SENEGAL : Wade se taille des habits de mystique

S’il y a un Sénégalais qui ne cesse de préoccuper et de tenter de s’imposer à ses compatriotes et le reste du monde, c’est bien le président Wade. Après avoir formulé mille et une promesses, auxquels il ne portait aucun crédit, rien que pour s’installer et garder le pouvoir, depuis l’inauguration de son monument, il a revêtu de nouveaux habits aux couleurs, qu’il juge mystiques.

Le président Wade avait laissé entendre que c’est Touba qui l’avait élu; oubliant que les Sénégalais et les populations de la ville sainte avaient douté de lui, pendant 26 ans. Il avait ajouté, qu’en conséquence, il régnera à la tête du pays, autant qu’il veut, avant de passer le témoin à celui qu’il choisira ; réfutant de fait le suffrage universel, la volonté des électeurs et la laïcité.

Maintenant, il verse dans un autre délire : son marabout (lequel ?), confient ses proches, lui aurait assuré qu’il suffit qu’il formule et prononce, publiquement, une volonté, pour qu’elle soit. Il aurait acquis le don d’exprimer, indirectement, ses craintes et peurs, pour ne pas les vivre.

Ainsi, dans la peau d’un magicien et habillé en docteur occulte, Wade est d’avis que « maintenant, le débat sur le monument est clos, tant sur le plan économique que religieux ». Mais, il sera difficile au président de rester cloîtré dans les habits de « Merlin l’Enchanteur ». Car, le débat « économique » sur sa statue ne peut pas être « clos ».

Pour preuve, juste après qu’il l’ait inaugurée, le bureau politique du Parti socialiste a laissé entendre qu’il l’a fait construire à 75 milliards de francs Cfa ; contredisant du coup les 14 milliards qu’il soutenait, avant que l’entrepreneur, ne parle de 8 milliards et son ministre de la Culture, ne minimise le montant en avançant 7 milliards.

Le débat « économique » sur sa statue risque de perdurer, car bien des avis estiment que le troc de terres auquel il a procédé pour la réaliser est des plus nébuleux.

Le débat « économique » sur sa statue risque, encore, de bien se prolonger, parce qu’il a choisi, pour sa construction, des étrangers asiatiques ; comme si le Sénégal manquait de compétences. Pourtant la première maquette de sa statue lui est venue de notre compatriote : le géant, au figuré comme au propre, Ousmane Sow.

Le débat « économique » sur sa statue est loin d’être « clos », parce qu’au moment où il la faisait réaliser des populations baignaient, et le font toujours, dans des eaux nauséabondes, issues d’années d’inondations, que des jeunes Sénégalais mourraient en mer, faute de n’avoir pas trouvé des emplois dans leur pays et que le panier de la ménagère était troué, après que des entreprises soient poussées à la faillite, par la dette intérieure.

Le débat « économique » sur sa statut est loin d’être fini, parce qu’également, du fait de son œuvre des Sénateurs américains s’opposent à ce que leur pays décaisse les 270 milliards de francs Cfa, que le Millenium challenge account était disposé à accorder au Sénégal.

Le débat « religieux » sur sa statue ne peut pas, également, prendre fin. Car, même s’il avait fait voter 18 milliards, pour la promotion de son œuvre, ce qui lui permit, de motiver même des Arabes et Marocains, fondamentalement, l’Islam « interdit toute représentation humaine ».

Le débat sur sa statue ne peut être « clos » sur le plan « culturel », parce que même, si un représentant de l’Unesco était à son inauguration, la « femme » de sa statue ne ressemble en rien à nos femmes africaines. Elle n’est pas callipyge et porte court. Ce qu’interdit la décence, au Sénégal. La « femme de Wade » est Hélène, son fils métis, parce que le mari est un Noir. En vérité Wade veut faire oublier la « mégalomanie » de sa statue, son coût « fou » et sa démesure, pour se consacrer à la finalisation de transformation de son domicile du Point E en musée, qui portera son nom.

Wade se considère comme un « miraculé », maintenant il est dans les habits d’un « illuminé », qui pense que ces paroles ont valeur de bible. C’est en fait pour aveugler ses compatriotes et l’Afrique, dont il a usurpé la « renaissance ». Mais, en déclarant le débat sur sa statue « clos », il n’empêchera pas la tempête. Pour illustration, Cnn a diffusé un autre reportage intitulé « la mégalomanie d’un président d'un des pays les plus pauvres, qui a érigé la statue la plus grande du monde » ; ceci au moment où son peuple croupit dans la misère.