AMY SENE, double championne d’Afrique : Du sprint… au lancer de marteau !

Elue meilleure sportive sénégalaise de l’année 2010, Amy Séne la double championne d’Afrique du lancer du marteau, est l’actuelle détentrice du record d’Afrique de la discipline avec un jet de 69,10 m établi à Angers lors des championnats de France 2012. Elle a remporté son premier succès international majeur en 2010 à Nairobi au Kenya, avant de décrocher la médaille d’or des Jeux africains de 2011 à Maputo, au Mozambique en atteignant la marque de 61,48 m. L’enfant chérie de Fimela, venue se ressourcer au pays, veut relever un autre défi : briller sur le plan international et représenter dignement le Sénégal lors des prochains championnats du monde à Moscou. Focus sur cette sprinteuse devenue lanceuse de marteau…

Née à Rennes en France en 1986, Amy Sène est aujourd’hui une des têtes de file de l’athlétisme sénégalais. Lanceuse de marteau, elle a été double championne d’Afrique et est l’actuelle recordwoman d’Afrique avec une marque de 69,10 m. Pourtant, cette petite « Sérère », originaire du village de Fimela était une grande sprinteuse à ses débuts. Mais le destin s’en est mêlé, après le déménagement de sa famille à Rennes en France en 1998. Amy Séne découvre le lancer du marteau et se familiarise très vite avec cette discipline.  « C’est à Rennes que j’ai découvert le lancer du marteau. En fait, je faisais le sprint, mais un jour, il manquait une lanceuse pour compléter l’équipe d’interclubs. Du coup les coachs m’ont proposé de faire le lancer. Et lors de mon premier essai, ils ont constaté que j’avais du potentiel. Voila les résultats sont vite arrivés. Aujourd’hui je suis fière d’être une grande lanceuse de marteau », rappelle-t-elle. 

En fait, la championne d’Afrique est d’avis que ce n’est pas l’athlète qui choisit sa discipline mais bien l’inverse. Et avec son franc succès au lancer du marteau elle s’est donné de nouveaux objectifs. « Je me débrouillais bien au sprint et j’essayais de combiner les deux disciplines. Mais à un moment, j’ai décidé  d’arrêter le sprint pour me consacrer entièrement au marteau ». Sa double nationalité (française et sénégalaise) en bandoulière, la lanceuse a fait ses preuves dans la sélection de l’équipe nationale France jeunes où la compétition était très rude. En 2007, elle fait le championnat d’Europe avec l’équipe de France, tout en pensant à son pays d’origine, le Sénégal. « Je me disais au fond de moi, qu’un jour je  porterai les couleurs de l’équipe nationale du Sénégal. Et après ma carrière de jeune, j’avais le choix entre la France et le Sénégal. Lors d’un meeting de Dakar j’ai commencé à me renseigner car je n’avais envie que d’une chose : représenter le Sénégal ».

Objectifs : briller sur le plan international 

  Mais l’autre raison qui avait poussé Amy Sène à choisir le Sénégal, est qu’elle voulait aussi découvrir le haut niveau. La compétition internationale était pour la jeune athlète une occasion de faire ses preuves et représenter dignement son pays. Seulement c’était un peu compliqué pour elle, en France. « En venant au Sénégal je me suis rendue compte que les conditions sont aussi difficiles. Mais j’ai pu assurer le minima et c’est là qu’il y a eu le déclic.  J’attendais les compétitions avec impatience ». Son plus beau souvenir Amy Sène l’a d’ailleurs connu en 2010 lors du championnat d’Afrique d’athlétisme à Nairobi, au Kenya. 

  Bien accueillie par la délégation sénégalaise, elle était motivée et prête à se battre pour faire quelque chose justement pour son pays. La meilleure sportive de l’année 2010, était alors la première à entrer dans la compétition. Et ce fut un coup de maitre, non seulement  elle remporte la médaille d’or mais elle bat son record qui était de 75 mètres à l’époque. « C’est mon plus beau souvenir. J’étais la première à rentrer dans la compétition et j’avais obtenu la médaille d’or. C’était génial quand j’ai entendu l’hymne  du Sénégal retentir dans ce stade », lâche-t-elle toute souriante. La lanceuse de marteau ne s’est pas arrêtée là car l’année dernière elle a battu le record d’Afrique jusqu’alors détenu par l’Egyptienne Marwa Hussein. « Je l’ai porté à 69,10 mètres ! ». Seulement maintenant Amy Séne veut revoir ses objectifs à la hausse. Elle veut briller sur la scène internationale plus particulièrement représenter dignement le Sénégal lors des prochains championnats du monde de cette année à Moscou. Du coup, sa principale préoccupation réside sur les conditions de préparation. «  Je veux me mettre dans les meilleures conditions pour pouvoir me préparer sereinement. Aujourd’hui, ce qui manque c’est une aide financière pour gérer mes entrainements », révèle-t-elle. D’ailleurs lors de la 7ème édition du gala des meilleurs sportifs à Saint-Louis, la meilleure sportive de l’année 2010 avait lancé un appel pour la redynamisation de l’athlétisme sénégalais.

Promouvoir la discipline

  En fait Amy Séne veut attirer l’attention des autorités sur le sort peu enviable fait à l’athlétisme. Un message qu’elle porte au nom de tous les athlètes sénégalais afin qu’ils aient un suivi réel et un soutien conséquent. Car dans  l’ensemble, le niveau d’athlétisme au Sénégal s’est un peu dégradé par rapport aux années passées. « Nous avons une bonne équipe, une bonne ambiance, et un très bon potentiel mais aujourd’hui je trouve que la fédération n’a pas forcément les moyens pour répondre à toutes nos attentes, c’est pourquoi je pense qu’il faut une aide de l’extérieur ». Et cette aide extérieure, la lanceuse de marteau pense qu’elle ne peut venir que des entreprises. 

  Concernant, le lancer du marteau qui est un peu méconnue des Sénégalais, Amy Sène trouve cela très normal. En effet, selon elle, cette discipline demande des infrastructures sportives. D’ailleurs la championne d’Afrique, dans ses objectifs à long terme, compte promouvoir cette discipline du lancer de marteau. « Il n’y a pas beaucoup de Sénégalais qui pratiquent le lancer de marteau parce que cela demande des infrastructures sportives. 

Mais  promouvoir la discipline au Sénégal fait partie de mes objectifs. Et  je pense que vu les gabarits qu’on a ici, cela peut se faire » espère-t-elle. En attendant, Amy  Sène s’entraine au stade de Léopold Sédar Senghor sans sa cage à marteau, mais elle compte poursuivre ses séances une fois rentrer en France, histoire d’être au top lors du prochain Mondial à Moscou.