Bilan des "Lions" à la Can : Le staff technique a-t-il péché ?

Dans moins de quinze jours, le ministère des Sports, en rapport avec la Fédération sénégalaise de football, devra statuer sur l’avenir de l’encadrement technique à la tête de l’équipe du Sénégal. Au sortir de la dernière Can qui a eu lieu en Egypte, les «Lions» ont terminé à la quatrième place. Abdoulaye Sarr dont le contrat expire à la fin du mois, sera-t-il jugé «coupable» d’un mauvais comportement de la sélection sénégalaise ?

Pour n’être pas rentré à Dakar avec le premier trophée continental derrière lequel court le Sénégal depuis des décennies, Abdoulaye Sarr a-t-il pêché ? Au sortir de la 25e édition de la coupe d’Afrique des nations, cette question, nombreux sont les Sénégalais qui se la posent. Avec une décevante quatrième place, les «Lions» n’ont nullement séduit pour mériter le rang qu’ils ont occupé à l’issue de la compétition. Après plusieurs années de quête d’un premier titre continental, le rêve de tout un peuple de savourer, pour la première fois, le trophée de la plus prestigieuse compétition africaine, s’est dissipé. Il faudra encore attendre 2008, pour espérer réaliser un tel rêve.

Après avoir longtemps testé l’expertise étrangère, sans succès, la tâche allait revenir à des natifs du pays. Dans l’espoir de vaincre le signe indien ! Les plus superstitieux feront référence à la dernière campagne égyptienne (Caire 86), avec une expertise locale qui aura fait trembler les grands «Pharaons» sans pouvoir poursuivre le chemin. D’aucuns, à l’image du ministre des Sports, Daouda Faye, avaient cependant refusé de partir à l’aventure avec une expertise exclusivement locale. Une position que l’autorité de l’Etat défendra bec et ongles et contre vents et marées sans remporter la bataille. Face au mouvement associatif, le patron de la Rue Carnot sera forcé de revenir sur ses pas.

Pour autant, Abdoulaye Sarr a-t-il péché ? A l’heure du bilan, le ministre des Sports peut se targuer d’avoir eu raison sur les… journalistes, oh pardon, sur le mouvement associatif. Même si l’objectif fixé à l’encadrement technique national n’était pas clairement défini, la meilleure des places était d’aller (au moins) jusqu’en finale. Logé dans une poule composée du Nigeria, du Ghana et du Zimbabwe, le Sénégal n’aura réussi à se payer (2-0) que le dernier cité. Le dernier de la «classe». Une rencontre durant laquelle, la bande à Henri Camara aura attendu la fin de la seconde période pour trouver la faille, avant de s’incliner lors des deux dernières rencontres de poule.

Un premier tour timide, décevant pour un total de seulement trois points qui les hisse, tout de même, en quart de finale. Le scénario sera presque identique face au Sily National de la Guinée. Contraints à la victoire, les «Lions» parviennent à renverser la tendance et à s’offrir le ticket des demi-finales. Un pari (presque) réussi, contrairement à la dernière édition où l’équipe sera stoppée dans sa progression par le pays organisateur, la Tunisie, finalement vainqueur du trophée.

En parvenant en demi-finales, l’équipe du Sénégal venait de réaliser le plus dur. Peu importe la manière ! Mais à l’inverse des autres rencontres livrées depuis le début de la compétition, le match face aux «Pharaons» sera d’un meilleur niveau. Les «Lions» parviendront à faire jeu égal avec les Egyptiens devant près de 120 000 spectateurs. Il aura fallu une décision contestée de l’arbitrage camerounais pour mettre fin au parcours du Sénégal.

Dès lors, est-il concevable de croire que Laye Sarr a péché ? A la décharge de ce dernier, il n’est pas interdit de répéter cette tautologie bien connue et selon laquelle on ne change pas une équipe qui gagne. On ne devrait pas non plus changer un staff technique national qui a réussi à se hisser dans le lot des quatre meilleures équipes continentales du moment. Sur ces quatre nations, trois avaient à leur tête un entraîneur natif de son pays. Telle sera certainement la réponse que l’encadrement technique national aura à donner à la Fédération sénégalaise, dans son bilan d’après Can. Certes, la manière n’a pas été au rendez-vous avec quatre défaites pour seulement deux victoires, mais force est de reconnaître que le tandem Abdoulaye Sarr-Amara Traoré a su mener l’équipe sur le chemin qui mène vers le sommet des «Pyramides».

Avec un contrat qui devra expirer à la fin du mois, l’heure est trop juste pour se lancer dans la recherche d’un nouveau technicien. N’est-ce pas Abdoulaye Sarr ? Les différends entre l’actuel patron du Sports sénégalais et l’encadrement technique national importent peu. L’avenir du football étant en jeu, les querelles crypto-personnelles ne doivent aucunement prendre le dessus sur les impératifs du moment. Peu importe les nombreuses lettres de candidatures qui peuvent atterrir sur la table du patron du football sénégalais. Dans moins de quinze jours, l’équipe nationale du Sénégal devra rencontrer, en match amical, la Norvège, au stade Léopold Sédar Senghor. D’ici là, un changement de monture ne serait-il pas suicidaire ?