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ENTRETIEN AVEC…Dr Alioune Sarr, président du Cng de lutte : «A partir de la saison prochaine, le protège-dents sera exigé»

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ENTRETIEN AVEC…Dr Alioune Sarr, président du Cng de lutte : «A partir de la saison prochaine, le protège-dents sera exigé»

Le Dr Alioune Sarr et son équipe ne veulent pas dormir sur leurs lauriers, en dépit du grand bond fait par la lutte avec frappe. Le président du Cng (Comité national de gestion), qui tient toujours à s’inscrire dans une logique de progrès, se veut aussi prévoyant et ferme sur les principes. C’est ainsi que dans un souci de ne pas dénaturer la lutte et de protéger les acteurs, Alioune Sarr révèle que pour la saison prochaine, le «Nguimb-cuissard» ne sera plus accepté et que le protège-dents sera exigé aux lutteurs.

Président, maintenant on peut dire que la saison est bien terminée, parce qu’il y a eu des prolongations ?

(Rire). Oui, c’était pour permettre à Adjaratou Ndèye Ngom Bambilor de dire au revoir à l’arène en tant que cantatrice. Pendant plus de 4 décennies, elle a apporté sa touche culturelle à l’arène. C’était une façon pour elle d’aller à la retraite et de rendre grâce à Dieu. L’arène à travers Gaston Productions et le Cng, ont tenu à lui rendre un hommage bien mérité.

On est en fin de saison. Si on regarde dans le rétroviseur, c’est sûr que les championnats d’Afrique de lutte traditionnelle figurent en bonne place.

Certainement, cet événement a été l’un des moments forts de la saison. Parce que c’était la première fois que le Sénégal organise un championnat d’Afrique de lutte. Et on avait des paris à gagner, celui de la mobilisation et celui de la participation. A l’arrivée, comme vous avez eu à le constater, on a eu beaucoup de pays participants, comparé aux autres éditions. Et comme le Sénégal s’était toujours imposé hors de ses bases, c’était l’occasion d’être sacré à domicile ; ce qu’on a réussi par la grâce de Dieu. Et cerise sur le gâteau le Cng, à travers ma modeste personne, a été honoré par la Fila (Fédération internationale de lutte associée) en me décernant la médaille d’or, la plus haute distinction de l’instance mondiale, pour la qualité de l’organisation et pour les services rendus à la lutte.

Ce succès devrait booster la lutte traditionnelle au niveau national.

Je l’espère. Vous savez, au moment de signer notre contrat avec notre agent marketing, Pamodzi, vous avez vu on a insisté sur la lutte sans frappe et la lutte olympique, parce que je peux dire que ce sont les parents pauvres de la lutte au Sénégal. La lutte avec frappe, à travers les promoteurs, a trouvé un bon créneau ; il est normal que le Cng puisse trouver des moyens additifs, pour revaloriser ces deux autres formes de lutte qui nous apportent énormément de satisfactions et qui peuvent même nous apporter beaucoup plus, sur le plan africain voire mondial.

Pour rester dans cette forme de lutte, comment jugez-vous la participation sénégalaise aux Jeux Africains d’Alger ?

Le bilan est mitigé. Il y avait 10 participants, on a eu 6 médailles dont une en Or. Mais, si on compare ces résultats avec ceux qui s’étaient passés moins de deux mois avant au Caire, les résultats ont été moins bons. Quelles en sont les raisons ? Je pense que nous allons échanger avec les techniciens pour en connaître les causes. On espérait avoir plus, mais il faut déplorer la blessure de deux de nos ténors : Auguste Magnick Sène qui, dès son premier combat, a eu un problème de genou, ce qui a fait qu’il n’a pas pu continuer le tournoi, et Ablaye Thiam «Laye Ndiombor» qui s’est blessé au niveau de la cheville, en demi-finale. On peut dire qu’on a perdu deux médailles. De quelle couleur ? Je ne sais pas, mais il y avait la certitude d’avoir au moins deux médailles supplémentaires. Mais, le sort en a décidé autrement.

Passons à la lutte avec frappe qui passionne de plus en plus. Et ce n’est pas un hasard si elle a été honorée, lors du Gala du Lion d’Or.

Je pense que si aujourd’hui la nation sénégalaise nous reconnaît à travers le Lion d’Or, cela prouve qu’il y a un certain travail qui a été fait par le Comité. Yékini est le premier lutteur Lion d’Or, et ce n’est pas un hasard. Disons que c’est le résultat de l’intervention de toutes les composantes de la lutte. Mais attention, ne faisons pas de l’auto-satisfaction. On est loin des objectifs. Il faut que tout un chacun continue à travailler comme nous l’avons fait jusqu’ici. Concernant le bilan de la lutte avec frappe, au niveau de Dakar, je pense qu’on a eu une très belle saison. Vous savez dans une compétition, à chaque fois qu’il y a des révélations, cela prouve qu’il y a de la qualité. Et cette année vous avez vu, avec les mini-championnats, que beaucoup de jeunes lutteurs se sont affirmés. Et je ne parlerais pas simplement de ceux qui ont gagné, mais aussi de ceux qui ont perdu. Aujourd’hui on peut dire qu’il y a beaucoup de jeunes pétris de qualités, qui ne demandent qu’à mûrir, pour pouvoir apporter du plaisir à l’arène. Le bilan concernant la lutte avec frappe n’est pas encore terminé, mais on peut dire qu’il y a eu beaucoup de bonnes choses, comme il y a encore des choses à revoir.

