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THIERNO LÔ MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA PROTECTION DE LA NATURE : « Faire en sorte que l a conscience écologique soit la chose la mieux partagée »

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THIERNO LÔ MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA PROTECTION DE LA NATURE : « Faire en sorte que l a conscience écologique soit la chose la mieux partagée »

 

Deux ans et demi à la tête du ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature, Thierno Lô fait le bilan de ses réalisations et parle des grands projets du chef de l’Etat. Il a révélé qu’une Fondation Abdoulaye Wade pour l’Environnement sera mise en place avec des universitaires et fonctionnaires de l’étranger.

Monsieur le ministre, après deux années à la tête du département de l’Environnement et de la Protection de la nature, pouvez-vous nous faire un bilan sommaire des actions qui ont été menées ?

« Je vous remercie de me permettre de parler d’un secteur très important et qui tient à cœur son excellence Monsieur le président de la République qui a fait de telle sorte que le Sénégal soit un pays qui apporte les meilleures réponses aux défis qui interpellent le monde, c’est-à-dire la question environnementale. Le président a mis tous les moyens et tous les dispositifs qu’il faut afin que nous puissions répondre à ses attentes. Arrivé au ministère, nous avons mis l’accent sur les grands projets du chef de l’Etat. Ces grands projets tournent d’abord autour du projet panafricain appelé la Grande Muraille Verte qui est une idée des présidents Obasanjo et Wade. Au niveau de cette grande muraille verte, nous avons pu du côté de la partie sénégalaise réaliser 4650 ha qui vont dans la zone du Ferlo. Cette grande muraille verte est le premier grand projet panafricain qui est en mesure de capitaliser des ressources pour que nous puissions régler les problèmes de pauvreté et lutter contre l’avancée du désert. C’est une idée géniale et nous devons en remercier donc les deux présidents. Le développement de l’Afrique passera forcément par l’arrêt, la lutte contre la désertification… et nous allons apprivoiser le désert et faire de telle sorte que l’on réduise le seuil de pauvreté des populations en faisant des plantations utiles. Toutes les espèces qui vont être utilisées seront de celles qui vont accroître les revenus des populations.

L’autre grand projet du chef de l’Etat est la protection de la faune et de la foresterie. Nous avons un important programme de lutte contre les feux de brousse qui constituent un important fléau qui annihile tous les efforts de développement. Il y a de nombreuses conséquences causées par les feux de brousse, la destruction des habitats, la destruction de la fertilité des sols, la destruction du cheptel domestique qui représente presque 500 milliards de nos francs. Si nous voulons conserver notre processus de développement économique, nous devons lutter contre ce phénomène.

Avec l’appui du chef de l’Etat, nous avons pu dans le cadre des ressources mises à la disposition du ministère, refaire le parc. Aujourd’hui sur un parc qui datait de 1970 et qui représentait presque 200 unités, nous ne fonctionnons que sur douze à seize camions-unimog. Nous avons pu refaire le circuit de télécommunications pour permettre aux agents de communiquer en cas de feu de brousse. Dans le cadre de l’appui budgétaire de l’ambassade des Pays-Bas, nous avons acquis 5 unimogs de 3000 litres. Avec l’appui du chef de l’Etat à travers son Premier ministre, au niveau de la coopération Japonaise, nous avons obtenu 24 unités. Nous avons soumis des requêtes pour la mise en place de centres forestiers. Ce que nous appelons d’autre part les brigades forestières qui auront pour vocation de sensibiliser les populations, de créer des pistes de production et d’être des dispositifs d’alerte pour parer au plus pressé en cas de déclenchement de feu de brousse. Cette requête a été soumise au président de la République qui est en train de trouver les voies et moyens nécessaires au département. Si nous mettons en place ces dispositifs que l’on appelle les centres de protection côtière nous aurons fait des avancées significatives dans la sensibilisation et l’encadrement des populations.

