Dénommé le Don King de l’arène, le promoteur Gaston Mbengue est toujours égal à lui-même. Très en verve, il n’a jamais sa langue dans sa poche. Dans cet entretien accordé au journal «Le PAYS», il revient ici sur le bilan de la saison écoulée, la violence qui a émaillé la saison et la sanction infligée à Boy Niang 2 par le Cng. Il soulignera que ce dernier a offert à Zoss 1.000.000 Fcfa pour des frais médicaux. L’occasion faisant le larron, il en a profité pour nous faire part de ses ambitions après la lutte.
Pouvez revenir sur votre bilan de cette saison ?
Je ne veux pas parler de bilan parce qu’à chaque fois que j’en parle les gens pensent à l’aspect économique alors que l’argent n’est pas le plus important. Dans ma vie, ce qui est important, c’est ma participation au développement du pays. Tout le monde sait que cette année, la saison a été mi-figue, mi-raisin. Les choses ne se sont pas déroulées comme les années précédentes qui, étaient toujours des saisons en apothéose, des saisons de feu.
Pourquoi n’avez-vous pas organisé de grands combats ?
Tout simplement parce que cette année, il y avait beaucoup de contraintes à cause de la CAN, des élections entre autres événements de sorte que Gaston Productions n’a pas voulu prendre certains risques. J’ai été très prudent cette année.
Est-ce que ce n’est pas parce que les sponsors vous ont tourné le dos ?
(Rires, hochant la tête négativement) J’ai toujours des sponsors. Cette saison, ‘’Orange’’ a voulu être prudente. D’ailleurs, quand ‘’Orange’’ a voulu accompagner Luc Nicolaï, les responsables en ont discuté avec moi et je leur ai donné mon feu vert. Je ne voulais pas les verrouiller.
Selon vous, quel est le meilleur combat de cette saison ?
Eumeu Sène face à Lac de Guiers 2. C’est un combat qui s’est bien déroulé au point de vue médiatique, promotionnel entre autres. Les face-à-face entre les deux lutteurs se sont déroulés sans aucun incident. Du début à la fin, tout a été bien organisé. Il n’y a aucune mauvaise critique sur ce combat.
Quelle appréciation faites-vous du déroulement de la saison de cette année de manière générale ?
Ouf ! C’est une saison émaillée de litiges et de violences. Mais, il faut surtout savoir que la violence n’existe pas seulement dans l’arène. Elle est notoire dans la scène politique comme dans le football. Tout le monde a vu ce qui s’est passé à la place de l’Obélisque et à la place de l’indépendance avant l’élection présidentielle. En plus, le championnat de la Ligue 1 a été arrêté pendant des semaines à cause de la violence dans les stades. C’est pour vous dire que le football et la politique sont plus violents que la lutte. Toutefois, nous œuvrons pour l’éradication de la violence dans l’arène.
Il se dit que vous êtes en train de démarcher le combat Eumeu Sène-Balla Gaye 2. Qu’en est-il réellement ?
Je négocie tous les combats. Je ne cible pas une certaine catégorie de lutteurs. Je n’ai pas de priorité sur les lutteurs. Seul, Eumeu Séne a déjà reçu mon avance pour la prochaine saison. Il peut affronter Balla Gaye 2, Modou Lô, Tapha Tine entre autres lutteurs. Certes, j’ai une préférence pour le lutteur qui doit en découdre avec Eumeu Séne, mais je préfère le garder pour moi. Et, si ce vœu n’est pas atteint, il y a toujours des palliatifs pour offrir aux amateurs des affiches alléchantes. Les lutteurs qui doivent se mesurer avec Eumeu se reconnaissent. Mais quand on n’a pas ce que l’on veut, on se contente de ce que l’on a.
Que dites-vous à ceux qui disent que vous avez initié le collectif des promoteurs juste pour abuser des autres ?
C’est insensé. Je fais partie des promoteurs qui organisent le plus petit nombre de combats. J’organise au maximum 8 combats chaque saison. Au Sénégal, les gens sont déloyaux et mauvais. Ils ne veulent pas d’une personne qui va de l’avant. Les sénégalais n’ont pas un esprit de partage, de solidarité. Je ne veux pas que les autres promoteurs subissent les difficultés que j’ai subies dans l’arène. J’ai perdu beaucoup d’argent dans l’arène. Ils ont même commencé à le subir et ils le reconnaissent. Sinon, on n’allait pas nous rencontrer pour mettre sur pied le collectif.
