L’objectif de la manifestation, comme l’avait écrit Le Quotidien, c’est de regrouper 3 000 manifestants devant le siège de l’Union européenne le 11 janvier prochain. Ils seront 1 050 à venir de Paris et sa région tandis que le reste proviendra de Toulouse, Bordeaux, Marseille, les provinces frontalières de la Belgique et de certains pays européens comme le Portugal, l’Italie et naturellement de la Belgique. Tout cela va coûter 78 000 euros, soit 51 millions 164 mille 646 francs Cfa. A lui seul, le transport coûtera 39 000 euros pour les 21 bus qui quitteront la région parisienne. La note a été déjà payée auprès de la société Paris Voyage. Pour le transport des manifestants, qui viendront des autres provinces françaises, un devis est en train d’être établi, selon certaines informations.
(Correspondance) - Le président de la République va tenir sa promesse de faire manifester les Sénégalais de la diaspora à Bruxelles, le jour de la tenue de la conférence hebdomadaire. Avec comme objectif : faire reculer les Européens qui veulent faire signer aux Africains les Accords de partenariats économiques qui devaient remplacer les Accords de Cotonou. Pour ce faire, le président Wade casse sa tirelire et sort la grande artillerie : 32 millions seront dépensés pour louer 21 bus et entretenir 1 050 Sénégalais et Africains qui doivent faire le déplacement de la France à la Belgique. C’est ce que rapportent certains membres de la commission chargée d’organiser la manifestation et basés à Paris.
Des membres de l’organisation de la manifestation informent que le budget global de la manifestation a été arrêté à 78 000 euros, soit 51 millions 164 mille 646 francs. Et c’est le volet transport qui va engloutir la moitié de ce budget. En effet, ce sont ‘21 bus qui vont être engagés et qui coûteront 39 000 euros, soit 25 millions 582 mille 323 francs Cfa en raison de 1 809 euros (soit 1 million 186 mille 626 francs Cfa) par unité’. Mais quand on vérifie par calcul cette somme, on trouve une différence entre le coût global du transport et le prix par unité, multiplié par le nombre de bus engagés. Par exemple, les 21 bus coûteront n’ont pas 39 000 euros, mais plutôt 37 989 euros, soit une différence de 1 011 euros qui ne permet pas de louer un bus dont le coût est 1809. A la question sur cette différence, nos interlocuteurs restent sans réponse.
Contactés pour vérifier l’information, le coordonnateur de la manifestation et le Consul n’ont pas voulu donner plus de précisions. Si le Consul général du Sénégal à Paris consent à confirmer que ce sont 21 bus qui ont été loués, il refuse de se prononcer sur la somme dépensée en conséquence. Il en est de même du coordonnateur de la manifestation qui explique que rien n’est encore définitif. ‘Nous avons rendez-vous avec la société pour re-négocier afin de couvrir en bus l’ensemble des provinces françaises’, explique Tidiane Guèye. Il informe tout de même que les 21 bus déjà engagés seront attribués à la région parisienne. Et qu’il faudra d’autres bus pour le Grand Sud, c’est-à-dire Toulouse, Bordeaux et même Marseille. Le coordonnateur n’oublie pas non plus les régions françaises frontalières à la Belgique. ‘Ces zones frontalières (Roubaix et Lille) seront privilégiées’, martèle-t-il. Si toutes ces régions sont mobilisées, la manifestation atteindra l’objectif de 3 000 manifestants dont 1 050 Sénégalais de Paris. D’autant que dans d’autres pays européens, on prépare la manifestation. Il s’agit du Portugal, de l’Italie et naturellement de la Belgique.
L’autre moitié des 78 000 euros, soit 39 000 euros (7 millions 215 mille 527 francs Cfa), sera consacrée à la restauration des manifestants, aux déplacements des organisateurs en Belgique, dans les provinces françaises pour mobiliser les Sénégalais et les Africains. Pour la restauration, les organisateurs ont prévu des sandwichs plus adaptés à ce genre de rencontre.
