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Abdoulaye SARR : 'J'ai appris la rigueur avec Peter, le goût du risque avec Bruno et la méthode d'entraînement avec Guy'

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Abdoulaye SARR : 'J'ai appris la rigueur avec Peter, le goût du risque avec Bruno et la méthode d'entraînement avec Guy'
'Peter Schnittger, Bruno Metsu et Guy Stéphan avaient une qualité commune : le sens de l'humain. Il était facile de bien vivre et de bien travailler avec eux. Ce sont des gens bien qui m'ont marqué. Ce qui fait que, jusqu'à présent, je garde d'excellents rapports avec eux'. Ainsi parle Abdoulaye Sarr, dans la dernière partie de l'entretien qu'il nous a accordé, des trois entraîneurs expatriés dont il a été l'adjoint. Le technicien revient, en outre, sur les relations heurtées entre la tutelle et la fédération durant la Can 2006.

Wal Fadjri : Avant et durant la Can, le ministère des Sports, la fédération et le staff technique des 'Lions' ont entretenu des relations souvent conflictuelles. Quelle incidence de telles relations ont-elles eu sur les performances de l'équipe ?

Abdoulaye Sarr : Sur nos rapports avec le ministère, il faut relativiser. C’est la tutelle et elle est là pour diriger une politique. Nous sommes dans un pays qui a un cadre réglementaire. Et les incompréhensions d’aujourd’hui, on peut les transformer en convergence d’idées, demain. Le football n’a pas besoin de ces foyers de tensions. J’en appelle à la clairvoyance, à la lucidité de tous les décideurs. Nous sommes une famille, nous devons rester une famille. C’est la famille du football. Les gens vont passer et si on a des structures solides, elles vont demeurer. Il ne faut pas que les gens personnalisent trop le débat. Qu’ils sachent qu’on est des responsables qui ont la confiance d’un peuple et que ce peuple a besoin de rêver. Il faut qu’on le respecte parce qu’on a des gens qui aiment beaucoup ce pays, à travers le football. Il faut faire en sorte que ces gens ne soient plus frustrés. Soyons plus responsables. Essayons de dépasser vite certains clivages et comprendre que nous sommes dans un espace démocratique. L’esprit de tolérance doit prévaloir. Chacun doit pouvoir s’exprimer, mais dans un cadre réglementaire et si, demain, le Sénégal gagne, c’est toute une nation, tout un pays qui gagne. Mettons les passions derrière nous, essayons d’œuvrer pour que ce football connaisse, enfin, la stabilité. Le débat, quand on suit l’actualité, c’est un débat tendu. Le football ne mérite pas cela. Soyons beaucoup plus raisonnable et essayons de comprendre qu’on a une mission. Elle est noble certes, mais délicate. Il faut l’apport de l’autre pour que nous puissions avancer ensemble.

Wal Fadjri : Les rapports souvent heurtés avec la tutelle n'ont-ils pas été pour quelque chose dans l'échec des 'Lions' aux portes de la finale ?

Abdoulaye Sarr : Pour gagner, il faut toute une organisation. Souvent, il y a un aspect qu'on perd de vue, c'est l'environnement dans lequel le groupe doit baigner. Il ne suffit pas de dire : J'ai dégagé les moyens. Il faut respecter une organisation et mettre chacun face à ses responsabilités. Et à ce niveau, on n'aurait pas souhaité qu'il y ait eu un tel climat entre la tutelle et la fédération, pendant cette Can. C'était un élément sur lequel nous devons, à l'avenir, faire attention. En fait, si nous avons les mêmes objectifs, de nos divergences vont naître certainement, avec la volonté, des convergences. C'est comme cela que je l'entends parce que nul n'est pas parfait. Mais chacun dans son domaine de responsabilité, doit se sentir complémentaire de l'autre. C'est cette complicité qui a manqué et qui a fait que l'équipe a baigné dans un environnement assez délétère où la perte de confiance s'est finalement érigée en règle. Ce qu'on pouvait éviter. Il faudrait faire en sorte qu'à l'avenir, de pareilles situations ne puissent pas se reproduire. Cela ne peut que conduire le groupe vers des situations négatives. Maintenant que la Can est terminée, il faut qu'on sache qu'on est tous des Sénégalais et qu'on accepte de se regarder les yeux dans les yeux et mettre l'intérêt supérieur de la nation au-dessus de nos intérêts personnels. C'est à cette condition qu'on fera des avancées dans le management du groupe.

Wal Fadjri : Doit-on parler de performance ou de contre-performance des 'Lions' à la Can ?

