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KHALILOU FADIGA FACE AUX LECTEURS " JE NE ME RETROUVE PLUS DANS CETTE EQUIPE NATIONALE "

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KHALILOU FADIGA FACE AUX LECTEURS " JE NE ME RETROUVE PLUS DANS CETTE EQUIPE NATIONALE "
Le deuxième numéro de la rubrique “Face aux lecteurs” accueillait, ce samedi, Khalilou Fadiga. Sa carrière, celle naissante de son fils, Noah, son avenir, l’héritage bradé de 2002, la xénophobie en Europe, la politique… Tout un tas d’évènements, de beaux et mauvais souvenirs, d’amour et de passion, d’amertume et de résignation, qu’on retrouve dans un cœur gros. Celui du “gaucher magique”, du “phoenix”.

Fatoumata Seck, Fann Hock : Êtes-vous toujours prêt à pédaler un vélo jusqu'au Sénégal pour répondre à une convocation de l'Equipe nationale ?

Quand j’ai dit cette phrase, c’était une métaphore pour remercier quelqu’un qui a fait un déplacement, à vélo, de plusieurs kilomètres, de Tamba à Dakar, juste pour honorer ma sélection. Je ne pensais pas en arriver là. À l’heure actuelle, je suis dans une position qui fait que je pense avoir mis un terme à ma carrière internationale. J’ai maintenant 34 ans. Par conséquent, je dois laisser la place aux jeunes. Il y a une génération qui a été un peu blessée. À un moment où l’on avait besoin de soutien, certaines personnes ont jugé qu’à 30 ans, nous étions trop vieux. Toutes ces choses ont fait que je ne suis plus capable de me retrouver dans cette Equipe nationale.

Papa Mamadou Ndiaye, Scat Urbam - Est-ce que Fadiga est intéressé, comme son ami Diouf, par la politique et le banc de la sélection nationale ?

Oui, je suis intéressé par la politique de mon pays, car je pense que tout être humain, avec des droits et devoirs civiques, se doit de s’y intéresser. Mais de là à avoir les prétentions d’un politicien, non. À l’heure actuelle, je n’ai pas d’objectif politique. Par rapport à un éventuel poste de sélectionneur national, je n’ai pas encore terminé ma carrière, donc il me serait difficile de pouvoir penser au banc de l’Equipe nationale. Je suis encore dans le football, il me sera difficile de faire des projections. Quand je mettrai un terme à ma carrière, on en reparlera. «C’est Erik Gerets, ancien coach de l’OM, qui m’a fait devenir professionnel en me voyant jouer lors d’un entraînement de 45 minutes seulement»

Jerry Azilinon, Sicap Liberté 2 J’ai 12 ans et je veux faire du foot mon métier. Quel conseil me donnez-vous pour réussir ma carrière ?

C’est difficile de dire “tu dois faire ceci ou cela…”. Tu sais, le football est tellement aléatoire. Mais, il faut avoir une certaine abnégation. Essayer d’être toujours le meilleur dans ce qu’on entreprend. Il faut aussi une dose de chance. Il faut être au bon moment au bon endroit. Il faut aussi savoir se dévouer pour ce que l’on veut. Je connaissais, lorsque j’étais jeune, des gens qui avaient autant de talent que moi. Mais quand, le samedi, je restais chez moi, ils préféraient sortir. À un certain moment, il faut choisir : souffrir maintenant et prendre du plaisir après ou s’amuser maintenant et souffrir après. Le conseil que je peux te donner, c’est d’être toujours honnête avec ceux qui t’encouragent, ta famille, ceux qui viennent au stade, donner le meilleur de toi et espérer que la chance soit là. Moi, j’ai eu la chance d’avoir rencontré Erik Gerets, ancien coach de l’OM, quand j’avais 18 ans. C’est lui qui m’a fait devenir professionnel en me voyant jouer lors d’un entraînement de 45 minutes seulement. Si j’avais écouté mon père à l’époque, peut-être que je n’aurais pas été professionnel parce qu’il ne voulait pas que je parte en Belgique. Il voulait que je reste dans un centre de formation où il pensait que j’avais une plus grande chance de devenir professionnel. Il voulait avoir un œil sur moi et voyait mon départ comme un abandon. Ma mère a fait des pieds et des mains pour pouvoir me payer le billet du train. Quand je suis arrivé en Belgique, le lendemain, j’ai signé mon premier contrat professionnel. Je suis revenu avec le chèque chez mon père et il était très fier de moi. Ceci pour vous dire qu’il faut savoir suivre son instinct et surtout être discipliné.

