Mais, poursuit Bara Tall, ‘hier (avant-hier, Ndlr) dans l’après-midi, des personnes se sont présentées au niveau de l’imprimerie chargée d’éditer ces supports physiques. Ils ont insisté pour avoir le nom du responsable, soit disant qu’ils avaient des commandes à passer. Ils trouveront ce dernier (le responsable de l’imprimerie) chez lui et l’ont embarqué et interrogé avant de lui faire signer une convocation’. Et ce n’est pas tout. L’entrepreneur informe que son employé sera, par la suite, conduit manu militari par ces éléments de la police, à l’imprimerie où ils ont perquisitionné et saisi tout ce qui a trait aux supports en question. (Voir témoignage en dessous).
Face à cette situation, le patron de l’entreprise Jean Lefebvre estime urgent d’alerter l’opinion pour dire sa détermination à aller jusqu’au bout de cette affaire. Ainsi Bara Tall indique qu’il ne perdrait pas de temps sur cette péripétie qui, à ses yeux, est un ‘détail’. Mais, rassure-t-il, ‘nous resterons fidèle à la ligne principale que nous nous sommes fixée : aller jusqu’au bout dans cette affaire des 20 milliards de la Sudatel’. D’ailleurs, l’entrepreneur qui a dénommé son Mouvement citoyen, ‘Yemalé’ a saisi l’occasion pour procéder au lancement de ladite pétition. L’objet du délit dans cette pétition est ainsi posé : ‘Considérant les révélations sur ce qu’il est convenu d’appeler ‘l’affaire des 20 milliards de Sudatel’ et plus généralement les accusations répétées de versement de commissions illégales, dans le cadre de plusieurs affaires récentes, considérant que les citoyens et contribuables sénégalais doivent connaître la vérité (…) ; Nous (…) avons décidé de saisir les instances et organismes internationaux’. Et c’est pour, indique le Mouvement ‘Yemalé’, ‘déterminer l’existence ou non de versements de commissions ou assimilés, liés aux opérations d’attribution par le Sénégal d’une licence de téléphonie à Sudatel’. ‘Avec 20 milliards, un individu aurait pu dépenser 20 mille francs chaque jour depuis le début du calendrier grégorien, de l’an 1 jusqu’à aujourd’hui en 2010, et avoir encore en réserve 727 ans et 5 mois de dépense quotidienne assurée’, détaille-t-il. Alors, s’interroge Bara Tall, ‘devons-nous accepter qu’on nous dise qu’il se pourrait que le Sénégal ait perdu 20 milliards ?’.
Si un nombre important de Sénégalais signent la pétition, le Mouvement ‘Yémalé’ passe à la deuxième phase qui est la saisine des organisations internationales. Ces dernières ont été déjà contactées, selon M. Tall, et ‘sont prêtes à nous apporter leur contribution pour dire si oui ou non cet argent existe quelque part dans le monde’.
Pour Alioune Tine de la Raddho, il s’agit d’un acte caractérisé de ‘banditisme’. Car, selon lui, un Etat de droit ne peut pas fonctionner de la sorte. ‘Nous avons besoin, en tant qu’organisation de la société civile, que la vérité éclate sur ces 20 milliards’, fait savoir M. Tine. Cheikh Tidiane Gadio y voit, quant à lui, un acte de dénigrement du Sénégal. ‘Nous sommes gênés quand, en l’an 2010, avec toute l’expérience démocratique du Sénégal, qu’on en soit réduit à ce genre de situation’, se désole l’ancien ministre des Affaires étrangères de Wade.
TEMOIGNAGE : PAPE DIOUF RESPONSABLE DE L’IMPRIMERIE ROTO OF 7
‘C’est hier (avant-hier, Ndlr) samedi que j’ai eu un appel. La personne que j’ai eue au téléphone m’a demandé de la rencontrer parce qu’elle a eu une commande urgente à faire. Je lui ai dit que ce n’était pas un jour ouvrable mais comme ce sont des travaux qui ne pouvaient pas attendre, on pouvait se rencontrer. Il m’a demandé où j’habite et je lui ai indiqué mon domicile. Trente minutes après, mon interlocuteur me rappelle pour me dire qu’il est sur la rue 6 à la Médina non loin de chez moi et qu’il voulait qu’on discute du marché. Je suis allé à sa rencontre, accompagné de ma fillette de 6 ans.
Aussitôt descendu de l’immeuble, j’ai eu droit à un comité d’accueil : 4 policiers en civil. Ils ne m’ont même pas posé de question et m’ont embarqué manu militari. Je leur ai posé des questions par rapport à mon interpellation, ils m’ont dit que j’en serai édifié aussitôt arrivé sur les lieux. Une fois arrivés, ils m’ont fait signer une convocation et commencé à me poser des questions. Je leur ai demandé de me permettre d’appeler mes supérieurs hiérarchiques mais ils ont refusé et confisqué mon téléphone. Après l’interrogatoire, ils m’ont embarqué à nouveau vers l’imprimerie pour saisir tous ce qu’il y avait comme supports d’impression. J’ai remarqué aussi que, à chaque fois, il y avait quelqu’un avec qui, ils étaient en contact. Ils ont pris leur téléphone dans la voiture pour lire le contenu du texte et le transmettre par téléphone à cette personne.
Dans l’interrogatoire il a été beaucoup question du journal Le Populaire. Ils m’ont même demandé si la pétition n’allait pas paraître dans le journal Le Populaire. Je leur ai dit que je suis au niveau de l’imprimerie et que je ne connais rien du Populaire. Ils m’ont amené au niveau de l’hôtel Téranga. Il y a une maison en face de cet hôtel. Et c’est dans cette maison qu’ils ont amené les supports’.
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