Mais les gens disent c’est parce que vous n’êtes plus en mesure d’organiser de grands combats et ….
(Il coupe) C’est leur problème. Ils sont libres de penser tout ce qu’ils veulent. Mais, je ne vais plus me sacrifier, ni me suicider pour organiser un combat. Les gens tiennent ces propos pour fouetter mon orgueil. Qu’ils déchantent, Gaston ne marche plus sur ce jeu-là.
J’ai déjà perdu beaucoup d’argent à cause de ces folies. Des vautours dans l’arène divisaient pour mieux régner. Et on l’acceptait. Mais, rien ne sera plus comme avant. Personne ne peut plus faire pression sur les promoteurs afin qu’ils fassent ce qu’ils ne peuvent pas. Ce n’est pas normal de payer 200 millions à deux lutteurs. Aujourd’hui, sur 8 000 lutteurs licenciés, c’est seulement 500 lutteurs qui décrochent un combat durant la saison. Les gens veulent qu’on paye 100 millions à des lutteurs au moment où les jeunes qui sont dans les écuries peinent à trouver un combat. Avec deux millions, on peut en ficeler 40 combats. Il faut que les lutteurs aient l’esprit de partage et évitent de sacrifier les autres. Je me suis sacrifié pour le développement de la lutte sénégalaise. Mais ma conscience ne me permet plus de m’aventurer dans certaines ‘’inutilités’’ (sic). Même les méchants doivent reconnaitre aujourd’hui que j’ai contribué à l’évolution de l’arène sénégalaise.
Est-ce que vous croyez réellement à la continuité de votre collectif d’autant plus qu’il y a trois promoteurs qui négocient présentement le même combat ?
Je suis au courant de cela, mais ils en ont le droit. Ce combat que vous dites n’est pas un combat qui va dépasser 50 millions. Alors que nous avons dit qu’on ne va plus franchir la barre des 75 millions. Il faut tout de même savoir qu’il y a des promoteurs hypocrites qui ne sont là que pour donner des coups aux autres promoteurs. Ceux-là, je ne les considère pas comme des promoteurs. Ils ne font pas partis du collectif. Je ne vais pas citer de noms, mais ils se reconnaitront.
Sentez-vous l’implication de Luc Nicolaï dans le collectif des promoteurs ?
Oui ! Absolument. D’abord, parce que notre coordonnateur qui n’est personne d’autres que Pape Faye est le chargé de communication de Luc Nicolaï. D’ailleurs, c’est lui qui a écrit tous les rapports que nous avons faits. Nous sommes un collectif bien structuré. Ensuite, il faut savoir que Luc Nicolaï et moi sommes des hommes d’affaires. Hormis la lutte, nous avons d’autres activités génératrices de revenus. Nous voyageons beaucoup. Ce qui fait que nous ne pouvons pas être présents dans toutes les réunions.
Et si les lutteurs VIP n’acceptent pas un cachet inférieur à 100 millions ? Que ferez-vous
Personne ne nous paie. C’est nous qui payons. Si les lutteurs refusent les cachets des promoteurs, on va dépenser notre argent dans d’autres activités. Avec 200 millions, on peut avoir 40 containers de 20 pieds. Les propos de Gris Bordeaux n’ont même pas de sens. La lutte n’est pas seulement l’apanage des VIP.
Le Cng a décidé de suspendre de façon provisoire les face-à-face dans les combats de lutte. Quelle est votre réaction ?
Présentement, nous n’avons pas de réactions à faire car c’est de façon provisoire. En plus, nous n’avons pas encore reçu une notification qui prouve cette suspension. C’est une décision qui coïncide avec la fin de la saison donc on ne peut pas s’y prononcer. Sachez qu’il est impossible d’organiser un combat sans face-à-face.
Comment jugez-vous la sanction infligée à Boy Niang 2 par le Cng ?
C’est une sanction très lourde surtout pour un lutteur qui n’a jamais reçu d’avertissements auparavant dans l’arène. Boy Niang 2 fait partie du lot de lutteurs les plus disciplinés. Il n’a jamais été impliqué, dans un quelconque problème. Il a regretté aussitôt son geste et a offert à Zoss un million pour l’aider sur ses frais médicaux.