Djiby Samb (8 ans), Mermoz Où en est la carrière de votre fils, Noah ? Allez-vous lui demander de jouer pour le Sénégal ou la Belgique ?

Pour l’instant, il n’a pas de carrière. Il va d’abord se concentrer sur ses études. Il n’a que 9 ans. Il est au sein d’une équipe de première division en Belgique, Gant. Il a été approché par Anderlecht, mais sa mère et moi avons refusé parce que nous pensons qu’à son âge, le football c’est d’abord un amusement. Pour l’instant, il s’amuse, il est avec ses copains. Il est bien. Si le foot continue à lui plaire comme maintenant, nous l’encouragerons. Mais, en aucun cas, nous n’allons faire le forcing pour l’obliger à une carrière professionnelle. L’essentiel, c’est qu’il soit heureux dans ce qu’il fait. Est-ce que je vais lui demander de jouer pour le Sénégal ou la Belgique ? Je lui demanderai de choisir le pays dont il se sent le plus proche. Il est Sénégalais et Belge. J’ai choisi le Sénégal parce que j’ai toujours été Sénégalais. J’ai quitté ce pays quand j’avais six ans et demi, mais dans mon cœur et dans ma tête, le Sénégal a été et sera toujours mon pays.

Tidiane Wane, Sicap Liberté 5 - En jetant un œil dans le rétroviseur, pensez-vous que votre carrière a été à la hauteur de votre talent ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. J’accepte la mauvaise passe que j’ai traversée durant ma carrière parce que je n’ai pas le choix. Lorsque j’étais gamin, je me suis toujours fixé le but de devenir pro quand j’aurais 18 ans. Ensuite, d’être dans un grand club, de progresser. Tout ce qui m’est arrivé n’est que bonheur. En mon âme et conscience, je sais que je n’ai pas mendié une place dans les différents clubs où je suis passé. Que ce soit Inter, Bolton, Auxerre… Ils sont toujours venus me chercher. Je pense tout simplement que j’ai eu ce que je méritais. Je suis quelqu’un qui regarde plus derrière moi que devant. Je préfère regarder ceux qui ont moins que moi que ceux qui ont plus que moi. Ça permet très souvent de me satisfaire de ce que j’ai. Si c’était à refaire, je ferais la même chose. «En termes de finances, j’aurais choisi la Belgique, mais…»

Rokhaya Diop, Thiaroye Azur - Pikine - On vous a collé plusieurs surnoms : le gaucher magique, l'orfèvre, l'artiste, le phoenix, l'indispensable... quel est celui qui vous a le plus plu ?

J’en choisirai deux. D’abord, “le gaucher magique”. Parce que pour moi, le football, c’est d’abord de la magie. Si les gens me surnomment ainsi, c’est, peut-être, parce que je fais partie de ceux qui leur donnent du plaisir par la magie du football. C’est pourquoi, je suis content quand j’entends ce surnom. L’autre surnom qui me plaît bien, c’est le “phoenix” (qui renaît toujours de ses cendres), par rapport à tout ce qui m’est arrivé, à ma chute, aux problèmes que j’ai connus. Cela a été très difficile pour revenir, mais je n’ai jamais baissé les bras, j’ai toujours eu envie de me battre, pour les gens qui m’encourageaient à le faire. Sans le football, je pense que j’aurai eu une vie monotone. Parce que le foot, pour moi, c’est du plaisir. C’est pourquoi, le “gaucher magique” et le “phoenix” sont des surnoms que j’aime bien.

