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FACE AUX LECTEURS : Ferdinand, un Coly lourd de vérités

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FACE AUX LECTEURS : Ferdinand, un Coly lourd de vérités
Sans ses légendaires rastas, on aurait pu penser que Ferdy n’était plus Coly. Qu’avec l’âge, il avait été tenté de changer la tonalité de son discours. Que nenni ! Certes, les «locks» qui ont fait le tour du monde ont été coupés à ras, mais le Lion a toujours la même allure et son verbe est resté fidèle. A ses convictions et à son éducation. Son franc-parler n’a pas subi une seule ride. Pour ce rendez-vous avec nos lecteurs, le nouveau coordonnateur de l’Equipe nationale n’a jamais hésité à aller au fond de sa pensée, à porter le doigt là où ça fait mal, tout en se gardant subtilement de ne jamais placer un mot plus haut que l’autre. Le retour de Diouf en Equipe nationale, la question des salaires impayés, la crise casamançaise, sa vie en dehors du foot, la gestion de sa fin de carrière…

Mohamed NDIAYE, Liberté 6 DAKAR : Pourquoi avez-vous décidé de mettre un terme à votre carrière, alors que vous avez encore de beaux restes ?

J’ai arrêté ma carrière officiellement, il y a environ huit ou neuf mois. Mais j’ai terminé en Italie, à Parme, en août 2008. Lors de la dernière saison, malgré une équipe qui était bonne, on est descendu en deuxième division. Je voulais rester, même en Série B, mais il y a eu une altercation assez violente avec les supporteurs. C’est une des raisons pour lesquelles je n’ai pas voulu prolonger à Parme. Pour moi, c’était une grosse déception car, personnellement, je sortais d’une grosse saison, peut-être ma meilleure saison en Italie. Avoir tout donné comme ça et voir la réaction des Ultras par rapport à certains jeunes et à l’équipe… J’ai estimé que ce n’était pas juste. J’ai préféré arrêter, même si mes dirigeants m’ont soutenu. Cela a été un moment difficile. A partir de là, j’ai décidé de tourner le dos à l’Italie et de ne pas accepter la prolongation de mon contrat. Après, j’ai eu des propositions en France, notamment à Paris, à Monaco, malheureusement, cela ne s’est pas fait, car en France, il y avait toujours l’âge… Je savais très bien que je pouvais jouer largement, mais après je n’avais pas envie non plus de me relancer, de toujours remettre en cause certaines choses après avoir atteint un certain niveau. Ensuite, après avoir vécu de grandes choses et repartir dans des championnats de niveaux très bas, cela ne m’intéressait pas trop. Mais bon, arrêter maintenant, ça reste quand même une frustration. Ça fait mal de s’arrêter quand on a encore les moyens de jouer. Il faut prendre sur soi, prendre du recul et c’est difficile. Après, j’ai continué à m’entraîner à Parme, d’ailleurs, où j’ai gardé de très bons contacts avec les dirigeants. Ils m’ont même invité à venir faire un tour là-bas et je vais les inviter au Sénégal parce qu’ils veulent faire un stage ici. Pour vous dire le rapport qu’on a gardé. C’était très fort. En gros, j’ai arrêté dans ces circonstances, qui ne sont pas évidentes. Mais j’ai accepté mon sort et je passe à autre chose.

Cela a été très difficile de dire stop. Même pour m’engager avec l’Equipe nationale. J’étais en balance, en me disant que j’avais encore le potentiel pour rester un peu. Donc, comme vous, je suis resté sur ma faim. Mais je me suis engagé sur une voie. A l’entraînement, souvent je dis à Amara (Traoré, sélectionneur national) et au staff : «Je vous laisse sur le banc, je vais sur le terrain rejoindre les joueurs.»

ANTA FAYE DIOP : Parlez-nous de votre enfance.

