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ENTRETIEN AVEc… Henryk Kasperczak, sélectionneur des Lions du Sénégal : «Diouf est plus mûr, plus réfléchi»

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ENTRETIEN AVEc… Henryk Kasperczak, sélectionneur des Lions du Sénégal : «Diouf est plus mûr, plus réfléchi»

Il passe dans les mots et les actes de ce jeune homme de 60 ans une dose presque irréelle de simplicité. Chemise lin beige, cheveux blancs soignés, Henryk Kasperczak ne laisse aucune trace d’extravagance parasiter son port. Des claquettes au bout de ses pieds qu’il croise sous la table de son bureau au siège de la Fédération sénégalaise de football, ses verres correcteurs qu’il dépose à ses côtés pour regarder dans le blanc de l’œil ses interlocuteurs, le sélectionneur national des Lions de football cultive une nature accueillante. Kasperczak parlerait peu. Mais, il chante le foot quand c’est beau. Quand c’est fait à base de 4-4-2, un système qui lui tient à cœur, comme ce cure-dent blanc qu’il garde à l’intérieur de sa poche et qu’il sort de temps en temps pour arranger sa dentition bien entretenue. Dans cet entretien, il révèle avoir peu goûté le spectacle terne fourni par les Lions contre le Mozambique (2-0), samedi dernier au stade Léopold Senghor pour la première journée des éliminatoires de la Can 2008. Alors, il refait le match comme s’il donnait des consignes. Avec rigueur, sans fard, ni détours. Du retour de Souleymane Diawara dans la «tanière», au brassard offert à El Hadj Diouf, de l’absence remarquée de Henri Camara à bien d’autres sujets qui intéressent les «suiveurs» de la «tanière», le coach des Lions y est allé droit au but. Sans langue de bois. Le Franco-Polonais donne l’air de ne jamais se presser, mais il semble savoir là où il met ses pieds et ses claquettes.

Cela fait du bien de débuter par une victoire dans ces éliminatoires de la Can 2008 ?

Oui. C’est vrai que c’est important de bien démarrer, surtout une compétition importante comme les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations en 2008. Déjà, on a eu une satisfaction à Tours contre une équipe de renommée (la Côte d’Ivoire 1-0). Parce que la Côte d’Ivoire, c’est une équipe qui a fait des progrès énormes au niveau du football africain. Et ça a été un match décisif pour nous et un bon sparring-partner. Ça nous a permis de voir ce qu’on pouvait faire dans l’avenir, ça nous a mis en confiance et cela s’est confirmé contre le Mozambique (2-0), même si le match n’était pas de grande qualité. C’est-à-dire qu’il y avait des bonnes choses et des mauvaises, mais l’essentiel était de gagner. Et puis débuter par une victoire, cela fait du bien pour cette équipe, il y a des choses qui vont se passer, car Henri Camara n’était pas là. Je ne vais pas citer les autres, mais il a manqué des joueurs de qualité.

Avez-vous senti un climat différent autour de vous après ce match ?

Une chose est sûre, les gens étaient contents. Je crois que les gens aiment, commencent plutôt à accepter comment cette équipe est gérée. Je suis quelqu’un de relationnel, je ne suis pas enfermé et quand je regardais le public venu nous soutenir pendant les séances d‘entraînement, c’était formidable. Ça n’a rien à voir quand on ferme les portes du stade pour une séance à huis clos et c’était intéressant de voir comment le public allait réagir par rapport à ce qui s’est passé. Car on a fait des pas vers les gens, vers les Sénégalais pour avoir leur soutien. Car ce ne sera jamais facile dans notre poule (7). Regardez : la Tanzanie qui gagne contre le Burkina Faso (2-1).

Comment vous avez vécu cette première sortie au Stade Léopold Senghor ?

