«J’ai dit à Diouf : (à la CAN 2008), t’as pas mis un but, dans les matchs en Tunisie, en Egypte, et au Ghana non plus. Et tu te dis star alors que tu ne nous sers à rien», a déclaré Mamadou Niang, dans un entretien paru dans le numéro d’octobre du magazine français «So Foot». El Hadji Diouf réagit !
La sortie de Niang ?
«Est-ce que c’est Mamadou qui l’a dit ? C’est quelqu’un que je vois à Paris. Malgré tout ce que les gens disent dans les journaux, on se doit du respect. Je respecte la personne. Certaines personnes sont contentes quand on parle d’El Hadji Diouf. C’est normal, je fais vendre les journaux. Connaissant Mamadou Niang, je ne peux pas croire les propos qu’on lui prête. S’il a quelque chose à me dire, il me le dit en face. Et Mamadou Niang ne m’a jamais tenu ces propos. Le cas échéant, je n’ai plus rien à prouver. Je suis Ballon d’Or. Et pas qu’une fois. Ils ont dit que je n’ai pas marqué de but en Egypte, au Ghana… Je n’ai pas inscrit un seul but au Mondial 2002 et cela ne m’a pas empêché d’être l’un des meilleurs. Tout seul, j’ai porté l’Equipe nationale du Sénégal. Avec tout le respect que je dois à mes ex-coéquipiers de 2002, la génération dorée. Ces joueurs avec qui nous avons fait quelque chose de fabuleux. Eux, ils peuvent me tailler. Des joueurs comme Samuel Eto’o peuvent me tailler. Il est Ballon d’Or, plus d’une fois. Moi, El Hadji Diouf, les Sénégalais n’ont rien à me reprocher. J’ai écrit l’histoire du football sénégalais. Je suis le meilleur joueur que le Sénégal n’ait jamais eu, ces 20 dernières années. Si quelqu’un fait mieux que moi, alors il pourra parler. Ce qu’on m’a prêté dans les journaux ne me touche même pas. Ce que j’ai fait dans le football, personne ne l’a encore fait au Sénégal. Je suis le seul Sénégalais à gagner le Ballon d’Or africain deux fois. Je suis le seul à briller au niveau mondial. Sur les 14 buts marqués aux éliminatoires de la Coupe du Monde, les 9 buts portent ma signature. Je suis certain que Mamadou Niang n’a pas tenu ces propos. Ceux qui veulent que je l’attaque n’ont qu’à déchanter. Je connais la personne. Il est intelligent et il sait ce que j’ai fait dans le football. Il me respecte beaucoup.»
Les rapports avec Niang ?
«Ils sont bons ! On a fait des Coupes d’Afrique et des campagnes ensemble.»
Des passes d’arme ?
«Jamais ! Il y a une fois, je n’étais pas content de lui. C’est quand il ne venait pas jouer en Equipe nationale du Sénégal. Je lui avais dit : «Mamad, tu as tort, il faut venir jouer.» On n’a jamais eu de prises de gueule.»
Par presse interposée ?
«Même pas ! Ce que j’avais dit au temps de Lamine Ndiaye, je le répète : une personne qui ne veut pas faire de longs déplacements et qui veut après venir jouer à Dakar ne sera pas dans la même équipe que moi. J’étais le patron et j’avais montré que c’était moi le patron. Si je devais revenir en Equipe nationale, je serais le patron. Entre Mamad et moi, il n’y a jamais eu de problème.»
Un problème de leadership ?
«Mamadou sait qu’il ne peut pas y avoir un problème de leadership entre nous. En Equipe nationale, je ne dispute la vedette à personne. Si on devait me parler de ce problème en Equipe nationale, on me citerait les Aliou Cissé, Fadiga, Salif Diao, Oumar Daff. Bref, la génération dorée. Oui ! Eux, ils peuvent me prendre la tête. Mais, la génération d’après, non ! Je ne vois pas quelqu’un qui peut être leader devant moi. Impossible ! L’Equipe nationale est allée jouer en Corée du Sud. On demandait qui ? El Hadji Diouf !»
L’Equipe nationale et sa reconstruction ?