Moustapha Sidibé, Dakar - Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir le maillot du Sénégal en 2000, alors que la Belgique voulait vous prendre dans ses rangs. Regrettez-vous, aujourd'hui, d'avoir fait ce choix ?

C’est d’abord l’amour pour mon pays. J’ai toujours été, je suis et je resterai fier d’être Sénégalais. C’est vrai qu’à ce moment-là, la Belgique s’est manifestée pour me demander de jouer pour son Equipe nationale. Si j’avais pensé en termes de finances, j’aurais choisi la Belgique, mais l’amour est quelque chose qui ne s’achète pas. J’ai tout simplement choisi de jouer pour mon pays parce que j’ai beaucoup plus d’amour pour lui que pour n’importe quel autre pays du monde. C’était un plaisir de venir jouer pour mon pays, de manière à ce que mes parents soient encore plus fiers de moi. Mon père n’a pas trop eu le temps de me voir en Equipe nationale, parce qu’il est décédé en 2000, mais je voulais que lui et ma mère soient fiers de moi, de venir me voir au stade. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de venir défendre les couleurs de mon pays. Je suis tombé amoureux de mon pays depuis ma plus tendre enfance. Et je ne regrette pas ce choix. S’il y avait des choses à modifier, oui. Certaines choses auraient pu et dû être mieux faites, notamment de la part de nos dirigeants. Mais, en aucun cas, je ne regretterai le choix de l’Equipe nationale.

Khoudia Sarr Mbengue, Cité Soprim -Dans une interview dans un journal de la place (Rewmi Quotidien), Youssou Ndour a déclaré que les joueurs en fin de carrière doivent être convaincus de venir terminer en beauté ici afin de booster le développement du football local même s'ils ne gagneront pas beaucoup d'argent. Que pensez-vous de cette déclaration et seriez-vous prêt à relever ce défi ?

Je trouve que c’est une décision sympathique. Maintenant, tout le monde n’aspire pas à revenir vivre au pays. Je voudrais bien participer au développement du football local, mais de là à venir jouer dans une équipe d’ici, quelle qu’elle soit, c’est non. Parce qu’on commence une carrière ici, pour pouvoir partir, mais partir pour revenir, c’est difficile. Nous sommes habitués à un certain niveau de jeu, à un certain standing, des conditions, et toutes ces choses qui font que ce sera difficile, pour la plupart des professionnels ayant évolué en Europe, de revenir au Sénégal. Très difficile. Je ne parle même pas du salaire, mais de toutes ces choses qui fondent l’encadrement…

Karamoco I. Traoré, American Embassy - Comment expliquez-vous la courte durée de la carrière des footballeurs sénégalais ou le problème de nos athlètes à se maintenir longtemps au haut niveau ? Je ne peux pas l’expliquer de manière formelle, car j’ai vécu une situation qui est complètement différente de celle des autres footballeurs sénégalais. À un moment donné, quand je suis arrivé au top, il y a eu les meilleures équipes au monde qui se sont renseignées. À l’époque, il y avait Lyon, Manchester, Inter… C’étaient des propositions concrètes. Et puis il y a eu ce qui s’est passé. Pour moi, ça a été une lutte. Par rapport aux préjugés qu’il y a eus après l’histoire de l’Inter de Milan. J’ai eu ces problèmes au moment où je devais être au sommet. Il me serait difficile de dire pourquoi untel a eu tel parcours. Je dis maintenant «peut-être que si je n’avais pas connu tout ça, je serai à un tel niveau», mais je ne peux pas expliquer pour les autres (…) Satisfait ? Pas tellement, en fait, je ne parle pas spécifiquement des footballeurs, mais des athlètes sénégalais de manière générale… Qu’ils soient Camerounais, Togolais, Ivoiriens ou Gabonais, on a tous des problèmes. Il y a des circonstances qui ne sont pas maîtrisables. Daf a toujours eu une hygiène de vie irréprochable. Mais ce n’est pas de sa faute s’il se blesse. Il y a des gens qui sont capables de faire la fête du lundi au vendredi, sans avoir aucune blessure. De la même manière, il en y a qui, en ayant bu de l’eau toute la journée et mangé des pâtes avant de se coucher très tôt, ne peuvent s’empêcher de se blesser. «Le docteur m’avait dit que je ne pouvais plus jouer au football, mais les lettres des Sénégalais, des Japonais, des Chinois…m’ont motivé»

Guéda Goumbala, Hlm Grand-Yoff - Comment étiez-vous, psychologiquement, juste après la découverte de votre arythmie cardiaque qui a constitué un obstacle à votre carrière ?

