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Entretien avec... Abdoulaye SARR : «J'espère revenir à la tête des Lions...Je ne suis pas quelqu'un qui jette l'éponge»

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Entretien avec... Abdoulaye SARR : «J'espère revenir à la tête des Lions...Je ne suis pas quelqu'un qui jette l'éponge»

Au bout d'un long silence qui aura duré trois mois, l'ancien sélectionneur national, Abdoulaye Sarr, a accepté de revenir au devant de la scène, en nous ouvrant, samedi dernier, les portes de sa maison sur la Petite Côte. Pour un entretien exclusif au cours duquel il est revenu sur sa succession à la tête de l'équipe nationale de football, mais aussi sur les temps forts de la Can 2006, les rapports souvent heurtés avec la tutelle. Entretien !

Wal Fadjri : Comment se passent les vacances ?

Abdoulaye Sarr : Dieu merci, je suis en très bonne santé. Je me repose un peu en famille. C’est le cadre idéal après des mois de travail, de pression, de stress. Il me fallait ce moment. Toujours est-il que c’est un repos qui est suivi d’une longue réflexion sur le football en général et sénégalais en particulier. J’ai gardé le contact avec mes collaborateurs, à tous les niveaux. Cela se passe bien. On a encore la motivation et l’envie d’aller de l’avant. Avec le recul, ce qu’on vient de faire, peut nous valoir un réel motif de satisfaction, même si l’objectif n’a pas été atteint à 100 %. Sur ce plan, c’est avec un réel plaisir que je reprends le contact avec les journalistes, particulièrement vous (rires).

Wal Fadjri : Avez-vous profité de ce recul pour réfléchir sur la suite à donner à votre carrière avec l’équipe nationale ?

Abdoulaye Sarr : C’était un moment de méditation parce qu’après un boulot, il y a toujours des enseignements à tirer. C’est à partir de cette réflexion qu’on peut se projeter sur l’avenir. Ce qui s’est passé en Egypte, il faut l’apprécier à sa juste valeur avec le recul. Certes, tout n’a pas été parfait. Mais il y a de bons enseignements à en tirer. On part des succès pour essayer de se perfectionner, de s’améliorer, de progresser. On retient aussi les échecs pour mieux se projeter. Ce sont les deux éléments sur lesquels il faut travailler. J’ai toujours soutenu que cela ne sera jamais parfait parce qu’étant une œuvre humaine. Il y aura toujours du bon, du moins bon. Mais avec la volonté, le sérieux et l’organisation, on peut toujours progresser et dans n’importe quel domaine d’activité. Le sport a ses exigences certes, mais il faut comprendre que ce que vous êtes en train de faire chez vous, d’autres, chez eux, sont en train de se préparer et, quelquefois, ils sont mieux lotis que vous. Ce qui est sûr et certain, c’est que, si nous savons tirer les bons enseignements, un jour, on sera au sommet et on aura les moyens de nous y maintenir (...) Qu'est-ce qu'on doit faire pour avoir un environnement qui se rapproche de ce qui se fait de meilleur en Afrique et dans le monde ? Quelquefois, vous voyez dans les journaux des déclarations de dirigeants qui rencontrent des difficultés pour honorer les primes de leurs joueurs. Quelquefois, on parle d'une équipe qui s'est déplacée en oubliant ses licences. On voit aussi les conditions dans lesquelles les équipes voyagent au Sénégal, sur des centaines de kilomètres et dans quelle commodité pour les joueurs. Il ne suffit pas seulement d'avoir la volonté. Il faut se donner les moyens intellectuels de créer une bonne organisation qui va effacer, sinon réduire ces insuffisances. Si nous y mettons le temps qu'il faut en sachant qu'il n'y aura pas de miracle, nous pourons, peut-être dans un proche avenir, dire qu'on a gagné. Mais il faut du temps, de la patience, de la volonté, de la détermination. C'est une conjugaison d'efforts. Quand une équipe gagne, c'est tout un collectif qui gagne. C'est le dirigeant qui gagne, le joueur, l'entraîneur, les spectateurs. Regardez l'état de notre football, les gens ne vont même plus voir le championnat national. Ce qui ne se passait pas avant. Avant, lors d'un match Jeanne d'Arc-Gorée ou Jaraaf, le stade Demba Diop refusait du monde. Les gens ne viennent même plus voir les équipes qualifiées en Coupe d'Afrique. On a déjà tiré la sonnette d'alarme. Il faut maintenant s'arrêter, rester serein et comprendre que c'est dans la conjugaison des efforts que l'on pourra faire progresser le football. C'est le football sénégalais qui nous intéresse. A tous les niveaux, on peut être acteur. On a une part de responsabilité énorme, nous les différents intervenants : entraîneurs, dirigeants, administrateurs...

