Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Sport

INTERVIEW-ABDOULAYE SARR, SELECTIONNEUR DU SÉNÉGAL: « Le manque de concentration des joueurs est inacceptable »

Single Post
INTERVIEW-ABDOULAYE SARR, SELECTIONNEUR DU SÉNÉGAL: « Le manque de concentration des joueurs est inacceptable »

 

Les Lions du Sénégal ont pu accéder en quarts de finale de la Can 2006 grâce à plusieurs concours de circonstances avec une série de matchs joués sur le terrain de manière différente et bien discutable. Avec le recul et au sortir de la seconde défaite de son équipe face au Nigeria, le sélectionneur national a accepté de revenir sur les différentes péripéties d’un parcours qui reconnaît-il « a laissé un goût d’inachevé » aux observateurs. Erreurs individuelles, manque de concentration, problème de gestion du temps, inefficacité des attaquants, Abdoulaye Sarr n’a esquivé aucune question dans cette longue interview exclusive qu’il a accordée a l’Envoyé Spécial de Sud Quotidien au complexe Support Sport Resort d’Ismailia, qui fait office de tanière. Tout en reconnaissant les lacunes de son groupe, Laye Sarr ne s’avoue pour autant pas vaincu pour la prochaine rencontre la Guinée, demain, au Herras El Hedoud Stadium d’Alexandrie. Pour le patron des Lions, l’équipe de Patrick Neveu doit être 10.000 fois plus motivée que la sienne pour remporter ce derby sous-régional.

Abdoulaye SARR, Coach des LionsSud Quotidien : Coach, votre équipe a certes décroché sa qualification pour les quarts de finale de la Can, mais dans la douleur, en passant même par la petite porte avec une seule victoire et deux défaites. Ce n’est pas reluisant comme bilan au premier tour ?

Abdoulaye Sarr : Merci ! Rendons grâce a Dieu encore une fois. Toutes les équipes etaient venues pour passer le premier tour au moins. Huit vont rentrer. Le Sénégal a eu la chance de rester. Et comme vous l’avez dit, c’est une qualification qui a été acquise dans la douleur. Parce que sur le résultat, nous avons fêté. Mais sur la manière, il y a un goût d’inachevé. C’est la triste réalité. Cela va avec les aléas du football, parce que sur chaque match, nous avons vu un groupe très déterminé, motivé, mais dans la réalisation, il y a par moments des absences qui nous ont coûté et puis des fautes individuelles comme lors du match contre le Nigeria qui ont été quand même fatales. Il faut rester dans l’esprit d’un compétiteur. Le perfectionniste sera toujours déçu. Mais, nous avons une chance de nous exprimer pour cette Coupe d Afrique. Il faut alors faire de cette chance une occasion pour se réhabiliter en retrouvant notre jeu et en faisant un résultat.

SQ : Deux défaites contre de grandes équipes susceptibles de remporter chacune la Coupe. En revanche, votre formation n’a remporté qu’une seule victoire contre le Zimbabwe, qualifie de maillon faible de ce groupe D. Est-ce que cela augure de lendemain meilleur pour le Sénégal?

A.S : En tout cas, il n est pas incertain. Parce que se faire battre (2-1) ou (1-0) par le Nigeria ou le Ghana qui est mondialiste, ce n’est pas… un mal terrible.
Parce que tout peut arriver sur un match. Nous pouvions même gagner le Ghana, gagner le Nigeria que nous avons mené au score. D’ailleurs, nous sommes la seule équipe à avoir marquer un but contre le Nigeria.
Nous sommes aussi la seule équipe à avoir déployé pendant 80 minutes un jeu de qualité face à cette équipe qui est sortie première de notre groupe. Par conséquent, ce n’est pas quelque chose de mauvais. Le Sénégal se devrait aussi de tenir son rang. C’est ce rang là que nous n’avons pas tenu… dans la manière. Il faut vraiment manifester notre déception et dire qu’ainsi va le football. Parce que sur le match contre le Nigeria, nous voulions la victoire. Nous l’avons démontré. Mais c’est sur des fautes individuelles que nous avons pêché. Il faut simplement se reprendre, se concentrer et essayer de faire mieux pour la prochaine sortie face à la Guinée.