Psychologiquement, j’étais ébranlé. L’Inter de Milan voulait que je signe avant d’aller au Mondial 2002. Guy Roux avait refusé en disant que je devais rester encore un an car il y avait les matches de la Ligue des Champions. Je suis resté l’année d’après, mais nous avions donné notre accord à l’Inter. Quand je suis arrivé, je n’avais pas dormi cette nuit-là. Je me souvenais d’où je venais et tout ce que j’avais accompli pour en arriver là. Le lendemain, j’ai signé à l’Inter, la présentation a été faite deux ou trois jours après. Les entraînements ont commencé et ils ont découvert que j’avais un problème. Ils ont essayé de voir pendant quelques jours comment arranger les choses. Ils sont partis à la polyclinique et c’est lorsqu’ils sont revenus qu’ils m’ont dit que je ne pouvais pas jouer à l’Inter. La Fédération italienne avait mis son veto sur mon contrat. Mais, j’avais bel et bien signé. Devant Pape Diouf (ex-président de l’OM, alors agent), le docteur m’avait dit que je ne pouvais plus jouer au football. C’est l’une des rares fois où j’ai pleuré devant des gens que je ne connaissais pas. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J’avais l’impression qu’on me retirait quelque chose dont j’avais droit. Pendant quelque temps, j’étais de très mauvaise humeur. Mais, il m’a fallu quelques semaines pour rebondir. Ma femme et d’autres gens m’ont convaincu que j’en étais encore capable. Elle a fait tout le nécessaire en contactant des docteurs un peu partout dans le monde pour se renseigner. C’est par la suite que je suis parti faire les soins nécessaires. Mais sur le coup, j’ai pleuré pendant des jours et des nuits. «J’ai toujours été un battant» Aviez-vous eu le soutien des parents, des amis et des joueurs de l’Equipe nationale ? Heureusement que j’ai ressenti le soutien de toute ma famille, de mes amis, surtout ceux de mon quartier. Des gens dans le football m’ont soutenu et motivé. Mais la chose qui m’a le plus motivé c’est toutes les lettres que j’ai reçues des Sénégalais, des Chinois, des Japonais… Du monde entier, les gens m’encourageaient à me battre. Ma femme avait tout mis dans un dossier et je lisais ça presque tous les jours. C’est ça qui m’a motivé. Je me disais qu’il y a des gens qui croient encore en moi, donc je ne vois pas la raison de ne plus croire en-moi. Je me suis battu parce que j’aime le football. Et les gens, sur qui je comptais, m’ont soutenu.

Amadou Mbodj, Bène Barack - Comment avez-vous vécu le fait de signer à l’Inter et de ne jamais y jouer ? C’était une frustration, vraiment une injustice pour moi. C’est ce que j’avais ressenti sur le coup. Mais, avec le recul, ça a été un mal pour un bien. Qui sait si je serais là en train de vous parler si je n’avais pas découvert ce que j’ai eu. Mais cela a été une douleur profonde. Aussi grande qu’a été la joie de signer à l’Inter, aussi profonde a été la douleur de ne pas y jouer.