'Pour chercher un entraîneur et mettre l'équipe nationale dans de meilleures conditions de travail, on n'a pas besoin de tout ce tapage'

Wal Fadjri : Vous n'avez toujours pas déposé votre candidature au poste de sélectionneur national, alors que la date limite est fixée à la fin de ce mois. Ne seriez-vous pas candidat à votre succession ?

Abdoulaye Sarr : Je ne suis pas dans le cas de quelqu'un qui n'a jamais travaillé pour l'équipe nationale. Mes collaborateurs me connaissent assez. Je n'ai jamais été demandeur. Toutes les fonctions que j'ai eu à occuper au sein du football, c'est sur une confiance mutuelle que je les ai obtenues. Cette base, je la respecte toujours. Si le Sénégal, au niveau des décideurs, sait ce qu'il veut, si nous avons un programme cohérent qui peut nous mener vers la victoire finale, nous savons les profils qu'il nous faut à tous les niveaux. Il faut aller les chercher, essayer de se mettre d'accord avec eux. Pour moi, le football n'est pas un champ politique. Nous sommes des techniciens. Il faut que les gens acceptent de nous écouter, qu'on discute.

Wal Fadjri : Allez-vous oui ou non déposer votre candidature ?

Abdoulaye Sarr : Déposer une candidature ne rentre pas dans ma logique. Je tiens à vous le dire. Le football sénégalais, on peut le servir à tous les niveaux. Ce n'est pas aujourd'hui que je vais déposer une candidature. Je le dis pour mettre tout le monde à l'aise : je ne déposerai pas de candidature, mais je reste disponible pour le football sénégalais. Je ne suis pas un inconnu dans le milieu. Les gens me connaissent. J'ai toujours eu un bon commerce basé sur la loyauté et surtout sur le travail avec les responsables qui ont eu confiance en moi. Je ne me mets pas dans cette danse.

Wal Fadjri : Et pourquoi ?

Abdoulaye Sarr : Parce que le vrai problème du Sénégal n'est pas un problème d'entraîneur. C'est un problème d'environnement, d'organisation. Je suis convaincu que même si on amenait les supposés meilleurs entraîneurs du monde, si nous ne changeons pas nos comportements, si l'environnement reste à l'état, on ira vers le même résultat. C'est mon sentiment. Il n'y a pas de miracle. Il faut tout préparer et mettre le temps qu'il faut. Il faut oser opérer des ruptures et s'organiser, essayer de passer par une très bonne communication qui fera en sorte que tous les intervenants agissent et émettent sur la même longueur d'ondes, pour aller vers l'objectif fixé. L'environnement, si nous ne le changeons pas qualitativement, amenons qui nous voulons, on peut encore avoir des déceptions. Gérer le football, aujourd'hui, c'est gérer une grande entreprise. Il faut à tous les niveaux d'interventions, au plan administratif, technique, des cadres formés. Il faut aussi des moyens sur le plan logistique, des infrastructures. C'est un tout. Certes, l'entraîneur, c'est le personnage central, mais il ne suffit pas de se baser sur la compétence d'un homme qui agit dans un ensemble pour dire qu'on va aller vers le succès. Ce dernier a besoin de structures, d'un cadre fonctionnel pour réaliser les résultats qu'on lui demande. Ses compétences à elles seules ne sauraient suffire. Il faut donc une grande organisation pour gérer notre football. Qu'est-ce qu'on n'a pas fait ? Combien de fois, nous nous sommes réunis pour parler du football ? Combien de fois, on est revenu à la case départ ? Il faut qu'on arrête. Arrêter, c'est faire quoi ? Essayer de comprendre que ce qui se passe de bien ailleurs, peut se réaliser au Sénégal, qu'on soit plus patient, qu'on pose les jalons, qu'on respecte les étapes, qu'on mette le temps qu'il faut.