SQ : Vous ne trouvez pas inquiétant qu’une équipe comme le Sénégal qui a un standing, avec 22 joueurs professionnels, puisse avoir des problèmes de concentration dans une compétition comme la Can?

AS : Disons que c’est quelque chose d’inacceptable quand même à ce niveau de la compétition. Surtout que cela peut passer sur un match. Mais sur deux matches, c’est quelque chose d’inquiétant comme vous le dites. Mais la vie est un éternel recommencement. Nous allons reprendre ces erreurs. Nous allons encore pousser le groupe à les éviter. Même si, je crois que s’il n y a pas d’erreur sur un match, aucune équipe ne gagnera. Maintenant il faut rester dans le cadre sportif et comprendre que des erreurs vont se répéter. Il faut juste essayer de corriger et d’en faire le moins possible. Mais sur ce que j ai vu le Senegal vu son rang de 4e équipe africaine, 30e mondiale, n’a pas répondu à l’attente du public sportif sénégalais, des puristes. Toutefois ce n’est pas une fin, mais c’est un moment ou une étape. Il faut se remettre en question et reprendre de plus belle le travail. Je pense que les joueurs et le staff l’ont compris. Et le match contre la Guinée va normalement nous servir pour montrer que nous avons corrigé.

« Le Sénégal se devrait aussi de tenir son rang »

S.Q :Coach, le constat est qu a la veille de chaque match, aussi bien les joueurs que l encadrement technique tiennent des discours rassurants. Au niveau de l’entraînement, il y a beaucoup d’agressivité, de vivacité, de percussion. Mais, votre équipe a du mal a reproduire ce même jeu une fois sur la pelouse de la compétition. Comment est ce que vous pouvez l’
expliquer? C est quand même paradoxal ?

A.S : (Rires). Oui. Comme je l’ai dit c’est l’individu qui est comme ca. Sur un coup par manque de vigilance, il peut y avoir une surprise d’une manière désagréable. Ce qui influe un peu sur le moral. L’aspect psychologique est aujourd’hui une dimension importante dans le haut niveau. Comment gérer le stress, comment gérer un résultat, c’est sur ces éléments qu’il faut encore travailler. Mais, les joueurs sont très motivés. Tous ces éléments ont été revus
et corrigés avant le match contre le Nigeria. D’un coup, il y a eu relâchement sur faute individuelle. Sur ce, un entraîneur n’y peut absolument rien. Il est souvent surpris et déçu, parce qu’il ne le souhaite jamais à son joueur. Sur ce plan, nous avons accepté de se prendre en charge après une évaluation assez objective.

S.Q : Amdy Faye a soutenu que le fait d’avoir communiqué le résultat du match Ghana-Zimbabwe, a participé au relâchement des joueurs qui ont pensé que tout était fini.

A.S : C’est une remarque personnelle. Les joueurs réagissent de manière différente. C’est comme les individus face à une situation. Il y a des gens qui sont forts au moral et d’autres qui sont faibles. Et pour un rien, ils sont perturbés. Mais c’est à l’entraîneur de capitaliser tout cela. Ce n est pas la première fois que nous gérons ces genres de situations. En éliminatoires combinées, nous avons vu le match Congo-Togo, comme s’il se jouait a Dakar. Pour ainsi dire que c’est aux joueurs d’êtres costauds, forts pour savoir gérer le stress.

S.Q : Mais selon vous, l’idée de communiquer l’autre résultat est-elle bonne ou mauvaise ?

A.S : Personnellement, je n ai passé aucun message. Mais le public lui-même passait par moment des messages.

S.Q : Mais Coach, la nous ne sommes pas a Dakar. Les supporters sénégalais n’étaient plus nombreux que ceux du Nigeria.

