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Face aux Lecteurs - MOUSTAPHA GAYE, ENTRAÎNEUR DES LIONNES DU BASKET « Il faut être gentleman pour manager la gent féminine»

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Face aux Lecteurs - MOUSTAPHA GAYE, ENTRAÎNEUR DES LIONNES DU BASKET « Il faut être gentleman pour manager la gent féminine»
Pour le cinquième numéro de la rubrique qui leur est consacrée, les Lecteurs de L’Observateur ont tâté la balle orange en compagnie de “Coach Tapha”. Placé en opposition, l’entraîneur des Lionnes du basket, Moustapha Gaye, récemment auréolé du titre de Champion d’Afrique, n’a esquivé aucune attaque. C’était ce samedi. Retour en zone.

Yaye Fatma Ndiaye – Scat Urbam, villa n° S-11

«Après les très bonnes prestations réalisées par les Lionnes lors des Jeux de la Francophonie et du Championnat d’Afrique, pensez-vous intégrer de nouvelles joueuses dans l’équipe ?»

C’est vrai qu’on a gagné la Can, mais tout n’a pas été parfait. Il y a des secteurs où on a encore des lacunes. Nous devons nous améliorer. Ce qui fait que les portes de l’équipe sont encore ouvertes à toutes les joueuses sénégalaises qui sont au Sénégal comme à l’extérieur. Il y a des besoins. Fatou Dieng, par exemple, on l’a trop utilisée, parce que sa doublure, Fatou Binetou Thiam, venait de découvrir le haut niveau. Elle en était à sa première sortie. Il faut une deuxième meneuse de haut niveau. Du côté des ailiers, des pivots, on va observer les filles dans leurs championnats, celles qui pourront nous apporter un plus seront les bienvenues.

«Comment comptez-vous superviser les joueuses, expatriées notamment, pour le prochain Mondial ?»

 

Des gens qui sont en Europe me donnent des informations sur les joueuses. Mais, ce n’est pas suffisant. Les statistiques qu’on nous balance sont des indicateurs, mais, pour une plus grande fiabilité, il faut que l’entraîneur aille voir ce que les joueuses font. Dans un match, je n’observe même pas les chiffres. Je suis obnubilé par comment les éléments évoluent, leur état d’esprit… Il y a des éléments abstraits qui ne sortent pas dans les statistiques. Derrière les points, il faut savoir comment les filles ont marqué. Je ne coache pas une équipe en fonction des systèmes, mais en fonction des qualités des joueuses dont je dispose. C’est pourquoi, même si l’Etat ne met pas les moyens, je suis disposé à mettre mes propres moyens pour aller voir les filles à des moments précis et avoir le maximum d’informations.

«Les filles étaient traumatisées à l’idée d’être coachées par Tapha Gaye»

 

Ibrahima Bâ – Pikine Tally Boubess

«Quels sont vos critères de sélection en Equipe nationale ?»

Un entraîneur national doit être un visionnaire. Le mot est peut-être trop osé, mais il faut anticiper sur beaucoup de choses. Quant on vous confie une tâche de cette envergure, vous avez une idée de base sur laquelle vous vous fondez pour développer beaucoup de choses. Cette année, nous sommes Champions d’Afrique. En 2008, nous sommes allés en Espagne pour un tournoi. Quand on y allait, il n’y avait que Salimata Diatta, Aya Traoré, Bineta Diouf, Fatou Dieng, Mame Diodio Diouf et Jeanne Senghor comme expatriées. À côté, je n’avais que des locales. Après le tournoi, nous avons fait une réunion d’évaluation qui nous a projetés sur 2009. Même scénario. Les filles venaient et repartaient. Vous ne pouvez pas imaginer ce qui se passait dans leurs têtes. Elles se posaient trop de questions sur moi : «Qui est Tapha Gaye ? Est-ce qu’on aura des solutions avec lui ? Il paraît qu’il est difficile à vivre, sévère. Quel est son tempérament ? Les filles étaient traumatisées à l’idée d’être coachées par moi. Je le sentais dans leurs discours. Elles hésitaient à aller au combat avec moi. Dans cette hésitation, j’avais une idée de base. Mais, au bout du compte, on n’a pas eu toutes les filles qu’on souhaitait. Les critères, on les détermine et, après, il y a les réalités du terrain ou du moment. Pour les principaux critères de sélection, il faut voir si la fille sait jouer au basket, si elle marque des points, défend bien, si elle court vite… Ensuite, il y a l’état d’esprit. Est-elle capable de se mouvoir dans un groupe, de s’épanouir, d’impulser... Est-elle capable d’accepter d’être sur le banc ? Troisième critère, la complémentarité avec les autres. Si on a des joueuses de même profil, ça pose problème. Maintenant, une fille sélectionnée peut ne pas être dans son élément en compétition pour une raison ou une autre. Cela peut arriver, mais ce n’est pas une remise en question de ses compétences ou de son état d’esprit. Les critères ne sont pas figés.