L’autre grand projet a trait aussi au repeuplement des aires marines protégées. Nous avons pu acquérir une vingtaine de gazelles dans le cadre de la coopération avec l’Espagne en vue de l’impérieuse nécessité de repeupler nos aires. Ces gazelles avaient donc disparu du Sénégal depuis 1970. Le repeuplement fait encore partie des missions qui sont assignées au ministère. Nous avions eu les oryx avec la coopération avec Israël, le Canada et la France. Nous sommes dans une dynamique de repeuplement des aires protégées.

Monsieur le ministre, il a été constaté que la pollution prend des proportions énormes. Quelles sont les mesures envisagées pour lutter contre ce phénomène ?

Cette lutte nous a mené à avoir un important appui des Pays-Bas. Nous avons comme dispositif, la réhabilitation de la Baie de Hann, où avec la structure Sen Environnement, nous sommes arrivés à extraire 14 400 m3 de déchets et à traiter 7400 m3 de sable. C’est un projet qui permet à la Baie de Hann d’avoir sa vocation d’antan, d’être un cadre sain où les populations arrivent à se divertir, où on règle les problèmes d’insalubrité et où on permet aux populations de ne plus vivre au niveau des endémies et de faire en sorte que l’on puisse traiter les eaux qui proviennent du Canal 6. Nous allons continuer ce travail pour aller vers la localité de Bargny pour éviter le problème de la remontée.

Dans le cadre de la lutte contre les nuisances, nous avons acquis un laboratoire sur la qualité de l’air qui est accompagné de stations que nous allons implanter au niveau de la Cathédrale de Dakar. Vous en avez sur la rue Carnot, aux Hlm. Il y en aura au niveau de la Banque centrale et des Mamelles. Ce sera une espèce de « météo » sur la qualité de l’air. Les problèmes de pollution sont source d’asthme et peuvent créer des maladies pulmonaires. Nous pourrons avoir aujourd’hui la possibilité de dire aux populations, si vous allez au quartier du Plateau que vous avez tel degré de pollution. Les asthmatiques pourraient savoir quelles sont les zones qu’il faut fréquenter ou éviter pour ne pas avoir plus d’allergies. Les premiers tests qui ont été faits sont inquiétants. Il y a d’importants efforts que nous sommes en train de faire dans le cadre de la réduction des rejets. Avec le CETUD et l’IAGU, nous avons un important projet sur le renouvellement du parc automobile qui est un élément dans la lutte contre la pollution. Nous avons ciblé les industries qui sont polluantes. Je citerai la SOCOCIM. 

Le ministère de l’Environnement n’a pas pour vocation de venir avec le bâton pour taper sur tout le monde. Mais nous avons un instrument juridique que nous appelons le Code de l’Environnement que les citoyens doivent respecter. Et il y a des plans de mise à niveau que ces sociétés sont dans l’obligation de respecter. Au niveau de la SOCOCIM, nous avons réussi quelque chose de très important. Depuis que cette structure existe les différents ministres qui sont passés ici, n’ont jamais eu la possibilité de faire prendre des engagements à cette celle-ci. Quand nous nous sommes présentés, la SOCOCIM s’est engagée à réduire ses rejets en fin juillet 2007., Donc avant de parler d’une extension de 43 milliards, il faut régler déjà le problème des rejets. La santé n’a pas de prix, mais il faudrait qu’il y ait les investissements nécessaires pour respecter les normes internationales en matière d’environnement.

Quelle est la place de la protection côtière dans vos projets ?