Comme quoi par exemple ?

Il y a la notion des 4 appuis qui pose problème. Faudrait-il la supprimer totalement ? Faudrait-il l’améliorer ? Avant la reprise de la saison, nous allons nous atteler à cela. Il y a aussi la forte présence de la presse. Vous savez aujourd’hui il y a beaucoup de médias dans l’arène. Comment faire ? Quoi faire ? Je ne peux rien dire, mais je pense qu’il y a des mesures à prendre, parce que les spectateurs de même que les lutteurs, souvent, sont un peu gênés par la façon de faire des médias en général. Nous allons réfléchir pour trouver des solutions et permettre à tout un chacun de faire son travail, sans pour autant nuire à l’autre. Je vous informe aussi que nous allons nous attaquer au port du protège-dents. On en parle depuis quelques années, je pense qu’il est grand temps maintenant de l’imposer, de l’ajouter au règlement. Et je peux vous annoncer qu’à partir de la saison prochaine, pour la lutte avec frappe, le port du protège-dents sera exigé. Nous constatons aussi que les lutteurs ne savent plus mettre le nguimb. Ils ont vraiment des tenues pas du tout belles à voir. Et nous allons rectifier cela. Dès la saison prochaine, les lutteurs qui ne porteront pas de vrais nguimb traditionnel ne pourront pas lutter. Les critères seront dégagés.

Vous faites sûrement allusion aux lutteurs qui portent des cuissards

En effet, vous voyez des cuissards avec un bout de chiffon entre les cuisses. On voit plutôt des cache-sexe que des nguimb. Il faut qu’on revienne à l’orthodoxie de la lutte. Certains lutteurs ne portent pas de nguimb, mais un petit cache-sexe sur les cuissards. Ce n’est pas cela la lutte sénégalaise. Il y a très peu de lutteurs qui arrivent, aujourd’hui, dans l’enceinte avec de vrai nguimb. Des lutteurs comme Issa Pouye, qui a encore son nguimb traditionnel, doivent servir d’exemple. Il faudra en tout cas des nguimb de qualité. On ne va pas interdire le cuissard, mais il devra être en dessous bien caché par le nguimb. Ce qui se passe concernant les nguimb n’est pas beau à voir dans notre lutte traditionnelle. On veut s’ouvrir au progrès, mais il ne faut pas dénaturer la lutte.

Il y a un autre débat qui est beaucoup agité, c’est l’utilisation de la vidéo concernant les chutes.

Vous savez de tous les sports nationaux et internationaux, la lutte est très en avance au point de vue règlement. Nous sommes encore la seule structure qui casse le verdict des arbitres, nous sommes la seule structure qui utilise la vidéo. C’était le cas à Kaolack en lutte traditionnelle, quand il y a eu des problèmes au niveau du Drapeau du chef de l’Etat. Pour la lutte avec frappe, la Commission règlements et pénalités, qui est souvent saisie, utilise la vidéo en différé. Nous ne disons pas non à l’utilisation de la vidéo séance tenante. Nous ne sommes pas réfractaire. Aujourd’hui, avec la préparation physique des lutteurs, les choses se passent trop rapidement pour un œil nu. Donc, il serait intéressant d’utiliser les progrès pour réduire les contestations. Nous ne sommes donc pas contre le principe. Nous allons y réfléchir pendant l’intersaison avec les journées de réflexion, pour voir comment harmonier tout cela.

Il y aussi le fait qu’entre le Cng et les promoteurs vous ne parlez pas toujours le même langage concernant le montant des cachets. Il y a eu l’Affaire Petit Mbaye et Luc Nicolaï…

Il faut que les gens se rappellent une petite chose : le Cng c’est la sentinelle, c’est le gendarme de la lutte au Sénégal, les promoteurs c’est les acteurs. Il y aura, forcément, entre ceux qui contrôlent et ceux qui agissent, des problèmes. Nous, notre devoir est de faire en sorte qu’il y ait le maximum de transparence (il insiste sur le mot). Et pour cela, il faut qu’on veille au respect des textes en vigueur. Ces textes ne sont toujours pas dans l’intérêt ou en faveur du lutteur, du promoteur, du manager ou de quelqu’un d’autre. Mais, vous savez dans le milieu de la lutte, il y a beaucoup de bruits, mais il n’y a pas beaucoup de problèmes. Malheureusement, il y a ceux qui méconnaissent les règlements. Et tristement c’est la majorité des acteurs de la lutte. Mais, il n’y a pas de problème de confiance entre le Cng et les autres acteurs de la lutte. Nous sommes là pour rappeler à l’ordre ceux qui veulent s’égarer en quittant les principes sur lesquels nous nous appuyons, pour faire fonctionner la lutte. Cela a été le cas concernant notre conflit avec Tyson. C’est aussi le cas par rapport à certaines accusations portées contre le Cng.

vOui, justement en parlant d’accusation, quelle réponse donnez-vous à celle proférée par Bombardier qui a accusé le Cng de favoritisme ?