 

«Le Sénégal a-t-il réellement une politique de basket pour la petite catégorie ?»

Nous avons des idées au niveau de la Direction technique, mais nous n’avons pas les moyens financiers pour développer la petite catégorie. Qui est responsable, l’Etat, la fédération ? Pour aller jouer une compétition dans la sous-région, il y a des problèmes. Nous avons été au Mali avec les U16, l’équipe s’est entraînée 3 jours. C’est catastrophique ! Mais, il fallait le faire. J’ai salué l’initiative de faire découvrir à cette catégorie la haute compétition.

 

Mamoudel Bocoum – Patte d’Oie Builders

«Peu de gens, y compris vous, croyaient aux chances du Sénégal de remporter le Championnat d’Afrique à Madagascar. À quel moment de la compétition vous êtes-vous dit que cette fois-ci, c’est la bonne ?»

Moi, j’y croyais. Seulement, je ne me devais pas de le crier sous tous les toits. Il y avait des possibilités d’aller gagner cette Coupe d’Afrique. J’y croyais fermement même. Nous avons fait un grand travail en amont, pendant 12 mois. Jusqu’à la veille, nous n’étions pas sûrs d’avoir le groupe souhaité. Le déclic, c’est quand Awa Guèye, Mame Diodio Diouf, Coumba Sarr et Aminata Nar ont donné leur accord pour participer à la compétition. J’avais des inquiétudes par rapport à l’effectif, mais je savais, au fond de moi, qu’avec un groupe au complet, nous avions beaucoup de chance de gagner. Rien ne pouvait nous empêcher d’être dans les 3 premières. Mais, je voulais éviter de commettre l’erreur de faire croire à tout le monde qu’on avait la possibilité d’aller gagner la coupe. Il fallait protéger mon groupe. C’est ce qui fait que la communication était très alarmiste. Il y avait un écart entre le discours face à l’opinion et le discours à l’interne.

 

«Nous avons tiré les enseignements de ce qui est arrivé aux garçons en Libye. Cela nous a appris l’humilité»

 

Momar Korka Mboup – Élève-professeur à la Fastef

«Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à miser sur la défense et non sur l’attaque. Est-ce un enseignement tiré de l’édition que le Sénégal a perdue à domicile, face au Mali ?»

 

Quand on n’est pas capable de savoir quel genre de joueuses on a en face de soi, on ne peut pas les orienter. Pour avoir l’efficacité nécessaire pour gagner une Coupe d’Afrique, il faut savoir les types de joueuses dont on dispose pour en tirer profit. La Mvp (meilleure joueuse) du tournoi, Aya Traoré, c’est une surdouée. Une fille capable de sentir que l’équipe a besoin d’elle et prendre les initiatives qu’il faut sans qu’on le lui demande. Malheureusement, elle a beaucoup de carences défensives. Pour autant, je n’ai pas le droit de la mettre sur le banc parce qu’elle défend mal. Je n’ai pas, non plus, le droit de la laisser nous pénaliser. Alors, je me suis dit qu’il faut plusieurs options. Une avec elle, d’autres sans elles. Certains disent qu’il faut une forte défense pour gagner une compétition. Moi, je fais partie de ceux qui pensent que, pour gagner une compétition de ce genre, il faut être meilleur en attaque. Je travaille la défense, certes, mais je pense que pour gagner une Can, il faut privilégier l’attaque. C’est ce qui explique qu’au Liban, j’ai privilégié un groupe restreint. À vue d’œil, par rapport aux matchs qu’on a réalisés à partir des quarts de finale, on peut dire que l’équipe était bien assise défensivement, mais à côté, sur le plan offensif, on a réussi de très belles choses. C’est plus difficile de mettre une attaque qui score beaucoup. L’élément fondamental pour la défense, c’est l’envie. Si les filles veulent y arriver, avec leurs dispositions physiques, ça va passer. Mais en attaque, la réussite est aléatoire. Et c’est à ce niveau que nous avons construit notre succès. Avec les lancers francs, nous avions une grande réussite. Les statistiques étaient excellentes à ce niveau et cela prouve que les filles étaient très concentrées.

