une belle femme, coquette, mondaine et dépensière. Vivre comme un pacha. Envoyer ses enfants pour des études à l’étranger. Ou encore passer ses  vacances dans des paradis terrestres. Et lorsqu’on n’est pas né avec une cuillère en argent à la bouche, on ne se décourage pas pour autant. On a toujours une solution de rechange : faire main basse sur l’argent du contribuable ou puiser dans la caisse de l’entreprise qu’on gère. Surtout lorsque les circonstances s’y prêtent, selon que l’on soit ordonnateur de dépenses ou comptable. Résultat, des détournements, il y en a presque tous les jours. Dans le public comme dans le privé. Des cas, il y en a à gogo.

 On n’a pas encore fini d’épiloguer sur les sommes faramineuses qui ont été engloutis par l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci). Encore moins fini de s’étonner sur la manière dont les tenants du pouvoir de l’Alternance sont passés de simples «gorgorlous» (crève la faim) à des pontes aux comptes bancaires fournis.

 Mais, à côté du président de la République, Abdoulaye Wade, alias Abdullah Wad, alias Aboula Tzipi Wade alias Abadalaye Fabien Wade, de son fils Karim Meïssa Wade et de ses ministres, à qui la censure populaire prête beaucoup de biens au Sénégal et à l’étranger, acquis de surcroît avec les deniers de l’Etat, d’autres détournements, certes de moindre envergure, sont constatés. Bref, les Sénégalais passent pour être des recordmen de l’argent mal acquis. N’en déplaise aux empêcheurs de détourner à tour de bras. Et les voleurs à col blanc sont recensés dans tous les corps de métier et dans toutes les catégories sociales.

 500 millions partis en fumée chez les sapeurs-pompiers

 Au niveau des sapeurs-pompiers, une affaire de marchés fictifs d’un montant de 500 millions de francs Cfa continue de défrayer la chronique. Elle implique le Commandement du Groupement national des sapeurs-pompiers (Gnsp). Tout est parti d’une plainte déposée par la Banque islamique du Sénégal (Bis) auprès du Procureur de la République. Les responsables de cette banque se sont rendu compte qu’ils ont été floués sur une opération que la Bis a préfinancée à hauteur de 500 millions de francs Cfa. Argent qui a été versé à titre d’acompte sur un projet d’équipement du Groupement national des sapeurs-pompiers d’un coût total d’un milliard de francs Cfa. Les responsables de l’établissement financier ont découvert que les paiements effectués au bénéfice des fournisseurs l’ont été sur la base de «faux procès-verbaux de réception établis par le Gnsp». Le fournisseur, qui avait gagné le marché sous le dernier Commandement, Michel Zarka, a d’ailleurs été entendu sur cette affaire par la Division des investigations criminelles (Dic). L’enquête suit son cours.

 Trou de 470 millions à la police

 Une autre enquête qui suit son cours, c’est l’affaire du détournement de 470 millions constaté à la Direction du matériel et du budget de la police. L’ancien chef de ce service de la police, Ibrahima Diallo, et deux autres fournisseurs, sont indexés. Après la découverte de ce détournement, l’agent judiciaire de l’Etat a saisi le procureur d’une plainte pour «détournement de deniers publics contre Ngagne Mbaye et autres co-auteurs et complices». Dans sa requête, il estime que M. Mbaye, directeur du «Groupe Disso S.A», a commis un «faux, usage de faux, escroquerie, détournement de deniers publics et recel» portant sur la somme de 200 millions de francs Cfa. L’agent judiciaire de l’Etat explique que M. Mbaye avait gagné le marché public N°T002/FM, du 27 décembre 2007, passé entre le ministère de l’Intérieur et ladite structure, pour la réalisation du Centre national de passeport, de 10 services et annexes au profit de la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn). Mais après avoir encaissé l’argent, il n’a fait que démarrer des chantiers à Guédiawaye et Kaolack et rien à Ziguinchor, Tambacounda et Matam, conformément au cahier des charges. Une autre plainte a été déposée, le même jour, contre Abdou Karim Guèye et Mme Fatou Guèye, respectivement directeur et gérante de «Scène d’Afrique». Eux aussi avaient encaissé la somme de 270.785.826 francs Cfa pour l’exécution du marché N°T014/FM, du 27 avril 2006. Ledit marché devait permettre la réalisation des Brigades mobiles de sûreté (Bms) de Louga, Saint-Louis et Matam (pour 199.702. 999 F Cfa) et la modification des appartements de la Cité police-Maclick Sy (pour 165.953.500 F Cfa). L’agent judicaire de l’Etat a constaté qu’il n’y a pas eu de réception provisoire ou définitive des travaux. Après l’enquête de la Dic, le dossier a été confié au doyen des juges qui a inculpé Ngagne Mbaye avant de le placer sous mandat de dépôt. Un mandat d’arrêt a également été lancé contre Abdou Karim Guèye. L’ex-directeur du Budget et du matériel, Ibrahima Diallo, présentement consul général du Sénégal à Madrid, est, lui aussi, dans le collimateur du juge.

Alors que cette affaire n’a pas fini d’être instruite, d’autres forces de sécurité se signalent de fort mauvaise manière.