C’est un chantier qui intéresse beaucoup le président Wade. Comme vous le savez, les scientifiques se sont accordés sur le principe très simple que le niveau de température a augmenté. Il y a la fonte des glaciers et donc une élévation du niveau de la mer. Nos côtes sont agressées. La mer avance et le président est très conscient de ce phénomène et a envisagé un vaste chantier de protection côtière que nous avons commencé au niveau de la porte du Millénaire, à Popenguine, à Rufisque et Bargny. Nous venons de boucler le budget pour la convocation d’une conférence Africaine sur l’environnement marin et côtier qui est une initiative du chef de l’Etat. C’est un précurseur qui porte aujourd’hui le leadership en matière d’environnement. C’est pourquoi, nous avons entamé ces principales réalisations pour que nous puissions sécuriser nos populations. Par exemple à Rufisque et Bargny, des cimetières ont disparu. Il faut aussi que l’on prenne conscience des phénomènes comme Katerina qui se passent ailleurs. Nous ne sommes pas à l’abri de ces fléaux qui interpellent le monde. Le président de la République a pris en charge les véritables réponses que nous devons apporter aux défis qui nous interpellent.

Qu’en est-il de la politique de reforestation au Sénégal ?

Dans le cadre de la reforestation nous sommes en train de faire chaque année 30 000 plants. Nous avons procédé à un important volet d’aménagement de zones dans le cadre de l’exploitation forestière. Aujourd’hui nous arrivons à tirer presque 25 % de nos besoins en charbon dans les zones aménagées. Nous portons un regard très important sur ce secteur, car l’ambition que j’ai est d’aller vers la suppression des quotas de charbon. Pour les supprimer, nous devons faire de telle sorte que les populations s’approprient les ressources forestières. Quand elles arriveront à tirer le maximum de profits des zones aménagées, nous allons quitter les forêts traditionnelles pour faire de telle sorte qu’elles en tirent le maximum de bénéfices et aller vers la libéralisation de la filière. Cela aura des incidences sur notre facture d’énergie, comme par exemple le gaz que nous parviendrons de plus en plus à maîtriser, parce que le charbon de bois connaîtra un prix attractif et il y aura énormément de demandes. Aujourd’hui, les efforts faits dans ce cadre, nous ont permis d’atténuer la pénurie du gaz.

Il y a aussi un important projet de l’Etat sur les aires marines protégées. ..

Nous en avons créé 5 et il y en a 10 qui sont en cours. Un décret est préparé pour la mise en œuvre des plans directeurs et pour permettre à ce que les populations puissent bénéficier de ces importants instruments de développement.

A ce niveau n’y a-t-il pas une incohérence dans la gestion de ces AMP où, l’on sent plus le ministère de la Pêche ?

Le ministère fait d’importantes choses à ce niveau, d’autant plus que nous avons un budget pour cela. Nous avons pratiquement 10 millions pour chaque Amp mis à notre disposition par le ministre de l’Economie et des Finances et nous travaillons en collaboration avec les deux structures. Quand nous disons Amp, ce sont les deux domaines. C’est le maritime, les habitats et l’environnement. Il y a donc là une synergie entre les deux ministères. Nous sommes dans un même gouvernement ; nous avons les mêmes objectifs ; nous travaillons dans la cohérence et nous avons le GIRMAC qui est un outil mis à notre disposition par la Banque Mondiale qui nous permet d’avoir aujourd’hui deux points communs : la pêche et le département de la Protection de la Nature et Environnement, qui travaillent en parfaite synergie pour que nous puissions faire de telle sorte que les choses bougent. Pour cela nous avons besoin de plus de cohérence entre les deux structures, pour savoir que les objectifs sont les mêmes, c’est le même gouvernement, et nous devons pouvoir régler les problèmes pour avancer. Le GIRMAC est un projet très important qui va nous permettre d’avoir des ressources pour améliorer ce cadre concernant les Amp.

Qu’est ce qui a été fait dans le cadre de l’éducation environnementale des populations ?