Maintenant, est-ce qu’on a tiré les enseignements de l’édition perdue à domicile face au Mali ? Je reste convaincu qu’en 2007, on était, de loin, meilleur que le Mali. Maintenant, dans un match, une équipe peut passer à côté. On n’a jamais pris l’ascendant lors de cette finale. Mais, à mon humble avis, je pense que le Sénégal était largement supérieur au Mali. Je crois qu’on a surtout tiré les enseignements de ce qui est arrivé à l’équipe des garçons lors de l’Afrobasket en Libye. Cela nous a appris l’humilité. Avec une constellation de talents, on n’est pas arrivé à avoir une équipe compétitive et suffisamment solidaire pour gagner.

 

«Quand on voyage, Aminata Nar est tout le temps blottie. Bibiche passe tout son temps debout dans l’avion»

 

Moussa Diouf – Grand-Yoff

«Quand les Lions du football (ou du basket) vont en compétition, ils sont reçus au Palais présidentiel pour la traditionnelle remise du drapeau, par le chef de l’Etat. Pour vous, la cérémonie a eu lieu à votre lieu d’entraînement, avec le ministre des Sports. Ce manque de considération à votre égard, de la part des autorités, ne vous frustre-t-il pas ?»

J’ai joué à l’Asfo. On s’entraînait au lycée Blaise Diagne et les filles s’entraînaient à Kennedy. Nos dirigeants d’alors avaient élu domicile au Kennedy. Nous, on s’entraînait sans voir personne. Cela nous a forgés. Pendant toute ma vie, j’ai appris à ne pas composer avec les éléments extérieurs. Ce qui est important pour moi, c’est qu’on nous donne le drapeau. Quand ? Comment ? Ce n’est pas un problème. Je ne pense pas que cela soit un manque de considération. On peut mettre cela sous le compte de l’indisponibilité du chef de l’Etat. Le ministre aussi, c’est une institution. C’est vrai qu’il faisait chaud dans l’étroite salle de conférence de la Fédération (où le drapeau a été remis) et qu’on venait de terminer une séance d’entraînement... Mais on a, quand même, apprécié le geste du ministre qui est venu nous remettre le drapeau, puisqu’il représente l’Etat. Ce n’était pas important d’aller au Palais, recevoir le drapeau en grande pompe, faire du bruit… Cela nous a fait du bien d’aller au tournoi le plus discrètement possible. Cela me convenait parfaitement. Entre les dirigeants, les journalistes sportifs, les acteurs du basket, les intérêts ne sont pas, parfois, les mêmes. Le journaliste qui vient à l’entraînement cherche parfois à vous faire dire des choses, te faire voir des choses que nous n’avons pas intérêt à dévoiler, ou à dire à ce moment. L’Etat est ce qu’il est. C’est à nous de trouver les voies et moyens de le rallier à notre cause, afin que, la prochaine fois que l’on se déplacera, les conditions soient meilleures.

«Si on passe au 2e tour de la Coupe du monde…»

 

Cheikh Guèye – Basketteur, D1 Sénégal

«Quels sont vos objectifs pour le prochain championnat du monde ? Allez-vous, juste vous contenter d’une participation ou pensez-vous que le 2e tour est un objectif raisonnable, malgré le tirage ?»