C’est mal nous connaître, ou c’est tout simplement vouloir justifier l’injustifiable. J’ai l’habitude de dire que j’ai rarement vu un lutteur gagner et tirer sur les composantes de la lutte. Seuls ceux qui sont défaits interpellent le Cng et souvent de façon très maladroite. A mon niveau cela ne mérite pas de débat. Nous sommes des éducateurs et nous prenons en compte ce qui a été dit et redit. Nous allons, à travers des échanges, essayer d’éclairer au mieux la lanterne à tout un chacun.

Sortons un moment de l’enceinte et attaquons le volet partenariat. Jusqu’où peut aller votre collaboration avec Pamodzi ? Irez-vous jusqu’à organiser ensemble un combat de lutte avec frappe ?

C’est possible. On n’a jamais dit qu’on ne le ferait pas. Mais, on a dit que la priorité est de faire en sorte que la lutte traditionnelle sans frappe progresse. On souhaiterait, sur l’année, avoir au moins une manifestation qu’on appellerait la journée du souvenir et qui sera dédiée à certains de nos collaborateurs disparus ou même ceux qui nous ont précédé. Disons que tous ceux qui ont apporté un plus à la lutte puissent être honorés un de ces jours, à travers ce gala-là. Donc nous n’excluons pas d’organiser un combat. Si demain il y a les moyens et qu’on constate qu’il y a un vide dans la lutte avec frappe, certainement le Cng viendra combler. Mais, le Cng ne sera jamais en compétition avec ceux qui sont déjà là. Nous n’avons pas les mêmes objectifs. La perception de notre mission ce n’est pas de nous télescoper avec les promoteurs. C’est de faire en sorte que demain la lutte sans frappe trouve chaussure à son pied. Notre objectif principal ce n’est pas d’organiser des combats.

Un mot sur la retraite annoncée de Zoss ?

(Rire). La lutte est à la fois sport et culture. Je pense que certaines déclarations sont même intéressantes pour alimenter un peu l’arène. Mais, je dis que ce serait dommage que Zoss parte. Et c’est l’occasion pour moi, de lui demander solennellement de revenir. On ne quitte pas un sport qu’on aime, parce qu’on a été battu. On ne quitte jamais ce que l’on aime, parce qu’on a été battu. Zoss a été battu, mais il n’a pas démérité. Il faudrait tout simplement qu’il revoie sa copie, qu’il revoie ses stratégies de combat. Il apporte tellement de l’ambiance à l’animation de la lutte que certainement on le regretterait s’il décidait de se retirer.

Et pour le cas de Tyson. Quelles sont les dernières nouvelles ?

En tout cas au niveau du Cng il n’y a pas encore de nouvelles. D’ailleurs, je vais profiter de l’occasion pour taquiner Tyson qui est mon neveu. J’ai lu dans un journal qu’il a chassé son manager. Cela veut dire tout simplement qu’il n’a jamais quitté l’arène. Et je pense que les promoteurs doivent se ruer dans son camp pour lui trouver un combat. Parce que celui qui chasse son manager est encore lutteur (rire).

Justement concernant son cas, peut-on s’attendre à une grâce du Cng ?

Ecoutez : on souhaite que Tyson revienne. Il a marqué la lutte de son empreinte, il est relativement jeune, il a encore de beaux jours dans l’arène. J’ai toujours dit qu’un grand champion ne doit jamais sortir par la petite porte. C’est l’occasion de lui demander de revenir à un peu plus d’humilité et d’accepter les lois du sport.

En quoi faisant ?

Mais,vous le savez mieux que moi (rire). On ne peut pas gracier quelqu’un qui ne reconnaît pas sa faute. Il y a des principes de société qu’on ne peut pas transgresser. Tyson sait ce qu’il doit faire. Il n’a pas été le premier lutteur à fauter et il ne sera pas le dernier à fauter. Nous ne sommes pas éternellement là, il faut qu’on revienne tout simplement à une grande humilité, à une certaine orthodoxie par rapport aux textes qui nous régissent : c’est le respect de l’autre et le respect de soi-même.

Les amateurs attendent toujours l’arène nationale. D’aucuns n’y croient même plus et pensent que ce projet n’est qu’un gros éléphant blanc.

En tout cas je refuse que cela soit un éléphant blanc. Nous sommes en train de réfléchir au niveau du Cng pour voir par quelle voie passer, éventuellement, pour pouvoir aider l’Etat du Sénégal à mettre en place cette arène nationale. Nous avons des idées, nous préférons les mûrir, en faire part d’abord aux autorités, avant d’en parler à la presse. Mais, je pense que nous aurons des solutions Inch’Allah.

 



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