L’Egypte reine chez elle

C’était sans doute la finale rêvée pour cette CAN 2006. L’Egypte, pays organisateur, face à la Côte d’Ivoire, valeur montante du football africain. L’affiche était alléchante. Et bien entendu, elle avait attiré la grande foule puisque les 74 000 sièges du stade International du Caire étaient déjà occupés plusieurs heures avant le début de la partie. La grande interrogation autour de cette finale concernait la présence ou non de l’attaquant de Tottenham, Mido, dans les rangs égyptiens. Exclu pour avoir insulté son sélectionneur en demi-finale, l’enfant terrible du football égyptien avait été réintégré au groupe jeudi après avoir fait son mea culpa.

Une première période cadenassée

Mais si l’ancien Marseillais était bien là au coup d’envoi, il était dans les tribunes. Hassan Shehata lui avait préféré Zaki, buteur décisif face au Sénégal. En face, Henri Michel avait aligné son équipe type, emmenée bien sûr par Didier Drogba. Devant leurs supporters, les Egyptiens prenaient vite la partie en mains dans les premières minutes. Mais en dépit d’une maîtrise du ballon et d’une tentative trop croisée de Zaki (6e) ou d’un coup-franc d’Al-Saqqa flirtant avec le poteau (13e), les Pharaons peinaient à s’approcher des buts de Tizié. Hasan orchestrait parfaitement le jeu de sa formation mais les offensives égyptiennes étaient régulièrement stoppés à trente mètres des buts de Tizié. En face, Didier Drogba et Aruna Koné étaient eux aussi privés de munitions, l’arrière-garde égyptienne, avec notamment un bon Barakat, se montrant intraitable.

Il fallait ainsi attendre les dix dernières minutes pour voir les débats s’animer un peu. Zaki tentait sa chance en pivot après une mauvaise sortie de Tizié mais ne trouvait pas le cadre (34e). Puis Drogba marchait sur le ballon, en contre, alors qu’Akalé était seul à gauche (37e). En voulant attaquer, l’Egypte se découvrait et sur un corner obtenu par Faé, Kolo Touré, au deuxième poteau, était tout proche de réduire le stade au silence (39e). Les Ivoiriens terminaient d’ailleurs mieux cette première période que leurs adversaires puisque, juste avant la pause, Akalé alertait pour la première fois de la partie Al-Hadary sur un bon tir tendu à ras de terre (45e+1).

Drogba rate l’immanquable

La deuxième période démarrait tambour battant avec un bon ballon en profondeur pour Drogba signalé hors-jeu (46e). Puis dans la continuité de l’action Abo Treka, de l’autre côté du terrain, croisait trop sa tête plongeante (47e). Les minutes suivantes étaient disputées sur le même rythme avec une nouvelle tête égyptienne, signée Motaeb, au-dessus (51e) et, surtout, une belle combinaison ivoirienne conclue par un centre en retrait de Drogba pour Faé. Mais la défense des Pharaons parvenait à se dégager en catastrophe (52e). Les minutes défilant, les contacts se faisaient de plus en plus durs. Tour à tour, Eboué et Hasan étaient avertis et les défenses devenaient de plus en plus vigilantes. Drogba en était ainsi réduit à tenter un tir impossible dans un angle fermé. A côté (63e).

Pour forcer la décision, Henri Michel faisait appel à Bonaventure Kalou, entré à la place d’Akalé. Si le Parisien se montrait parfois un peu trop individualiste, ses qualités de conservation du ballon permettait aux Eléphants de s’installer dans le camp égyptien. Les hommes d’Hasan Shehata baissaient considérablement de pied et subissaient les assauts ivoiriens. Après un coup franc lointain de Kolo Touré (68e) et un tir croisé d’Eboué (74e), tous deux non cadrés, Drogba mangeait la feuille de match en expédiant au-dessus un centre de Koné alors qu’il était seul aux six mètres (76e). L’attaquant de Chelsea était ensuite contré au moment d’armer une reprise du gauche sur un centre de Boka (80e). Passées ces quelques minutes difficiles, l’Egypte parvenait à ressortir la tête de l’eau. Le stade du Caire croyait même à la délivrance lorsque Zaki profitait d’un cafouillage dans la surface ivoirienne pour pousser le ballon au fond des buts de Tizié. Mais cette réalisation était justement refusée pour un hors-jeu préalable de l’entrant Hasan (84e). C’était la dernière occasion du temps réglementaire. 0-0, il fallait donc jouer trente minutes supplémentaires.

Un penalty litigieux puis les tirs au but
Au bout de cinq minutes, et alors que les 22 joueurs semblaient bien fatigués, M. Daami offrait une occasion en or à l’Egypte de prendre l’avantage en accordant un penalty aux Pharaons pour un pied en avant peu évident de Kouassi sur Barakat. Les Ivoiriens protestaient, Drogba prenait un carton pour contestation pendant qu’Henri Michel, écœuré, applaudissait le 4e arbitre. Mais heureusement pour les Eléphants, mais aussi pour que cette CAN ne se termine pas sur un but litigieux, le capitaine égyptien, Hasan, manquait ce penalty en tirant sur le poteau de Tizié (97e). C’était à peu près la seule chose notable dans ces trente minutes supplémentaires, à l’exception peut-être d’un tir puissant de Bakari Koné, fraichement entré en jeu, claqué en corner par Al-Hadry (100e). Pour le reste, les deux équipes semblaient attendre la séance des tirs au but. Et si cet exercice leur avait réussi en quarts de finale contre le Cameroun, les Ivoiriens allaient cette fois se montrer bien maladroits. Tour à tour, Drogba et Baki Koné trouvaient Al-Hadry sur leur route tandis que seul Abdelhalim manquait sa tentative côté égyptien. Abo Treka, lui, ne tremblait pas et offrait à l’Egypte sa 5e Coupe d’Afrique des Nations en trompant Tizié. L’Egypte est donc restée maîtresse chez elle. La nuit promet d’être chaude au Caire !