J’ai eu la chance de coacher les garçons en Coupe du monde. On était dans une poule avec les Usa. On a fait face aux Lebron James, Carmelo Anthony… Les grands noms de la Nba. C’était quand Daouda Faye («Vava») a eu des problèmes avec Abdourahmane Ndiaye “Adidas”, qui a alors été limogé et on m’a demandé de conduire l’équipe. À côté, il y avait la Chine de Yao Ming, ensuite l’Italie, le Porto Rico et la Slovénie. Les gens se sont scandalisés que l’on n’ait pas gagné de match ! C’est incroyable, comment, au Sénégal, on juge qu’il est facile de gagner un match de Coupe du monde. Je ne sais pas sur quelles bases nous allons prétendre battre la France, les Usa ou la Grèce (poule des Lionnes à la prochaine Coupe du monde). Quand on sait que nous avons fait la préparation de la Can à Marius Ndiaye, en jouant contre des équipes cadettes… Nous ne sommes pas capables d’avoir des places confortables dans les avions… Quand on voyage, par exemple, Aminata Nar Diop, elle est tout le temps blottie. Bibiche passe tout son temps debout dans l’avion. Est-ce que, dans ces conditions, on doit prétendre battre des équipes aussi chevronnées que la France, les Usa qui, en plus, sont placées dans des conditions très confortables ? Elles ne connaissent pas nos problèmes de préparation, de tournois, de primes… Il faut être réaliste. Bien sûr, s’il y a une possibilité d’aller gagner un match, on ne se privera pas. Nous allons d’abord essayer de faire tout ce qu’on peut pour avoir une préparation adéquate. Les Usa, c’est un cran au-dessus. Largement même. La France dispose d’une très forte équipe. En valeur intrinsèque, on a peu de chance d’aller battre les Etats-Unis et la France. L’inconnue, c’est la Grèce. On va les observer et voir ce qu’on peut faire. Notre objectif, c’est de continuer à se développer, à perfectionner l’équipe, en vue de l’Afrobasket 2011 à Bamako où il faut aller pour conserver le titre. Si on passe en 2e tour de la Coupe du monde, ce serait formidable. On va tout faire pour y être, mais sans se donner non plus de fausses illusions. La Roumanie qui nous a battus deux fois lors des Jeux de la Francophonie n’est pas qualifiée pour le Mondial. C’est vous dire le niveau des équipes qui y seront.

 

Mouhamed Mountaga Diallo – Guédiawaye Pyrotechnique

«En tant qu’homme, est-il facile de manager une équipe féminine ?»

Très bonne question. La gent féminine est sensible. Mais aussi très réceptive. La sensibilité, je savais. La réceptivité, je ne l’avais pas soupçonnée. Tous les détails sont importants quand on gère une équipe féminine. Le moindre détail n’est pas à laisser en rade. Comment se tenir, comment parler, comment les regarder… Même la tenue vestimentaire est importante ! Avec des filles, on n’a pas le droit de se comporter comme on veut. Elles sont très exigeantes. Il faut être un vrai gentleman pour y arriver. Je ne dis pas que j’en suis un… C’est un peu la différence avec les garçons. Il était plus facile pour moi de discuter avec Malèye Ndoye, Pape Sow, Babou Cissé… Le contact est naturel, c’est un débat entre hommes. Avec les filles, les principes sont les mêmes : l’entraînement, les directives, la gestion du groupe… Mais, la différence se situe au niveau de la sensibilité. J’avoue que j’ai été agréablement surpris par l’état d’esprit des filles. Au début, elles se posaient des questions. Mais après, elles se disaient : «Coach Tapha n’est peut-être pas le monstre dont on nous parlait.» Il y a des valeurs humaines que nous avons nouées et que nous allons essayer de garder. Et c’est ça ma plus grande fierté. Les filles, de manière générale, aiment se concurrencer, se jalouser. J’ai dit aux joueuses : «Voilà les titulaires qui vont jouer, voilà les suppléantes, qui vont être sur le banc et venir en appoint quand j’en aurai besoin.» C’est là que ça peut être difficile pour une fille. Le fait d’accepter qu’une autre fille soit placée devant. Mais, Dieu merci, on a eu un groupe très solidaire. Elles ont accepté le discours et se sont évertuées à garder cet état d’esprit. Elles savaient que je ne badinerais pas avec cela et que celle qui aurait eu la mauvaise idée d’avoir un comportement négatif prendrait le premier avion pour rentrer. Si on réussit à garder cet état d’esprit, on ira loin. Si on le perd, l’équipe est perdue. Les rôles sont définis à l’avance, mais à partir du moment où cela a été clarifié, ce n’était plus difficile de gérer le reste.