Le ministère a dans le cadre du renforcement des capacités et du cadre de vie, mis en place plusieurs mécanismes. Aujourd’hui dans le cadre de l’éducation environnementale, nous avons eu à mettre en place 12 bois d’école. Cela est la citoyenneté environnementale que nous sommes en train de cultiver au niveau de l’école, pour faire que l’enfant s’approprie des notions environnementales, qu’il ait l’amour de l’arbre pour avoir une conscience citoyenne en matière d’environnement. Nous avons là aussi, un important volet de formation des enseignants dans le cadre d’une structure qui est en train de former les enseignants à l’humanité environnementale pour qu’ils puissent transmettre ce savoir à nos enfants pour leur permettre de penser à leur avenir et avoir les comportements citoyens qui leur permettront de s’intéresser à l’environnement. La question environnementale fait partie aujourd’hui des défis mondiaux. Actuellement la préservation de notre cadre de vie, la question de la durabilité la question de la transversalité de ce ministère doivent être des choses que nous devons prendre en compte.

Si vous avez vu les problèmes d’inondations que nous avions connus, ils tirent leur source du non-respect du Code de l’Environnement. Nous avons noté une indiscipline. Il faut un comportement citoyen ; il faut un respect des instruments juridiques mis en place. Si les gens viennent occuper les zones humides, habiter dans les cuvettes, boucher les passages de l’eau, cette eau reprendra toujours ses droits. C’est pourquoi nous avons une nappe qui est là avec les problèmes d’assainissement que nous connaissons, parce que l’assainissement et l’environnement sont des secteurs très liés. La non prise en charge du Code de l’Environnement est à l’origine des phénomènes que nous vivons actuellement. Donc c’est nous-même qui hypothéquons notre avenir et celui des générations futures.

Nous savons que des efforts ont été faits pour le ramassage des ordures au Plateau et à la Médina alors qu’en banlieue, le phénomène persiste. A quand la solution définitive ?

Le problème de la gestion des ordures ménagères est une question qui mérite un large débat. Pourquoi depuis la SIAS, la SOADIP, l’entente Cadak-Car, le Sénégal n’arrive pas à régler la question des ordures ? C’est une responsabilité collective que nous devons tous assumer ensemble parce que nous avons les compétences nécessaires, nous avons les ressources qu’il faut. Mais, il nous a manqué le dynamisme, la cohérence et l’esprit d’être de très bons gestionnaires et d’avoir le comportement citoyen qu’il faut pour venir à bout de ce problème. Ce sont cet ensemble de facteurs que je viens tout à l’heure d’énumérer qui sont à l’origine de ce que nous avons connu. Mais le président de la République depuis qu’il est arrivé au pouvoir a pu mettre sur place des ressources. Six milliards de francs par an. Si vous calculez de 2000 à 2007, cela fait au total 42 milliards de francs mis à la disposition des Sénégalais pour la gestion des ordures. Malheureusement nous devons reconnaître que le mécanisme n’a pas fonctionné comme nous l’aurions souhaité ; comme j’ai l’habitude de le dire, l’argent partait et les ordures sont restés sur place et puis on a hypothéqué l’avenir des populations, on a créé des maladies et on a rendu Dakar très sale. A cela, il s’ajoute l’occupation anarchique des voies. Il y aussi le problème des mairies d’arrondissement qui ne s’occupent pas des problèmes des gravats, qui ont des marchés hebdomadaires que l’on ne nettoie pas. Il y a eu aussi la défaillance de la société Ama Sénégal qui à un moment donné transportait du sable, des gravats parce que les camionneurs étaient payés à la pesée. Il y a eu à un moment donné, un personnel pléthorique ; une mauvaise gestion, c’est pourquoi, le président de la République a pris la décision de confier la gestion des ordures ménagères au ministère.

Qu’est ce que vous avez fait concrètement ?

