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FACE AUX LECTEURS : DOCTEUR ALIOUNE SARR, PRÉSIDENT DU CNG : " LE SEUL ROI DES ARENES QUI EXISTE, C'EST MANGA 2 "

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FACE AUX LECTEURS : DOCTEUR ALIOUNE SARR, PRÉSIDENT DU CNG : " LE SEUL ROI DES ARENES QUI EXISTE, C'EST MANGA 2 "

Pour le troisième numéro de “Face aux lecteurs”, avec le Docteur Alioune Sarr, les échanges ont été, comme l’on s’y attendait, d’un niveau très élevé. Le président du Cng, faisant valoir ses talents confirmés en communication, a répondu, avec tact, à toutes les questions des lecteurs de votre quotidien. Tout a passé au crible : l’actualité de la lutte, sa gestion du Cng, ses ambitions politiques, ses regrets, ses anecdotes… De quoi dire que le “léwétoo” avec le premier des lutteurs a été riche. Et les “amateurs-lecteurs” se sont régalés.

Ibrahima BA, Pikine Tally Boubess Pikine

“Peut-on avoir une brève esquisse de votre biographie ?”

Mes parents sont issus du Saloum. Mon père est originaire de Djilor Diognick, entre Foundiougne et Passy et ma mère est mandingue du Saloum, de Missirah plus précisément, vers la frontière avec la Gambie. Je suis né et j’ai grandi à Fatick. Après mes études primaires, je me suis retrouvé au Lycée Van Vo de Dakar, devenu Lycée Lamine Guèye. Ensuite, je suis allé à la Faculté de Médecine et j’ai passé toute ma carrière médicale, dans la Fonction publique, à l’hôpital Abass Ndao où je suis arrivé en novembre 1975 et par la grâce de Dieu, j’y ai été médecin-chef pendant 16 ans et directeur pendant 7 ans. Quand j’ai quitté l’hôpital, j’ai été inspecteur des services sanitaires de la Ville de Dakar et en 1999, j’ai pris ma retraite par anticipation et je me suis retrouvé dans le privé. Aujourd’hui, je dirige une clinique à Dakar. Sur le plan sportif, j’ai joué au handball, au lycée. Sur le plan de l’encadrement, j’ai été médecin des Equipes nationales, entre 1975 et 1981, où j’ai eu la chance, avec le football, le volley, le basket-ball, de faire une bonne partie de l’Europe et de l’Afrique.

Moussa DIOUF, Grand-Yoff

“Comment êtes-vous arrivé au poste de Président du Cng de lutte et vous comptez y rester pour combien de temps encore ?”

J’y suis depuis mars 1994. Ousmane Paye, arrivé à la tête du ministère des Sports et connaissant ma passion pour la lutte, m’a demandé de réfléchir pour me confier cette discipline. Ma réponse était simple car, quand un ami s’engage, si vous doutez pour l’accompagner, c’est que l’amitié n’est pas sincère. Je lui ai donné mon accord à la condition de choisir mes collaborateurs. Quand je suis venu dans son bureau, après mes propositions, il a tiré son tiroir, et, ironie du sort, à deux personnes près, lui et moi avions ciblé les mêmes personnes. J’avais ajouté que je restais pour deux ans et le sort a voulu que j’y suis encore, 16 ans après. Pour vous dire qu’on ne maîtrise pas souvent son destin. Combien de temps resterai-je ? Si cela ne dépendait que de moi, très sincèrement, je serai parti depuis longtemps. Je ne suis plus jeune et il ne faut pas croire qu’on est irremplaçable. Il faut savoir partir et j’ai envie de partir. Mais, si tu décides de partir alors que tout le monde te demande de rester, tu as presque l’obligation de les écouter. Pour combien de temps encore ? Je ne sais pas. il faut qu’on me limoge, comme ça, j’aurai le temps de m’occuper d’autre chose, le temps qu’il me reste à vivre. (Rires)

Ablaye SARR, Ucad

“Avez-vous des ambitions politiques ?”

