Dakar, 24 sept (APS) - Un garçon récemment poignardé à mort devant l'ex-cinéma ‘'al Akbar'' de Niary Tally. Un vigile tué deux jours plus tôt lors d'un cambriolage au marché du même quartier. Une liste qui, allongée par le meurtre d'un jeune homme il y a trois semaines aux Parcelles assainies, est en passe de faire penser au retour du grand banditisme dans la capitale où une certaine accalmie avait pourtant été notée.
Dans le triangle Grand Dakar-Niary Tally-Benn Tally, les récents forfaits ont réinstallé la psychose chez les populations, inquiètes à l'idée d'un retour de la violence dans cette zone que l'on croyait définitivement sortie de cette spirale.
Grand Dakar, Niary Tally et Benn Tally ont longtemps impressionné par les faits de violence dont ils étaient souvent le théâtre. Époque où rares étaient les jours qui se passaient sans agressions ou braquages, sanglants pour un grand nombre.
Jadis, circuler dans ces quartiers, à certaines heures, relevait d'une audace ‘'suicidaire''. Les mosquées avaient du mal à attirer les fidèles pour les prières de l'aube surtout. Peu de gens osaient pointer le nez dehors pour la prière matinale à la mosquée. Une situation qui, du coup, avait fini par éloigner un grand nombre de personnes de leur lieu d'origine.
‘'Ma famille a dû quitter Grand Dakar, voilà dix ans. Nous étions obligés de le faire car le quartier était devenu peu sûr à cause du banditisme et de la violence'', explique Nd. F, native et ex-habitante de Grand Dakar dont la famille est allée s'installer à Nord Foire, à quelques kilomètres de là.
Relatant leur dernier moments dans le quartier, la jeune femme affirme : ‘'à une époque donnée il était difficile même impossible de vaquer à ses occupations une fois le soleil couché'' sans risque de se faire agresser et souvent ‘'de la façon la plus sauvage''.
Dans les années 1980-90, Grand Dakar, Niary Tally et Benn Tally étaient mal perçus comme l'ont été Thiaroye (avant les indépendances jusqu'aux années 60) ou Colobane au cours de la décennie 70. Mais la tendance s'était inversée après l'arrivée d'un poste de police à Taïba (Grand Dakar).
Si certains lient le fléchissement du banditisme au vieillissement des malfrats, le plus grand nombre attribue ce fait à l'implantation de cette police de proximité.
O. Ly, un dirigeant du mouvement associatif, qui habite la zone depuis 38 ans cette zone, estime que ‘' la police de Taïba (créée depuis 2001), a été d'un grand apport dans le recul de la délinquance dans nos quartiers'', précisant que le poste a été ‘'l'élément déterminant'' dans le retour du calme dans cette zone.
En fait, les policiers avaient ‘'réussi à neutraliser'' presque toutes les bandes qui opéraient dans ces zones, disent certains, et la pression a été si forte que certains ont dû quitter ces lieux, a ajouté un responsable de la police ayant requis l'anonymat.
‘'Malgré nos moyens réduits, nous avons réussi à sécuriser les personnes et leurs biens'', assure le policier estimant que ‘'ce ne sont pas les moyens qui font les bons résultats, mais la volonté des hommes et leur détermination''.
Mais avec ces récents forfaits, que certains observateurs attribuent au banditisme résiduel, la question est de savoir si cela est le signe d'un retour de la violence dans ces quartiers, effet d'un manque de moyens logistiques.
AT/ADC
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