Quand nous sommes arrivés, nous avons supprimé la question du pesage pour la phase de transition. Si les choses fonctionnent correctement, il revenait aux collectivités locales de gérer la question des ordures ménagères. Mais nous sommes là pour essayer de remettre les choses en ordre en relation avec l’entente Cadak-Car et l’Anoci. C’est ainsi que nous avons pu refaire le zonage de Dakar en utilisant les concessionnaires, en mettant en place un mécanisme de contrôle qui part du département jusqu’à la décharge de Mbeubeuss pour contrôler le circuit de collecte privé qui était refacturé à l’Etat du Sénégal. Nous payons par rotation pour éviter qu’ils viennent dans le cadre de la mécanisation nous transporter du sable et des gravats pour nous facturer un poids qui va gréver le budget de l’Etat. Nous avons effectué un audit du personnel et nous sommes passés de 1800 agents à 1500. Donc 300 postes ont été supprimés. C’était un personnel fictif. Cela n’a pas été facile, puisque nous avons choisi les concessionnaires qui avaient les meilleures bennes tasseuses d’abord. Nous avons fait ensuite de telle manière que les concessionnaires se disputent les ordures. Nous avons fait de telle sorte que Dakar respire mieux. Il reste beaucoup de choses à faire, pour que la ville de Dakar soit propre, il faut que l’on règle les problèmes d’encombrement et de désensablement... Cela ne peut pas se faire avec l’anarchie que nous vivons ici à Dakar. Dans le choix d’un partenaire stratégique, nous avons été en France visiter les infrastructures de Véolia, et en Egypte. Nous les avons amenés au Sénégal pour une phase test. Et nous leur avons alloués la zone Dakar-Plateau et la Médina. Les autres parties de Dakar sont gérées par les concessionnaires. Au niveau du centre ville, Véolia est en train de faire du bon travail. Mais ce qu’elle fait actuellement, les Sénégalais auraient pu le faire. Il suffisait tout simplement de faire les investissements nécessaires, d’avoir le comportement et la rigueur dans la gestion des hommes, pour que nous puissions arriver à faire comme les autres. Véolia est venu et a amené de la logistique. Elle a habillé ses travailleurs. Elle a fait respecter les horaires des travailleurs et il y a un contrôle strict et une rigueur dans la gestion et il y a eu des résultats. On est entrain de parler de la question de Véolia, mais s’il y a la défaillance des nationaux, il ne faudrait pas que l’on se mette là à nous alarmer.

Quelle solution pour mettre fin aux grèves périodiques des concessionnaires Sénégalais ?

Il faudrait que l’on aille très vite et des instructions ont été données dans ce sens vers la liquidation de Ama Sénégal. Nous sommes dans une situation hybride. Nous avons le ministère de l’Environnement qui n’est pas lié avec les travailleurs de Ama Sénégal par un contrat, mais qui trouve des jeunes qui ont des compétences et qui acceptent de rester au pays et de travailler dans les déchets. Nous les payons en attendant que l’Agent Judiciaire de l’Etat qui gère la partie juridique de ce dossier puisse terminer la liquidation. Quand elle sera terminée, les employés de cette société seront indemnisés. Véolia va essayer d’étendre son action à l’intérieur du département de Dakar et va continuer à embaucher les professionnels du nettoiement. La banque de données pour les cas d’embauche, ce seront les travailleurs d’Ama Sénégal, car ce sont des professionnels. La question des ordures ne s’arrête pas uniquement au niveau de Dakar. Toutes nos capitales régionales sont aujourd’hui sales et le ministère n’est pas un ministère de la capitale. Dans le cadre de ce que nous appelons chez nous « Sénégal vil propres », nous avons un budget qui nous permet aujourd’hui de faire des interventions au niveau des capitales régionales au niveau des cérémonies religieuses pour doter les associations, les mairies de petits matériels et d’envoyer des gradeurs et des pelles mécaniques dans des zones où il y a vraiment des états très avancés d’insalubrité. C’est le cas à Kaolack, à Touba et Tivaouane.

A quand une industrie de traitement des ordures ménagères ?