Je suis né à Dakar et je suis parti en France à l’âge de six ans, après le décès de mon père. On est parti à Bordeaux, mes trois frères et moi. On a grandi à Bordeaux. Après, nous avons été dans une famille d’accueil, adoptés par un couple de français. Nous avons eu la chance d’être tombés sur eux. Je les remercie chaque jour, car ce sont mes parents adoptifs et je leur dois beaucoup. Pour moi, l’éducation qu’ils nous ont donnée, c’est très important. C’est pourquoi, je suis conscient que la couleur de la peau n’a pas d’importance dans les relations humaines. La preuve, ils nous ont éduqués comme si nous étions leurs propres enfants. J’ai grandi avec cette éducation française. Mais après, quoi qu’on puisse faire, on revient toujours aux sources. Aujourd’hui, je suis ici et je suis content d’être au Sénégal et cela ne m’empêche pas d’aller et de revenir. C’est un bon mélange.

Vous êtes réputé réservé, voire timide. Pourquoi ce caractère ?

Pour la timidité… Il y a le wolof… Je comprends le wolof, mais je ne peux pas le parler. Les gens ne me connaissent pas forcément, ils ne savent pas comment je suis. Je suis discret, réservé, mais pas timide. Mais quand je ne connais pas une personne, je me mets à ma place, je ne dérange pas. Pour moi, ce n’est pas de la timidité, mais du respect, de l’éducation…

Dans quel autre secteur d’activités évoluez-vous en dehors du football ?

Vous savez, quand vous avez joué 15 ans au haut niveau, vous êtes enfermés dans une bulle. La plupart des footballeurs ne savent que taper dans le ballon, pas autre chose. Il faut se former, entrer dans la vie active après sa carrière… Ce que les gens ne savent pas, c’est qu’il y a beaucoup de joueurs qui tombent en dépression pour n’avoir pas su aborder l’après-carrière. Il y a une rupture, il n’y a plus d’entraînement, plus de stress… Se retrouver comme ça dans son salon, à ne rien faire ! Franck Lebœuf, Stéphane Guivarch (anciens internationaux français) sont tombés en dépression, il y en a eu d’autres. On n’en parle pas souvent, mais ça existe. J’ai toujours été actif, même avant d’être football. J’ai travaillé avant d’être footballeur professionnel. A 18 ans, j’étais déjà fonctionnaire, à la Mairie de Poitiers. J’étais bien. Tout content d’avoir un boulot et de jouer au foot à côté. Cela m’a aidé à mieux aborder la suite. Là, je gère quelques activités en France, en partenariat avec mon père adoptif. Je suis aussi sur le point de mettre en place, avec mon ami Cheikh Kane, une ligne de vêtements de sport avec mon sponsor qui m’a désigné pour gérer les 16 pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est beaucoup de travail. On commence doucement, après on fera une campagne de présentation à Dakar. Pour moi, c’est important de revenir travailler au Sénégal, je suis content d’être ici. Même si je n’ai pas grandi ici et que je ne parle pas wolof, je me sens bien ici. Enfin, je m’engage aussi dans l’humanitaire. J’ai mon association «Ferdinand Coly Solidarité Développement» que j’ai mise sur pied, il y a un peu plus d’un an. On essaie de donner un coup de main à ceux qui en ont besoin, de faire des campagnes, de donner un coup de main à gauche et à droite. C’est important.

La reconversion est-elle difficile, finalement ?

Sincèrement, je pensais qu’après le foot, j’aurais été plus tranquille. Je me rends compte que je suis encore à cent à l’heure. D’un autre côté, c’est bon signe, même si c’est difficile.

ABABACAR DIENG : Ne pensez-vous pas, à l’instar d’Amara Traoré qui a prouvé ses talents de manager à la tête de la Linguère, qu’il aurait été plus judicieux de prendre ce chemin avant d’intégrer le staff de l’Equipe nationale ?

