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AMARA TRAORE, COACH DES LIONS : " CE QUE JE DEMANDE A DIOUF ET HENRI..."

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AMARA TRAORE, COACH DES LIONS : " CE QUE JE DEMANDE A DIOUF ET HENRI..."
Auréolé d’une victoire sur la Grèce, 10e au classement Fifa et candidat à la succession de l’Italie à la plus haute marche du podium mondial, Amara Traoré a réussi un coup de maître pour sa première sortie officielle avec les Lions avant-hier. À bâtons rompus, il revient sur sa stratégie, les décisions majeures prises lors de ce match victorieux, justifie le choix de Niang comme capitaine et clarifie le débat sur El Hadji Diouf, Henri Camara, l’équipe nationale.   

Coach avec le recul qu’est-ce que vous retenez du match amical contre la Grèce, la victoire (2-0) ou la manière ?
D’abord l’état d’esprit du groupe. Un groupe qui a envie de vivre ensemble, qui veut faire des exploits pour son pays. On le sent dans leurs déclarations, leurs regards. Ça donne plus de possibilité à l’entraîneur dans la mesure où le joueur devient réceptif, participe au projet. Lequel a été clair pour tout le monde. A la première séance d’entraînement, on a vu une équipe bien en place, dans la circulation du ballon, dans la patience, dans l’utilisation du ballon. Cette adhésion totale s’est traduite sur le terrain. Pour le match, ce qu’on retient plus c’est le contenu. On se prépare pour les éliminatoires et c’est dans les matchs qu’on travaille les relations techniques. Mais c’est bien de gagner, ça facilite l’ambiance du groupe, l’état d’esprit et le projet plus facile à entretenir. Ce brin de souffle, le Sénégal en avait besoin pour la reconstruction.

Comment vous avez su trouver les mots justes pour ameuter la troupe ?
Leur dire, d’abord, qu’ils avaient un potentiel. Quand on regarde la valeur intrinsèque de l’équipe du Sénégal ligne par ligne, on n’est pas loin des meilleurs d’Afrique. Ils jouent tous dans des clubs respectés. Ils font tous des exploits. À partir de là, il fallait les prendre en charge techniquement, tactiquement, physiquement et accorder une grande importance au cadre du groupe. Partant de là, le joueur prend toutes ses responsabilités. Tout ce qu’on leur demande, c’est d’être professionnels en Équipe nationale. Et quand on l’est, on fait son métier. 

La titularisation de Khadim Ndiaye aux dépens de Tony Sylva, acte courageux pour certains, est, pour d’autres, un signe de rupture. Vous, vous la qualifiez comment ?
Je loue, d’abord, l’état d’esprit de Tony Sylva. Avant le match, je lui ai demandé d’encadrer les jeunes, leur apprendre le vécu du haut niveau et leur apporter la concurrence nécessaire pour que le gardien de but de l’équipe du Sénégal soit au top. Sur ce, Tony a été exemplaire. L’état d’esprit des joueurs est extraordinaire. Pour le reste, je laisse les gens apprécier. On est là pour faire une équipe et ce garçon fait de bonne chose au Sénégal et à l’international avec l’Equipe nationale locale au tournoi de l’Uemoa et avec la Linguère en Ligue des champions. On a de bons gardiens. Il y a Mamadou Bâ (Jaraaf), Bouna Coundoul (New York Red Bull, Usa), Pape Laye Coulibaly (Saint Etienne), Cheikh Tidiane Ndiaye. Encadrés par Tony Sylva, ces gardiens peuvent donner satisfaction. Je vais essayer de voir tous les gardiens et prendre des décisions après. Khadim Ndiaye, par rapport à ce qu’il fait en Équipe nationale locale et avec la Linguère, c’était le moment de le mettre. Ce n’est pas un acte courageux, mais la suite logique des choses.