«Je ne crois pas qu’ils soient en train de construire. Je parlerai plutôt de destruction. Quand on construit, on le fait bien. C’est inadmissible que le Sénégal n’ait pas de coach jusqu’à présent. Je ne parle pas de la nouvelle Fédération, je ne les connais pas. Mais l’entraîneur et quelques mecs que je connais là-bas n’ont rien à faire dans le football. Il faut qu’ils arrêtent. Ils retardent le football sénégalais. J’en veux pour preuve ce qui s’est passé en Equipe nationale entre Diagne Faye et le soi-disant coach. Par respect, Diagne Faye a fait le déplacement pour faire constater sa blessure. Il a du respect pour quelqu’un qui a du mal à le comprendre. Reconstruire le football sénégalais, c’est appeler les joueurs qui jouent dans le haut niveau. La porte de la Tanière ne doit pas être ouverte à n’importe qui. Mamadou Niang est un bon joueur, Souleymane Diawara un bon défenseur, c’est un plaisir de jouer avec eux. Mais, les soi-disant jeunes qu’ils veulent mettre devant Mamad (Niang), Habib Bèye, Bouba Diop … n’ont pas le niveau. Je ne parle même pas de leur chaussure, mais leur bonnet est plus fort qu’eux. L’Angleterre, quand ils ont eu des problèmes, ils n’ont mis ni Steven Gerrard ni Frank Lampard de côté. Aujourd’hui, ça arrive de se casser la gueule, mais il faut bien rebondir. Diomansy Kamara était blessé et aucun dirigeant n’était venu le voir.»
Reconstruire, n’est-ce pas apporter du nouveau ?
«Quel est le jeune sénégalais qui est meilleur que Habib Bèye. Soi-disant jeune en plus. Ces joueurs que vous, les journalistes, appelez jeunes, à 45 voire 50 ans, ne seront jamais meilleurs que moi. Je suis né avec le football. Mais eux, il y en a qui s’efforcent de jouer au football. Les gens ne regardent même plus l’Equipe nationale du Sénégal. Pourquoi ? Elle n’a pas d’âme. Parce que ceux qui excitaient le public ne sont plus là. On a une équipe de Navétanes, mais pas une sélection. J’espère que les nouveaux dirigeants vont ouvrir les yeux. Il faut prendre un coach performant qui va appeler les meilleurs.»
Les faits-divers !
«En Angleterre, en France ou au Sénégal, je fais vendre les journaux. Ils ont parlé d’une chose qui n’a jamais existé en disant que je suis raciste. La preuve, l’arbitre m’a donné raison. Mieux, je n’ai pas été sanctionné. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, mais aujourd’hui j’ai une Fondation qui aide les personnes en Angleterre. Je fais des dons dans les hôpitaux. Et je suis raciste ? Je suis une tête brûlée, un «bad boy», je fais vendre. A chaque fois, ils vont chercher des choses sur moi. C’est normal. Demain, ils vont parler d’autre chose, mais je suis fort dans la tête. Ils ne peuvent pas m’atteindre. Je suis fort partout, dans la tête comme dans les pieds. Partout où je vais, je me fais siffler, mais je n’ai jamais déçu mes supporteurs. Je joue tous les samedis. Mon entraîneur est fier de moi. Je suis le leader. El Hadji Diouf, qu’on l’aime ou pas, c’est une star. Tout le monde le connaît. Que ce soit en bien ou en mal. Merci au Bon Dieu !»
Performance sur le terrain
«Si l’entraîneur me conduit à chaque fois, c’est parce que je suis bien. Sinon, il serait le premier à me dire : «Je ne suis pas content de toi.» Je ne me fais pas de soucis tant que les mecs qui me paient sont contents de moi.»
Peu de buts ?
«Je suis quelqu’un qui régale le plus, quelqu’un qui joue pour ses partenaires, quelqu’un de généreux sur le terrain. Je n’ai jamais marqué beaucoup de buts. J’ai eu la chance de marquer beaucoup de buts en Equipe nationale du Sénégal. Je jouais avec des joueurs très doués qui savaient là où je voulais qu’on me mette la balle. A Bolton aussi, j’ai marqué des buts, mais je n’ai jamais été un buteur né. Je ne suis ni Inzaghi ni Chevtchenko, mais du point de vue talent, je n’ai rien à envier à personne.»
Mercato
«Avec moi, on ne sait jamais. Pour l’instant, je suis bien avec Blackburn, je suis bien avec mon coach, mais le Père Noël pourra toujours amener des choses. (rires).»
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