Une autre partie de cette somme va servir à la communication avec l’achat des banderoles, des affiches, des tracts, entre autres. Mais les sommes affectées à ces différentes rubriques n’ont pas été précisées. Nos informateurs expliquent que tout se décide à Dakar, précisément au palais de la République. En langage clair, ‘c’est le président Wade qui pilote personnellement la manifestation et engage les dépenses à effectuer’. D’ailleurs les 25 millions, consacrés au transport, ont été versés par le Consul général de France à Paris après avoir reçu le coup de fil du chef de l’Etat autorisant le décaissement. Une information que le Consul général n’a pas voulu confirmer. Mais le diplomate sénégalais assure que la location des bus a été payée à la société Paris Voyage en présence du coordonnateur, Tidiane Guèye.
Par ailleurs, ce dernier pilote quatre commissions. Il s’agit de la commission communication, commission scientifique, commission logistique et commission relations avec les médias. La manifestation, qui va se dérouler le 11 janvier prochain, va mobiliser non seulement des Sénégalais de France et de certains pays d’Europe, mais elle va enregistrer également la participation des ressortissants des autres pays africains. Des réunions de coordination sont organisées tous les week-ends. Certains membres vont être envoyés en Belgique pour organiser les ressortissants des pays africains dans la capitale belge.
Discorde autour de la location des bus : Des organisateurs fusillent le député Amadou Sall et Mme Mbacké
La gestation du budget, notamment en ce qui concerne son volet transport, a entraîné dans la colère des membres de la commission d’organisation. Il a fallu l’entregent du coordonnateur pour que ceux-ci reviennent à de meilleurs sentiments. Ce qui a fâché ces gens, c’est le coût de la location. Ils estiment qu’avec les 39 000 euros, on aurait pu avoir plus de 21 bus (avec) en plus de la restauration incluse. Si l’on n’est pas arrivé à cela, c’est la faute à Mme Mbacké, responsable de la section Pds du XVIIIe arrondissement de Paris et à Amadou Ciré Sall, député des Sénégalais de l’extérieur. On les accuse d’avoir fait preuve d’amateurisme. Pire ‘de tirer profit de cette location’.
En effet, à Mme Mbacké, il lui est reproché d’avoir fait un devis ‘intéressé’ avec l’appui de son mentor, Amadou Ciré Sall. En clair, les détracteurs des deux responsables libéraux insinuent que Mme Mbacké et Amadou Ciré Sall ont gonflé le devis qui a servi à la location des bus, pour, après la manifestation, ‘empocher le surplus’. Tout cela serait dans l’opacité. ‘Personne n’était informé de la préparation de ce devis. Alors qu’il y a un coordonnateur, un trésorier de la manifestation’, remarque-t-on. Pour les pourfendeurs, Mme Mbacké, avec la complicité d’Amadou Ciré Sall, actuellement au Sénégal, s’est ‘improvisée comme organisatrice de la manifestation’. C’est elle qui s’est rendue au Consulat, accompagnée de quelques étudiants, pour présenter ‘le devis et réclamer les 39 000 euros’, soit 25 millions 823 mille 323 francs. Mais ‘le Consul général a opposé un refus catégorique’.
Point d’orgue, à la réunion du 28 décembre, à laquelle Mme Mbacké a pris part, ‘elle a failli se battre avec les autres membres de la commission parce qu’elle voulait être responsable de la commission logistique. Et c’est la nuit de ce vendredi qu’elle a été informée du décès de Sergine Saliou Mbacké, qui est un parent proche de son mari. Le lendemain elle est partie au Sénégal. C’est ce qui a baissé la tension au sein de la commission d’organisation de la manifestation’, expliquent nos interlocuteurs.
Au député des Sénégalais de l’extérieur, on lui reproche de ‘magouiller auprès des autorités pour s’arroger la manifestation’. Alors que le président de la République avait dit lors de sa rencontre avec la diaspora sénégalaise au lendemain de la Tabaski, que les militants Pds ne doivent pas être au premier plan de la manifestation. Ils doivent rester derrière et laisser la société civile de la diaspora sénégalaise et africaine, assurer l’organisation. Pour nos interlocuteurs, on aurait pu louer moins cher les bus si l’on avait fait jouer la concurrence. Selon eux, il existe, dans le marché de la location des bus à Paris, des prix plus abordables. ‘On pouvait avoir entre 900 et 1200 euros pour la location du bus. Ce qui reviendrait 18 900 euros (12 millions 397 mille 587 francs) à raison de 900 euros le bus ou au pire des cas 25 200 euros, soit 16 millions 530 mille 116 francs Cfa) en raison de 1200 euros l’unité. Et la restauration est incluse dans cette location’, opposent les détracteurs de Mme Mbacké.
