Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

SERIGNE FALLOU DIENG, RESPONSABLE DU CERCLE DES INTELLECTUELS SOUFIS « Les dignitaires religieux sont les fossoyeurs de la démocratie »

Single Post
SERIGNE FALLOU DIENG, RESPONSABLE DU CERCLE DES INTELLECTUELS SOUFIS « Les dignitaires religieux sont les fossoyeurs de la démocratie »
Le responsable du Cercle des intellectuels soufis, na pas sa langue dans sa poche. En observateur averti de la scène politique et social, Serigne Fallou Dieng est revenu dans cette interview qu’il nous a accordée sur les grandes questions de l’heure. Sans fioritures ni subterfuges, il a porté un regard critique sur la vie politique en dénonçant le rôle joué par certains dignitaires religieux. Dans une position de sentinelle de la démocratie, le responsable des intellectuels soufis se dressent contre ses dignitaires religieux qu’il qualifie de « fossoyeurs de la démocratie. Entretien…

La Sentinelle : Que pensez-vous de la mesure d’interdiction de la mendicité, prise par le Premier Ministre. Une mesure qui confine les mendiants dans les lieux de culte.

Serigne Fallou Dieng : C’est en tant que Ndongo daraa, issu d’une famille religieuse, qui maîtrise le Coran et qui œuvre dans le secteur de l’islam que je vais parler. L’avis que j’ai par rapport à cette interdiction est mitigé. Mais d’emblée, je dirais que lutter contre la mendicité est une chose salutaire. Cependant, les personnes qui viennent de la Guinée Bissau et du Mali, pour venir au Sénégal demander l’aumône, font de la traite des personnes. Et l’islam condamne cette pratique. C’est ignoble c’est répréhensible. Mais, la façon dont le Premier Ministre a procédé à l’interdiction n’est pas recommandable. Le gouvernement doit cesser de faire des actions irréfléchies. Les décisions sont plus politiques. Cela ne découle pas d’une vision prospective et durable. Ce sont des décisions politiciennes voire même électoralistes. Les maîtres coraniques doivent prendre leur responsabilité. Ils doivent reconsidérer le milieu pour interdire aux enfants de mendier jusqu’à certaines heures, faire de sorte que les talibés ne soient plus sales et cessent d’envahir les rues avec les conséquences qui s’en suivent telles. Mais Souleymane Ndéné Ndiaye a confondu les genres. Il y a pire que la traite des personnes au Sénégal. Je peux citer les « Yalla yalla », structure composée de personnes majeures et qui n’ont aucune profession. Elles ne font aucune autre activité que la mendicitépour construire des immeubles. Ces personnes collectent les offrandes reçues, par exemple le riz, jusqu’à avoir des tonnes. Ensuite, elles vont revendre ça à Keur Massar à 250 frs le kilo au lieu de 350. Les consommateurs préfèrent ce riz des « Yalla yalla » puisque ça coûte moins chers. Ces jeunes doivent aller étudier ou chercher du travail. Interdire la mendicité au Sénégal doit être faisable mais il doit se faire suivant des règles précises.

« Les constitutionnalistes sont mieux placés que moi. Toutefois je retourne à la déclaration de Wade. Je dis qu’il y a un problème d‘éthique et les populations sont victimes de haute trahison, il a dit des contrevérités à la nation et çà doit être suffisant pour que Wade se désiste ».

