Dans l’univers du transport en commun à Dakar, il y a les passagers, les chauffeurs et apprentis. Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi les Coxeurs qui, eux, n’ont pas une bonne réputation dans l’exercice de leur métier de régulation du transport. Il est 18 heures passées de quelques minutes à l’arrêt de cars à Castor. Ici, tout le monde s’affaire au remplissage des véhicules en partance pour le centre ville. Le tout dans un cadre bruyant de vrombissement de moteurs et de coups de klaxon. Difficile de distinguer le Coxeur de l’apprenti car. Mais, c’est surtout l’erreur qu’il ne faudrait pas commettre. ‘Nous ne sommes pas pareils. Eux, ce sont des Coxeurs et nous des apprentis cars’, précise Cheikh Mbaye Mbacké. Cet apprenti, suspendu au-dessus du marche-pied de son véhicule, jette un regard critique sur les Coxeurs. ‘On croirait à première vue que ce sont seulement les policiers de la circulation qui font passer à la caisse les transporteurs. Mais force est de constater qu’en dehors des policiers, gendarmes …, les Coxeurs des gares routières eux aussi, à la limite, rançonnent les transporteurs’. Selon lui, ‘les Coxeurs et les chauffeurs ont toujours travaillé ensemble et ils se considèrent à juste titre comme des partenaires. On pourrait même avancer sans risque de se tromper qu’on est dans le même bateau. Puisque le problème des chauffeurs et des apprentis concerne les Coxeurs’. Malgré cette alliance, on remarque que les Coxeurs n’hésitent pas à utiliser n’importe quel moyen pour soutirer de l’argent aux transporteurs. Acte de vandalisme ou volonté de nuire ? Jules Diallo, un chauffeur trouvé l’arrêt du grand portail de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar répond : ‘Face aux transporteurs, les Coxeurs sont sans état d’âme. Pour tout voyage, les chauffeurs ou les apprentis de Ndiaga Ndiaye, de clandos doivent verser une certaine somme.
Le montant peut varier de 150 à 250 Fcfa, voire plus’. Mais, regrette Jules Diallo, ‘aujourd’hui, on ne nous fait plus confiance, tellement les cas de vols sont récurrents dans les cars ; alors que cela a toujours été l’œuvre de Coxeurs qui viennent se mêler aux clients sous prétexte qu’ils les aident à monter à bord’, accuse le quadragénaire dépité par de tels comportements.
Une incursion dans le milieu du transport révèle que, si par malheur, le chauffeur ou l’apprenti rechigne à verser la ‘somme due’, le Coxeur qui causait bien avec lui l’instant d’avant, devient méconnaissable. Il rentre dans une colère noire et commence à proférer des menaces. ‘Si tu ne payes pas, tu ne bouges pas’, entend-t-on souvent de la part des Coxeurs. Quelles que soient les explications du chauffeur ou de l’apprenti, il se heurtera à un ‘mur’.
Et si le transporteur campe sur sa position, soit on fait descendre les passagers, soit on arrache l’un de ses rétroviseurs, ou on dégonfle ses pneus. Telles sont, entre autres tracasseries, celles que les Coxeurs font subir aux chauffeurs. Non seulement les transporteurs sont contraints de contenter les Coxeurs à chaque voyage, mais le comble, est que les agents de la circulation réclament eux aussi leur part ‘du gâteau’, fulmine Lamine Ndiaye, chauffeur de Ndiaga Ndiaye qui arpente l’axe Pikine - Dakar.
Ainsi, les Coxeurs loin de constituer pour les transporteurs des partenaires sont plutôt perçus comme des bourreaux. C’est pourquoi, les transporteurs sont unanimes dans leurs convictions : ‘Coxeurs et mafieux, c’est blanc bonnet - bonnet blanc’. ‘Au vu des agissements et à l’analyse de tout ce qui se passe dans le milieu du transport, on se rend compte que les Coxeurs agissent comme des mafieux, c’est-à-dire comme une bande ou une association secrète de malfaiteurs’, dénonce un célèbre transporteur connu dans le mouvement syndical des transporteurs du Sénégal.
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