UCAD : déguerpis, les marchands du « couloir de la mort » se réinstallent

Les marchands du « couloir de la mort », du nom de ce boulevard menant à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar en contournant le campus social, reviennent de plus en plus sur ces lieux où ils ont été déguerpis il y a moins de deux mois, a constaté Kanal150.

 Vendeurs de fournitures scolaires ou de livres d’occasion pour l’essentiel, ces commerçants réinstallent petit à petit leurs commerces le long de cette rue menant au campus pédagogique de l’UCAD, comme pour narguer les autorités universitaires. Un commerçant qui a souhaité gardé l’anonymat justifie ce retour par l’absence de sites de recasement, qui a rendu plus d’un commerçant inactif d’un jour à l’autre. « On n’a pas où aller. Tous ceux qui vendaient ici, sont actuellement au chômage, à la recherche d’un endroit adéquat », explique-t-il. Pour Mamadou Samba Hann, vendeur d’articles scolaires, il est difficile de trouver un marché comme celui de « Nous répondons à une demande des étudiants, qui est très forte », fait-il observer.

De plus, dit-il, les contraintes financières se rapportant aux charges familiales font telles que lui et ses camarades sont obligés de retourner à leurs occupations premières sur leur marché naturel, dans leurs coins habituels, pour retrouver des clients à portée et si familiers. Mais par précaution, les plus futés utilisent des tentes démontables, pour prévenir d’éventuelles opérations de démolition. Cela tombe bien, puisque ce retour ne déplait pas aux étudiants. Nafissatou Diop, par exemple, en est presque soulagé.

Selon cette étudiante à l’Ecole des bibliothécaires, des archivistes et des documentalistes (EBAD) de l’UCAD, ces marchands facilitent l’accès aux instruments pédagogiques de base. «Il devenait difficile pour les étudiants surtout des facultés d’acheter ou photocopier les œuvres inscrites au programme à cause du déguerpissent», souligne-t-elle. Les occupants vivent tout de même, de façon continue, dans la crainte d’un retour des forces de l’ordre ou des bulldozers, d’où l’usage d’équipements légers transportables à tout moment. Et pour se mettre définitivement à l’abri, ils invitent les autorités universitaires à aménager un espace marchand pour leur permettre de mener leurs activités sereinement. «L’université est vaste.

Si la volonté existe, on peut nous trouver un modeste terrain. Nous sommes prêt à payer des taxes », insiste Hann, estimant que le bras de fer engagé par ses camarades à travers un collectif ne peut apporter de solution. « Nous ne pouvons fléchir pas la main du recteur. L’université n’est pas un marché», fait-il remarquer, avant d’ajouter que le dialogue est la seule voie d’issue. Au lendemain des déguerpissements, les vendeurs ont mis en place un collectif, avant d’exiger, lors d’une conférence de presse, le départ du recteur de l’UCAD.

Selon Alé Fall, un des porte-parole de l’association, des pistes de négociations sont en train d’être explorés, bien qu’il leur est pour l’instant interdit d’espérer trouver un terrain d’entente avec les autorités universitaires.