L. S. : - Si je comprend bien la décision de l’Etat n’a pas été mûrie et cela ne va pas durer ?

S. F. D. : - Les membres du gouvernement ne croient pas en cette décision. Ils l’ont fait pour attirer les capitaux des bailleurs. Mais ils ne l’ont pas fait pour supprimer une plaie sociale. L’état doit faire la part des choses. Premièrement, il y a une différence avec les « Yalla Yalla », ils sont des promoteurs de la mendicité. Il y’en a qui ont des agences de versement. Cette pratique est maintenant répandue puisqu’ils leur demandent de verser 2000 frs par jour, le surplus appartient au « Yalla yalla » qui a fait la collecte. Maintenant ce ne sont plus seulement les Mbacké -Mbacké qui font le « maadiale ». On assiste à la floraison de la mendicité. Deuxièmement, les membres du gouvernement devaient faire une étude approfondie, faire la part des choses entre les personnes majeures sans handicaps qui font le « maadiale » et celles vivant avec un handicap qui sont obligées de s’apitoyer sur les gens pour garantir leur pitance. Les occidentaux interdisent la traite des personnes et c’est ce que sont en train de faire les « Yalla yalla ». De cette traite, ils en arrivent à acheter des 4x4. L’état devait d’abord prendre une mesure contre eux et établir des règles puisque les « Yalla yalla » sont différents des personnes handicapées moteur et des talibés. Les types de mendicité diffèrent, il doit y avoir une graduation. Cela relève de l’incurie de Souleymane Ndéné Ndiaye. Il ne devait pas faire exécuter cette loi durant le mois de ramadan, mois de charité et d’opportunité pour les musulmans. Il devait peut-être le faire durant le mois de « shaban » qui le précède ou le « shawwal » qui vient après. Ils ne doivent pas prendre des décisions à colorations politiques.

L. S. : - la candidature du président Wade pour un troisième mandat fait débat actuellement dans le pays. Selon les constitutionnalistes, elle est illégale. Vous en tant qu’intellectuel soufi, qu’est ce que vous en pensez ?

S. F. D. : - D’abord, permettez – moi une petite digression pour expliciter le Soufisme qui veut dire pensée, réflexion. Le soufi est appelé à donner son opinion sur le fonctionnement de la société, sur la déviance sociétale. Il doit avoir un avis sur cette question. Dans sa conception philosophique, le soufi doit être un ascète de grande culture, il se base sur la réflexion. Donc notre vision sur le troisième mandat de Wade révèle deux choses. D’abord, il est interdit de dire des contrevérités. Un chef d’Etat doit être véridique. En effet le débat est tellement juridique que ça nécessite une exégèse mais il y a une subtilité quelque part. D’après les débats que j’ai entendu, l’irrecevabilité l’emporte sur le contraire. Par conséquent même si Wade ne peut pas briguer un troisième mandat le mieux c’est qu’il abdique. Depuis son dernier mandat le Président ne fait que tergiverser sur des débats inutiles. S’il croit en Dieu, il doit savoir qu‘il a un devoir en vers lui mais aussi en vers les populations. C’est pourquoi l’élément sonore dans lequel il dit ne plus pouvoir se présenter parce que la constitution le lui interdit, doit être une source d’abdication pour lui. Toutefois, s’il soutient verser dans l’humour, cela devient pire pour un vieux de plus de 70 ans qui n’a pas peur de Dieu en disant des contrevérités.

L.S. : - Donc vous partagez l’avis de ceux qui posent un problème d’éthique ?

S. F .D. : - Absolument. C’est pourquoi le problème doit servir de leçon à la population et à l’opposition qui doit en déduire qu’un responsable doit dire la vérité. Pour conserver le bien-être social, il faudra que les responsables respectent la population et évitent les querelles politiques qui ont des fins personnelles.

L. S. : - Si je vous suis bien, vous pensez que si Wade ne brigue pas un troisième mandat, il se posera un problème de succession ?

S.F.D. : - Je ne veux pas m’avancer sur ce sujet. Les constitutionnalistes sont mieux placés que moi. Toutefois je retourne à la déclaration de Wade. Je dis qu’il y a un problème d‘éthique et les populations sont victimes de haute trahison, il a dit des contrevérités à la nation et çà doit être suffisant pour que Wade se désiste. Je dois aussi saisir l’occasion pour lever un coin du voile. On m’a toujours parle de dévolution monarchique du pouvoir. Je ne me suis jamais prononcé là dessus. On m’a même taxé de concrétiste et je peux assurer que je ne connais même pas le siége et le site de la Génération du concret. En plus, je n’ai aucun rapport avec Karim Wade. Deux choses me font intervenir dans la vie sociale : l’injonction divine et les cas de conscience. Dans les cas d’injonction divine, j’exécute tête baissée sans réfléchir. Dans la problématique de la citoyenneté je suis animé de conscience dans mes interventions. Contrairement aux autres, je n’ai jamais attaqué Karim Wade parce que je ne m’étais pas aperçu qu’il y avait une dévolution dynastique jusqu’à présent. Cela ne s’est pas encore confirmé. Mais si Wade décide de faire de Karim son successeur en ce moment là, je dépasserai le stade d’opposant. Je mènerai une djihad.

