Dans la liste des bi-nationaux ciblés, Henry Kasperczak, après Mouhamadou Dabo de Saint-Etienne, vient de perdre un autre élément en la personne de Bakary Sagna (Auxerre) qui vient d’être retenu chez les Bleus. En attendant que le buteur stéphanois, Bafétimbi Gomis, se décide, le sélectionneur national, qui a dénoncé le double jeu de certains bi-nationaux, peut se consoler d’avoir décroché Demba Bâ, sélectionné pour la première fois en Equipe nationale. Le jeune franco-sénégalais, 22 ans, bien assis sur ses 82 kg et haut sur son 1,90 m, a en effet décidé de jouer sous les couleurs nationales. Un choix de cœur et de raison selon l’attaquant «Belge» de Mouscron qui se dit «fier» d’avoir choisi le Sénégal.
Le nom de Demba Bâ, on sait que ça sonne sénégalais. Mais sénégalais d’où ?
Sénégalais du Sénégal (rire). Mais disons pour être plus sérieux, je, suis né en France, mes parents vivent à Paris, mais ils sont originaires de Koussanar (Tambacounda). Ne me demandez surtout pas depuis quand je n’ai pas mis les pieds au Sénégal. Car je ne m’en souviens plus, ça fait très longtemps.
Voilà au juste, on ne vous connaît pas beaucoup au Sénégal. Vous pouvez-vous présenter ?
Ecoutez, pour ceux qui ne me connaissent pas, c’est tout simple : je m’appelle Demba Bâ, je joue à Mouscron, c’est ma première année dans ce club Belge de première division. Avant, j’évoluais en France à Rouen. Ca fait 3 ans que je suis dans le circuit professionnel. Mais rassurez-vous, avec cette occasion qui m’est offerte, je vais tout faire pour me faire connaître à travers les grandes compétitions internationales avec le Sénégal.
Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre sélection chez les Lions ?
Au début, je n’y croyais vraiment pas. C’est notre Directeur sportif qui m’a filé le numéro du coach (Kasperczak) pour que je l’appelle. Et c’est comme ça que j’ai appris ma sélection. J’ai ressenti une grande joie. Je pense que c’est un aboutissement à tout le travail que j’ai fait jusqu’ici. C’est un grand honneur (il insiste sur le mot), pour moi et toute la famille ; en particulier pour ma mère qui est très contente. Et aussi mon père qui est d’ailleurs actuellement au Sénégal.
Cette sélection n’était pas évidente si on sait que vous évoluez dans un championnat de Belgique qui n’est pas bien médiatisé ?
C’est vrai que le championnat Belge n’est pas assez médiatisé. Mais ça fait toujours plaisir de constater qu’il y a au moins des gens, des techniciens qui s’intéressent à ce qui se passe en Belgique, qui s’informent sur ce qui se passe ailleurs qu’en France, Angleterre, Espagne, etc.
Pourquoi avoir choisi le Sénégal alors qu’étant né en France, vous aviez la possibilité de jouer avec les Bleus ?
La France, à vrai dire, ne m’a pas donné ma chance. Que ce soit avec les Espoirs, même étant un peu plus jeune. Donc, je ne vois pas pourquoi je devrais rendre à la France la monnaie de la pièce qu’elle ne m’a jamais donnée. Jusqu’à présent, je n’ai jamais eu de sollicitation venant de la France.
Justement et si la France avait fait appel à vous avant le Sénégal ?
Je vais vous dire une chose qui va peut-être vous surprendre : même avec la sollicitation de la France, mon idée à moi c’était de jouer pour le Sénégal. Le Sénégal, c’est le pays de mes parents, c’est le pays de mes ancêtres. J’ai choisi le Sénégal et j’en suis fier. C’est le Sénégal qui m’a fait confiance et non pas la France. C’est pourquoi je n’ai pas hésité quand M. Kasperczak a fait appel à moi.
Sur le plan personnel, comment ça se passe avec votre club Mouscron ?
Ca se passe bien. On a terminé 10e en championnat, avec, lors de la dernière journée, une victoire 2-0 sur le Standard. J’ai signé le deuxième but. Mais il faut reconnaître que c’est une saison en demi-teinte pour moi. J’ai eu un bon début de saison, mais après j’ai été obligé de m’éloigner des terrains pendant près de 7 mois à cause d’une fracture au tibia. Après je suis revenu en force. J’ai fait de très bonnes choses sur le terrain. J’ai marqué 8 buts en 10 matches, et j’ai réussis à m’imposer dans le championnat belge. Ce qui a permis à Monsieur Kasperczak de me remarquer et de me sélectionner.
Quel est votre vrai poste en attaque ?
Mon poste de prédilection, c’est attaquant de pointe. J’ai le profil d’un attaquant de pointe, mais quand on évolue avec deux pointes, je peux jouer à gauche. Ca ne me dérange pas Votre avenir avec Mouscron ?
Pour le moment, je suis bien à Mouscron où j’ai signé pour 3 ans. Je m’exprime bien et je me régale. Quand j’aurai des sollicitations, je vais les étudier avec mon agent. Mais pour le moment, je suis bien à Mouscron.
Vous côtoyez d’autres sénégalais en Belgique ?
J’ai un coéquipier en club qui se nomme Alioune Kébé. Il est attaquant. Il y aussi Adama Sarr du Standard de Liège (battu 0-1 en finale de Coupe par Bruges ce samedi), qui a été aussi sélectionné. C’est un très bon défenseur, solide et toujours présent dans le jeu.
Et les joueurs de l’Equipe nationale ?
Je connais surtout Mamdou Niang et Souleymane Diawara qui sont des amis à mon grand frère. Il y a aussi les Henri Camara, Diagne Faye, Habib Bèye. Il y aussi Pape Malick Diop (Metz) contre qui j’ai joué du temps où il était à Guingamp.
C’est sûr qu’avec votre nouveau statut d’international, c’est motivant pour la suite de votre carrière
C’est vrai que c’est motivant pour la suite. Maintenant, il s’agit de prouver qu’on mérite ce statut d’international. Disons que la balle est dans mon camp. C’est à moi de démontrer que le coach a bien fait de me sélectionner.
Alors on dit quoi pour cette première entrée dans la «tanière». J’y suis, j’y reste ?
Ah, bien sûr ! Si on vient pour après partir, ce n’est pas la peine de venir (rire). Je viens pour rester, pour prouver et m’imposer en sélection.
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