Viol collectif à Mbour : Un procès trouble avec un seul accusé
Un procès complexe pour séquestration et viol collectif sur une mineure de 17 ans s’est tenu à la chambre criminelle de Mbour. Un seul accusé, B. Seck, a comparu, bien que la plaignante ait mentionné, dans le procès-verbal d’enquête, des rapports sexuels avec plusieurs individus.Les faits remontent au 3 décembre 2020. La plaignante, une adolescente vivant en France, était en vacances chez son père à Mbour. Après une dispute avec son oncle, qui voulait la corriger pour une bêtise, elle fugue pour rejoindre une amie à Dakar. À bord d’un taxi, elle est détournée par le chauffeur, qui lui propose de passer la nuit dans une auberge, prétextant l’heure tardive. Une fois logée, le taximan revient avec le vigile de l’auberge, et les deux hommes abusent d’elle. Le chauffeur la confie ensuite à B. Seck, qui l’emmène dans une autre auberge pour l’agresser sexuellement. B. Seck la remet ensuite à son ami, M. Sané, en l’encourageant à « coucher avec elle », affirmant s’être « déjà soulagé ».Un guet-apens orchestré par le pèreCe n’est qu’en janvier 2021 que la plaignante révèle son calvaire à son père, après avoir été interpellée dans la rue par B. Seck, selon elle. Le père, P.A. Ndiaye, élabore alors un stratagème : il engage B. Seck pour une course jusqu’au commissariat de Saly, prétendument pour récupérer un passeport. Ignorant le piège, B. Seck conduit P.A. Ndiaye et y est arrêté. Lors de l’enquête, B. Seck nie avoir rencontré la plaignante, mais reconnaît connaître son père. Il évoque un différend ancien entre leurs familles, lié à une histoire d’amour.Un témoin à charge controverséM. Sané, témoin et ami de B. Seck, affirme avoir suivi une formation en mécanique avec l’accusé, qu’il surnomme « Beaugars ». Il raconte avoir croisé B. Seck un soir de pluie et accepté de rester chez lui pour s’abriter. Lors d’une autre rencontre, B. Seck lui aurait amené la plaignante pour qu’il l’héberge une nuit. Le lendemain, Sané dit avoir appelé B. Seck pour qu’il récupère la jeune fille. Cependant, la plaignante contredit cette version, affirmant qu’un ami, « Thiothio », est venu la chercher chez Sané. Elle ajoute que Thiothio a tenté d’abuser d’elle, mais qu’elle a fui. Restée onze jours dans la rue, elle est ensuite retournée en France.Un procès sans plaignanteLors de la première audience à la chambre criminelle, ni la plaignante ni son père n’étaient présents, ce dernier ayant représenté sa fille. Le tribunal avait renvoyé l’affaire, exigeant la comparution de la victime pour clarifier les faits. Lors de la nouvelle audience, aucun des deux n’a comparu, laissant B. Seck seul face aux juges.Le procureur, requérant 10 ans de prison ferme, a qualifié les dénégations de B. Seck d’« absurdes ». « Sa seule stratégie est de nier les faits pour s’en sortir, profitant du départ de la victime à l’étranger », a-t-il affirmé. L’avocat de la défense, Me Deh, a contesté la crédibilité du témoin M. Sané et l’absence de preuves matérielles. « Il n’y a aucun élément de crime. La plaignante a menti sur toute la ligne. Une fille restée onze jours dans la rue, prétendument abusée par plusieurs personnes, sans certificat médical. Mon client est injustement accusé », a-t-il plaidé.Le délibéré est attendu le 16 mai 2025.
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