L. S : - Même si le président ne le dit pas ; tous les actes qu’il pose, semblent le confirmer ?

S. F. D. : - Il n’a pas encore posé d’actes effectifs au niveau du parti mais on doit dénoncer la promotion de la Génération du Concret. On dirait que les Sénégalais sont atteints de cécité intellectuelle ou ont la courte mémoire parce que je pense qu’il y a une dévolution qui en cache une autre.

« Il y a un réel lobby tidiane qui veut soutenir Idrissa Seck. Il en est de même des religieux qui sont dans le mouvement citoyen. Ils jouent sur les nerfs de Wade pour permettre à Idy de négocier avec lui ».

L. S. : - Qu’est ce que vous entendez par là ?

S. F .D : - Si le Président fait de son fils le Président du Sénat pour lui faciliter son élection ou lui mettre les pieds à l’étrier je m’y opposerai avec force. Cette dévolution s’applique autant à Karim Wade qu’à Idrissa Seck. Les gens parlent de dévolution monarchique mais moi je n’accepte pas les dévolutions népotique sectaires et claniques même pour les militants du Pds. Mais je pense que Karim n’est rien d’autre qu’une diversion voire un écran de fumée le Président veut donner le Pouvoir à Idrissa Seck. Donc la dévolution monarchique concerne uniquement ce dernier. Dans ce cas je m’y opposerai aussi parce que je ne vois pas la différence entre donner le pouvoir à Karim ou à Idy. Ils ont les mêmes droits dans le pays. Nous n’accepterons pas que ces derniers nous prennent pour des écervelés et considèrent le Sénégal comme un butin à partager. J’en appelle à la société civile, à Cheikh Tidiane Gadio, à Mansour Sy Djamil. Je leur signale que, de la même manière, qu’ils parlent de dévolution monarchique en faisant référence à Karim Wade, ils doivent en faire de même avec Idrissa Seck. Mais, ce sera pour parler cette fois-ci de dévolution népotique et de favoritisme. Je les invite pour qu’ils aient bien en tête cette éventualité. Je ne l’accepterai pas idem pour les Sénégalais qui ne se feront pas à une dévolution sectaire, ni clanique ni « favoritiste ». Nous n’accepterons aucune dévolution, ni pour Idrissa Seck, ni pour Karim Wade. Je dénonce aussi les lobbies religieux. Au moment opportun je les nommerai. Il y a un choc des lobbies religieux.

L. S. : - Pouvez-vous nous en dire un peu plus.

S. F. D. : - Il y a un réel lobby tidiane qui veut soutenir Idrissa Seck. Il en est de même des religieux qui sont dans le mouvement citoyen. Ils jouent sur les nerfs de Wade pour permettre à Idy de négocier avec lui. Aussi, les dignitaires religieux tidianes se portent toujours garants. En cas de problème entre Idy et Wade, ils jouent les facilitateurs auprès de ce dernier. Maintenant, si un lobby tidiane doit exister alors je vous assure qu’il y aura un lobby mouride. Et nous informerons les Sénégalais qu’il y a un fort lobby tidiane qui œuvre pour faire élire Idrissa Seck. Nous ne l’accepterons pas.

« Je suis en phase avec Cheikh Tidiane Gadio quand il parle de préservation de la Constitution, car il s’agit là d’une garantie institutionnelle. Il faut redonner un contenu aux institutions ».

L. S. : - un lobby Tidiane d’une part et un lobby Mouride de l’autre cela ne va-t-il pas engendrer des difficultés dans le jeu démocratique ?