Nous sommes en train de mettre en place des centres d’enfouissement technique. Et je pense que le premier centre d’enfouissement technique qui va connaître le jour sera celui de Touba. Nous sommes très avancés à ce niveau pour en faire un modèle pour les autres capitales régionales. Ce centre est un appui du ministère aux collectivités locales. Nous avons essayé de faire la même chose à Thiès. Nous envisageons d’en faire autant à Ndiass. Les centres d’enfouissement sont très importants car ce sont eux qui vont nous permettre de valoriser les ordures. Donc aujourd’hui, nous avons fait énormément d’efforts dans ce secteur là, mais les citoyens doivent revenir à de meilleurs comportements. C’est pourquoi nous mettons une importance capitale dans la sensibilisation.

Le concept de Mécanisme de Développement Propre (Mdp) offre des opportunités aux pays signataires de la convention de Kyoto. Qu’est-ce que le secteur privé Sénégalais peut en tirer ?

La décharge de Mbeubeuss dans tous les cas devra être fermée et c’est cela qui va nous permettre de venir sur le cas de ce que nous appelons le Mécanisme de Développement Propre (Mdp). Le Mdp est un mécanisme de flexibilité qui découle du protocole de Kyoto, qui permet aux pays de l’annexe 1 de réduire et de respecter leur engagement en venant faire des investissements dans les pays en voie de développement tels que le nôtre. Il nous permet d’avoir des énergies renouvelables, des puits carbone au niveau de la foresterie, de lutter contre des éléments de pollution. Ce sont ces crédits là que les privés vont utiliser pour respecter leur engagement, ou bien vendre leurs produits au niveau international. Dans ce cadre il y a à Mbeubeuss un projet très avancé pour en faire une zone écologique, avec un traitement des ordures, des maisons écologiques, un reboisement et le règlement de la nappe souterraine. Cela est très important, puisque les centres d’enfouissement technique dont j’ai parlé tout à l’heure, c’est là où nous allons vers la valorisation des déchets. C’est à partir de là que nous allons les traiter, les valoriser pour en tirer des énergies. De l’électricité, donc capter du bio gaz et aller même vers des circuits de traitement d’eau… C’est cela l’importance des centres d’enfouissement technique. C’est pourquoi je les ai cités tout à l’heure et c’est cela la valorisation des déchets, et nous avons un important projet à ce niveau-là. Pour le Mdp, nous avons animé une émission à la télévision hier soir. Il faut que les privés sénégalais comprennent ce que c’est le Mdp. A les entendre, c’est comme s’ils considéraient que ce mécanisme de développement propre était quelque chose qui nous est imposé. Ils ne savent pas que ce sont des capitaux qui étaient mis à la disposition de nos pays pour que nous puissions élaborer des projets pour pouvoir en profiter au maximum. Et sur ce volet, il y a toute une communication à faire. Il y a l’Agence nationale désignée, le comité et déjà des projets sont ficelés dans le cadre du transport, de l’agriculture, de l’industrie. Autant de projets qu’il nous reste tout simplement à accélérer le processus pour que nous puissions faire les efforts nécessaires pour que les pays de l’annexe 1 puissent venir les financer. Il y a le cas de la SENELEC où nous avons besoin d’énergie renouvelable. Il y a le cas de la cimenterie où nous avons besoin de créer un parc éolien qui va régler le problème de la consommation d’électricité au niveau de ces unités. Nous avons les énergies renouvelables pour aller vers l’utilisation du solaire. C’est pourquoi, le président a eu l’idée de créer le ministère chargé des Biocarburants et des Energies renouvelables.