Je ne vous cache pas que j’ai tremblé, car c’était la première rencontre avec le public sénégalais. C’est aussi parce qu’on veut réussir, on veut faire bien. Peut-être que le public était un peu trop gourmand. J’ai eu des échos, après le match contre la Côte d’Ivoire, qu’on allait gagner 6-0 devant le Mozambique, mais il y a plusieurs choses qui ne nous ont pas permis de nous exprimer samedi dernier. D’abord, le Mozambique est venu pour défendre, car c’était une équipe avec un bloc défensif difficile à manœuvrer. Ensuite, je pense qu’on a été un peu gêné par l’état du terrain qui n’était pas des meilleurs. C’était difficile de s’y exprimer, il y avait une grande différence avec le terrain de Tours. Vous savez la pelouse compte beaucoup pour une équipe qui veut construire, imposer le jeu. Ça compte énormément !

Avez-vous été satisfait par la qualité du jeu fourni par votre équipe …

(Il coupe) Non, non ! J’étais juste satisfait de notre manière de jouer en première mi-temps. Maintenant, on n’a pas fait un match plein, il y avait des défaillances, des déchets surtout après le deuxième but marqué, car on a baissé de régime. Dans les changements effectués, il y a certains joueurs qui n’ont pas fait leur travail dans la récupération du ballon, ils ont pensé à attaquer, mais pas trop à défendre. C’est pour cela qu’on a laissé l’adversaire jouer facilement, car il y a eu des périodes où le Mozambique était en supériorité numérique. Donc on ne peut pas être satisfait du match de samedi. Mais on a fait une bonne première mi-temps, même si on n’a pas marqué de but, car c’est un Mozambicain qui a marqué un but contre son camp.

Et le duo d’attaque Diouf-Niang est resté bredouille…

C’est vrai que les deux attaquants El Hadj Diouf et Mamadou Niang devaient rester plus dans l’axe. C’est vrai que Niang et Diouf jouent en position d’ailier dans leurs clubs, mais on sait que ce sont de grands attaquants. Seulement, il faut leur donner du temps pour s’adapter.

La percussion et le jeu en rupture d’Henri Camara n’a-t-elle pas manqué samedi ?

Oui ! Parce qu’on a besoin d’un attaquant de rupture qui s’engage dans l’espace, qui va en profondeur. On ne l’a pas eu. Mamadou (Niang) avait tendance à décrocher, Diouf aussi, donc on n’a pas eu trop de joueurs qui s’engageaient. C’était notre principal problème lors de ce match.

Peut-on qualifier ce succès sur le Mozambique de petite victoire ?

Je crois qu’on ne peut qualifier ce succès de petite victoire, car c’est une victoire. Ce sont trois petits points, mais comme j’ai dit il y a eu des bonnes et des mauvaises choses. C’est à peu près le mélange des choses qui existent en football. Mais pour arriver à voir une équipe qui donnera plus de satisfaction, je crois que ce n’est pas encore le moment, surtout au niveau des choix des joueurs. Si par exemple, Henri Ca-mara était en attaque, peut-être que ça pourrait marcher encore mieux. Si on respecte mieux les consignes, c’est-à-dire qu’on applique mieux tout ce qu’on avait à réaliser après le deuxième but, on pouvait montrer un meilleur visage. Mais dans l’ensemble, on est satisfait.

Vous semblez regretter pour ce match le duo Henri-Niang qui a débuté le match contre les Ivoiriens à Tours ?

(Malin) C’est vrai qu’aujourd’hui, j’ai plus de renseignements, je connais plus de joueurs, je connais plus leurs capacités et tout. Mais, ça me dérange que Diouf et Niang jouent dans leur équipe sur les côtés.

Attendez-vous impatiemment le rétablissement de Diomansy Kamara qui apporte souvent cette percussion et cette profondeur qui a manqué à votre équipe samedi ?

J’ai déjà parlé avec lui, et en principe je dois le voir. Car durant ce périple que je vais effectuer en Europe (Ndlr : Il a pris l’avion hier soir), je vais passer en Angleterre chez lui car il a prolongé son contrat de trois ans à West Bromwich Albion. A un certain moment, il a envisagé de repartir en Italie mais malheureusement le problème n’était pas réglé avec les clubs (Ndlr : Roma, Torino) avec lesquels il était en contact. C’est vrai que Diomansy est un joueur qui a réussi sa Can (2006) en Egypte, mais il était blessé. Ce n’était pas une blessure grave comme tout le monde l’a annoncé, car il a repris l’entraînement depuis deux semaines trois semaines. Lui, on va le récupérer certainement.