Abdoulaye Sarr : Mais on ne peut pas cracher sur une quatrième place. On a beaucoup spéculé sur la manière. Pourtant, elle y était. C'est vrai qu'on a perdu des matches qu'on ne devait pas perdre, à partir de buts qu'on ne devait pas encaisser. Le dernier mot revient toujours aux joueurs puisque ce sont eux qui sont sur le terrain. Mais un entraîneur sera toujours solidaire de son groupe. Les joueurs, c'est nous qui leur avons fait confiance. Et ils voulaient gagner plus même que les entraîneurs. On n'a pas pu réaliser nos objectifs qui étaient d'aller en finale et de ramener le trophée. N'empêche qu'il y a de bons enseignements à tirer de cette participation. Dans un cadre global, nous pouvons être très satisfaits. Mais un ancien finaliste de cette Can ne peut pas se contenter de ce résultat, s'il est ambitieux. Et moi j'ai été, en tant qu'entraîneur adjoint, finaliste d'une Can. En Egypte, le rêve, c'était de revenir avec le trophée. Tout ce qu'on a fait, n'a pas été mauvais. Il ne faut pas, parce qu'il y a une petite déception quelque part, qu'on ferme les yeux sur tout ce qui a été bien fait. Ce groupe a retrouvé l'envie de jouer. Le Sénégal a produit du jeu. Cela a été confirmé par tous les observateurs avertis de ce tournoi. Jamais, on n'a été dominé dans le jeu. On a produit du jeu et une bonne et saine ambiance est revenue dans la Tanière. Cela augure de lendemains meilleurs.

'En trois mois, on a remis de la confiance et de l'envie dans le groupe et sur le terrain'

Wal Fadjri : Pourquoi est-ce toujours l'entraîneur qui paye, lorsque les choses ne vont pas dans la direction souhaitée ?

Abdoulaye Sarr : Dans notre monde, c'est normal parce qu'on ne peut pas limoger les joueurs. L'élément constant et stable, c'est le joueur. L'entraîneur, on s'en sert souvent comme bouc-émissaire. Mais jamais, nous ne fuirons devant nos responsabilités. Nous assumerons jusqu'au bout. Nous avons eu des intentions, celles de gagner. Les autres ont eu les mêmes intentions. On était seize. On est revenu quatrième. Mais, le Sénégal, tant qu'il n'aura pas gagné la Coupe d'Afrique, ne sera jamais satisfait. N'empêche, il ne faut pas fermer les yeux sur tout ce qui a été bon et qu'on peut capitaliser pour l'avenir. L'équipe a retrouvé du jeu. Des jeunes ont fait leur apparition. En trois mois, on a remis de la confiance et de l'envie dans le groupe et sur le terrain. J'invite les gens à revoir les matches. Vous verrez quand même qu'il y a eu, quelque part, beaucoup de bonnes choses, de la qualité. Mais, dans le haut niveau, le résultat est déterminant et le premier à être déçu, c'est l'entraîneur. Tout entraîneur veut gagner. C'est dans cette optique qu'on était parti à la recherche d'un premier succès continental. On faisait notre dixième participation. On est revenu avec la deuxième meilleure place, en dix participations.

Wal Fadjri : Si vous avez pêché, ce serait à quel niveau ?

Abdoulaye Sarr : Disons, qu'avec le recul, si nous avons pêché, c'est au niveau des leçons qu'il fallait retenir du match précédent. Il y a eu des fautes répétitives et c'est ce qu'il fallait éviter. La concentration a fait défaut. Les buts qu'on a encaissés, l'ont été souvent sur des fautes individuelles. Et, dans le haut niveau, ce sont des détails qui coûtent cher. Les échecs, il faut les situer à ce niveau. Et il y a eu des circonstances qui n'ont pas milité en notre faveur. Notamment les blessures, l'expulsion de Bèye... Il s'y ajoute que le grand gardien qu'on a eu, on n'aurait aimé le voir dans de meilleures conditions. Lui-même, il a déclaré qu'il est passé à côté de sa Coupe d'Afrique. Mais, comme tous les joueurs, il va se ressaisir. Les bons enseignements peuvent aider à remettre l'équipe sur orbite et très rapidement.

Wal Fadjri : Comment voyez-vous l’avenir des 'Lions' du foot ?