Des agents de Phoenix «braquent» la Sgbs et emportent 300 millions

En effet, le mercredi 27 mai 2009, 4 agents de la société de gardiennage «Phoenix» simulent un braquage et emportent 300  millions. Chargés de convoyer cette somme appartenant à la Société générale de banques au Sénégal (Sgbs), ils ont joint leur supérieur hiérarchique, dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 mai 2009, vers 5 heures du matin, pour lui dire qu’ils sont tombés sur une embuscade au cours de laquelle les malfaiteurs ont emporté les 300 millions.  Alertés, les gendarmes se rendent sur les lieux. Mais, les hommes en bleu ont vite fait de soupçonner les convoyeurs car, sur les lieux du «crime», il n’y avait aucun élément matériel pour étayer les déclarations des agents de «Phoenix». Une enquête poussée a permis aux gendarmes de savoir qu’en fait de braquage, il n’en est rien. Ce sont plutôt les 4 agents qui, en complicité avec une autre personne qui s’est terrée à Fatick, ont volé l’argent. Le butin a finalement été retrouvé. Les 4 agents, ainsi que leur complice, ont, eux, été expédiés en prison.

Une semaine plus tard, la Sgbs est secouée par une autre affaire.

Le chef de l’agence Sgbs de Cambérène au cœur d’un détournement de 198 millions

 Cette fois-ci, c’est un agent qui roule son propre employeur dans les liasses. Ousmane Seck, chef de l’agence Sgbs de Cambérène, a été envoyé à Rebeuss. Alors que ses complices - Matar Samb, Babacar Ndiaye et Magatte Diagne - ont été libérés. Non sans avoir consigné auparavant. Ils sont au cœur d’un détournement de 198 millions à l’agence de la Société générale de banques au Sénégal (Sgbs) de Cambérène. Arrêtés par la Division des investigations criminelles (Dic), ils ont été déférés au parquet. Devant le procureur, Ousmane Seck endosse tout et récolte une inculpation et un placement sous mandat de dépôt. Il croupit à la prison centrale de Rebeuss. Quant à Matar Samb, patron de «Sénégalaise équipement et de prestation de services», Babacar Ndiaye, directeur de «Entente Dmp/Dmt Sarl» et Magatte Diagne ont été remis en liberté. Ils ont accepté de consigner les sommes qu’on les accuse d’avoir dissipées.

150 millions volatilisés à l’Agence des aéroports du Sénégal

 D’autres personnes qui ont consigné, pour échapper aux geôles de Rebeuss, ce sont Malick Bâ, ex-payeur général et Ousmane Sangaré, ex-agent d’exécution à l’Agence des aéroports du Sénégal. Ils sont au centre d’un détournement de 150 millions de FCfa. Malick Bâ, ex-payeur général, et Ousmane Sangaré, ex-agent d’exécution, ont été arrêtés par les gendarmes. Déférés au parquet, ils ont bénéficié de deux retours de parquet, avant de verser une somme de 100 millions au greffe du tribunal régional de Dakar en guise de consignation. Le Procureur de la République leur a ainsi accordé la liberté provisoire.

L’argent détourné a été prélevé sous forme d’impôts et devait être reversé au Trésor public.

 Plus de 130 millions disparaissent de la Perception et du centre des services fiscaux de Diourbel

 Le Trésor public a également vu ses comptes piller à Diourbel. En moins de 15 jours, la Perception municipale et le centre des services fiscaux de Diourbel ont été secoués par deux scandales financiers. C’est d’abord un trou de 130 millions de francs Cfa qui a été découvert à la Perception municipale. Alors que l’enquête n’avait pas encore fini de révéler tous ses secrets, un autre détournement éclabousse le centre des services fiscaux. Où, plusieurs millions, fruit de la collecte de patentes et d’autres recettes, ont été emportés. Ciblés, deux agents ont été arrêtés par la Gendarmerie de Diourbel. Inculpés, ils ont été placés sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction de Diourbel.

 Le comptable et la caissière du Cesag chipent 34 millions de francs

 La caissière et le comptable du Centre africain d’études supérieures en Gestion (Cesag) ont, eux aussi, été inculpés pour faux, usage de faux en écritures bancaires et placés sous mandat de dépôt. Ils ne croupissent pas à la maison d’arrêt et de correction de Diourbel, mais à Rebeuss (pour le comptable) et au camp pénal de liberté 6 (pour la caissière). Ils ont détourné 34 millions Cfa des caisses de la boîte. Un trou qui a été découvert suite à un audit qui a été déclenché. Ce qui a poussé le directeur général du Cesag à déposer une plainte à la gendarmerie. La caissière et le comptable ont ainsi été arrêtés par la brigade de gendarmerie de Thiong, déférés au parquet et expédiés en prison.

Prison qui est devenu aussi la demeure de l’intendant du lycée Blaise Diagne.

 L’intendant du lycée Blaise Diagne fait main basse sur 26 millions

Ibra Lecor, l’intendant du lycée Blaise, a, lui aussi, été inculpé et placé sous mandat de dépôt, suite à un détournement de 26 millions. Pour brouiller les pistes, il avait d’abord déclaré avoir perdu la clé du coffre contenant le budget de fonctionnement de l’établissement scolaire. Ainsi, durant trois mois, les travailleurs de ce lycée n’ont pas touché leur salaire.  Ce qui les a poussés à mettre sur pied un comité d’audit qui fera des découvertes troublantes. Lors d’une Assemblée générale de restitution, tenue le 15 mai 2009, les révélations sur la gestion de l’établissement ont ahuri plus d’un. Un trou de 26, 452 millions de francs Cfa a ainsi été découvert.

Dès qu’il a su que sa supercherie a été découverte, l’intendant a pris la tangente. Il sera finalement arrêté et se trouve présentement à la prison centrale de Rebeuss.

La maison d’arrêt et de correction de Dakar est ainsi devenue la demeure de nombre de directeurs de sociétés, comptables, caissiers, intendants…qui ont eu la mauvaise idée de vouloir vivre au-dessus de leurs moyens. Ces détournements listés ne sont, en effet, qu’un échantillonnage. La liste est très loin d’être exhaustive. 



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