Y a-t-il d’autres attaquants de rupture que vous avez en tête ?

Oui, cela m’intéresse de trouver d’autres attaquants de rupture. Vous savez Diouf vient de jouer pour la première fois avec nous, Niang était déjà à Tours contre la Côte d’Ivoire (1-0), mais ce qui m’intéresse, c’est de trouver deux attaquants de pointe. L’essentiel est de trouver la formule.

Quels sont les joueurs qui vous ont donné entière satisfaction samedi ?

Pour un entraîneur, c’est toujours difficile de citer des noms, parce que pour moi, le football, c’est le collectif. Donc je me réserve souvent de citer des noms.

Sur l’animation du système en 4-4-2, êtes-vous satisfait ?

Non, je ne suis pas satisfait ! Il y a des moments où certains joueurs ont joué facile, négligé tout ce qu’ils devaient appliquer surtout dans les actions individuelles. Je dis toujours que le plus important, c’est que chaque joueur donne le meilleur de lui-même, mais au service de l’équipe. C’est ça qui fait la différence ! Quand Niang marque un but contre la Côte d’Ivoire, comme son rôle est de marquer des buts, je dis bravo. Mais il y a des principes de jeu qu’on doit respecter, ce qui n’a pas été le cas samedi. Je pense qu’on va travailler là-dessus, une fois que les joueurs seront plus disciplinés et sérieux dans l’application de tout ce qu’on va leur demander. En tout cas, on pourrait être satisfait du travail de Frédéric Mendy qui était très présent, on peut être satisfait à un certain moment du travail de Nguirane Ndaw sur le côté gauche, mais il faudra améliorer des choses sur le flanc droit. Il y avait des actions plus intéressantes sur le côté gauche que sur le côté droit. Je pense que le temps travaille pour nous, en se connaissant mieux, en développant des automatismes les joueurs parviendront à mieux s’exprimer dans le système. Il y a tellement de choix à faire, il y a des joueurs partout, mais l’idéal est qu’on arrive en compétition, comme la Can, avec une équipe prête. On n’en est pas encore là. Pour le moment, on va progresser match par match.

Le projet de jeu est-il adopté par les joueurs ?

Oui. On le peaufine encore, mais l’essentiel est que les joueurs trouvent des solutions dans le rôle qu’ils doivent jouer. Seulement, la période est aussi difficile, car il y a des changements au niveau des clubs. Il y a des joueurs qui n’ont pas encore commencé leur championnat, d’autres ont joué très peu ou sont encore en rodage. Donc je pense que contre le Burkina Faso (le 7 octobre à Ouagadougou), ça doit être beaucoup mieux.

Peut-on s’attendre à de grands bouleversements dans votre prochaine sélection ?

Non ! Il n’y aura pas de révolution ni de grands changements, car ce sont toujours les meilleurs joueurs qui seront là. J’attends le retour de Henri Camara, c’est clair, de Diomansy aussi. Maintenant, on verra comment les autres vont évoluer. Par exemple ce qui me tracasse, c’est surtout Abdoulaye Diagne Faye qui s’était blessé pendant longtemps, il a commencé à jouer avec son club (Bolton, Angleterre), mais il joue stoppeur. Ça ne m’intéresse pas tellement ! Amdy Faye aussi joue stoppeur à Charlton. Il y a eu des changements par rapport au poste où ils jouaient avant (Ndlr : les deux sont milieux récupérateurs de prédilection). Il y a sans doute des choses qu’il faut revoir pour le match contre le Burkina, il faudra se situer par rapport à ce qu’on peut faire. Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est de gagner pour avoir la tranquillité dans mon état d’esprit et continuer à faire mieux.

Désormais, les joueurs sélectionnés seront ceux qui jouent dans leur club ?

C’est l’idée, c’est ce qui m’arrange aussi. C’est pour cela que je voyage beaucoup pour voir les joueurs. Cette semaine, je serai à Auxerre-Monaco avec Moussa Ndiaye qui vient d’y signer, il y a aussi Issa Bâ et le jeune arrière droit Bakary Sagna (Ndlr : l’ancien international espoirs français risque d’être forclos pour jouer avec le Sénégal, car la Fifa avait fixé la date butoir des naturalisations à décembre 2005). Et le dimanche, je vais voir Marseille-Psg où Boukhary Dramé est devenu titulaire. Après, je vais en Angleterre voir certains joueurs comme Souleymane Diawara et autres.