Je n’en ai pas, je n’en aurai jamais. Peut-être que je le regrette aujourd’hui. J’ai toujours refusé de faire de la politique. Là d’où je viens, on a tout fait, mais je ne suis pas en phase avec l’esprit politique sénégalais. Si c’était à recommencer, peut-être que je ferais de la politique, pour ne pas laisser les gens décider à notre place, et souvent pas comme on l’aurait souhaité. Mais c’est trop tard pour entrer dans l’arène politique. Mon homonyme, qui était un enseignant, disait qu’il y a un temps pour tout. Je ne suis plus en âge de démarrer la politique. Mais si vous, les jeunes, ne voulez pas qu’on décide à votre place, faites de la politique, mais faites-la sainement, changez les choses. Il faut faire de la politique, lui redonner son sens étymologique : la gestion de la cité. Vu sous cet angle, j’encourage vivement les jeunes à faire de la politique, mais sainement, sans jamais planter un couteau dans le dos de quelqu’un.

Abou NDOUR, Fass Mbao

“Dans deux ans au plus, "Il Fenomeno", Yékini, arrêtera la lutte. Puisque le Cng ne peut lui décerner le titre de "roi des arènes", en tant qu'instance dirigeante, que faire pour honorer son parcours exceptionnel et pourquoi le Cng n’était pas présent lors de l’intronisation, à la Rts, de Yékini par Gaston Mbengue ?”

Il a fallu un tournoi pour faire de Manga 2 le roi. Le monde bouge. Les conditionsne sont plus les mêmes. Comment voulez-vous en arriver à des conclusions identiques ? Vous-mêmes, vous dites : «Ce n’est pas possible, il faut beaucoup d’argent.» On reconnaît la valeur de Yékini pour avoir participé à son éclosion. C’est en 1996 qu’on a découvert Yékini lors du drapeau du chef de l’Etat. En lui remettant sa récompense, je lui ai dit qu’il était mal encadré, qu’il devait venir à Dakar, dans une structure et croire en ses capacités. Le résultat est là. On l’a mis en Equipe nationale. Il a été meilleur lutteur africain, a été à l’origine d’un tremblement de terre sportif au Niger. La même chose a failli arriver en Afrique du Sud où, en lutte olympique, il est rentré vice-champion d’Afrique. En moins d’un mois de préparation, il a battu le champion Sud-africain. Mais, encore une fois, un titre, c’est une institution qui le donne. Nous ne pouvons pas, aujourd’hui, rassembler les conditions pour donner un titre. Vendredi, Gaston et Orange ont intronisé un roi. L’année prochaine, si par extraordinaire Tigo ou le Groupe Futurs Médias et un promoteur organisent le combat de Yékini, suivi d’une intronisation, quel sera le véritable roi ? On reconnaît la valeur sportive de Yékini, mais est-ce à dire qu’il doit y avoir un titre officiel ? Pour le moment, le Cng n’est pas convaincu. Il faut être en phase avec ses convictions, c’est pourquoi le Cng n’était pas présent à l’intronisation, car elle entérinerait la procédure entre un sponsor et un promoteur qui ne nous engage pas.

El Hadji Abou SY, Étudiant en pharmacie, Castors Cité GIA

Pourquoi le Cng ne veut pas qu'on parle de roi des arènes, alors que c'est un plus pour donner plus d'enjeux à notre sport national, comme dans les autres sport (ballon d’or en football), (roi et reine en basket), etc. ?

Il y a des critères à déterminer auxquels, il faudrait que tout le monde adhère. Les lutteurs n’y adhèrent pas, c’est pourquoi on ne veut pas qu’on parle de roi. Le seul roi qui existe c’est Manga II. Quand vous parlez d’un championnat de football, tous les clubs se rencontrent. Avec le Ballon d’or, la Fifa a permis à un groupe d’organiser. C’est pourquoi, on a tapé sur la table lorsqu’on nous a parlé du «Nguimb d’Or». Ce n’est pas normal que des gens viennent se sucrer sur le dos d’un sport. Quel est l’intérêt de la lutte par rapport à cela ? Il faut que les lutteurs soient les principaux bénéficiaires des actions qui se passent dans le milieu de la lutte. Le roi et la reine du basket, c’est sur la base d’un championnat. Le jour où nous en aurons un, nous parlerons du roi, du prince ou de l’empereur.

Mame Yandé Codou NDIAYE, Golf Nord

La lutte sénégalaise a atteint un sommet qui lui impose un stade propre à elle. D’aucuns n’y croient même plus. Alors Mr le Président, à quand la mise en place de cette arène nationale ?