Je vais parler un peu de ces espèces-là. Dans le cadre du Proged, nous avons des avancées significatives en matière de biocarburants. Nous avons des techniciens qui ont été formés au Brésil et ils ont des résultats parce qu’aujourd’hui ils ont même un réchaud et un tracteur qui fonctionnent avec le biocarburant. Au niveau de nos pépinières, nous avons énormément de plantes avec « getraphas » (tabanani) et nous pouvons faire qu’il y ait des hectares reboisés. Vous savez, le problème, ce n’est plus de la théorie comme le dit le président de la République. C’est de passer à l’action. Qu’est-ce qu’il nous faut ? C’est de planter des hectares et nous avons ici les espèces. J’ai donné des instructions à la direction des Eaux et Forêts pour aller vers les biocarburants. Il faut reconnaître que les défis sont très importants au niveau du département.

Monsieur le ministre peut-on parler un peu du statut du personnel et aussi des nombreux départs à la retraite enregistrés ?

Il faut préciser que c’est un corps paramilitaire. Le président nous a permis de donner des indemnités au niveau du corps et il y a aussi un recrutement du personnel pour régler les problèmes des directions des Parcs Nationaux et des Eaux et Forêts. Ce n’était pas suffisant parce que cela se reflète dans le cadre de lutte contre les feux de brousse et la protection de nos parcs. Le personnel est vieillissant. Nous avons une demande de 300 agents pour la protection de nos parcs. Par exemple pour le cas du Niokolo Koba, il y a beaucoup de choses à faire pour sauver ce parc. Il y a le problème du braconnage bien que nous ayons réussi à faire déposer leurs armes aux braconniers et à venir participer à l’effort de conservation du parc, nous avons des agressions. Il y a la nécessité d’avoir des pistes à l’intérieur et le repeuplement des espèces qui ont disparu. Nous sommes en train de voir le circuit des espèces et nous avons terminé l’inventaire. Nous sommes dans un cadre de partenariat public-privé avec African Parc qui a déjà aidé à travers l’ambassade des Pays-Bas pour que nous puissions faire l’inventaire. Nous allons convoquer une rencontre avec les populations et tous les acteurs qui tournent autour de ce projet pour voir quelle sorte de partenariat mettre en place avec African Parc pour sauver le parc Niokolo. C’est la même chose que nous allons faire avec le Parc de Djoudj où nous avons réuni tous les acteurs et les populations pour aller vers un partenariat public-privé. Nous avons également un important projet d’aménagement du Parc forestier de Hann qui doit être attrayant. Magic Land aurait du être à l’intérieur de Hann. Nous allons en faire un cadre de divertissement sain où il y aura tout ce qu’il faut pour préserver les ressources. C’est la même chose que nous allons faire au niveau de la forêt de Mbao en partenariat avec le Conseil Régional de Dakar et la mairie de Mbao. Nous ferons en sorte qu’il y ait des projets de conservation au niveau de ces forêts classées. Nous avons aussi pris l’initiative de refaire le périmètre de cette forêt de Mbao en faisant de sorte que les occupations anarchiques avec les projets immobiliers disparaissent. Nous allons faire de sorte que les Sénégalais respectent le Code de l’Environnement. Dans le cadre du programme de mise à niveau, nous avons sanctionné plusieurs sociétés qui ne respectent pas ces termes. Nous avons reçu récemment le Spids et avons discuté du paiement des pénalités. Nous avons discuté des rejets des eaux au niveau de la mer et de la pollution de l’air et toutes les nuisances. Dans le cadre des établissements classés, nous sommes en train de faire des arbitrages entre les populations et les industriels qui installent des ateliers, des garages, des discothèques, etc, dans les quartiers pour qu’il y ait les mesures nécessaires pour atténuer les nuisances, pour respecter le cadre de vie des populations.