 

Papa Aboh Diagne – Etudiant en Géographie à l’Ucad

«On voit de moins en moins de joueuses locales accéder à l’Equipe nationale. Quelles en sont les raisons ?»

Les locales jouent au Sénégal et chaque année, les meilleures partent aux Usa, en Europe, au Maghreb de plus en plus… Quand les meilleures partent, les moins bonnes restent. A-t-on le droit de prendre des filles de moindre envergure pour aller jouer une Can ? Non. On prend les meilleures Sénégalaises, où qu’elles se trouvent. La question est réglée à ce niveau. Quand je fais une sélection, je ne parle pas de locale ou d’expatriée. Fatoumata Diango et Fatou Binetou Thiam (les seules locales de l’équipe sacrée à Madagascar, Ndlr) ont peut-être la chance que les autres ne soient pas venues. Elles sont adorables, elles ont beaucoup de mérite, mais elles ont bénéficié de concours de circonstances.

«Le Sénégal ne dispose que du stadium Marius Ndiaye. Faut-il alors mettre la pression sur l’Etat pour prétendre concurrencer des pays comme l’Angola ou le Nigeria ?»

Quand vous parlez de stadium et que vous vous arrêtez à Marius Ndiaye, vous allez vexer les Thiessois qui disposent, avec Lat Dior, d’un bon stade. Un bon teraflex, des plexiglass, des tribunes de qualité, de bons panneaux. Donc, on a deux stades. Mais Dakar, par rapport aux nombres de clubs et de pratiquants, Marius Ndiaye ne nous convient plus. C’est un stade très exigu, qui n’est plus aux normes Fiba. Si on peut mettre la pression sur l’Etat, tant mieux. Mais, comment ? Si le chef de l’Etat, qui nous reçoit mardi (demain, Ndlr), nous demande un vœu, nous allons lui dire de construire un nouveau stadium. Mais cela est du ressort de l’Etat et des Collectivités locales.

 

«Je n’étais pas un super joueur, même si j’ai fait dix ans en Equipe nationale»

 

Mamadou Guèye – Médina, rue 23 angle 6

«Pouvez-vous nous parler un peu de votre personne, de la vision que vous avez de la vie, de votre caractère… Êtes-vous sensible au regard que les gens portent en général sur vous, selon lesquels vous êtes caractériel, sévère, nerveux… ?»

 

Tiens ! C’est le capitaine de mon club, l’As Douanes. Il ne m’avait pas dit qu’il avait posé une question pour prendre part à “Face aux Lecteurs” et que celle-ci était retenue. Je vais répondre au lecteur et non à mon capitaine. C’est difficile de parler de soi. À Mermoz où j’ai grandi, j’ai eu la chance d’avoir deux terrains de basket à côté. Initié au basket par l’éducateur Mapathé Mbaye, j’ai rejoint l’Asfo. J’y ai fait presque toute ma carrière, mais aussi à Gorée. Avant les succès, il y a eu des déboires. J’étais entraîneur de l’Equipe masculine en 2001, l’année où Desagana a rejoint la Nba. On avait raté la Can. Par la suite, j’ai été suspendu 5 ans par la Fédération que j’ai critiquée. Après la sanction, je me suis relancé avec le Jaraaf, puis à l’As Douanes avant d’être rappelé en Equipe nationale pour être adjoint d’Abdourahmane Ndiaye «Adidas». On a été vice-champion d’Afrique. Je suis maintenu au poste à l’arrivée de Sam Vincent. Qui n’est jamais venu. Avec une équipe en déconfiture, on a raté la Can en Angola. Ces étapes m’ont servi d’expérience pour repartir du bon pied avec les filles. Quand on m’a contacté, j’avais juste demandé à choisir mon staff.

