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Vent de colère sur les universités

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Vent de colère sur les universités

De notre correspondante à Dakar

«Tout a commencé lorsqu'on a découvert des vers dans le dîner qu'on nous a servi jeudi» dernier au restaurant dit «Argentin» de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), raconte à RFI un délégué de la Faculté de médecine et de pharmacie. «Vendredi, des délégués sont allés vérifier (les magasins de stockage d'aliments), et ils ont vu que c'est de la nourriture pourrie qu'on nous sert. Ca nous a mis en colère», ajoute le délégué, préférant garder l'anonymat.

Les provisions incriminées sont exposées «au regard de tous», des voies riveraines de l'UCAD sont bloquées, des restaurants, magasins et guichets du Centre des oeuvres universitaires de Dakar (COUD) sont mis à sac. Les choses s'aggravent avec l'intervention de la police sur le campus, jusqu'alors protégé par la «franchise universitaire» qui interdit l'accès de forces de l'ordre dans l'enceinte de l'université. «Opération de sécurisation», expliquent les autorités, «violation de la franchise universitaire», dénoncent les étudiants. Les affrontements ont fait un nombre indéterminé de blessés, dont un étudiant ayant tenté de fuir en sautant d'un étage alors que, assurent des leaders estudiantins, la police traque des meneurs du mouvement jusque dans les chambres la nuit.

Saccages

«Nous qui sommes là, nous sommes habitués aux mouvements d'étudiants, c'est notre dose quotidienne de café. Mais là, ça nous a surpris», déclare à RFI le responsable de la communication du COUD, Souleymane Diop. «Nous sommes en train de faire l'état des lieux. Il y a eu des véhicules calcinés, dont deux du COUD. Le service du budget a été 'visité' par les étudiants, les guichets de vente de tickets (pour le restaurant), les magasins de stockage des aliments aussi. Il y a eu une centaine de portes défoncées, nous sommes en train de procéder à leur remplacement», ajoute-t-il.

Conséquence des émeutes: deux restaurants ont été fermés «jusqu'à nouvel ordre», plus de 80 étudiants arrêtés puis remis en liberté le week-end, sans charges. Les étudiants ont été interdits de regroupement, donc de l'assemblée générale qu'ils avaient prévue hier, lundi, et la police déployée sur le campus, suite à la décision des autorités de «geler les franchises universitaires».

Des étudiants de l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis ont voulu marcher lundi jusqu'à la gouvernance de la ville, distante d'une douzaine de kilomètres, pour y déposer une lettre de protestation contre le traitement subi vendredi par leurs collègues de Dakar. Ils ont été bloqués dans leur progression par la brigade de gendarmerie de Saint-Louis, selon laquelle la manifestation n'était pas autorisée. Les échauffourées ont fait, selon les sources, entre quatre et six blessés, dont un étudiant ayant reçu des éclats de grenades lacrymogènes.

Appels au calme

Depuis samedi, les appels au calme se sont multipliés dans le camp des autorités, dont le ministre de l'Education Moustapha Sourang, qui a affirmé la «disponibilité du gouvernement à régler les problèmes» posés par les étudiants. Le Premier ministre Macky Sall a également invité les syndicats d'étudiants au dialogue avec tous les secteurs concernés, et annoncé notamment l'évacuation vers la France, aux frais du président sénégalais Abdoulaye Wade, de l'étudiant ayant sauté d'un immeuble. Une «main tendue» que les étudiants refusent de saisir «tant que l'université sera occupée par 'les forces du désordre'. Nous ne négocions pas alors que notre espace est transformé en camp de policiers», affirme un responsable de l'Union des étudiants de Dakar (UED), regroupant des amicales de différentes facultés.

Mardi, le dispositif policier sur le campus était moins important, mais les étudiants continuaient d'observer les mots d'ordre de grève lancés hier et allant de 48 heures à 144 heures «renouvelables», selon les facultés. «Beaucoup d'étudiants sont contre les violences, mais les autorités ne prêtent l'oreille aux problèmes qu'avec la violence. Nous nous battons pour l'amélioration de nos conditions de vie et d'étude», dit un délégué de la Faculté de droit, préférant taire son nom.

Une lutte qui risque de conduire les étudiants vers une année blanche ? Abdoulaye Diallo, délégué de la Faculté des sciences et techniques, ne veut pas en entendre parler. «Nous ne voulons pas de ça. On veut juste qu'on règle nos problèmes: on veut des profs, des salles pour travailler, des moyens pour acheter des livres et payer nos loyers, on veut des repas corrects. C'est ce qu'on a voulu faire comprendre avec les grèves qu'on observait depuis deux à trois semaines» avant les émeutes de vendredi, assure-t-il.



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