Au Sénégal, les infrastructures c’est une affaire de l’Etat. Depuis longtemps, il y a des promesses. En 1999, le site et l’argent étaient, mais l’alternance a tout emporté, venant avec ses projets. Les sites ont évolué et aujourd’hui nous sommes derrière le Technopôle. Le Premier ministre a parlé de pose de première pierre. Lors d’une réunion de coordination, j’ai dit que le monde de la lutte ne veut pas d’une pose de première pierre, mais du démarrage des travaux. Poser la première pierre et attendre deux ans pour construire ne nous intéresse pas. Nous espérons que les travaux vont démarrer bientôt.

Souleymane Bâ DIALLO, (Diplômé d'Etat de karaté - Champion d'Afrique), Route du Front de Terre

Pourquoi le Cng n’organiserait-il pas un tournoi national par écurie (en équipe) ?

Il nous est arrivé d’organiser des tournois. On a démarré par le tournoi du Souvenir. On a deux tournois, mais on voudrait le faire aussi dans les régions pour avoir six, voire sept tournois du Souvenir pour permettre aux jeunes de lutter. À Grand-Yoff, malheureusement beaucoup de lutteurs ne venaient pas. Certains disent que Grand-Yoff est miné par les Sérères. Il faut que cet esprit sorte de la tête des encadreurs. Notre combat, actuellement, est de faire en sorte que les responsables aient un esprit positif dans le sens de transcender certains détails qui bloquent encore la lutte. Il faut des tournois, car le Sénégal est en train de perdre sa suprématie en Afrique, et nous ne luttons plus de la même façon que les autres Africains. C’est au regroupement qu’on essaie d’enlever les tares des lutteurs, accumulées depuis des années. On se demande si on ne devrait pas adapter le règlement sénégalais à celui africain pour, techniquement, faire partie des meilleurs.

Amadou MBOUP, Mouniang 2, Jeune Promoteur – Guédiawaye, Quartier Cheikh Wade

Quelles stratégies préconisez-vous pour que tous les lutteurs assimilent toutes les régles qui régissent la lutte sénégalaise ?

Depuis des années, on donne le règlement à toutes les écoles de lutte, mais qu’est-ce qu’elles en font ? Si aujourd’hui, un lutteur est sanctionné, c’est qu’il ignore le règlement, ou qu’il n’a pas été bien éduqué. Tyson, en dehors du jour où il a explosé (lors de son 2e combat contre Bombardier), n’a jamais été sanctionné. Yékini n’a jamais été sanctionné. L’entraînement, ce n’est pas seulement courir, faire un contact physique et partir. C’est un milieu d’échanges. Il y a des qualités qu’on doit imposer aux jeunes sportifs. Si les encadreurs  prenaient chaque jour, cinq minutes pour lire deux règles, les commenter et discuter, en un mois, les lutteurs allaient maîtriser le règlement. Souvent le Cng n’est pas en phase avec des gens du milieu de la lutte car nous n’avons pas les mêmes intérêts. Il y en a qui viennent se faire de l’argent, peu importent les règles. Il y a des promoteurs qui organisent sans licence. Il y a de jeunes promoteurs qui font lutter des gens qui n’ont pas de licence. Dernièrement, il y en a un qui a été interpellé et le lendemain, une autorité m’a dit : «celui qui vient de passer est mon protégé.» Et après ? Moi, mon protégé, c’est celui qui respecte les règles. Je ne suis pas sensible aux pressions.

Elhadji A. Mactar PENE, Bibliothécaire à l’UCAD

Ces temps-ci on voit dans la lutte des chutes qui laissent les amateurs de lutte sur leur faim à cause de la règle des "quatre appuis". N’est-il pas temps de l'améliorer, car dans tout texte, il y a l'esprit et la lettre et nous constatons que sur certaines circonstances le combat pouvait bien continuer.

