La tension monte à l’École nationale des travailleurs sociaux spécialisés (ENTSS), rattachée au ministère de la Santé et de l’Action sociale. En grève illimitée depuis vendredi dernier, les étudiants dénoncent une situation de précarité extrême due à l’absence de bourses, d’indemnités de stage et de subventions pour leurs mémoires depuis janvier 2025.Jointe au téléphone par Seneweb, Farimata Diop, membre du Collectif des étudiants de l’ENTSS, a décrit une situation qu’elle juge alarmante. D’après ses explications, aucun versement n’a été effectué depuis six mois, affectant les bourses, les subventions de stage, et les aides à la réalisation des mémoires. Une situation qui touche, selon elle, l’ensemble des 120 étudiants de l’école. « La plupart des apprenants, venus des différentes régions du Sénégal, ont tout quitté pour suivre cette formation de trois ans à Dakar » , renseigne-t-elle. Pire, ces étudiants parlent d’un « abandon institutionnel » et disent vivre aujourd’hui dans « une précarité totale, incapables de subvenir à leurs besoins quotidiens, de financer leurs recherches ou même de maintenir leur assiduité en cours ».Selon toujours Farimata Diop, les étudiants ont multiplié les démarches depuis plusieurs mois pour alerter les autorités compétentes, mais les réponses reçues n’ont jamais dépassé le stade des promesses. Elle affirme que, face à ces engagements non tenus, les étudiants ont décidé de durcir le ton en organisant un point de presse, suivi d’un déplacement au ministère pour tenter de faire pression.L’aveu d’impuissance du directeur général de l’Action socialeLors de cette démarche, le directeur général de l’Action sociale les a reçus, leur exprimant sa solidarité. Toutefois, il leur aurait précisé « qu’il ne pouvait poser aucun acte concret, l’ENTSS étant directement rattachée au cabinet du ministère ». Ce renvoi de responsabilité a renforcé le sentiment d’abandon parmi les étudiants.« Nous sommes formés pour lutter contre la vulnérabilité, mais nous sommes nous-mêmes plongés dans une situation de grande vulnérabilité », a-t-elle fait remarquer à Seneweb. Elle déplore également l’absence de réaction du ministre de tutelle, qui, selon elle, « reste sourd à leur détresse, malgré sa connaissance de la gravité de la situation ».Pour Farimata Diop et ses camarades, « il est incompréhensible qu’un concours aussi sélectif, qui ne retient qu’une trentaine de candidats par promotion, ne soit pas accompagné de conditions d’études décentes ». « Ce n’est pas possible, » estime-t-elle, rappelant que les étudiants suivent des cours de 8h à 18h, dans des conditions qu’elle juge indignes. Elle a par ailleurs rappelé que le mouvement est mené en coordination avec le comité exécutif de l’établissement, qui appuie les actions du collectif étudiant. Tous appellent à une réaction urgente des autorités ministérielles, pour éviter une rupture de parcours dramatique pour ces futurs travailleurs sociaux.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion