Sédhiou : Des risques de famine planent sur le monde rural

Le démarrage tardif de l’hivernage et la longue pause pluviométrique observée dans la première quinzaine du mois d’octobre ont fini par plomber les derniers espoirs de récolte chez certains paysans de Sédhiou. Le riz de plateau qui au stade d’épiaison commence à mourir faute d’eau tandis que d’autres cultures n’ont pu être semées. Cette situation inquiète beaucoup de paysans et pousse certains à solliciter l’aide de l’Etat.

(Correspondance) - Il est 14 heures et le soleil darde ses rayons sur les champs à perte de vue. Debout au milieu de son champ, Moussa Seydi un paysan du village de Bamacounda dans le sud de Sédhiou, ne peut s’empêcher de laisser transparaître sur son visage tristesse et inquiétude. Et pour cause, il risque de ne pas récolter du riz cette année. En effet, si dans certains champs, le riz arrivé à maturité commence à flétrir à cause d’un manque de pluie, dans d’autres, le riz n’est même pas arrivé au stade de l’épiaison. ‘D’habitude les gens commençaient les travaux dans les rizières dès le début du mois de juillet. Mais cette année les premières pluies sont tombées à partir du 9 août et, la quantité d’eau reçue étant insuffisante, il n’y a pas d’espoir de récolte’, a expliqué Moussa Seydi, qui est en même temps enseignant dans ce village de Bamacounda.

C’est la même situation que vivent tous les paysans qui ont cultivé du riz sur les plateaux. Malamine Cissé de la communauté rurale de Bêmet, dans l’ouest de Sédhiou, qualifie la situation de catastrophique et en est à implorer le ciel pour qu’il rouvre ses vannes encore longtemps afin de leur permettre d’espérer récolter quelque chose cette année. La situation est tout aussi alarmante dans le Bogal, situé dans le nord de Sédhiou, au point que le Directeur régional du développement rural (Drdr) a dû faire une descente sur le terrain. Au village de Bamacounda, le désastre ne concerne pas que le riz. D’après Lansana Mendy, ils n’ont même pas réussi à semer le mil et le sorgho à cause de l’arrivée tardive de la pluie. Inquiètes des risques de famine qui pèsent sur elles, ces populations tiennent à attirer l’attention des autorités étatiques sur le spectre qui les guette.

Interrogé sur l’évolution des cultures dans le département de Sédhiou, Malang Biaye le chef du Service départemental du développement rural (Sddr) explique que ‘les cultures intermédiaires ont beaucoup souffert de la longue pause pluviométrique intervenue de la fin du mois de septembre à la mi-octobre, surtout le riz de plateau qui est en épiaison et en début de maturité’. Et le technicien d’ajouter que cette pause pluviométrique est arrivée au moment où les cultures avaient besoin de beaucoup d’eau. ‘Les autres cultures ont aussi souffert de cette pause, mais avec les dernières pluies, la situation peut s’améliorer’, conclut Malang Biaye. Qui pense que les cultures pourront être sauvées si la pluie continue jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Le déficit pluviométrique par rapport à l’année dernière est énorme par endroits, tant en hauteur d’eau qu’en nombres de jours de pluies. En effet, la commune de Sédhiou, qui avait reçu 1 470,4mm en 80 jours de pluies en 2010, n’a reçu que 998,3mm en 58 jours, au 13 octobre 2011 ; soit un déficit de 472,1 millimètres d’eau et 22 jours. Le déficit est de 402,8 millimètres d’eau et 11 jours pour la communauté rurale de Dianah Malari, de 294 mm et 14 jours pour celle de Diendé, de 93,3 mm et 20 jours pour celle de Djirédji et enfin de 84,6mm et 16 jours pour la communauté rurale de Djibabouya.

Ce déficit pluviométrique a fini aujourd’hui de perturber le sommeil des braves paysans qui ont tout misé sur l’agriculture. En atteste ce cri du cœur de Moussa Seydi du village de Bamacounda : ‘Les paysans n’ont pas de salaire et ne comptent que sur leurs récoltes. Mais comme cette année on tend vers l’échec total, c’est très inquiétant, et nous lançons un appel à l’Etat de nous venir en aide’.