Donc on peut s’attendre à un retour de Souleymane Diawara ?

Je pense que oui. C’est vrai que Diawara m’intéresse, je l’ai même dit lors d’une conférence de presse, mais le problème n’est pas là. Il y a des choses qu’on doit respecter et on doit se respecter. Je crois qu’une fois qu’on part sur cette base, on peut faire quelque chose. Pour vivre dans un collectif, il faut savoir s’oublier pour le groupe, pour l’Equipe nationale. S’il n’arrive pas à maîtriser cela, je ne peux pas avoir satisfaction. Il faut quand même des joueurs qui donnent satisfaction par leur comportement professionnel, par leur présence sur le terrain et dans le groupe. Pour moi, ça pose moins de problèmes. Car, on a des dizaines de Souleymane Diawara et j’ai des choix à faire. D’autant que j’ai eu des satisfactions de la part de la paire Pape Malickou Diakhaté et Lamine Diatta. Donc les gens doivent faire attention et convaincre l’entraîneur, mais si un joueur ne me convainc pas dans son état d’esprit, c’est fini.

Est-ce qu’on peut s’attendre à un retour de Diawara contre le Burkina ?

Contre le Burkina, je vais voir. Comme je dis la porte ne lui est pas fermée. Un jour, on pourra le récupérer, mais ça dépend de lui aussi. Peut-être qu’il aura plus envie de venir.

Et Babacar Guèye qui flambe avec Metz en Ligue 2 française ?

Babacar Guèye, j’ai pensé à lui parce qu’il marque des buts avec son club. Je voulais le prendre à la place de Henri Camara face au Mozambique, mais il était blessé. Si je ne l’ai pas appelé au début, c’est à cause de la concurrence. Je le répète, je n’avais de place où le mettre. Avec Sidibé, Niang, Henri et Diouf, ce n’était pas possible. Avec quatre attaquants, ça suffit, mais cela ne va pas dire qu’il ne va pas venir. Je pense à tout le monde.

Comme il faudra jouer dans son club pour être sélectionné, n’avez-vous pas des appréhensions sur le manque de compétition de Khadim Faye qui ne joue pas régulièrement avec Boavista au Portugal ?

A ce niveau, un gardien c’est un peu à part. Il faut dire que même si vous avez des gardiens qui jouent en Cfa (D4 française) et qui ont des qualités, il faut les impliquer. Le poste de gardien est assez spécifique. Moi je fais confiance à Tony Sylva, parce que tout simplement il est bon et c’est le gardien numéro 1. Ça pouvait tomber sur un autre, je dirais aussi qu’il est le numéro 1. Mais, je ne vais pas dire qu’El Hadj c’est le joueur numéro 1 titulaire. Le gardien oui, le joueur de champ non. Un gardien, il faut le mettre dans des situations favorables parce que c’est quelqu’un qui a besoin d’avoir une confiance totale. C’est vrai que Khadim n’a pas joué le premier match qu’ils ont perdu (3-2) contre Sporting de Portugal mais je le prends. Maintenant donnez-moi des noms de gardiens, on a un seul Tony Sylva et qui est-ce qu’on a derrière ? Difficile à voir. Au Sénégal, on est en intersaison, mais il y a le gardien de Ouakam, Pape Latyr Ndiaye, qui a des qualités. Je vais le voir. Quand je voyage tout le temps, c’est parce que j’ai besoin de sentir le joueur comme il vit, comment ils est à l’entraînement, c’est ça qui m’intéresse. J’ai toujours fait ça, j’ai toujours eu des révélations comme ça. Ça me poserait des problèmes si Khadim avait arrêté de jouer, mais il travaille, il joue de temps à temps. J’espère qu’il jouera. Et puis, c’est un très bon gardien, vous l’avez vu contre la Côte d’Ivoire, il a fait un très bon match. A Tours, je voulais le mettre en confiance, je me suis dit : je vais tenter pour voir. Khadim a de l’expérience, c’est pourquoi je l’ai choisi. C’est vrai qu’il a trente-six ans, mais il est encore très bien, morphologiquement il est souple. Ce n’est pas par hasard que je l’ai pris.