Ça a été un moment de réflexion très important. J’étais à cheval entre continuer de jouer et passer à autre chose. Compte tenu des sollicitations que j’avais, je n’ai pas hésité. Car, quand vous voyez l’état de la Sélection nationale à ce moment, cela faisait mal. Après 2008, on était dans l’urgence et il fallait faire le vide. Après avoir été sollicité par le président de la fédération, Me Augustin Senghor, les entraîneurs Amara Traoré et Abdoulaye Sarr, je n’ai pas hésité à m’engager aux côtés de ces personnes pour les soutenir, car je connais leur valeur. C’est pourquoi je les ai toujours soutenus. Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais en 2006, en Egypte, j’avais dit haut et fort que ce staff (Laye Sarr et Amara Traoré, demi-finalistes de la Can, éliminé par l’Egypte, pays organisateur) méritait de continuer et qu’il fallait donner la chance aux entraîneurs locaux. Nous avons été volés par l’Egypte et on aurait pu les laisser travailler. Aujourd’hui, quatre ans après, on fait encore appel à eux pour recommencer ce qu’ils avaient entamé. Pour moi, c’est quatre ans de perdu. Je sais déjà que je ne suis pas entraîneur et je ne veux pas l’être. C’est mon choix. J’en ai peut-être les aptitudes, je pourrais le faire, mais sincèrement, je n’en ai pas la volonté. Après avoir joué 15 ans au haut niveau, je ne pense pas avoir autant de temps à consacrer à cela. Être entraîneur, c’est un métier, ce qu’on ne sait pas au Sénégal, parce qu’ici, tout le monde est entraîneur. Cela demande beaucoup d’engagement. Ensuite, il faut se former et je n’ai pas de formation concrète en matière de management de sport, même si je compte m’inscrire à des cours de gestion et de management du sport à la faculté de Lyon. C’est bien pour moi, là je pense avoir trouvé le bon équilibre.

LENA GUEYE, Sicap Liberté 1 : En tant que membre de l'encadrement technique national, comment vivez-vous les dix (10) mois de retard de paiement de vos salaires ? Seriez-vous frustré, déçu ou surpris de ce manque de considération de nos dirigeants vis-à-vis des entraîneurs locaux ?

Sincèrement, je n’arrive pas à comprendre. La question que je me pose, c’est pourquoi cette situation, pourquoi nous signons un contrat validé et nous n’avons pas de retour ? Je n’arrive pas à comprendre. Nous faisons le travail qu’on nous demande, mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a rien. Cette situation me désole. Je suis déçu et c’est un manque de considération. On ne respecte pas les engagements, on ne respecte pas les entraîneurs sénégalais. C’est ça qui fait mal. Ç’aurait été quelqu’un d’autre, sans parler de racisme, on aurait décaissé et même payé avant. Ces entraîneurs locaux sont engagés. Nous avons un staff de qualité exceptionnelle. Je ne m’inquiète pas pour eux, je sais que si ce n’est pas le Sénégal, ce sera ailleurs. Ces entraîneurs, des pères de famille, ont des besoins. Si ce staff part, le football sénégalais est mort. Qui va accepter cette situation ? Le pire, c’est que partout en Afrique, tout le monde nous voit haut, mais quand vous voyez qu’il n’y a rien, c’est une grosse frustration.

N’y a-t-il pas un manque de caractère de la part de ces entraîneurs qui ont accepté de rester 10 mois sans salaires ?

Un entraîneur qui n’habite pas ici, il prend ses bagages et s’en va, mais nous, nous habitons ici. Nous ne pouvons pas quitter comme ça. Personnellement, si je me décarcasse, c’est pour les joueurs.

AMADOU BADJI, Parcelles Assainies Unité 19 : Au bout de quel délai Coly peut-il rendre sa démission, s’il ne perçoit pas de salaire ?