'Tous ceux qui postulent au poste de sélectionneur de l'équipe nationale ont été limogés quelque part. Même les soi-disant grands entraîneurs'

Wal Fadjri : Que vous inspirent les nombreuses candidatures pour le poste de sélectionneur national du Sénégal ?

Abdoulaye Sarr : Pour chercher un entraîneur et mettre l'équipe nationale dans de meilleures conditions de travail, on n'a pas besoin de tout ce tapage. C'est mon sentiment. Il faut qu'on se respecte. Quelquefois, c'est cela que je déplore dans les comportements. Mais tous ceux qui postulent, ont été limogés quelque part. Même les soi-disant grands entraîneurs. Pour être grand, il faut bénéficier de concours de circonstances, notamment d'un cadre. C'est tout ! Au Sénégal, on a des cadres compétents pour diriger de main de maître cette équipe. C'est ma modeste expérience qui me le fait dire. Il suffit qu'on soit sérieux. Que chacun, à la place où il est, fasse le travail qu'on lui demande de faire avec toutes les qualités, les vertus qu'on attend de lui, pour que ce football gagne, surtout au niveau de l'équipe nationale.

Wal Fadjri : A quelles conditions, accepteriez-vous de revenir à la tête de l'équipe nationale ?

Abdoulaye Sarr : Ecoutez, je n'étais pas à la tête de l'équipe nationale par hasard. C'est parti de propositions. Donc, il faut être sollicité. Je le dis et le répète, le football sénégalais, c'est un vaste chantier où les gens peuvent se mouvoir. Ce que je déplore, je l'ai déploré il y a des années. On ne peut pas commencer un projet en deux, trois mois, puis laisser tout tomber et recommencer demain. C'est ce qui est toujours arrivé au Sénégal. Or, pour gagner, il faut du temps. Il faut des gens qui ont l'habitude de travailler ensemble. Le cas de la France est là. Pour arriver à la Coupe du monde, vous avez vu les étapes par lesquelles la France est passée. Ils ont même eu le courage d'arrêter avec Boulogne, dans les années 70 et de faire venir un entraîneur expatrié qui était en son temps Stéphan Kovacks qui a travaillé avec les entraîneurs locaux jusqu'à passer la main à (Michel) Hidalgo. Tout est parti de là. Et en 1984, la génération (Michel) Platini n'est pas sortie du néant. Ce sont des gens qui ont eu un temps de travail assez important, qui les ont amenés à ce résultat. Mais après 1984, ils n'ont pas baissé les bras. (...) Et en 1998, ils ont pu arriver à la récompense suprême, au sacre. Mais cela a mis du temps. Plus d'une trentaine d'années. C'est cela qu'on ne peut pas avoir au Sénégal : travailler dans le temps. Avoir des idées et savoir que ces idées, chaque jour que Dieu fait, on peut les améliorer.

Wal Fadjri : Seulement, on a l'impression que le mouvement associatif qui vous avait manifesté son soutien au départ de Guy Stéphan, n'est plus de votre côté.

