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Un congé pour règles douloureuses, une mesure féministe?

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Un congé pour règles douloureuses, une mesure féministe?

Réelle avancée pour les femmes ou fausse bonne idée ? Une proposition de loi visant à instaurer un congé menstruel pour les femmes qui souffrent de règles douloureuses, a été présentée mi-mars en Italie et sera débattue au Parlement dans les prochains mois. Les Italiennes dans ce cas-là pourraient ainsi obtenir le droit de s’absenter jusqu’à trois jours par mois en continuant à être payées, à condition de justifier cela par un certificat médical.

Le congé menstruel est déjà en vigueur en Zambie, en Corée du Sud, en Indonésie, au Japon et à Taïwan. Si cette mesure n’est pas du tout à l’étude en France, elle n’en fait pas moins débat dans l’Hexagone. Certaines associations féministes y voient une avancée pour les femmes qui souffrent chaque mois : « C’est notamment le cas pour celles qui sont atteintes d’endométriose, une maladie qui touche une femme sur sept en France. Certaines d’entre elles ressentent une douleur tellement intense pendant leurs règles qu’elles ne peuvent pas se déplacer pour aller travailler et se bourrent de calmants », souligne à 20 Minutes, Fatima Benomar, porte-parole de l’association Les effronté-e-s. Pour elle, ce congé menstruel « serait une reconnaissance de ces règles douloureuses, qui ne doivent pas être considérées par la société comme un mal honteux. C’est une manière de signifier aux femmes qu’elles ne doivent pas prendre leur mal en patience et aller au travail coûte que coûte », affirme-t-elle.

Un facteur supplémentaire pour mettre les candidates sur la touche ?

Mais la mesure laisse aussi perplexe. « Cette initiative est étrange et pose un problème de respect de la vie privée. Aujourd’hui en France, quand un salarié pose un arrêt maladie, il n’a pas à dire à son employeur de quel mal il souffre. Là il faudrait le justifier par un certificat médical », indique à 20 Minutes, Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme. Fatima Benomar partage aussi les mêmes réserves : "il faudrait que le secret médical soit respecté", indique la porte-parole de l'association Les Effronté-e-s. Autre souci selon certains observateurs : cette mesure pourrait contribuer à stigmatiser les femmes : « Il ne faudrait pas renvoyer le message que trois jours par mois, les femmes ne peuvent pas travailler, alors que toutes ne souffrent pas pendant leurs règles », déclare Sophie Binet, en charge de l’égalité hommes/femmes à la CGT.

Céline Piques va encore plus loin : « Cela pourrait même renforcer les discriminations à l’embauche. Car les femmes payent déjà à l’embauche la présomption de grossesse. Elle pourrait payer par ce biais la présomption d’être absente trois jours par mois et donc se voir préférer un candidat masculin par un recruteur ». Un avis que nuance Fatima Benomar : « les employeurs qui ont tendance à stigmatiser les femmes n’ont pas besoin de cette mesure pour le faire. Ils utilisent bien d’autres prétextes », estime-t-elle.

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L’impression que « les règles douloureuses sont une fatalité »

Et pour les femmes qui sont déjà salariées, le recours à ce congé pourrait être considéré par certains employeurs, comme un prétexte pour ne pas travailler. Au Japon, où le congé menstruel est déjà instauré, il est d’ailleurs peu utilisé, « sans doute parce que les Japonaises ont peur de s’attirer les foudres de leur patron », suppose Céline Piques.

Ce dispositif aurait aussi un autre travers selon certains observateurs : « il donne l’impression queles règles  douloureuses sont une fatalité alors qu’elles peuvent être prises en charge médicalement », souligne Céline Piques. Un avis que soutient aussi le docteur Jean Gondry dans Le Parisien : « Bien sûr, les règles peuvent être un handicap. Mais aujourd’hui, on a beaucoup de solutions pour soulager les douleurs : anti-inflammatoires, pilule », indique-t-il.

Enfin, certaines associations féministes, comme Les Effronté-e-s, craignent qu’un tel dispositif alimente les préjugés que certains hommes ont au sujet des règles menstruelles. « Dès qu’une femme s’énerve en réunion, certains commentent en disant "c’est sûrement parce qu’elle a ses règles". Et avec cette mesure, cela pourrait empirer », estime aussi Céline Piques. « Au lieu de cette mesure spécifique, il vaudrait mieux améliorer la prise en charge médicale des règles douloureuses et investir davantage dans la lutte contre les discriminations au travail à l’égard des femmes », renchérit Sophie Binet.



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