Cité dans ces accusations portées à l’encontre de Mme Mbacké et Amadou Ciré Sall, le coordonnateur de la manifestation, Tidiane Guèye, préfère ne pas entrer dans ‘ces querelles politiques’. ‘Je suis étranger à tout cela. Je ne peux pas prendre en considération ces querelles politiques’. Pour lui, la manifestation se situe à un niveau africain. Et ‘même s’il y a des problèmes, il faut donner de l’élan et de la crédibilité à la manifestation’, soutient-il. Interpellé sur ces problèmes internes à sa structure, il lance : ‘Je dis qu’il faut éviter de fouiller dans les poubelles et dépasser ces problèmes pour délivrer un message fort lors de la manifestation ; d’autant que c’est un combat (c’est-à-dire la manifestation contre les Ape) important pour les générations futures’. Pour couper court à toutes ces polémiques sur la gestion financière de l’événement, le coordonnateur promet de faire un bilan à la fin de la manifestation. ‘Nous avons trois phases dans cette organisation : la préparation, le jour de la manifestation et l’après 11 janvier qui consistera à continuer la mobilisation. Mais dès la fin de la manifestation, nous allons produire un rapport qui pourra être consulté par quiconque’, promet-il.
Le Consul général du Sénégal à Paris, Léopold Faye, se situe dans le même sillage. ‘Ce sont des choses auxquelles je ne peux pas de donner de considération’, indique-t-il avant de marteler : ‘Je ne peux pas entrer dans ces polémiques. Eux, ils peuvent polémiquer.’ En tous les cas, ces détracteurs, composés de militants Pds et de la société civile, ne digèrent pas l’immixtion dans la manifestation de Mme Mbacké et d’Amadou Ciré Sall, considérés comme des Pro Mocky Sall ; alors que ceux-ci ne sont pas membres de la commission chargée d’organiser la manifestation.
Présentement au Sénégal, nous n’avons pu joindre Mme Mbacké et le député Amadou Ciré Sall. Si d’une part nous n’avons pas les coordonnées téléphoniques de Mme Mbacké, d’autre part le député Sall est injoignable. Et son répondeur du téléphone portable indique qu’on ne peut pas laisser de message.
Manifestation du 11 janvier contre les Ape à Bruxelles : La date choisie donne des soucis aux responsables de l’organisation
Elle avait été prévue le 12 janvier, mais finalement, la manifestation contre les Ape à Bruxelles que le président de la République appelle de tous ses vœux, aura finalement lieu le 11 janvier. Pour les organisateurs, cette date pose des difficultés relatives à la mobilisation des acteurs. D’autant plus que l’on sort, il y a une semaine, des vacances de Noël et de fin d’année.
Donc, il sera difficile aux travailleurs de déposer encore une demande de vacances après une semaine seulement de la fin des autres vacances pré-citées. Mais ce qui a poussé ces mêmes organisateurs à préférer le 11 au 12 janvier, c’est que le 12 est un samedi qui est un jour férié. Et ils ne veulent pas manifester devant un siège de l’Union européenne fermée.
L’avantage du vendredi (11 janvier), c’est que, non seulement c’est un jour ouvrable, mais c’est le jour où l’Union européenne organise sa tradition conférence de presse de fin de semaine. Et la diaspora sénégalaise, qui se bat contre les Ape, veut marquer un coup en s’invitant à la conférence de presse de la Commission de l’Union européenne. ‘Nous avons besoin de manifester devant un bâtiment ouvert et on cherche à avoir un impact’, explique le coordonnateur, Tidiane Guèye qui assure qu’il n’y aura pas seulement que de Sénégalais à la manifestation. Il y aura des Congolais, des Guinéens, des Maliens, des Ivoiriens, etc. Même si, c’est le Sénégal qui assure pour le moment le financement de la manifestation.
Mais Tidiane Guèye n’exclut pas la participation des autres pays africains. ‘Nous avons adressé des lettres à toutes les Ambassades africaines accréditées à Paris. Mais nous n’avons reçu aucune réponse, même si l’on ne désespère pas d’en recevoir’, souligne le coordonnateur. Il n’exclut pas non plus de demander ‘des ressources financières supplémentaires, si le budget prévu s’avère insuffisant’.
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