Abdoulaye Sarr : Je ne le pense pas ! Le contexte n'est plus le même. On (Amara et lui) était en place avec lui. Il restait deux matches (des éliminatoires de la Can 2006). Pour ceux qui militaient en notre faveur, il y avait ce problème de temps. Il y avait aussi qu'ici, nous nous connaissons. La compétence est là. Avec son (Guy Stéphan) départ, on l'a vite prouvé. On a bien terminé le championnat. Après tout, vous parlez avec quelqu'un qui a un vécu dans la 'Tanière'. J'ai un capital sur lequel je peux me baser pour évoluer dans n'importe quelle sphère, dans le domaine du football. Quatre Coupes d'Afrique et une Coupe du monde, de 1998 à 2006, c'est un acquis inestimable. Faire ces matches, les gagner de belle manière, c'est cela qui a amené le mouvement associatif à être derrière nous. On leur avait donné les moyens et on était en contrat. Une logique voudrait qu'on garde une certaine stabilité. Ce qui a été fait...

Wal Fadjri : Et pourquoi pas cette fois-ci, après une place en demi-finale de la Can 2006 ?

Abdoulaye Sarr : Nous sommes allés en demi-finale. Je viens de lire Afrique Football. On n'y a dit que du bien sur l'équipe du Sénégal. Et j'ai bien aimé l'article qui parle de matches qu'on aurait pliés de plus fort belle manière. Eux, ils vont loin, en disant qu'on aurait pu oser davantage en mettant plus de jeunes. Ce n'est pas une interview, c'est l'analyse d'un journaliste que je n'ai même pas rencontré. C'est ce qu'on a fait contre le Nigeria pour la petite finale. Donc, les idées sont là, il faut les partager. Aujourd'hui que nous sommes en fin de contrat, il est naturel qu'il y ait des appétits qui se manifestent. Le poste est vacant. Mais, ce n'est pas parce qu'il est vacant qu'on doit faire table rase de tout ce qui a été fait. Je pense que les gens auront la lucidité requise pour faire les meilleurs choix pour le Sénégal. Aujourd'hui, le problème ne repose pas sur la tête d'untel ou d'untel. C'est l'intérêt de la nation. Il faut se placer sous cet angle et voir les meilleurs choix possibles pour le Sénégal. La continuité, ce serait un facteur de stabilité pour cette équipe nationale. Et les acteurs du mouvement le disent haut et fort, ainsi que les joueurs. Je ne suis pas le décideur. Je suis convaincu que si les gens mettent l'intérêt supérieur du football au dessus de tout, qu'on accepte de travailler dans la contradiction, on pourra aller vers des convergences qui ne seront que bénéfiques pour l'ensemble du football. De toutes les façons, quelqu'un occupera le poste, mais faudrait-il qu'il bénéficie de cet environnement de performance. Au cas contraire, ce sera un éternel recommencement.

Wal Fadjri : Pensez-vous que c'est votre personne qui dérange ?

