FOOTBALL SENEGALAIS : Quand tout « foot… » le camp !

La sortie prématurée tout autant prévisible des “Lions“ le 11 octobre dernier des éliminatoires combinées de la Can et du Mondial 2010 remet l’accent si besoin en était sur les tares du football sénégalais. Tamale au Ghana pour les besoins de la dernière Can a constitué parmi tant d’autres signaux, les signes avant-coureurs de la déliquescence d’un football malade que l’on refuse de diagnostiquer correctement à fortiori de soigner durablement. Les dirigeants d’hier comme ceux d’aujourd’hui se contentent de colmater les brèches en passant du ruban adhésif pour juste tenir le temps d’une Can ou d’une quelconque compétition internationale. Aucune politique « sérieuse », aucune stratégie, tout dans l’improvisation et dans la « tactique », facilitée par la cuvée « vieillissante » cependant des joueurs expatriés. On met à la hâte une équipe dite compétitive, véritable arbre qui cache non pas la forêt, mais plutôt le désert du football sénégalais. Et cela dure.

On se souvient par ailleurs qu’en 2004 déjà, Salif Diao s’en était vivement pris contre El Hadji Diouf à Tunis. « L’aboyeur » reprochait à son coéquipier d’alors à Liverpool de lever le pied au contact et de sacrifier ainsi ses camarades. La suite est connue. Comme d’habitude, une réunion s’est tenue pour arrondir les angles. Le Sénégal disparaît dans l’épais brouillard de Rades le 7 février 2004, s’arrêtant ainsi aux quarts de finale d’une compétition où l’on s’attendait portant à le voir jouer les premiers rôles conformément à son nouveau statut de quart de finaliste mondialiste.

En 2006, il passe miraculeusement au deuxième tour avec une seule victoire contre deux défaites même si le déclic face à la Guinée qui était la meilleure formation jusque-là, a donné l’illusion. Une illusion qui perdure contre les “Pharaons“, jusqu’à la 60e minute : entrée en jeu d’El Hadji Diouf. Un changement qui fera couler beaucoup d’encre et de salives. La suite est connue. Amr Zaki, crucifie Tony Sylva devant Malickou Diakhaté pour offrir la victoire à son pays. Et le Sénégal de se contenter d’une piètre quatrième place. 2008, on reprend les mêmes et l’on recommence. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, Tamale ne déparera point le comportement « sénégalais ». Nos tares, notre inconsistance, notre laxisme s’y épanouiront comme ailleurs. En dépit d’un accueil triomphal grâce aux talibés Niassène, qui occupent une place de choix dans cette ville ghanéenne, les “Lions“ vont quitter le pays de John Kuffor la queue entre les jambes.

De retour à Dakar, le ministre (malade) et la Fédération seront débarqués. Un Comité de normalisation de football (CNF) est mis sur pied avec à sa tête Mamadou Diagna Ndiaye. A ses côtés des “gens qui n’ont pas faim“ parmi lesquels, Baïdy Agne (Président du CNP) et Cheikh Tidiane Mbaye, boss de la Sonatel. N’empêche l’amateurisme est encore de mise. Les nouveaux dirigeants pêchent comme leurs devanciers, tandis que le football sénégalais continue de marcher sur la tête.

Que dire de Lamine Ndiaye le coach ? Sinon que payé à coûts de millions, l’homme a réussi la prouesse de faire le plus mauvais bilan de ces dix dernières années. A cause d’un entêtement qui s’est révélé être plutôt une pression exercée par des “cadres“ au crépuscule de leur carrière sur lui, dixit Souleymane Diawara.La logique aurait même voulu qu’il remît le tablier le soir où il s’est montré incapable de tenir la promesse faite aux Sénégalais, c’est-à-dire “tenter ce que personne n’a tenté jusque-là“. Il a préféré plutôt s’emmurer dans un silence assourdissant. Comme dans un théâtre chinois, il continue à tirer les ficelles en restant dans l’anonymat ou en envoyant un de ces “potes“ porté sa parole devant la presse. Un procédé qui ne le dédouane nullement comme ne fera pas de lui un entraîneur qui restera dans les annales.

C’est dans un tel décor où les Sénégalais tentent de digérer leur immense déception, que sort de sa réserve un autre dirigeant pour d’abord demander qu’on respecte les “Lions“ qui eux ne respectent que l’argent. “Payez nous nos primes. Payez nous nos remboursements de transport“, clament-ils sans cesse comme le feraient des mercenaires. Un confrère nous a même confié avoir vu un joueur réclamer le remboursement d’un ticket de Rer payé.

Le très respecté ex-dirigeant, Malick Sy « Souris » pour ne pas le nommer fusille ensuite sur sa lancée le CNF. Il n’est pas pourtant exempt de reproche, lui qui donne des leçons en veux-tu en voilà aujourd’hui. S’il a connu des heures de gloire en 2002 avec une finale à la Can et une place de quarts de finale au Mondial, les Sénégalais n’ont pas oublié pour autant son rôle dans la fameuse mobilisation en direction de Caire-1986 qui a ressemblé fort à cette autre rassemblement autour du slogan : « une femme, un gramme d’or » de ces temps là en ayant quasiment les mêmes finalités : un peuple dupé et frustré.

Aujourd’hui, on parle d’un Ferdinand Coly comme recours. Sans avoir mis un terme à sa carrière de footballeur, le “Lion“ aux dreadlocks est pressenti pour devenir le futur patron de la sélection nationale. Il semblerait que son dossier est piloté depuis le Palais… Sacré Sénégal ! Voilà un pays qui marche sur la tête, tandis que tout « foot… » le camp.