Ce n’est pas aussi un hasard votre obstination à changer des choses dans la «tanière»…

Tout le monde aime bien la nouveauté. On s’est dit que les joueurs sont habitués à faire ça et ça, il faut changer ! Ce que j’ai ressenti c’est qu’ils étaient très à l’aise, ils étaient bien. J’ai même lu dans un journal que le premier ennemi de Kasperczak, c’est la boîte de nuit au Méridien Président. Je pense que les joueurs, il faut les responsabiliser. Qui avait pensé que El Hadj pourrait devenir capitaine de l’équipe ? Il faut que les joueurs prennent leurs responsabilités par rapport à leur devoir, leur mission, leur travail. Cela ne sert à rien du tout que je me mette tout le temps à crier par-ci, par-là. Mais je serai toujours là pour rappeler aux joueurs qui se mettront en marge de l’équipe qu’ils n’ont rien à faire ici. Même si ça va coûter cher à l’équipe. Il y a des choses qu’il faut accepter au départ.

Cette approche psychologique n’a-t-elle pas prévalu dans la désignation de Diouf comme capitaine des Lions ?

Le garçon, il a déjà du vécu, il a quand même joué dans plusieurs clubs et c’est un talent. C’est un joueur qui a devant lui une grande carrière. Maintenant, il assume davantage ses responsabilités. J’étais à Bolton avec Lamine Ndiaye (son adjoint) pour voir le travail au sein de son club, son comportement et tout. C’est un garçon adorable, il est généreux comme ici. Tout le monde fait des bêtises parce que c’est la jeunesse, maintenant il est plus mûr, plus réfléchi. Il est très aimé à Bolton, il est bien avec les enfants. Lui donner cette responsabilité, cela lui donne une motivation supplémentaire. J’aime bien les gens qui prennent les responsabilités.

Diouf a-t-il été surpris de ce choix ?

Oui ! (Il mime des gestes d’étonnement) Il a été surpris. J’ai eu des échos, les gens n’ont jamais pensé que ce serait Diouf le capitaine. Tout le monde était surpris.

L’avez-vous senti plus impliqué sur et en dehors du terrain?

J’ai eu des échos que, pour ce match, il était plus concentré, plus exemplaire par rapport à son comportement. Parce qu’il avait l’habitude de faire des bêtises, dans la gestuelle quand il s’en prenait aux arbitres. C’est peut-être une bonne chose.

Quelle a été la réaction des joueurs lorsque que vous désigné Diouf capitaine ?

J’ai eu des échos, mais ils ont très bien apprécié. Ils n’ont jamais pensé à lui comme capitaine, même si Diouf est très relationnel. Car il sait parler et les joueurs l’écoutent. Il joue un rôle de meneur.

En confiant le brassard à Diouf, était-ce une manière de fermer la porte à l’indiscipline en responsabilisant l’élément réputé le plus turbulent ?

Non, je ne pense pas. Parce que je suis très sévère quand un joueur dérape. Et quand c’est le cas, je suis obligé de prendre mes responsabilités. Si on laisse faire les choses qui ne correspondent pas au groupe, c’est vrai qu’on doit trancher. Le problème c’est qu’il faut se comprendre et prendre ses responsabilités.

En deux matches, vous avez changé deux fois de capitaine. Le brassard va-t-il s’arrêter à Diouf ?

On va voir. En fait, en football ce qui est vrai aujourd’hui ne l’est pas demain. Vous savez dans notre travail ça change vite. Une fois qu’on arrivera à avoir une meilleure vision du groupe, je serai plus concret dans la discussion. Je ne vais pas tout vous dire car, pour l’instant, je ne connais pas assez les joueurs et je ne suis pas quelqu’un qui dit n’importe quoi. Je teste des choses, je regarde, j’observe. Vous savez quand vous êtes professionnel et qu’en Equipe nationale vous portez le brassard, cela fait du bien. En tout cas, je vais voir car il y a plusieurs joueurs qui méritent le brassard de capitaine. Il faut toujours discuter avec les joueurs, il faut dialoguer, collaborer, sortir, parler et après trancher. Même dans la semaine, les joueurs n’ont cessé de demander le capitaine et je leur disais que le capitaine va arriver, que vous allez voir. Et au fond, ça s’est bien passé. On va voir plus tard peut-être qu’un jour, on arrêtera.