Je regrette la mort du président Armand Ndiaye. C’est quelqu’un qui connaissait le droit sportif. Armand a toujours sévi, mais n’a jamais donné une sanction pareille. Sincèrement 5 ans c’est trop. Le successeur d’Armand en l’occurrence Babacar Diop est un homme qui doit savoir que les règlements de la douane qui régissent l’économie sénégalaise, sont différents de ceux qui régentent la lutte. Armand Ndiaye était un éducateur qui ne cédait pas à la pression de la masse. Personne ne pouvait lui dicter ce qu’il devait faire.
A vous entendre parler vous voulez dire que le Cng n’a pas bien tranché ?
Effectivement. Ce n’est parce que on vous donne des matraques que vous devez frapper à, tout bout de champ. Il faut avoir l’esprit du pardon. En plus, la violence a commencé au Cng même. Car, tout le monde sait que le journaliste Abdoulaye Dembélé, de «Sunu Lamb» a été agressé par Ndiambé Diop, secrétaire administratif du Cng. Et pourtant, celui-ci n’a pas été sanctionné.
D’aucuns disent aussi que vous êtes à l’origine du conflit parce que vous n’aviez pas invité le Cng à ce face-à-face ?
D’abord, le Cng n’a jamais assisté à mes face-à-face. Ensuite, les promoteurs, ne disposent d’aucun papier administratif leur notifiant la présence des membres du Cng lors des face-à-face. Si on a fauté, le Cng aussi en a fait autant. D’ailleurs, le président Alioune Sarr a déclaré que Thierno Kâ était au courant mais celui-ci n’était pas disponible.
N’est-ce-pas un paradoxe que le Cng n’assiste pas au face-à-face et veut punir les lutteurs en cas de débordement ?
C’est un pur paradoxe. Des événements plus graves que l’affaire Zoss-Boy Niang 2 ont eu lieu, cette année et le Cng n’a pas réagi. Comme nous sommes en fin de saison, Boy Niang 2 pouvait être suspendu d’un an au maximum et le Cng pourrait, dès l’ouverture de la saison prochaine, blinder le règlement. C’était beaucoup plus sage. La preuve, aujourd’hui le Cng connait les lutteurs de nom mais il ne peut pas localiser leurs écuries. Avant de sévir, il faut éduquer. Pour éduquer, il faut être proche des gens.
A quand la retraite de Gaston Mbengue ?
Ce sera pour bientôt. Si cela ne dépendait que de moi, j’aurais déjà quitté l’arène. Je n’y gagne rien et je n’ai pas de vie de famille.
A chaque fois, vous dites que vous ne gagnez rien dans la lutte, mais vous ne quittez jamais ?
C’est la volonté Divine et je n’y peux rien. Mais, je prie chaque jour Dieu afin qu’il me donne la force de me détourner de l’arène.
Votre plus beau souvenir ?
C’est le jour de mon mariage
Votre plus mauvais souvenir ?
Le décès de mes parents.
Votre plat préféré?
Je n’ai pas de préférence, j’aime tous les plats
Quels sont vos projets après la lutte ?
Présentement je veux créer un mouvement citoyen dénommé «Defante Da fa Joot ». Ça sera un mouvement citoyen apolitique qui va inviter les gens au travail et à la vérité. Il combattra aussi l’injustice, la jalousie, l’hypocrisie. Quand j’en ai parlé à Youssou Ndour, il m’a dit que son mouvement va se fusionner avec moi. Je ne dis pas que je vais descendre sur la scène politique. Je vais continuer à militer dans la société civile.
ALIOU DIOUF
Le Pays
11 Commentaires
Mbeur Yi
En Août, 2012 (22:50 PM)Baye Madione
En Août, 2012 (23:23 PM)Korite
En Août, 2012 (23:34 PM)Tttt
En Août, 2012 (23:45 PM)Lol
En Août, 2012 (23:50 PM)Robin_des_bois
En Août, 2012 (01:42 AM);o; Hypo
En Août, 2012 (03:05 AM)Inco
En Août, 2012 (03:58 AM)Mel
En Août, 2012 (05:38 AM)Malik
En Août, 2012 (05:41 AM)LE CNG A BIEN TRANCHE ET LE MINISTERE DOIT LE SOUTENIR CONTRE CES LOBBIES DE HAJ MANSOUR ET DE GASTON LE SENEGAL NE LES INTERESSE PAS SEULS LEURS INTERETS PRIMENT
VIVE LE CNG BONNE DECISION SUR LE CAS MALICK NIANG
Yama
En Août, 2012 (10:07 AM)Participer à la Discussion