Il n’y a pas de délai. Nous pouvions partir depuis longtemps. Chacun peut partir. Si le contrat signé n’est pas respecté ou vous en avez marre, vous avez le droit de démissionner. C’est parce que les gens sont vraiment engagés qu’ils sont restés 10 mois sans salaires. Nous sommes pris entre deux feux. Nous sommes engagés dans une compétition, nous avons un gros potentiel de joueurs. Personne ne veut briser cette bonne lancée. Mais il y a une limite à tout. Il ne fallait pas en arriver à certaines choses comme boycotter un match pour faire réagir les gens. Personnellement, si je démissionne, les gens vont dire : c’est un rebelle. J’ai failli ne pas aller à Lubumbashi quand on m’a envoyé un «sms» pour me dire qu’à telle heure, on se rencontre à l’aéroport. J’ai dit non. Il faut une programmation. Après les gens ont appelé et j’ai accepté d’y aller. Nous sommes partis dans des conditions très difficiles. Quelque part, nous sommes blindés. Nous sommes venus quand il n’y a rien. J’ai vu l’évolution du football sénégalais. Après 2008, le foot était à terre. Aujourd’hui, au Sénégal, le sport numéro 1, ce n’est pas le foot, mais la lutte. ça m’a choqué quand j’ai vu des gens zappés un match de foot pour un combat de lutte. Cela veut dire que le foot est passé au deuxième plan. On peut dire ce qu’on veut, mais le foot reste le sport numéro 1 mondial. Partout où vous allez, c’est le foot, et au Sénégal on veut que ce soit la lutte. Ce n’est pas possible. J’aime la lutte, mais le foot, c’est la référence.

BOUBA GUEYE : Quelle est votre appréciation de la tension latente entre la fédération et le ministère de tutelle qui rejaillit tout le temps quand il s’agit des questions relatives à la Tanière ?

Ça a toujours été comme ça. Cette tension nous a fait beaucoup de mal. Il faut que ça cesse, parce que les victimes c’est les joueurs. Avec le recul, quand je vois comment c’est organisé, je dis non. Les joueurs quittent leurs clubs pour venir se sacrifier. Ce n’est pas sérieux. La seule solution, c’est que la fédération soit autonome. Qu’on l’alloue un budget, avec des contrôles.

MANSOUR MBOUP, Parcelles Assainies U 19 : Votre rigueur sur le flanc droit, la rage de Aliou CISSE, la vision de jeu de Diomansy, comment inculquer ces valeurs aux jeunes ?

Chaque joueur a son tempérament. Ce que nous pouvons leur rapporter, c’est l’expérience de la Tanière, les guider sur certains choix et attitudes. Nous sommes là pour les cadrer, les conseillers, mais c’est à eux de se prendre en charge, de faire le maximum. Nous les servons de boucliers et s’ils font appel, nous serons là pour les épauler, les aider.

Envisagez-vous d'être sélectionneur national ?

Je n’envisage pas d’être un sélectionneur national. Par contre, encadrer et accompagner les jeunes comme je le fais, c’est une autre motivation. Arrêter aussi vite et se retrouver aussitôt dans un rôle de dirigeant accompagnateur, je n’ai pas encore digéré complètement, mais c’est d’autres satisfactions comme  la victoire à Lubumbashi en Rdc. C’est le couronnement de tout un travail et tous les sacrifices que nous avons faits. Je n’étais pas sur le terrain, mais c’est une satisfaction.

OUSMANE GUEYE (technicien machine de bureau) : Pense-vous que El Hadji Diouf a encore sa place en l’Equipe nationale ? Est-ce qu’il peut toujours apporter quelque chose à notre équipe.

Ce sera un long débat (rire). On commence par l’aspect sportif. J’ai joué avec El Hadji Diouf à Lens et en Equipe nationale. Je le connais très bien. Vu son début de saison en championnat d’Angleterre, El Hadji Diouf, sportivement, a sa place en Equipe nationale. Son expérience peut servir à mobiliser les défenseurs adverses. Il sait jouer avec son expérience. Après, il y a El Hadji Diouf en dehors de terrain. Mais, il n’a jamais triché avec l’Equipe nationale. Je sais qu’il donnerait n’importe quoi pour refouler la pelouse du stade Léopold Sédar Senghor. Le dilemme d’Amara Traoré  de trancher. Même au niveau de la fédération. El Hadji par rapport à ce qu’il a fait pour l’Equipe nationale mérite une autre sortie. Pas comme celle de Thierry Henry en Equipe de France. Il y a un respect en tant que sportif. Après, c’est le choix du coach. S’il décide un jour de revenir sur sa décision de quitter l’Equipe nationale en faisant une lettre, il pourra être sélectionnable. Après, c’est au président de la fédération d’examiner son cas, puis donner l’aval au sélectionneur de faire ce qu’il a envie de faire.