Sokhna Bintou Mboup, Thiès Avec toutes les épreuves que vous avez traversées, d’où tirez-vous cette force qui vous permet de continuer ? J’ai toujours été un battant. Je pense que ça doit venir de mes aïeuls. Mon père était quelqu’un de très fort mentalement. C’est difficile d’être immigré et d’être traité comme un moins que rien. Mon père a été tirailleur sénégalais, il est monté au front à Strasbourg. À partir du moment où il n’a jamais cessé de croire qu’il pourrait faire quelque chose pour ses enfants, il a été un de mes inspirateurs. Il a toujours été très humble, très calme et très discret. Je tire toutes ces choses-là de lui. Il a toujours fait le maximum pour qu’on puisse manger, boire et avoir un endroit où dormir. Pensez-vous ouvrir une école de football au Sénégal pour les jeunes qui veulent faire du football leur métier ? Une école de football ? Non ! Une école ? Oui ! Tous les jeunes ne veulent pas devenir footballeurs, mais voudraient, à l’heure actuelle, avoir une éducation. Les écoles de football commencent à pousser un peu partout. J’espère que j’aurais l’occasion de pouvoir faire une école où les enfants, garçons et filles, qui voudraient devenir footballeurs, basketteurs… pourraient avoir une éducation. «Le Sénégal a été éliminé bien avant le match contre la Gambie»

Adama Diop, Gueule Tapée - Dakar Qu’avez-vous ressenti avant, pendant et après votre dernier match sur la pelouse du stade Senghor ? Avant, mon objectif était de me retrouver en Equipe nationale. Après tout ce qui m’est arrivé, mon but était de revêtir le maillot national. Je suis désolé par rapport au déroulement de ce match. Pendant, ça a été une satisfaction en même temps une certaine observation. Je veux parler du changement qu’il a eu entre le temps des Ferdinand Coly, Salif Diao, Pape Malick Diop…et la nouvelle génération qui était là. C’était différent, mais j’étais content d’être là. Après, ce fut une déception, par rapport à cette qualification. C’était douloureux. J’ai passé de mauvais moments après cette élimination. Il fallait expliquer aux gens, qui étaient en Europe, que le Sénégal ne s’était pas qualifié. C’était difficile de pouvoir trouver les mots justes. «Être conseiller du Président, en matière de jeunesse et/ou de sport, me plairait bien» Étiez-vous vraiment prêt à relever le défi, étant donné que, sur le terrain, on vous a vu un peu fatigué ? Je pense qu’on était tous fatigués. Le match a été mauvais, pour l’ensemble de l’équipe. Mais, franchement, le Sénégal n’a pas été éliminé à ce match-là (contre la Gambie le 11 octobre 2008). On a été éliminé bien avant. On a fait du rafistolage, en tentant de jouer la dernière carte. Mais, les dés étaient déjà pipés. Tu n’arrives pas sur un match en te disant «c’est fini». Mais, tu as quand même conscience que tu es sur le “deadline”. Ce match, on devait le gagner, mais bien avant. Pendant toute cette semaine, on était obligé d’aller en pied-de-biche pour s’entraîner au stade Léopold Sédar Senghor. Nous les joueurs, avons même payé pour qu’on puisse tondre la pelouse. Il y a beaucoup de choses que les gens ne savent pas. Quand je venais d’arriver en équipe nationale, je payais mon billet d’avion. Et il m’arrivait de ramener 110 kg de bagages (survêtements, chaussures…) que je donnais aux joueurs locaux. Je pense qu’à un certain moment, on s’est satisfait de la Coupe du Monde. Je ne parle pas des joueurs, mais des gens qui sont à côté et qui ont pris quelque chose qui appartenait au Sénégal. Certaines personnes ont accaparé nos victoires, notre reconnaissance et notre notoriété. Je ne pense pas que les joueurs aient reçu 1% de ce qu’on leur a promis.

Quel est votre niveau d'études et comment préparez-vous votre “après-carrière” ? J’ai été en cours jusqu’à l’âge de 18 ans. J’ai eu mon bac avec la mention Bien. Après ma carrière, je ne veux pas baigner dans la politique, mais je veux participer au développement de mon pays, de n’importe quelle manière. Je voudrais participer au développement de mon pays sans être dans la politique. Être conseiller du Président, pour la jeunesse ou le sport, me plairait bien. Mais, je ne veux pas choisir de parti politique. Le parti pour lequel je pourrai vraiment adhérer sera le parti de la jeunesse.