Abdoulaye Sarr : Il y a encore un réservoir intéressant de par ce qu’on a vu en Europe d’abord. Mais, promenez-vous un peu dans les quartiers du Sénégal, vous vous rendrez compte qu’il y a un potentiel énorme. Seulement, les structures d’accueil font défaut. Pour la prise en charge même de ces jeunes dans un cadre fonctionnel, il y a problème. Manque d’assistants ou de cadres formés pour les prendre en charge, manque de matériels didactiques, d’infrastructures. Ce manque chronique fait qu’avec le temps, on ne sent pas les progrès. Ils seront dépassés par d’autres jeunes qui bénéficient d’un cadre meilleur que l’environnement qu’on a. L’avenir du football repose donc sur une restructuration des clubs. On parle de la réforme, mais faudrait-il aussi savoir engager cette réforme et comprendre au départ qu’il faut du temps pour arriver à ce qu’on voit, aujourd’hui, à travers le monde. Surtout en Europe. Seulement voilà : on veut tout de suite faire la révolution et jouir des fruits de cette révolution. Non, ce n’est pas comme cela. Il faut du temps. Le monde ne s’est pas construit en un jour. Il faut bâtir, casser, rebâtir jusqu’à avoir la base la plus solide. Si nous ne l’acceptons pas, nous resterons dans notre domaine de prédilection, c’est-à-dire le discours intempestif. Prenons l’exemple de la Ja (Jeanne d’Arc de Dakar) qui est née en 1921, de l’Us Gorée quelques années après, du Jaraaf en 1970. Je voudrais bien voir ces clubs rayonner à travers le monde, comme d’autres clubs, gagner la champions league en Afrique. Mais qu’est-ce qu’on voit aujourd’hui ? Ce sont des clubs qui n’ont presque pas de patrimoine. Qu’a-t-on fait, durant toutes ces années pour qu’on en soit à cet état ? Ces équipes dont on parle en Europe et ailleurs, sont parties de rien, d’un petit lopin de terre pour arriver à faire des investissements dans le temps jusqu’à avoir ce qu’elles ont. Nous devons éviter d’être les champions des étapes brûlées…

Wal Fadjri : C’est la faute à qui si on en est là ?

Abdoulaye Sarr : C’est toute une politique. Je veux en venir à la politique sportive. On avait fait, après Caire 86, les Etats généraux du football. Très bientôt, ce sera le Conseil national du sport (l'entretien a eu lieu samedi dernier, Ndlr). On va continuer comme cela. Il faut qu’on arrête. Le problème du Sénégal n’est pas ailleurs. Pour l’intérêt général, on doit avoir le courage de dire : voilà des étapes intermédiaires à emprunter nécessairement, mais au change, on gagnera. Cela prendra dix ans, vingt ans. Formons, dans des structures solides avec des cadres confirmés (…) Tout s’apprend aujourd’hui. Il faut qu’on accepte d’aller apprendre.

'J'ai beaucoup apporté aux entraîneurs étrangers'

Wal Fadjri : Etes-vous toujours en contact avec votre adjoint et compagnon de route, Amara Traoré ?

Abdoulaye Sarr : Ah, toujours ! On est tout le temps en contact. On partage toujours la même vision. On a un projet commun, c’est d’apporter notre contribution à l’émergence du football sénégalais. Nous pensons qu’il nous faut du temps et ce temps, nous devons le partager avec tous les intervenants. Le football sénégalais ne se développera pas seulement à partir de Dakar. C’est un vaste chantier à travers le Sénégal. Il n’y a pas d’exclusion. Si j’ai insisté sur la mise sur pied d’une Dtn (Direction technique national) forte, c'est pour que cela ne reste pas à l’état de discours. Une Dtn forte demande un lourd investissement. S’il n’y a pas cet investissement, ce n’est pas la peine. On parlera de directeur technique seulement, mais pas d’une Dtn. Ce sont là des ruptures qu’il faut opérer. Et que les gens ne soient pas trop pressés. Si nous voulons bâtir du solide, il faut que les gens acceptent de s’arrêter et de se dire qu’il y a un existant, dont il faut tirer le meilleur pour essayer, en nous inspirant de ce qui se fait de mieux dans le monde, de nous projeter vers l’avenir. L’avenir, c’est dans dix, vingt ou trente ans. Peut-être que nous-mêmes, qui avons les idées, nous ne serons plus là quand les autres seront récompensés.

Wal Fadjri : Avant de devenir le sélectionneur national, vous avez été l'adjoint de trois entraîneurs étrangers. Est-ce facile pour un entraîneur local de travailler avec un expatrié ?