Pour vous, rien n’est figé. Peut donc s’attendre à ce que vous changiez votre système le 4-4-2 ?

(Il sursaute) Ah non, non ! Je ne vais pas gaspiller le potentiel de cette équipe sénégalaise. Il y a une ligne de conduite que je dois respecter. Il y a des choses qu’on a commencées. On est parti dans une bonne direction. Il n’est pas question qu’on change. C’est vrai qu’il faut améliorer ce système et c’est les joueurs qui donneront la réponse. Mais le système 4-4 -2 reste et demeure, maintenant il reste à l’améliorer.

En fait vous vous comportez comme un père pour ces jeunes-la

C’est vrai que c’est comme mes enfants, mais je les prends aussi comme des adultes dans le travail qu’on fait. Je les conseille, je parle, je dialogue, je cherche les meilleures solutions. C’est comme dans une famille. Il faut être près des joueurs, il faut les sentir parce que c’est des humains comme tout le monde. Il faut les responsabiliser en dehors du terrain, car c’est vrai que là on les maîtrise moins. Mais sur le terrain, quand il n’y a pas de relation, il n’y a plus d’équipe. Il faut de la rigueur et de la discipline.

Le Burkina a perdu (1-2) face à la Tanzanie. Cela va donner du piquant à votre prochain déplacement à Ouagadougou…

De toutes les façons, je sais qu’il n’y aucun match facile. Nous sommes l’équipe à battre ! Nous on a gagné et eux ils ont perdu. C’est à nous de profiter de cette situation qui nous est favorable C’est eux qui auront peur, qui auront la pression. Nous on est dans une situation favorable. Un résultat positif au Burkina nous mettra dans une situation confortable. C’est à nous de profiter de cette situation pour faire un bon résultat.

Pensez-vous que ce premier déplacement à l’extérieur sera le premier test majeur pour votre groupe ?

Tous les matches seront difficiles. Je connais l’Afrique un peu et les joueurs connaissent tous l’ambiance des matches à l’extérieur. On n’a rien à leur apprendre, ils savent ce qui les attend là-bas. Nous sommes les favoris, on va partout pour gagner tous les matches

Dans ce type de déplacement, l’environnement et la logistique sont quelque chose d’important…

Ah bien sûr ! Je suis régulièrement en contact avec Cheikh Seck (chargé des Equipes nationales) et le président de la Fédération (Mbaye Ndoye). Parce que nous avons mis en place des structures avec Lamine Ndiaye, Jules Bocandé, Mandiaty Fall, le staff médical et l’intendance. Donc on communique, on gère tous les problèmes qui touchent l’Equipe nationale. Chacun a son rôle et chacun essaye de prendre ses responsabilités. Je gère le groupe, je gère les problèmes. Il faut tout préparer surtout que les voyages en Afrique sont difficiles. Cheikh Seck va aller deux ou trois jours avant pour préparer le terrain. Quand on a des joueurs professionnels qui sont exigeants par rapport à tous ce qu’ils ont vécu, on ne peut pas les mettre n’importe où et n’importe comment. Il faut tout prévoir.

Par rapport à vos relations avec les dirigeants du football sénégalais, est-ce que votre vécu jusque-là dans la «tanière» correspond à ce que vous vous attendiez en signant au Sénégal ?

Moi je suis quelqu’un qui s’adapte assez rapidement. C’est à moi d’aller vers les gens. Moi je suis là pour que ça marche, mais je dois accepter beaucoup de choses par rapport à la vie, par rapport aux traditions et aux habitudes. C’est à moi de vite comprendre de m’adapter par rapport au contexte que j’ai trouvé sur place. Pour l’instant je suis engagé à 100% pour vivre avec cette équipe. C’est quelque chose qui me passionne. Je suis venu ici pour aller au sommet, pour aller au moins en finale de la Coupe d’Afrique 2008. C’est mon objectif.

