C’était considéré comme une chimère. Le projet de modernisation de la ville de Touba prend forme avec l’exécution de certains ouvrages d’infrastructures de base, pour une valeur de 17 milliards. Une réunion du comité de pilotage à l’issue de la visite de chantier samedi dernier, a permis de le constater de visu.
Il n’y a plus de doute, le projet «Touba, ville du futur» a démarré. La visite de chantier effectuée la semaine dernière par le comité de pilotage, en charge des travaux de modernisation de la cité religieuse, a permis de constater que les choses bougent. Ainsi, pour l’année 2007 qui s’achève sur les objectifs assignés aux entreprises, 60 km de réseau d’adduction d’eau ont été réalisés. Mieux, un château et un réservoir au sol, d’une capacité de 6 000 m3 avec deux surpresseurs de 300 m3 ont été construits à Gouye Mbind et à Tindody. Ce qui constitue un grand pas dans le règlement de l’approvisionnement en eau des populations.
Mamadou Guèye, directeur de la Sénégalaise de voirie et de travaux publics (Svtp), qui a formé un consortium avec le groupe chinois Henan Chine, une des entreprises exécutantes des travaux, explique tout l’avantage de ce réservoir : «Il permettra de mettre dans le réseau, 600 m3 à l’heure et de stocker en permanence 6 000 m3. Par exemple, la nuit, quand les populations dorment, le réseau est plein. Vous pouvez utiliser votre forage à stocker de l’eau. La nuit, vous utilisez votre stock et vous continuez à pomper. Un grand pas sera ainsi réalisé dans l’approvisionnement des populations en eau suffisante.» Ce qui est loin de résoudre définitivement le problème de l’eau dans la cité.
L’entrepreneur, par ailleurs conseiller du khalife en hydraulique, de poursuivre : «Mais le problème ne sera pas définitivement réglé car, Touba croit exponentiellement. Ce qui est en train d’être fait est beaucoup plus costaud que ce qui a été fait en 2002. On aura rattrapé le gap et on aura une avance de quelques années. Et le projet du canal est en train d’être étudié. A la fin des études, si le canal est réalisable, il va produire un volume suffisant pour Touba et environs. Les ouvrages de stockage sont très grands. Combinés avec ce que le canal apportera, si les études sont concluantes, après on aura réglé le problème d’eau à Touba.» Cette mise à disposition du liquide soulage beaucoup les populations de Tindody qui, comme Diouma Sow, n’auront plus à faire des kilomètres à la recherche du liquide précieux.
Le projet a aussi réalisé pour cette année, 7 km de route reliant Ngabou à Touba. Cette route construite sur deux fois deux voies, respecte, de l’avis du directeur de l’Agence autonome des travaux routiers (Aatr), les normes internationales en la matière. Si, on en croit Ibrahima Ndiaye, «c’est une première au Sénégal, avec des trottoirs et un éclairage public». Il n’a pas manqué de répondre à certains entrepreneurs qui accusaient sa structure d’avoir fait du favoritisme et du gré à gré dans les marchés : «A l’Aatr, on ne connaît pas le gré à gré. Tant que je suis à sa tête, il n’y en aura pas. Il y a eu une présélection de 20 entreprises et 5 ont été choisies pour faire le travail. Elles étaient moins disant.» Tous ces travaux sont réalisés au grand bénéfice des populations, mais aussi et surtout, des pèlerins, qui verront que les voies d’accès dans la capitale du mouridisme se sont multipliées. Ce qui fait dire à Fallou Touré, le représentant du khalife général des mourides dans le comité de pilotage, en réponse à ceux qui doutaient encore de ce projet : «Les travaux du chef de l’Etat ont réellement démarré à Touba. Weddi, guiss bokku ci. Ça, c’est du concret. Le chef de l’Etat avait fait la promesse au khalife qu’après le Magal, il s’engageait à exécuter les travaux de modernisation de la ville de Touba. C’est le cas, les travaux ont réellement commencé. Et récemment, à l’assemblée nationale, lors du vote de la loi des finances, 20 milliards ont été dégagés pour les travaux de Touba.»
Mais, le premier vice-président du Conseil rural de Touba-Mosquée n’a pas manqué de souhaiter : «Ce qui reste à faire, c’est d’accélérer le rythme du travail, le rythme d’exécution du projet. C’est pourquoi, des réunions vont se tenir régulièrement avec tous les acteurs impliqués pour trouver les voies et moyens pour accélérer ce projet très utile, très ambitieux et très important pour les populations de Touba et le khalife, qui n’est intéressé que par l’épanouissement des populations.» En attendant que tout cela finisse dans 5 années, les techniciens chinois au nombre de 40 essayent de se familiariser avec la langue de Kocc Barma, en attendant de découvrir les plats sénégalais, car tout ce qu’ils mangent vient de chez eux.
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