Vous êtes passé du 4-4-2 en première période au 4-3-3 en seconde période, et le jeu est devenu plus fluide, le ballon circulait mieux…
On peut être optimiste, mais en étant humble. Qu’on ne s’enflamme pas. On a gagné un match c’est bien, mais il faut continuer à travailler, d’autres sont devant. Il y a un travail à faire. L’équipe manque pas mal de chose dans l’élaboration du jeu et dans l’efficacité offensive. Contre la Grèce, on a marqué des buts, mais, sur le score, on devrait être plus sévère. Défensivement, il faut gommer quelques imperfections pour être plus compétitif. Avant ce match, on a eu deux séances d’entraînement. Il fallait mettre les bases défensives. Ce qui ne concerne pas seulement la défense, mais toute l’équipe. Ne connaissant pas l’adversaire, on a voulu être très compact, laisser à l’adversaire un peu d’espace, surtout dans les quarante dernières mètres. Ce qui ne veut pas dire qu’on a défendu. Si l’on regarde le match, en première période, on a eu six corners. On s’est créé beaucoup de possibilités. L’équipe était compacte et a fait une économie d’énergie terrible. Les Grecques n’avaient pas d’espace, leur transmission coupée et ils commençaient à être nerveux. Dans le match, ils n’ont eu qu’une occasion, une perte de balle. En seconde période, il y a eu l’alchimie entre l’animation offensive et défensive. On a dit aux joueurs qu’il faut maintenant asseoir un jeu offensif en faisant remonter le bloc progressivement et d’installer le jeu dans le camp adverse. Pour cela, on a demandé aux attaquants de garder le ballon le plus longtemps possible là-bas, de le faire circuler et surtout ne pas balancer. Le collectif était recherché dans ce match. Du jeu, toujours du jeu et encore du jeu. Il n’y a que par le jeu qu’on va gagner, pas par autre chose.

Qu’est-ce qui a pesé en faveur de Niang pour le brassard de capitaine ?
Son comportement sur le terrain et en dehors. Capitaine, il faut le montrer sur le terrain de par son jeu, de l’écoute de ses partenaires et sa capacité à tirer l’équipe vers le haut. En dehors du terrain, il a pris son groupe en main en étant très dynamique avec une méthode très participative. Il est écouté. Avec Marseille, il donne une bonne image de l’Équipe nationale du Sénégal. Maintenant, c’est à nous de le renforcer. Il a besoin de ça. On doit l’encourager. Chaque joueur aura des moments difficiles. Il faut aussi les soutenir dans ces moments difficiles. Je lui ai dit : «Mamad’, aujourd’hui, tous les Sénégalais t’accompagnent. Maintenant, c’est à toi de donner en retour tout ce qu’on attend de toi à travers ton jeu, ton caractère, ton comportement sur et en dehors du terrain. Tout ce qui s’est fait dans le passé n’a pas d’importance.» Mais ce discours tient aussi pour les autres joueurs. Que cela soit lui ou les autres, ils doivent aussi s’attendre à ce que les Sénégalais soient plus exigeants avec eux. Et comme je l’avais dit, l’Equipe nationale n’est fermée à personne. Aujourd’hui, il y a des joueurs qui n’ont pas été convoqués, mais que je compte rencontrer, parler avec eux et si cela le nécessite, les appeler. Depuis que je suis nommé à la tête de l’Equipe nationale, j’avais beaucoup de choses à faire, avec la préparation de ce match amical. Là, on a plus le temps d’asseoir notre projet et discuter avec tous les joueurs susceptibles d’apporter quelque chose à l’équipe. On va leur parler de notre projet, voir leur motivation et définir le cadre et tout. On a besoin de tout le monde (il se répète). Et personne ne doit être laissé en rade.

Nous avons senti qu’Issiar Dia et Diomansy Kamara n’étaient pas aussi tranchants que d’habitude. Qu’est-ce qui explique cela ?
Dans un match, il y a des temps forts et des temps faibles. En première mi-temps, on a voulu une équipe très disciplinée, en place sur le plan tactique… Je leur ai ainsi demandé de bien faire leur travail de milieu de terrain, car il ne faut pas oublier qu’on avait en place un 4-4-2, donc ils étaient au milieu et non en attaque. Cela demandait beaucoup d’efforts et je pense qu’ils ont bien rempli leur tâche. J’ai vu un Issiar Dia très concentré, appliqué, très concerné par la récupération collective du ballon. Parfois il venait jusque dans les 20 derniers mètres pour défendre. C’est vous dire l’intention qu’il avait de bien faire. Après, il y a beaucoup de courses au bout… Maintenant, il y aura des replacements à opérer. Mais je pense que Issiar Dia et Diomansy Kamara étaient bien dans le match. C’est dommage que Diomansy se soit blessé à ce moment du match, car il apportait de la percussion, du rythme. Je lui souhaite un prompt rétablissement.