Avez-vous des contacts avec lui ?

Je l’ai souvent au téléphone, ça fait même pas une dizaine de jours. Mais pas pour parler de l’Equipe nationale. 2002 à nos jours, ça fait déjà 8 ans. Il y a des joueurs qui ont arrêté, ils sont oubliés. Nous avons décidé de créer le «Club 2002». Nous sommes invités partout en Afrique et les gens ont envie de nous voir, même si nous n’avons plus ce coup de rein (rire). Ça fait plaisir et c’est une bonne chose pour des participations à but humanitaire. C’est une très bonne initiative de la part de El Hadji Diouf. Nous sommes en train de monter les statuts pour créer l’association 2002. La génération de 2002 doit s’engager pour transmettre le vécu. Petit à petit, certains joueurs vont intégrer les différentes instances du football sénégalais  et ce sera une très bonne chose pour le Sénégal. Aliou Cissé, par exemple, a envie d’être entraîneur. Il est adjoint à Louhans-Cuiseaux. Salif Diao est ambassadeur à Stock City, même s’il joue moins. Il prépare sa reconversion. C’est aussi le cas d’Omar Daf. Tout en jouant, il prépare ses diplômes.

AMADOU TIDIANE SECK, Hlm Gueule Tapée : Pensez-vous que cette équipe est à la hauteur de celle de 2002 ?

C’est vrai que 2002 est dans les mémoires des Sénégalais. Ce qu’on avait vécu était vraiment exceptionnel. On ne sait pas si on va le revivre. Mais sincèrement, je souhaite qu’on le revive. Je l’ai vécu dans le terrain, j’aimerais bien le revivre en tant qu’encadreur et supporteurs aussi. J’observe que la génération actuelle ressemble un peu à celle de 2002. Il y a une poussée de jeunes joueurs un peu partout dans le monde. J’ai bon espoir, car nous sommes en train de faire des missions de prospections. Mais il faut des moyens pour ces missions de prospections. Il faut aller récupérer les jeunes qui poussent partout et qui jouent bien. Il faut aller discuter avec eux et tout cela demande des moyens. On a une équipe avec des joueurs, bien mentalement, qui ont envi de gagner. Ils ont aussi l’envie de bien faire et de faire oublier 2002. Tout le monde leur parle de 2002. Parfois, ils sont un peu frustrés. C’est un groupe qui a envie de faire quelques choses. Il y a une compétition saine dans le groupe.  Mais je vais juger l’équipe quand elle va commencer à perdre, quand il y aura des moments difficiles. Nous allons voir comment ils vont se comporter. Est-ce qu’ils seront unis ? C’est là que se crée une équipe. On apprend à gagner dans les difficultés. C’est comme ça qu’on forge un groupe.

Mais dans cette équipe, certains ne sont pas incontournables dans leurs clubs, ils ne sont pas des titulaires indiscutables comme ce fut le cas en 2002. N’est-ce pas une différence ?

Oui, il y a aussi ce phénomène. Mais l’essentiel est qu’ils aient l’engagement en venant ici. En Afrique, les défenseurs sont hargneux, le jeu est physique, un joueur qui n’est pas engagé, ce n’est pas la peine qu’il vienne. Ils ne sont pas incontournables avec leurs clubs, mais quand ils viennent ici, ils ne font pas partie d’un club, mais d’une Equipe nationale. C’est différent. Nous essayons de fidéliser un groupe. Une Equipe nationale ce n’est pas un club, nous ne pouvons pas changer tout le temps. Il faut une âme, une base. À partir de cette base, l’équipe va être améliorée. Nous allons ajuster jusqu’à arriver à un certain niveau. Mais c’est une base au départ.