Nous avons pris à sa juste mesure le problème de l’environnement qui repose sur deux paliers. La sensibilisation et l’appropriation de la question par les populations et le respect du Code de l’Environnement pour sécuriser d’une part notre cadre de vie et sécuriser un avenir meilleur pour nos générations et faire en sorte que notre pays soit à l’abri des différents fléaux qui nous interpellent. Pour cela, il faut reconnaître que nous avons en face un homme avec qui nous pouvons compter. Je profite de l’occasion pour révéler que nous avons lancé l’idée d’une Fondation Abdoulaye Wade pour l’Environnement avec des universitaires et des fonctionnaires internationaux. Cela nous permettra d’avoir des fonds et le président nous aidera à trouver les moyens. Nous nous sommes rendus compte que les fonds mis en place dans le cadre des changements climatiques ou dans toutes les conventions que nous avons les mécanismes de décaissements sont rigoureux et ne sont pas maîtrisés par nos pays.

Ce qui avait poussé le Fonds pour l’environnement mondial (Fem) de tenir un séminaire de formation pour que nous puissions connaître ses mécanismes et en tirer le maximum de profits.

Vous voyez où se trouve l’aberration. A chaque fois que dans le cadre de la conception les Africains et plus particulièrement les Sénégalais sont au-devant des scènes pour discuter intellectuellement sur la mise en place de ces fonds, à l’heure du décaissement, ce sont les pays de l’Asie qui en tirent le maximum parce qu’ils maîtrisent mieux les procédures. Là nous avons demandé une flexibilité des mécanismes, le renforcement des capacités pour aller les capter, à défaut nous avons demandé la mise en place d’un fonds africain pour l’environnement au niveau de la Banque Africaine de Développement (Bad) où il y aurait plus de possibilités. Le président Wade étant un homme de grande dimension et qui occupe aujourd’hui une place importante dans le Nepad, nous lui proposons cette fondation pour avoir la possibilité de capter des ressources et les mettre à la disposition des Africains pour la prise en charge des fléaux qui nous interpellent.

Au plan économique, en matière entrées de devises au Sénégal, l’environnement ne figure pas en bonne place aux côtés de la pêche et du tourisme. Comment l’expliquez-vous ?

C’est un problème très important que j’ai commencé à soulever depuis mon arrivée à la tête du département. Pour moi, les statistiques produites sont fausses. Le coefficient qu’on accorde à l’environnement n’est pas fiable. Vous savez, l’environnement a plus d’apports que les autres secteurs. On ne peut pas parler de développement de l’agriculture sans parler d’environnement, ni d’élevage sans environnement. Les ressources forestières ont une valeur supérieure à tout ce que l’on utilise dans ce pays. Je prends en exemple la gomme arabique, le « mbeup », les fruits de « ditakh » qui coûtent plus chers que l’arachide. Les gens commencent à les exporter. Nous avons un projet « Woulo nafa » qui exporte ses produits achetés avant que les populations ne produisent. Le cas de la gomme arabique qui coûte 2400 francs le kilo est là. Quand vous allez au niveau des Etats-Unis, sur la composition des produits, vous y voyez « Acacia Sénégal ». Il y a des investisseurs qui viennent au Sénégal pour ses produits. Au niveau du Centre de suivi écologique (Cse), nous avons sorti au niveau du « projet - valeur » l’importance des ressources sauvages dans l’économie du pays.

Dans le cadre de la maîtrise des données satellitaires, le Cse est très doté pour nous permettre de savoir à un point T du territoire, l’état de la biomasse, d’un feu de brousse ou l’état des inondations.

Mieux il peut même vous dire comment Dakar était à telle année ou les agressions qu’elle a subies, ce qui fait qu’actuellement nous avons un seul poumon vert qu’est la forêt de Mbao et la bande des filaos que nous devons sauvegarder. Nous devons prendre en charge l’environnement dans notre évaluation économique car aujourd’hui les statistiques et les prévisions ne sont pas bonnes et n’ont pas pris en charge l’environnement. Nous avons commandité une étude pour prouver aux décideurs sénégalais que l’environnement n’a pas encore occupé sa place dans le tissu de l’évaluation.

Le devenir du Sénégal passe par la prise en charge des questions environnementales. Nous allons faire en sorte que la conscience écologique soit la chose la mieux partagée dans notre pays.

 



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