S. F. D. : - Les dignitaires religieux sont les fossoyeurs de la démocratie. Je peux étayer ce que j’avance. Quand Idrissa Seck a eu des problèmes avec Abdoulaye Wade, c’est Abdoul Aziz Sy Al Ibn qui a joué les médiateurs. Les observateurs mourides avaient remarqué cela. Concernant Macky Sall, c’est Serigne Mouhamadou Lamine Bara qui a intercédé même si, il n’était animé par le même but. Mais on voit qu’il y a de grands dignitaires religieux tidianes qui ont un projet en incubation afin de faire d’Idrissa Seck le successeur de Wade. Les mourides aussi ont leur choix. Je pense qu’il est malveillant de dénoncer une telle pratique chez une personne et de l’accepter pour une autre. On se refuse à la dévolution monarchique mais on doit en faire de même pour toute autre forme de dévolution. Les lobbies doivent aussi cesser. Les dignitaires doivent être en dehors du jeu politique. C’est pour cela que les Sénégalais n’ont pas une opinion politique forte. Ces dignitaires religieux qui s’incrustent dans le jeu politique, inhibent cette opinion. Parmi eux il y en a qui militent solennellement et publiquement. Mais il y en a qui, de façon feutrée et souterraine, mènent des activités purement politiques et pose leur poulain. On n’acceptera pas qu’Idy soit le poulain On se refuse à tous les lobbies tant tidianes que mourides. On doit chercher le bon candidat pour les Sénégalais, abstraction faite des considérations religieuses. Vous savez aujourd’hui personne n’est dupe. On n’acceptera jamais qu’on écarte un mouride pour mettre à sa place un tidiane. On observe bien la situation et on a les yeux ouverts. Ce que nous refusons pour Karim Wade est valable pour Idrissa Seck et les autres. Les soufis n’accepteront jamais que des religieux encadrent la transmission « favoritiste » du pouvoir à Idrissa Seck)

L.S. : Dans cette guerre de positionnement, quelle sera la place des Mouvements citoyens ?

S. F. D. : - Les Mouvements citoyens, ils doivent apporter une alternative crédible. Le discours qui consiste à dire : « il faut que Wade parte », n’est pas porteur. Je suis en phase avec Cheikh Tidiane Gadio quand il parle de préservation de la Constitution, car il s’agit là d’une garantie institutionnelle. Il faut redonner un contenu aux institutions. Ça, à mon avis c’est plus attirant que les concepts « un homme fort », « un homme crédible », ou un diable qui vient réciter des versets du Coran pour charmer l’opinion. Ça ne nous émeut pas. Dans ce pays on sait qui est qui et qui fait quoi. Ce qui importe c’est de respecter les institutions. Je profite aussi de l’occasion pour dénoncer le comportement de certains arrivistes qui ont cheminé avec le pouvoir pendant des années en taisant ses tares pour se lever un beau matin et dénoncer ce qu’ils adoraient hier, histoire de se faire une nouvelle virginité. Je vous assure que malgré leur dénonciation, ils ont les mêmes comportements qu’Abdoulaye Wade. Où est l’alternative crédible qu’ils nous proposent ?

L. S. : - Donc pour vous, ce ne sont que des clones du président Wade ?

S.F.D. : - Vous savez avec Abdoulaye Wade, la plus grosse plaie c’est le climat de visées électoralistes qu’il a instauré dans ce pays. Vous avez vu le coup bas qu’il a fait à Khalifa Sall avec l’histoire des marchands ambulants. Il se réveille un beau matin et leur octroi 900 millions, juste pour couper l’herbe sous les pieds de Khalifa Sall. Ce ne sont que des décisions électoralistes. Ça ne peut pas faire bouger les choses. La preuve, regardez ce qui se passe à l’université, les étudiants se battent avec des armes blanches dans les amicales, à cause du populisme instauré par Wade. Face à tout ceci, il est devenu impérieux pour le futur président de tenir un langage de vérité aux Sénégalais.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email