Amadou Dia, Guédiawaye Il n’y a pas longtemps, les forces de l’ordre expulsaient violemment les Africains de l’église Saint-Bernard. Au mois de juin dernier, des policiers espagnols ligotent et maltraitent un clandestin sénégalais qui refusait d’embarquer dans un vol pour être expulsé à Dakar. Quels commentaires faites-vous de ces évènements ? J’ai grandi à l’église Saint-Bernard. C’est l’endroit où, à Barbès, on jouait au football. Comme on n’avait pas d’endroit, le curé de l’époque nous permettait de jouer au football devant l’église. On voyait toutes ces personnes qui sont expulsées et maltraitées. Il sera difficile pour moi de dire aux gens qui veulent partir : «Ne partez pas.» Ils vont dire : «Lui, il est bien parti. Maintenant qu’il a réussi, il peut se permettre de parler.» Mais, la seule chose que je peux faire, c’est inviter ceux qui ont envie de partir de le faire de manière correcte. Et surtout de ne pas prendre ces embarcations qu’empruntent les jeunes pour aller en Espagne. Parfois, ces policiers sont tabassés chez eux par leurs femmes. S’ils trouvent quelqu’un sur qui ils peuvent se décharger, surtout si c’est un petit Africain... Je trouve ça dommage et méchant. Que doivent faire les Africains face à la montée de la xénophobie dans les pays dits démocratiques ? Heureusement on a quelqu’un comme Barack Obama président de la première puissance mondiale, puis notre président Abdoulaye Wade, et d’autres gens ne se laissent pas faire. Notre président fait partie de ces gens qui ont une certaine notoriété au niveau mondial. Ce sont des gens comme eux qui peuvent éradiquer cette xénophobie. Mais le blanc n’est pas le seul raciste. Ça a toujours fait partie de l’être humain. La plus belle chose : c’est la tolérance.

Ramatoulaye Tobe, Sacré-Cœur 3 Est-ce que vous comptez prendre en main le destin du football sénégalais vous et les autres joueurs de la génération 2002 ? Je souhaite vraiment rentrer au pays pour pouvoir aider au développement. Avec tout ce qu’on a pu faire pour que les gens connaissent le Sénégal, si on était resté dans la même lignée qu’en 2002, à l’heure actuelle nous aurions des stades, des terrains où les gens peuvent faire du sport. Il y a beaucoup de chose à faire. Maintenant, il faudrait que les autorités qui ont le pouvoir fassent confiance aux gens qui étaient là ; venir leur proposer, venir les prendre ou leur demander. Le seul problème qu’il y a c’est le manque de communication. Certains d’entre nous ne sont pas forcément demandeurs, mais ils sont en position d’attente. Pourquoi attendre, vous vous mettez en retrait et vous laisser ces gens-là détruire notre football ? Mais parce que ces gens-là se sont appropriés la chose. Maintenant, comment voulez-vous qu’on s’y mette, aller au clash avec eux ? Je regarde, j’observe. Je ne peux pas m’accaparer d’une chose qu’on ne me donne pas. Si l’on me demande mon avis, j’aurai mon mot à dire.

Idrissa Bocoum, Matam Avez-vous des objectifs par rapport à l’humanitaire ? Je suis le parrain de l’empire des enfants. Ça fait maintenant une douzaine d’années que ma femme et moi donnons une subvention à la pouponnière de Mermoz. Certaines choses n’ont pas besoin d’être dites ou écrites. Quand on donne, on n’a pas besoin de le dire. Je suis dans l’humanitaire depuis 12 ans, mais c’est la première fois que, j’en parle. J’ai organisé l’année dernière une vente aux enchères pour récolter des fonds pour les talibés. Il y a des enfants qui ont perdu un bras ou une jambe à cause d’une mine antipersonnelle en Casamance où je suis parti pour faire une conférence avec Oxfam. J’essaie de faire de mon mieux. j’ai une association qui s’appelle Biéva en Belgique. Elle vient en aide aux jeunes enfants déshérités. Mais à moi seul, je ne peux pas me multiplier par 20, je fais le maximum sans faire de bruit.



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