Quelle est la nature de sa blessure ?
J’ai demandé ce matin au Professeur Fallou Cissé, mais je crois que c’est une petite élongation. L’Irm va déterminer la durée de son indisponibilité, mais cela peut-être une semaine…

En défense, le constat est qu’il y avait un axe central costaud, mais qui se perd parfois sur les accélérations des attaquants adverses, mais aussi que les latéraux semblent jouer avec le frein en main. Quel est votre avis sur le comportement de la défense lors de ce match ?
C’est un projet qui est en train d’être mis en place. C’est vrai que les observateurs ont leur avis sur la question. C’est cela que j’aime bien. Que chacun apporte sa vision des choses. C’est important, car nous sommes réceptifs. Mais, c’était le premier match, nous n’avions eu que deux jours d’entraînement. Tout projet demande du temps pour être assimilé. Il y a un équilibre à trouver. Peut-être que si on avait cherché la montée des latéraux, le comportement défensif allait en pâtir. N’oubliez pas que d’abord, ce sont des défenseurs.

Le message que vous avez voulu faire passer sur la concurrence, qui, semble-t-il, devrait être très rude, est-il bien passé ?
L’Equipe nationale, c’est un patrimoine. Nous avons une mission patriotique. J’ai dit que je ne ferai pas de discrimination sur l’âge ou sur quelque autre considération. Ce qui compte pour moi, c’est le talent (les performances), le physique, le mental et les valeurs. Ce sont ces quatre critères qui m’intéressent. C’est dans la concurrence qu’on peut élever le quotient quotidien d’exigence de cette équipe. Sans elle, le risque serait de se voir installer dans un confort et on ne pourrait pas progresser dans ces conditions. Il faut donc cette concurrence très saine, avec une profondeur sur le banc. Déjà, cela va aider les joueurs au niveau de leurs clubs respectifs et notre Equipe nationale va en bénéficier. Cela va leur permettre de progresser aussi bien sur le plan individuel que collectif. Et cela, que cela soit pour les professionnels expatriés que pour les professionnels locaux. Car pour moi, il n’y a pas de barrière. On va toujours essayer de voir le maximum de matches possibles et faire cette jonction. Les locaux auront leur place.

Lors de votre première conférence de presse à Dakar, vous aviez dit qu’on ne pouvait pas insulter les dirigeants, ses coéquipiers ou les entraîneurs et revenir comme si de rien n’était. Certains ont commenté cela comme une façon d’écarter subtilement d’anciens joueurs comme El Hadji Diouf et Henri Camara. Est-ce le cas ?
Non, du tout. Honnêtement. Franchement, j’ai bien apprécié les déclarations, par exemple, de Henri Camara qui appelle à une union autour de l’équipe. C’est cela qu’on attend d’eux. La porte n’est fermée pour personne. Je les félicite de leur état d’esprit, de leur engagement à vouloir servir. Ce sont des garçons qui ont beaucoup travaillé pour en arriver à ce niveau. Nous n’avons pas besoin de leur dire travailler davantage pour élever leur niveau parce qu’ils le savent. Ce que je leur demande, c’est de continuer à travailler. Dans ce projet, je vais discuter avec tout le monde.
En disant cela, je n’indexe personne. Mais j’arrive avec une méthode, un état d’esprit. Parce qu’il faut protéger l’Equipe nationale. Ce sont ces petites choses, les petites phrases par ici, les détails par là, qui peuvent exploser un groupe. Dans toute entité, il y a l’obligation de réserve. On peut bien sûr critiquer, mais en interne. Ce sont ce genre de choses qui ont provoqué des problèmes entre joueurs, entre dirigeants ou entraîneurs qu’il faut éviter. Personne n’est indexé parce que si j’ai envie d’indexer un joueur, je le fais. Je lance un appel à tous les joueurs parce que c’est une mission collective. Chacun doit se sentir concerné. Je ne peux faire appel à tout le monde et revenir pour exclure les uns.



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