A.S : Le Nigeria n’était pas concerné par ce résultat (sic). Par A ou B, le Nigeria allait être qualifié quelque soit le résultat des deux rencontres (sic). Donc, nous étions même pas dans la même condition. Ce qui nous a peut-être desservit, ce sont les sorties des joueurs comme Diomansy Kamara, comme Coly. Ce que peut-être de loin, les gens ne l’ont pas perçu. Mais nous ne les avons pas sorti de notre propre chef. C’est qu’ils ne pouvaient pas continuer le match. Il fallait alors les protéger dans la mesure où la compétition devait se poursuivre. Parce qu’on se projetait déjà sur un match à résultat positif. Et nous nous sommes dits qu’en les sortant sur leur demande, nous allons essayer de recentrer les choses sur quinze minutes. Avec son expérience, le Sénégal doit pouvoir tenir. Nous avons alors gonflé le milieu. Malheureusement nous nous sommes rendus compte que c’est là ou nous avons craqué par deux fois. Mais ce n’est pas un problème tactique posé par l’équipe adverse. C’est sur des défaillances individuelles. Les gens doivent aussi comprendre que si nous n’avions pas pris ce but, cinq minutes après, nous aurions peut-être mis un autre but et faire le match dont rêvaient tous les Sénégalais. Mais, ainsi va le football. Il faut l’accepter sportivement la défaite, essayer de corriger, parce que sur ce match tout n’a pas été mauvais. Pendant 80 bonnes minutes, le Senegal a tenu le match en développant toute la panoplie d’une équipe de haut niveau, sur l’agressivité, sur la tenue du ballon, sur sa circulation, sur la vitesse. Malheureusement, le gardien manque sa prise sur une prise de balle. Qu’est ce qu’on y peut ? Rien. C’est cela peut-être qui a déstabilisé. Je suis persuadé que Tony n’était même pas au courant du résultat du match Ghana-Zimbabwe.

S.Q : Mais coach la finale de la Ligue des champions de 1999 entre le Bayern de Munich et Manchester United est aujourd’hui un cas d’école. Un match c’est 90 et non 80 minutes.

A.S : Vous me parlez de cette finale que j’ai suivi de très près. Un match dure le temps qu’il faut. Le seul chronométrage est celui de l’arbitre. Tant qu’il n’a pas mis fin a la partie, le match se prolonge. C’est le charme du football. Qui aurait pensé que pendant cette finale, Manchester allait revenir au score pour gagner. Prenez également la dernière finale entre Liverpool et le Milan AC. Le Milan est une équipe de grande qualité, de très haut niveau. Il a mené 3 à 0, mais il a perdu la finale. C’est cela le football. En 1992, aux championnats d’Europe des nations, c’est le Danemark, un pays repêche qui a remporté la finale. On verra encore beaucoup de choses dans le football.

S.Q : Revenons sur votre attaque. Vous disposez des attaquants très rapides comme Henri Camara, percutant comme Mamadou Niang. Mais là aussi le Sénégal n’exploite pas en bon escient ses qualités, parce qu’ils sont esseulés en attaque et souvent ils ne reçoivent pas le ballon très vite. On peut même dire qu ils n’ont pas de vrais pourvoyeurs de ballons. Comment comptez-vous enrayer ce problème ?

« D’un coup, il y a eu relâchement sur faute individuelle. Sur ce, un entraîneur n y peut absolument rien. »

A.S : Je pense que ce problème est lié à la complexité entre les joueurs. Il faut savoir lâcher le ballon au bon moment, savoir faire profiter les uns et les autres à partir de leur qualité. Mamadou Niang c’est un avaleur d’espaces. Henri aime les espaces. Donc c’est à nous de monter des combinaisons qui peuvent aspirer l’adversaire, l’obliger à sortir pour nous créer des espaces devant et lancer ces flèches au bon moment. Là encore, nous devons veiller sur les joueurs qui ont en charge cette tâche-là. Ce sont des automatismes à travailler. Regarder le but inscrit contre le Zimbabwe. C’est un tacle de récupération de Habib Beye, passé sur Barry, puis sur Henri. Voilà le Sénégal. Contre le Danemark en Coupe du monde, c’était comme cela. sur le 2e but contre le Zimbabwe, c’est la vitesse de Henri qui a fait la différence. Petit pont, grand pont, passé, Issa Ba arrive et met la patte. Il ne faut pas alors perdre ces qualités-là. Elles font partie de notre force.