Vous avez un adjoint, Lamine Ndiaye, que vous n’avez pas choisi. Comment avez-vous accueilli cette décision ?

(Rire) Vous savez il faut que tout le monde se respecte, il faut que tout le monde s’accepte. Il y a des structures qui sont formées actuellement. Les gens qui sont dans ces structures, il faut qu’ils acceptent de travailler ensemble. Pour le moment ca va. Cela peut poser des problèmes peut- être. Mais il faut trouver des moyens pour se comprendre, pour collaborer, pour faire le mieux possible et tout va marcher.

Donc seule l’évocation de votre salaire vous a froissé jusque-là ?

C’est vrai que cela ne m’a pas plu que l’on me pose des questions sur mon salaire. Ce sont des questions qu’on ne doit jamais poser. Je ne vois pas l’intérêt de parler de mon salaire. Ce n’est pas important Je gagne bien ma vie. Si je suis venu ici, c’est parce que je suis un sportif, c’est tout.

Vous auriez pu gagner beaucoup plus avec l’Equipe nationale de la Pologne qui vous avait contacté juste avant votre signature officielle au Sénégal…

Mais non, là n’est pas le problème. Ce n’est pas une question de salaire. Une fois que je prends ma décision de venir travailler au Sénégal, j’ai demandé un salaire, comme ça se fait partout. Je suis salarié , mais je suis venu pour un but sportif. Je suis venu pour faire une équipe, pour faire des résultats, c’est ça qui m’intéresse.

Pour rester avec la Pologne, pourquoi avez-vous décliné l’offre de coacher la sélection de votre pays ?

Moi je suis un homme de parole. Une fois que je décide quelque chose je ne fais plus marche arrière. C’est vrai qu’il y a eu des interventions au plus haut niveau, mais j’avais donné ma parole à la Fédération sénégalaise de football. Et quand je prends une décision, c’est fini.

Allez-vous un jour diriger la Pologne ?

Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Mais aujourd’hui je suis au Sénégal, je travaille pour le football sénégalais. Point final.

A travers vos expériences passées en Afrique, quelle est la différence entre le Sénégal et les autres pays que vous avez eu à diriger ?

La différence, c’est que j’ai eu des Equipes nationales dans une préparation courte. Comme par exemple avant la Can 2002, j’ai eu seulement deux mois de préparation avec le Mali. La Côte d’Ivoire, c’était pareil en 94. Mais ici au Sénégal j’ai signé pour 2 ans. Donc j’ai le temps, j’ai la possibilité de travailler dans la durée. Donc la manière de travailler est différente. Ensuite dans le groupe il n’y a que des joueurs professionnels qui jouent à l’étranger. Moi j’ai intérêt à les suivre, à avoir des relations avec les joueurs, c’est important. Parce qu’il faut voir comment ils sont, s’ils sont en bonne santé, s’ils sont en forme. Il faut tout suivre, les rassembler, les motiver. Il faut qu’ils soient performants, qu’ils soient présents et donnent 100% de leurs moyens. C’est parfois difficile parce que les contacts sont rares. C’est bien aussi que les joueurs sentent que leur coach est derrière eux, qu’il vient les voir dans leur club, cela fait plaisir.

Vous repartez ce soir (hier mardi) en Europe. Quel est votre programme de supervision des Lions ?

Je vais en France voir Auxerre-Monaco (samedi) et Psg-Marseille (dimanche). Après je vais faire un saut en Angleterre pour voir Ibra-hima Sonko (Reading, D1 anglaise), Diomansy Kamara et Henri Camara pour l’encourager un peu suite à sa blessure. En fonction du temps que j’aurai, j’irai voir Amdy Faye. Mais concernant Amdy ce qui me tracasse, c’est qu’il joue stoppeur dans son club. C’est d’ailleurs lui qui a fait une faute sur Diouf sur le penalty qu’il a raté (rire). C’est le même cas aussi avec Diagne Faye. C’est de bons joueurs, mais c’est vrai que c’est un peu gênant.



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