Contrairement à ce que les gens pensent, je suis très timide. Je n’ai de problème avec personne, mais je n’aime pas être piétiné. Nerveux ? Je le suis quand même. On me reproche d’être trop exigeant. Mais je le suis, d’abord, vis-à-vis de moi-même. Je suis très dur avec les filles, quand il le faut, mais je suis le premier à applaudir quand une fille fait de bonnes choses. La valeur sur laquelle je fonde ma vie, c’est la solidarité. Avec moi, les filles se sont habituées à un discours, à une ligne de conduite. Le basket va vite. Les situations changent tout le temps…

«Quel genre de joueur vous étiez ?»

J’ai eu beaucoup d’entraîneurs (Mamadou Sow, Ousmane Pouye, Michel Diagne, Alioune Diop…) qui m’ont fasciné. Je n’étais pas un super joueur, même si j’ai fait dix ans en Equipe nationale. J’en ai été le capitaine. Devenu coach, j’adore la défense, mais j’étais un mauvais défenseur. J’étais paresseux. Autant je l’étais, autant je refuse que mes joueurs le soient. J’avais une bonne adresse, mais, en défense, je ne me sentais pas.

«Je ne me considère pas comme un amateur, même si je suis dans un championnat amateur»

 

Mouhammad Dembele Kamara – Hlm Grand-Yoff

«La qualification au Championnat du Monde suppose la confrontation avec les meilleures Equipes nationales, mais aussi avec les meilleurs entraîneurs du monde. Si les Lionnes, en majorité professionnelles, vont rencontrer les mêmes joueuses qu’en championnat, il n’en est pas de même pour le staff technique. Ne serait-il pas judicieux, alors, de solliciter des stages de mise à niveau aux Usa par exemple, pour aborder le Mondial dans de meilleures conditions techniques ?»

 

Question pertinente ! Pendant longtemps, j’ai mal vécu cette question de coaching. On nous tenait ce genre de discours : «Un joueur qui gagne des millions ne peut pas être coaché par un entraîneur sénégalais qui n’a même pas de vélo.» C’était un débat. Pendant des années, on nous a bombardé cette histoire : «Les locaux ne peuvent pas coacher les professionnels.» Finalement, les joueurs ont mis ça dans leurs têtes. En matière de sport, personne ne peut être plus professionnel que moi. Je suis un homme du sport. J’ai fait une formation, des stages aux Usa et en Allemagne. Je suis allé dans les grandes universités voir comment les gens s’entraînent. J’ai assisté à des séances d’entraînement de Dallas avec Gallo. Aux Usa, je sais comment les gens s’entraînent. En Allemagne, j’étais le premier du centre. Peut-on être premier chez les Allemands et ne pas être en mesure de diriger l’Equipe nationale parce qu’on est dans un championnat amateur ? Je ne me considère pas comme un amateur, même si je suis dans un championnat amateur. À l’Afrobasket, le Cameroun avait un entraîneur italien. Ce dernier m’a demandé si j’évolue dans le championnat sénégalais. Sa meilleure joueuse a tout fait pour me voir et me dire ceci : «Coach, vous êtes au Sénégal, comment se fait-il que vous coachez mieux que les entraîneurs européens qui viennent en Afrique ?» Je ne nourris pas de complexe. Le basket est universel. L’entraîneur de la Côte d’Ivoire est le manager général du Fc Nantes, mais on a laminé son équipe. Qu’est-ce que le Mali, coaché par un entraîneur de la première division française, a valu devant le Sénégal ? Un entraîneur, c’est la compétence, la pédagogie, la psychologie. Le résultat dépend de la forme du moment des joueuses. Abdourahmane Ndiaye «Adidas» est le seul entraîneur noir à coacher en Euroligue. Il est censé connaître comment on dirige une Equipe nationale. J’ai travaillé avec lui. Et le fait de sortir rencontrer les autres nous met à niveau. Je suis l’un des plus jeunes entraîneurs du Sénégal, mais l’un des plus expérimentés. Cela fait dix ans que je suis dans les Equipes nationales. C’est une chance.



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