S.Q : Il y a également une autre qualité que le Sénégal est en train malheureusement de perdre. Ce sont les coups de pieds arrêtés. Nous avons de bons joueurs de la tête comme Souleymane Diawara, Lamine Diatta, Bouba Diop etc.

A.S : Si vous suivez notre démarche, vous constatez que nous sommes conscients. Contre le Nigeria qui était toute une mi-temps bloquée, sur une balle arrêtée, nous avons eu l’occasion de débloquer la situation. Le Sénégal a eu par moment à faire de ce volet une force assez importante. Tout ceci est développé et travaillé à l’entraînement, c’est aux joueurs de s appliquer. Vous avez vu le coup franc de Amdy Faye. Sur un problème de dosage, il a envoyé le ballon très loin. Tout cela est lie à la responsabilité individuelle du joueur qui se charge d’exécuter le coup-pied arrêté

S.Q : Il n y a pratiquement pas eu des critiques sur la liste des 23 joueurs. Mais est ce qu’avec le recul et le déroulement des événements notamment sur les coups de pieds arrêtés, vous n’avez pas des regrets pour n’avoir pas sélectionné Fadiga ?

A.S : Je ne veux pas revenir la-dessus. On ne justifie pas un choix. Fadiga est un joueur de qualité, personne ne le conteste. Mais Barry aussi incarne l’avenir. Je pense qu’il laisse entrevoir des possibilités. Sur cette liste, je n ai aucun regret. Ce sont tous des joueurs sénégalais et chacun pourra faire preuve de son importance au sein de la tanière. Donc personne n’est exclu encore une fois. Barry est un jeune joueur. Khalilou Fadiga, un ancien qui a rendu beaucoup de servir. Il faut donc encourager tout le monde.

S.Q : Rahmane Barry incarne certes l’avenir. Mais, vous ne pensez pas qu’il gagnerait à lâcher très vite le cuir ?

A.S : C’est une de ces qualités. Nous souhaitons qu’il conserve le ballon à l’approche des 16,5 mètres. Là, il devient plus dangereux et les adversaires vont l’éviter sur des coups-francs qu’ils risquent de commettre. Toutefois, sur une distance assez lointaine, vaut mieux transmettre rapidement le ballon. Mais c’est lier aussi à sa jeunesse. Il faut le comprendre et être très clément comme nous l’avons fait avec d’autres joueurs dont vous venez de parler. Ces derniers ont été jeunes. Nous leur avons pardonné beaucoup de choses jusqu’à ce qu’il mûrissent pour devenir de grands footballeurs.

S.Q :Nous allons terminer sur votre prochaine adversaire qu’est la Guinee. Elle a fait forte impression. Elle fait partie avec le Cameroun et le Nigeria des trois équipes à avoir fait le carton plein au premier tour. Comment est ce que vous entrevoyez cette confrontation?

A.S : Je me situe dans la perspective d un derby. Dans un derby, il n’y a pas d’équipe faible. Il faut que les Guinéens soient hyper 10.000 fois plus motivés que les Sénégalais pour gagner le match. Et nous nous attendons à un match plaisant, engagé ou le résultat viendra sur le file. Parce que le Senegal va défendre crânement ses chances. Et la Guinée qui a un bon moral actuellement avec trois victoires, a aussi beaucoup à faire attention face aux Lions qui disent qu’il ont un peu passes à côté, sur la manière.

S.Q : Vous avez refusé un plan anti-Appiah qui s’est révélé comme un véritable poison pour les Lions en étant sacré meilleur joueur du match malgré une blessure qui a réduit sa capacité de nuisance. Est ce que vous pensez au plan anti-Feidouno ?

A.S : Pas de plan-anti qui que ce soit. Appiah a eu la réussite. Ils ont marqué sur une touche. Et non pas sur une action de jeu. Dans notre philosophie, nous ne privilégions pas le marquage individuel. Nous essayerons de faire en sorte que le collectif puisse contrer l’adversaire. Donc pas de plan anti qui que ce soit. Le Sénégal jouera crânement ses chances.

 

 



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email