Abdoulaye Sarr : Toute personne dérange. Je ne sais pas. Qu'est-ce qui peut gêner ? On (Amara Traoré et lui) s'est toujours fixé des objectifs. On a toujours réussi. Cette équipe, pour parler un peu d'elle, elle vient de loin. Pour l'amener, sur le plan même vestimentaire, à avoir un look correct, c'était difficile. Quand on arrivait dans cette équipe, les circonstances étaient très difficiles, parce qu'on venait de rater deux Can, celles de 1996 et de 1998. Quand on a voulu reconstruire le groupe pour repartir, on a fait appel à Peter Schnittger. Il a eu confiance en moi. Les dirigeants en place en ont fait de même, de nous. Il fallait se battre. On se regroupait sous les gradins du stade Léopold Sédar Senghor. Entre cette période et aujourd'hui, l'environnement de l'équipe a beaucoup changé. Là où joueurs et membres du staff se cotisaient pour acheter des tenues de loisirs, aujourd'hui, les équipementiers se disputent l'équipe du Sénégal. Avec sa première qualification à la Coupe du monde, l'équipe du Sénégal a eu un agent marketing. Des pas ont été accomplis dans le sens de faire de cette équipe, un groupe performant, professionnel. Je ne vois pas pourquoi, on ne peut pas faire comprendre que c'est dans le temps qu'on a bâti ce groupe qui suscite autant d'espoir dans ce pays. Pourquoi on n'arrive pas à l'objectif final ? Le vrai débat est à ce niveau. Je ne peux pas me permettre de parler de ce groupe, sans parler de son environnement. Gérer une équipe de football, c'est comme gérer une entreprise. Il faut, à tous les niveaux, des compétences et une grande organisation pour mettre toutes ces compétences à l'aise, dans les responsabilités qu'on leur a confiées. Il faut aussi du temps. Lyon (Ligue 1 française) cavale, aujourd'hui, seule en tête. Quand les gens mettaient les jalons, poser les bases de cette réussite d'aujourd'hui, c'était il y a dix ans. En ce moment, ce n'est pas Lyon qui menait la danse en France. Ce n'est pas un club qui est bâti sur la base de millions ou de recrutement de stars. Ce n'est pas le même style ou la même politique que Real Madrid ou Chelsea. C'est un exemple que je donne. Il n'y a pas de miracle. Ils ont mis les bases et sont arrivés là où ils sont aujourd'hui. Pour ceux qui ne mettent pas les bases... regardez ce qui se passe au Real Madrid. Pourtant, il y a une bonne politique de formation au Real Madrid, mais là-bas, on les formait pour les laisser partir. Je pense qu'ils ont compris maintenant. C'est la même chose avec l'équipe nationale... On pense déjà à 2008. Personnellement, 2008, au Ghana, ne doit être qu'un objectif intermédiaire. Il faut travailler pour 2010. Il faut planifier, sinon, les déceptions, les regrets vont encore tomber. On va mettre dans la tête des gens qu'on va gagner la Can 2008, alors que c'est demain. On ne peut se qualifier en petites catégories. Les filles pensent à une prochaine qualification. On dit que c'est une première. Mais regardons ce qui a été fait en amont. Il n'y a plus de miracle.

Wal Fadjri : Pour reprendre les rênes de l'équipe nationale, la première condition que vous poserez ne serait-elle pas de pouvoir travailler dans la durée ?

Abdoulaye Sarr : Si nous avons accepté de travailler pour un contrat de quatre mois avant la Can, nous l'avons fait pour notre pays. Le délai imparti ne nous permettait pas de tergiverser. Le temps pressait. Il y a des moments où il ne faut pas mettre en avant sa personne devant l'intérêt général. Pour nous, le Sénégal est au-dessus de tout. Nous l'avons accepté. Cela ne s'est jamais vu dans le monde. Si aujourd'hui, l'opportunité se présentait, les autorités elles-mêmes ne proposeraient pas un tel contrat. Ce n'est pas la peine de s'arrêter sur la question.

Wal Fadjri : L'idéal, selon vous, serait d'avoir un contrat sur quelle durée, sur combien d'années ?

Abdoulaye Sarr : L'idée serait de rester au moins pour quatre ans. Je le dis et je le répète : il faut éviter de croire qu'on est les seuls au monde. Les gens sont en train de travailler. Aujourd'hui, c'est l'Angola et le Togo qui vont en Coupe du monde. Pourtant, les grandes nations qui méritaient d'y aller à leur place sont encore là. Le football, c'est le domaine de l'imprévisible. Sur un match, tout peut arriver. Si nous voulons gagner en Afrique, que ce soit en équipe nationale ou en club, il faut miser sur la stabilité. Sans stabilité, ce sera toujours un retour à la case départ, pendant que les autres avancent.

Wal Fadjri : Que comptez-vous faire si demain, vous n'êtes pas reconduit au poste de sélectionneur national du Sénégal ?

Abdoulaye Sarr : Je compte travailler pour le football sénégalais. J'ai beaucoup d'idées. Je me réserve ce droit. On peut évoluer à tous les niveaux, même dans un centre de formation, dans un club... Le football ne se résume pas à une équipe nationale. C'est la consécration, mais cela ne doit pas être une fin. On peut même servir à l'étranger...

