Test râté aux locales de 2009 : Le ‘mythe’ Karim s’effondre

L’un des évènements politiques qui auront marqué les esprits en 2009 est, sans conteste, le scrutin local de mars 2009. Celles-ci ont, non seulement, consacré une victoire massive de l’opposition dans le pays, mais elles ont, également, marqué la fin d’un ‘mythe’ nommé Karim Wade. Jusqu’à la veille de ces élections, le fils du président de la République était l’une des dernières personnes à penser qu’au soir du 22 mars 2009, son sort allait prendre une tournure aussi chaotique. Un retournement de situation qui était, certainement, loin de son schéma prévisionnel.

Les élections locales ont, en effet, été un coup de massue pour le ci-devant président de l’Anoci et ses partisans en ce qu’elles ont brisé le rêve de cette Génération de se voir porter au pinacle lorsque le pater leur cédera le fauteuil tant convoité. De l’avis de certains observateurs, la présence de Karim Wade sur la liste de la Coalition Sopi pour la ville de Dakar ne relevait que d’une stratégie savamment planifiée qui devait permettre au leader de la Génération du concret d’assouvir son ambition présidentielle. Selon ces analystes politiques, la position de Wade-fils à la cinquième place de ladite liste n’était que de la poudre aux yeux puisque ce qui intéressait celui-ci, en définitive, c’était le fauteuil du maire de Dakar.

Ce qui lui aurait permis, non seulement, d’élargir sa base électorale à travers les réalisations qu’il aurait à faire et qui viendraient s’ajouter à celles de l’Anoci et qui portent son empreinte, mais, aussi, d’avoir des ressources financières substantielles pour la gestion de sa clientèle politique. Une fois ce jalon posé et se sentant légitimé, son père ayant ‘liquidé’ tous ceux qui pouvaient lui faire ombrage, il ne resterait à Karim Wade que quelques formalités d’ordre institutionnel pour enfin réaliser son rêve longtemps caressé. Ce plan de succession était si perceptible que beaucoup de militants libéraux n’ont pas hésité à imputer la responsabilité de la défaite de leur parti à Dakar au fils du président de la République.

Pour le camp de Pape Diop, c’est parce que les populations de Dakar ne voulaient pas avaliser une succession dynastique à la tête de l’Etat qu’ils ont massivement voté contre la liste de leur coalition. En réponse, des membres de la Gc soutiennent que la défaite de leur camp est à chercher dans la démission de l’ex-maire de Dakar, lequel, à leurs yeux, n’avait pas suffisamment mouillé le maillot pendant la campagne, parce que conscient qu’une fois la victoire acquise, il perdrait le fauteuil de maire. En tout cas, les dernières élections locales ont eu la vertu de mettre fin à un mythe que nombre d’opportunistes ont eu à créer. Depuis ce fameux soir du 22 mars 2009, celui qui passait pour le plus craint de la République et aux pieds de qui venaient faire acte d’allégeance des ministres, des députés, des cadres de l’Etat, parce que soucieux de leurs lendemains, est devenu aussi vulnérable que n’importe quel militant de base.

 Dans son propre camp, au Pds plus précisément, son mouvement est attaqué de toutes parts. Chose impensable avant mars 2009, des militants libéraux exigent que la Génération du concret rentre dans les rangs bleus ou disparaisse. Par ailleurs, Karim Wade qui se sera illustré, durant cette dernière décennie, comme l’homme politique le plus distant vis-à-vis des Sénégalais et de la presse, deviendra subitement bavard.

Alors que son fort était de snober les journalistes qui, pourtant, faisaient sa communication sans le savoir, Wade-fils en est même arrivé à prendre des initiatives en se montrant disponible à la presse. On se rappelle de ce fameux défi lancé au Secrétaire général du Parti socialiste, en direct sur le plateau de Walf Tv pour débattre de la gestion des sommets de l’Oci de 1991 et 2008. Ce que d’aucuns, flairant le coup, avaient assimilé à un marketing politique devant permettre à Karim Wade de rebondir.