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AMY MBACKE THIAM, ATHLETE : « Pourquoi les hommes sénégalais ne me courent pas après » (Entretien)

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AMY MBACKE THIAM, ATHLETE : « Pourquoi les hommes sénégalais ne me courent pas après » (Entretien)
Revoilà la championne du monde des jeux olympiques de 2001, à Edmonton (Canada), Amy Mbacké Thiam. Suite à la levée de la sanction que lui avait impo­sée la Fédération sénégalaise d'athlétisme dont elle avait traité les responsables «d'imbéciles », l'athlète croit toujours à sa «médaille olympique». Et pour figurer parmi les meilleures à Berlin 2009 ou encore à Londres 2012, elle se prépare. Avant une séance d'entraînement au stade Léopold Sédar Senghor, la pouliche d'Hervé Staffant s'est confiée à Walf Grand-Place. Mais force est de reconnaître qu'elle est avare en paroles. Amy parle peu. Mieux, elle est escortée par deux filles qui l'assis­tent. Comme pour dire : «pas de questions taboues.» A 33 ans, cette jeune dame, qui dégage l'allure d'un homme du fait de sa silhouette et de son style masculins, rêve de se marier et de fonder un foyer. Par ailleurs, la native de Keur Mbaara Thiam (village du département de Kaolack) s'est investie en politique. La mili­tante de l'Alliance pour la République (Apr) explique son choix de soutenir l'ac­tion de Macky Sall, les promesses que le président Abdoulaye Wade lui avait faites depuis 2002 et qui n'ont jamais été tenues, sa vie de femme et pourquoi elle est amoureuse d'un toubab. Entretien.
Walf Grand-Place : Que faites-vous après la levée de votre suspension ?

Amy Mbacké Thiam : Effectivement. Après une année de suspension, j'ai repris mes entraînements. Vous m'avez trouvée au stade Léopold Senghor ; je prépare les jeux olympiques mondiaux qui se tiendront à Berlin au mois d'août. Ainsi que ceux de Londres en 2012.

Croyez-vous que la médaille olympique est toujours possible pour vous ?

Bien sûr. Je suis optimiste. C’est mon rêve. Avec la suspension, je sais que ce ne sera pas facile. Je peux dire que j'aurais d'énormes difficultés pour retrouver mon rythme normal. Mais l'essentiel est d'y croire. Et je ferais tout pour y arriver. Je veux figurer sur la liste des meilleures Africaines et même mondiales. Je suis en train de faire de mon mieux pour cela.

Vous tapez toujours sur la fédération d'athlétisme. Que reprochez-vous aux responsables de la fédé ?

Non ! La Fédération, je les ignore. Je ne les connais même pas. J'ai décidé de ne plus parler de ces gens-là. Parlez-moi plutôt de ma nouvelle vie de politicienne. Et laissons-les de côté.

Vous ne pouvez quand même pas les ignorer en tant qu'internationale ?

Mais, tout dépend de leur politique. Je suis athlète. Et c'est juste ce qui nous lie.

Pourquoi vous obstinez-­vous à demander leur départ ?

J'avais dit ce que je pensais. Il y a plus de deux mois de cela. Maintenant, les gens les ont reconduits, ils ont plus de déci­sions que moi.

Vous en voulez à Momar Mbaye ?

Non. Je ne tape pas sur une tierce personne, mais sur toute la Fédération. Ce que je leur reproche, c'est que l'athlétisme sénégalais est en décadence. Ce qu'ils ne veulent pas entendre. Depuis 2001, rien ne marche. Nous sommes en 2009, rien ne s'améliore. Figurez-vous qu'en 2008, la délégation olympique n'a rapporté que deux médailles.

Mais, c'est catastrophique. Une première dans l'histoire du Sénégal. On n'a plus d'élites. Après notre élimination, ils n'ont pas cherché des talents pour assurer la relève. Le plus cho­quant dans tout cela, c'est qu'ils ont été reconduits.

Vous disiez que Momar Mbaye ne savait que vendre des portables ?

C'était ma réplique à ma sus­pension qui résulte d'une déci­sion injuste. J'ai été ridiculisée et je devais répondre sur le coup.

Beaucoup vous en veulent à cause de votre écart de langage à l’endroit de gens qui pourraient avoir l’âge de votre père ?

Mais est-ce qu'ils ont une fois pensé que je pourrais être leur sœur ou fille. Je pense que non. Sinon, ils n'auraient pas agi de la sorte.

Avec le temps, est-ce que vous regrettez ces gros mots ?

Bien sûr que je le regrette parce que tous ceux qui m'aiment m'ont dit que je ne devais pas leur dire ça. Je leur ai présenté mes excuses. Mais, il faut qu'on soit clair. Ces excuses sont formulées pour les gros mots que j'ai tenus à leur encontre. Mais pour le reste, je n'ai rien fait. Ils m'ont suspendu puisqu'ils en avaient juste envie.

Lamine Diack dit que vous n'allez plus gagner une médaille, puisque vous êtes indisciplinée. Vous le pensez ?

Je ne réponds pas à ces gens. Je discute plutôt avec ceux qui m'aiment. Seulement, je sais ce que je vaux. Chacun suit son chemin. Ce que je sais, c'est que j'ai des défis à relever.

Ils sont vos doyens, vous pouvez quand même suivre leurs conseils ?

Oui s'ils m'en donnent. Mais pas des sanctions. Ceux qui m'ont suspendue ne me soutiennent jamais. Sinon, ils ne l'auraient pas fait.