'Le plus important, c'est de faire en sorte que le football sénégalais sorte de l'ornière. Et on a intérêt à ne plus compter sur des générations spontanées'

Wal Fadjri : Avez-vous des contacts à l'étranger ?

Abdoulaye Sarr : Je le garde pour moi. Ce qui me préoccupe aujourd'hui, c'est essayer de donner des idées qui seront partagées par les grands sportifs de ce pays et de ce monde. L'équipe nationale va toujours exister et aura toujours un sélectionneur. Mais tant qu'on ne changera pas nos méthodes, on risque de retomber sur les mêmes résultats.

Wal Fadjri : Cela vous intéresserait-il de diriger un club ou une sélection nationale, à l'étranger ?

Abdoulaye Sarr : Oui, cela m'intéresserait d'aller voir ailleurs. Mais, le plus important, c'est de faire en sorte que le football sénégalais sorte de l'ornière. Il est temps et on a intérêt à ne plus compter sur des générations spontanées. Les règlements font que, maintenant, les jeunes ne peuvent plus aller en Europe avant 18 ans. Il faut leur préparer des structures d'accueil sur place et bien les former... Les couleurs nationales doivent prendre le dessus sur toute ambition personnelle.

Wal Fadjri : Accepteriez-vous d’être l’adjoint de quelqu’un si, demain, le poste de sélectionneur national ne vous revenait pas ?

Abdoulaye Sarr : Il n’y a pas de fixation. Et le mot jamais n’existe pas dans mon langage. Je ne reculerai pas dans mes idées. Nous (avec Amara Traoré) nous situons à un moment où nous pensons avoir des compétences qu’on peut mettre au service de notre pays. On les mettra au bon moment, mais toujours en respectant les formes et les principes. Je ne veux plus qu’on travaille dans du flou. Il faut que notre vision soit claire, qu’on ait des idées et qu’on essaie de les mettre en place. Pour cela, il faut, dans la communication, qu’on soit très performant pour que ces idées puissent être assimilées par tout le monde… On n'en est pas encore arrivé à ce stade, je me réserve le droit de réponse sur cette question.

Wal Fadjri : Etes-vous optimiste ?

Abdoulaye Sarr : Je le dis et je le répète. J’espère toujours revenir. C’est clair ! Je suis un acteur et je crois que j’ai encore des choses à apporter à mon pays dans ce domaine. Je ne suis pas du genre défaitiste. Je suis très ambitieux, très déterminé. Je ne suis pas quelqu’un qui jette l’éponge, même si j’affiche, comme on le dit souvent, un calme olympien.

Wal Fadjri : L’arrivée d’un nouveau sélectionneur national ne vous fera-t-elle pas changer d’avis ?

Abdoulaye Sarr : Je vais vous dire une chose. Le choix qu’on fera, je souhaite qu’il soit le meilleur pour le Sénégal.

Wal Fadjri : Après ce long silence, à quand le retour au-devant de la scène ?

Abdoulaye Sarr : Après tout ce qui s’est passé, les étapes, les péripéties, physiquement, c’était difficile. Mentalement aussi. Il fallait aussi se donner un petit moment. Se reposer, se refaire une santé physique, morale, retrouver un peu la vie de famille. Derrière chaque homme, il y a quand même des gens. On avait besoin de cela. Bientôt, vous me retrouverez sur le terrain. Je vais revoir surtout le championnat. Mais dites-vous que je suis de très près toute l’actualité. Comme on dit, j’ai confiance en mon peuple et je pense qu’on va se faire violence pour enfin quitter certaines considérations et œuvrer pour la collectivité. Ce qui me préoccupe, c'est de voir ce football gagner en club, gagner en équipe nationale ou en sélection de jeunes… (A suivre)

Propos recueillis par Woury DIALLO (Envoyé spécial à Mbour)



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