À un moment, le Cng a supprimé la règle des “4 appuis” et a reçu la foudre du milieu de la lutte. Il y a eu une campagne médiatique des anciennes gloires, des amateurs, des journalistes sportifs pour demander le retour de cette règle, avec comme argument, le combat Coly Faye - Ousmane Diop. Statistiquement, ce n’était pas significatif, mais on ne nous a pas écouté. Quand on est dans un milieu où tout le monde veut aller à droite, aller à gauche pose problème. C’est trop facile aussi que les gens parlent parce que leur lutteur est tombé. La violence humaine est telle que les gens accepteraient le K.O et pas la règle des 4 appuis. Faut-il l’améliorer et comment ? Certains parlent d’un temps à décompter. Mais, imaginez un lutteur de plus de 100 kg qu’il faut garder pendant 30 secondes dans cette position ! C’est  frustrant, mais c’est la loi, elle ne répond pas toujours aux préoccupations et aux désirs. Sur les combats  de l’année, il y a eu combien de règles des 4 appuis ? S’il y avait 60% des 100 combats faussés par la règle des 4 appuis, ça aurait mérité réflexion. Mais sur deux combats, quelque en soit l’enjeu, il ne faudrait pas qu’on soit plus émotif.

Aliou SOW, Infirmier militaire - Dial Diop

Face à la montée en puissance d’une nouvelle génération de jeunes lutteurs, ne faut-il pas revoir l’âge de la retraite pour éviter préserver les lutteurs plus âgés ?

Plus on prend de l’âge plus, plus la force physique diminue. Avant il n’y avait pas de retraite. Le lutteur arrêtait quand il n’en pouvait plus. Il n’y avait pas d’entraînement, il n’avait pas besoin d’aller dans une salle de musculation ou d’apprendre des techniques de frappe, s’initier au judo. À notre époque, la retraite était fixée à 50 ans. Après on est passé à 45 ans. Même à 33 ans, on est assez âgé pour le haut niveau. Yékini dit qu’il est pressé de raccrocher parce que c’est difficile à cet âge. Mais partout où il y a un intérêt économique, il y a beaucoup de problèmes qui se posent. Dans 10 ans, peut-être que l’âge de la retraite sera fixé à 35 ans. Mais on n’en est pas encore là.

Mame Alioune SARR, Hlm Hann Maristes

Lors du tournoi de la Cedeao, il y a eu des polémiques sur le choix des lutteurs (sérères, notamment). Pour éviter que ces choses ne se reproduisent, ne pensez-vous qu'on devrait instituer un championnat de lutte simple par catégorie ou chaque écurie ou école de lutte va présenter ses meilleurs éléments, en guise de présélection et choisir les vainqueurs de chaque catégorie pour représenter le Sénégal dans les compétitions internationales ?

Le problème, déjà, c’est que 90% des lutteurs sont des Sérères, même s’ils sont à Fass, Pikine ou ailleurs. Ça se comprend, la lutte, dans le milieu sérère, est naturelle. Les Hal Pulaar étaient de très bons lutteurs, mais on ne les trouve plus, peut-être que mes cousins ont fui à cause du passage à la lutte avec frappe. Au Sud, la même chose. Presque tous les grands champions venaient de la  Casamance. Mais on n’en trouve plus, en partie à cause du maquis. On ne fait qu’avec ce qu’on a. Ce n’est pas juste de laisser en rade ceux qui font de la lutte traditionnelle au profit de ceux qui font exclusivement la lutte avec frappe. Nous sommes arrivés à la conclusion de privilégier ceux qui font la lutte sans frappe et de faire en sorte qu’ils n’aient rien à envier aux autres. Le drapeau du chef de l’Etat est passé de 500 000 à 4 millions et, on souhaiterait en arriver à 15-20 millions très rapidement. On ne peut sélectionner que parmi ceux qui font la lutte simple. On ne peut pas remettre en cause le profil de l’entraîneur national, Ambroise Sarr, certainement l’un des plus huppés tant en lutte traditionnelle qu’en lutte olympique. Il a fait ses preuves. Les autres lutteurs dont on parle ne participent pas aux tournois de lutte traditionnelle.

Mamadou Diaraf DIOUF, Parcelles Assainies U 19

À propos du Cng, quelle est la durée du mandat de ses membres, combien de fois sont-ils rééligibles et qu’est-ce qui s’oppose à la mise en place d’une fédération ?

Le mandat dure une saison sportive. C’est l’autorité qui décide. Si le ministère décide qu’il y aura une fédération pour la saison prochaine, il y en aura. Nous sommes prêts à donner dès ce soir tous les rapports, mais comme j’ai dit, je ne suis pas partant comme acteur dans une fédération. je me sens assez fatigué, on veut la retraite des lutteurs, il faut aussi que les dirigeants aillent à la retraite pour permettre aux jeunes de venir prouver. Vous savez, la routine tue les envies.



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