Comment viviez-vous les problèmes physiques qui ont un peu perturbé votre carrière ?

C'était difficile. Heureusement que certains m'ont soutenue. Au même moment où d'autres m'ont lâchée. Seulement, j'y croyais et je me suis débrouillée toute seule. Ce n'était pas facile avec mon année blanche de 2002, mon paludisme au cours des jeux de Sidney. Mais mon entraîneur, le Français Hervé Staffant a toujours été à mes cotés.

Après Me Wade, vous soute­nez maintenant Macky Sall. N'êtes-vous pas un peu incons­tante ?

Non. Quand j'ai été suspen­due, Macky Sall m'a soutenue. J'ai décidé de lui rendre l'ascen­seur. Aussi, il fait partie des gens qui m’ont motivée à adhérer au Pds. Donc, s’il quitte cette mouvance, c’est normal que je le rejoigne. Je me suis investie dans mon village. Je veux participer à la gestion de ma cité. J'y ai ma base pour Apr/Yaakaar. Et Macky Sall est la solution pour atténuer la souffrance des Sénégalais.

Maintenant que vous soutenez Macky Sall. Qu'en est-il de Daouda Faye Vava qui avait par­rainé votre entrée en politique ?

Je le connaissais en tant que ministre des Sports. On est tous de Kaolack. Et Quand j'ai décidé de faire ma rentrée politique, je lui en ai parlé et il a accepté de me parrainer. Idem pour Macky Sall et Modou Diagne Fada.

Pourtant Wade vous aviez offert 5 millions de francs Cfa ?

C'était pour préparer les jeux Olympiques de Sidney. C'était en 2002 lors d'une audience qu'il m'avait accordée. Le président m'avait effectivement remis 5 millions pour mes préparatifs. Toutefois, Me Wade m'avait fait beaucoup de promesses qu'il n'a pas tenues. Il avait pris l'engagement, sur ma demande, de faire une route, avec eau et électrification dans mon village qui est une brousse. Et, jusqu'au moment où je vous parle, j'attends.

Ensuite, Wade avait promis de me nommer chargée de mission au ministère de la jeunesse et des Sports du temps de Modou Diagne Fada avec un salaire de 400.000 francs Cfa. Depuis lors, j'attends. La promesse est une dette. J'attends toujours.

Parlons d'Amy Mbacké la femme. Savez-vous cuisiner?

Oui bien sûr, je mijote tous les plats et j'ai même le temps de le faire quelquefois.

Vous avez toujours une casquette bien vissée sur la tête. Est-ce à dire que vous n'avez pas le temps de vous tresser ?

Ah si! J'en fais de tout genre.

On vous reproche votre style un peu masculin. Vous n'avez pas le temps d'être coquette ?

C'est ma nature de rester naturelle. Aussi, je ne peux pas faire un maquillage et aller au stade. L’athlétisme est un peu exigeant. On n'a pas trop de temps pour soi. Même pour se rendre dans les cérémonies familiales, ce n'est pas facile. Néanmoins, je le fais de temps à autre.

Ami Mbacké est-elle amoureuse ?

Oui bien sûr comme toutes les femmes.

Vous avez un copain?

Un copain. Et je m'arrête là puisque c'est ma vie privée.

À quand le mariage ?

Bientôt. Je ne vous dirais pas la date. Je suis en train de prendre un autre chemin. Ma vie, ce n'est pas toujours la course. Vous allez voir.

Donc, Walf Grand-Place aura l'exclusivité de la date?

(Rires) C'est pour bientôt. Retenez cela.

Il est comment votre prince charmant ? Mais est-ce que vous saurez prendre soin d'un homme?

Pourquoi pas? Bien sûr que je sais prendre soin d'un homme comme toutes les dames. Je suis une femme, moi.

Parlez-nous un peu de quelques astuces d'Amy ?

Je ferais tout pour le ferrer.

Lui laver les pieds par exemple?

Bien sûr! Pourquoi pas? Mais je vous ai dit que je suis une femme comme vous et les autres.

Connaissez-vous les bine bine (perles) ?

J'en porte même (elle touche les reins). Je suis une femme. Je sais utiliser l'encens et autres astuces pour retenir un époux... Ecoutez, je suis une femme comme toutes les autres Sénégalaises.

Parlez-nous un peu de votre copain. Il est Sénégalais ?

Non, il n'est pas Sénégalais.

Il est toubab ?

Peut-être. Mais laissez-moi tranquille!

Pourquoi laisser les hommes d'ici pour jeter votre dévolu sur un toubab ?

Mais, il faut vous poser la question à savoir pourquoi les Sénégalais ne me courent pas après. Et j'ai fait mon choix.

Vos rêves ?

La médaille olympique, fonder un foyer et avoir des enfants. Bref pouponner.

Comment êtes-vous entrée dans l'athlétisme ?

C'était depuis le lycée Waldiodio Ndiaye de Kaolack. Suites aux recommandations de mon professeur d'éducation physique qui me disait que j'en avais les aptitudes. J'ai commencé en cadette où j'ai remporté la coupe Mme Élisabeth Diouf organisée à Ziguinchor. C'est en 1997 que j'ai intégré le Centre international d'athlétisme de Dakar (Ciad). Et en 1998, j'ai battu le record du Sénégal. Puis, j'ai été demi-finaliste aux Championnats du monde à Séville en 2000...

Réalisé par Ndèye Awa LO & Khary DIENE

Source: Walf Gran Place


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