IBRAHIMA WADE,  Hlm Grand-Yoff : Compte tenu de vos origines casamançaises, de votre passage en France depuis votre enfance et de votre passage en Equipe nationale en tant que joueur, aujourd'hui dans l'encadrement ; est-ce que vous croyez à ce phénomène des sciences occultes ou "khon"  ?

(Il marque une pause avant de répondre, Ndlr) C’est une question taboue ! (Lecteurs comme invité éclatent de rire) Non, mais comme nous sommes en famille…Quand je suis arrivé en Equipe nationale, on m’a dit : «Il faut que tu ailles te laver» (bain mystique). Je dis : non, je me suis lavé ce matin (c’est encore un rire fou dans la salle). Je ne suis pas habitué à ça. Le seul truc que je connais, c’est le travail. Si tu as bien travaillé la semaine, le week-end tu as plus de chances d’être performant. Mais, il y a la réalité du pays ; tu arrives, on te demande de te laver pour que l’autre ne t’attache pas…Ok, je respecte, mais sincèrement, il ne faut pas que les «khons» influent sur ton mental. Quand tu gagnes, c’est grâce aux «khons», mais quand tu perds c’est Dieu qui l’a voulu. Ou est le juste milieu ? En Equipe nationale, cela a toujours été une question taboue. C’est une des réalités africaines, il faut les respecter. Si quelqu’un a besoin de ça pour être performant ou se protéger, pour moi, il n’y a pas de problèmes.

Vous n’avez jamais été marabouté ?

Si ! J’ai été marabouté ! On m’a coupé les cheveux. Non, il ne faut pas rigoler avec ça. Je trouve que si quelqu’un a besoin de se rassurer qu’il le fasse discrètement, parce qu’on est en groupe.

ANTA FAYE : Justement, pourquoi vous avez coupé vos rastas ?

C’est la renaissance ! (il éclate de rire) Non, comme j’ai fêté mes 37, je voulais faire un pari avec les joueurs, mais je ne l’ai pas fait finalement. Si l’on gagne à Lubumbashi, qu’ils me tondent. (le sourire illuminent encore une fois les visages) Après, j’ai réfléchi par deux fois et j’ai dit non. J’ai coupé et ça m’a fait du bien.

Le pari, ce sera pour le match contre le Cameroun, certainement ?

Ah non, ils vont se faire un malin plaisir de me raser. Non, non ! Ce match-là, il faut une grosse mobilisation. C’est aux joueurs de faire le nécessaire sur le terrain. Tout le monde va regarder ce match. D’ailleurs, le président Augustin Senghor, le vice-président Louis Lamotte et moi-même revenons de mission d’Allemagne, chez Puma. Le Directeur général sera à Dakar pour suivre ce match. C’est le combat des Lions. C’est toute l’Afrique qui va être mobilisée. J’attends ce match avec impatience. C’est le gros combat. J’espère qu’il y aura une mobilisation spéciale de la part des médias et de tout le monde pour soutenir l’équipe.

Et que dire de l’adversaire direct, l’Île Maurice ?

À Lubumbashi, on a suivi leur match contre le Cameroun en direct, ils m’ont agréablement surpris. Ils ont des attaquants vifs qui éliminent assez facilement. Sur la durée, ils ont faibli, mais il ne faut pas prendre cette équipe à la légère. Ce serait une grosse déception si l’on n’arrive pas à gagner à domicile. Le match n’était pas si facile pour le Cameroun, donc à prendre avec considération et ne pas sous-estimer.

EL  HADJI  SAMB : Si le  président  de  la  République vous  désignait médiateur  dans  le  conflit  casamançais,  par où commenceriez-vous ?

C’est un problème épineux. Qui fait mal à tout le monde. On a du mal à accepter qu’une région aussi belle soit minée par des problèmes comme ça. On espère tous qu’un jour, ces problèmes cessent pour que la Casamance redevienne aussi verte qu’on l’a connue. Comme je me suis engagé en Equipe nationale avec passion et cœur, ce genre de conflit, c’est un autre terrain, c’est autre chose. Mais si mon engagement peut permettre de faire quelque chose, je le ferais sans problème. Par où commencer ? Je ne sais pas.



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