Abdoulaye Sarr : J'ai travaillé depuis 1999 avec trois entraîneurs étrangers ou expatriés différents, à savoir Peter Schnittger, Bruno Metsu et Guy Stéphan. Nous avons toujours coopéré parce que ces derniers avaient quand même placé en nous beaucoup de confiance. C'est avec un respect mutuel qu'on a travaillé pour l'intérêt du football, surtout du football national. Ils me considéraient comme un partenaire, un grand collaborateur parce qu'au niveau de l'environnement, je maîtrisais mieux les réalités du pays qu'eux. Sur le plan technique, ils ont toujours compris qu'ils avaient en face d'eux des cadres sûrs. Dans la vie, il faut toujours être ouvert et cette disponibilité, on l'a toujours affichée, d'un côté comme de l'autre. Ce qui a fait qu'il y a toujours eu un enrichissement mutuel dans la collaboration. Ils nous ont apporté certes leur méthode à partir de leur connaissance, mais ils ont trouvé quand même un bon répondant avec des gens qui savaient aussi s'adapter. J'ai beaucoup appris avec eux. Ils ont, eux aussi, beaucoup appris de moi et ils me l'ont toujours dit. Je leur ai aussi beaucoup apporté dans les prises de décisions. On était associé et intéressé au premier chef. C'était au cours de discussions, de réunions qu'on essayait ensemble de voir les meilleures positions à prendre pour l'intérêt du groupe. Mais, dans chaque structure, il y a un responsable. Le dernier mot, sur certaines questions, leur revenait, parce qu'ils étaient le titulaire du poste. Mais que ce soit avec (Peter) Schnittger, (Bruno) Metsu et Guy Stéphan, on s'est séparé avec de très bons souvenirs. En fait, ces trois hommes avaient une qualité commune : le sens de l'humain. Il était facile de bien vivre et de bien travailler avec eux. Ce sont des gens bien, qui m'ont marqué. Ce qui fait que, jusqu'à présent, je garde d'excellents rapports avec eux, nous continuons d'avoir des relations assez suivies.

Wal Fadjri : Vous arrivait-il de prendre, par moment, des décisions ?

Abdoulaye Sarr : Il y avait toujours eu une concertation très poussée. On restait des heures et des heures à discuter autour d'une table, pour l'élaboration d'un programme de stage, ou à la confection d'une liste pour un match en vue, la composition de l'équipe... Souvent, c'était des discussions ininterrompues. Vous savez, le football est très sensible. C'est un domaine où il est difficile de dire qu'on détient la vérité. Cette vérité qui peut toujours venir de l'autre. C'est dans un cadre d'échanges très fructueux qu'on arrivait à mettre sur la table tous les éléments positifs qui pouvaient nous amener à la victoire. Certes, il y a un responsable en premier lieu et le dernier mot lui revenait. Mais, dans le travail, c'est collégiallement que nous décidions de tous les actes à poser.

Wal Fadjri : On a retrouvé l'ambiance bon enfant au sein de la 'Tanière', lors de la dernière Can. Est-ce un style qui vous est propre ou tiré de l'expérience que vous avez ainsi engrangée ?

Abdoulaye Sarr : Chacun vient avec son style et sa personnalité. Je suis resté moi-même. Epouser le style de quelqu'un, c'était hors de question. Je suis resté avec mes idées... Mais j'ai appris quelque chose avec chacun des trois. Avec Peter (Schnittger), j'ai appris la rigueur. Il a jeté les bases de ce qu'on a aujourd'hui en équipe nationale. Avec (Bruno) Metsu, j'ai appris à prendre encore plus de risques. Et avec Guy Stéphan qui est quelqu'un qui avait une connaissance solide de l'entraînement, j'ai appris la méthode dans l'entraînement. Sur le plan humain, ces trois personnes sont des gens qui vous mettent dans un cadre convivial et suscitent la confiance dans la collaboration. Avec ces trois personnalités, je n'ai fait que gagner. Mais en retour, je n'ai rien perdu de ma personnalité. J'ai été constant. L'individu n'est que par sa faculté d'adaptation, en fonction des situations.

Wal Fadjri : Jusqu'où s'arrête le travail de l'entraîneur adjoint local ?

Abdoulaye Sarr : Dans la gestion humaine du groupe, on a surtout eu un rôle très déterminant, en ce sens que le temps qu'on passait avec les joueurs, était considérable. Il y a les longues nuits qu'on partageait avec les joueurs, parfois pour ménager un peu l'entraîneur expatrié pour lui permettre de s'adonner à d'autres activités sur le plan professionnel. Cela peut l'aider à mieux réfléchir, à se concentrer, à mieux récupérer. Pendant ce temps, nous étions à même de les régler tous les petits problèmes entrant dans l'environnement proche des joueurs, comme les pères de famille, les grands frères, les oncles. C'est important pour un entraîneur expatrié d'avoir des collaborateurs qui connaissent bien les réalités du pays. (Fin)

Propos recueillis par Woury DIALLO (Envoyé spécial à Mbour)



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