Des gérants de restaurant et gargote
rencontrés au centre-ville de Dakar ont confié à l’APS que le ramadan
qui s’annonce sera l’occasion pour eux de partir en congé, pendant ce
mois de jeûne marqué par une chute vertigineuse de leurs chiffres
d’affaires.
Un
après-midi du mois de juillet au centre ville, des restaurants de
fortune et autres gargotes font partie du décor de la capitale
sénégalaise. Des personnes de tous âges se précipitent dans les
restaurants pour prendre le déjeuner.
Dans une gargote nichée à la rue Masse Diokhané, Khardiata Barry, la
gérante, sert le repas aux derniers clients. Dans ce restaurant de
fortune entouré par des rideaux qui se soulèvent sous l’effet du vent,
la propriétaire, à l’aide d’une cuillère, remplit les derniers plats
avant le congé imposé par le mois de ramadan.
‘’Nous allons cesser le travail dès jeudi prochain. Nous profitons de ce
mois béni pour prendre congé vu que nous travaillons durant toute
l’année’’, explique Khardiata tout en servant ses clients. La
trentaine, teint clair et très active, elle souligne que le ramadan a
souvent rimé avec cessation de boulot. ‘’Cela fait des années que je
vends des repas mais je n’ai jamais travaillé durant le mois de
ramadan’’, martèle-t-elle l’air sérieux.
A quelques jets de pierre de chez Khardiata Barry, une autre dame du nom
d’Aissata Ba tient sa gargote. Entourée de clients assis sur des bancs
formant un cercle autour d’une grande table, Aissatou pense que le mois
de ramadan constitue un moment de dévotion mais aussi de repos pour le
musulman.
'’Je ne travaille jamais pendant le ramadan. Je sais que tout le monde
ne jeûne pas, mais je gèle mes activités pour me reposer pendant cette
période’’, a lancé Mme Ba, la voix perdue dans le bruit des ustensiles
qu’elle lave avec beaucoup d’entrain.
Selon elle, les rideaux de sa gargote vont tomber durant toute la
période du ramadan, un mois qui rime avec privation d’aliments durant le
jour pour les musulmans. ‘’Si nous passons toute l’année à travailler
pour avoir de quoi nous mettre sous la dent, il faut néanmoins se
reposer et seul le ramadan nous le permet’’, a soutenu Aissatou Ba
devant un parterre de clients comme pour annoncer qu’elle va en congé.
Au cœur du très populaire marché Sandaga, Mamadou Cissé gère un
restaurant dont la spécialité reste le ‘’dibi Haoussa’’. Des brochettes
de viande soigneusement rangées. L'odeur de bonne bouffe et la fumée qui
se dégagent étouffent les narines des visiteurs.
Cet endroit bien en évidence au centre-ville reçoit beaucoup de monde
surtout aux heures de pose où le propriétaire et les serveurs sont
débordés. C’est peut-être à cause des bonnes affaires qu’il réalise que
Mamadou Cissé n’est pas du tout enchanté par l’annonce du mois béni.
‘’Le travail ne marche pas durant tout le ramadan. On essaie de changer
nos habitudes pour nous adapter à la situation. Mais cela traine
toujours et les clients se feront toujours désirer’’, a dit Mamadou,
l’air désolé.
Pour résorber un chiffre d’affaires toujours en chute durant le mois de
privation, Mamadou Cissé ne manque pas d’astuces. ‘’Pour autant, nous
travaillons parce que tout le monde ne jeûne pas. De plus, nous ouvrons
pour le repas de l’aube communément appelé le +kheud+, mais seulement
les rares clients qui viennent ne prennent que du café’’, a-t-il
expliqué.
Bosso Lô, une restauratrice au marché Sandaga n’est pas loin du même
avis. ’’Le travail de restauration est difficile. Le mois de ramadan
vient empirer les choses. Sans compter que ça occasionne des dépenses
inutiles car il n’y aura presque pas de retour sur l’investissement,
faute de clients’’, regrette cette tenancière de gargote, depuis 10 ans.
KS/MTN/AD
1 Commentaires
Poufff
En Juillet, 2012 (11:34 AM)Participer à la Discussion