Vendredi 29 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Sport

La dépression chez les athlètes de haut niveau, la fin d’un tabou?

Single Post
La dépression chez les athlètes de haut niveau, la fin d’un tabou?
Le Comité éthique et sport, association dont l’objet est de faire des propositions concrètes sur certaines déviances à l’éthique dans le sport, a réalisé une enquête sur la dépression chez les sportifs de haut niveau. Il s’avère que de plus en plus d’athlètes font part, encore trop souvent après leur carrière, des difficultés psychologiques auxquelles ils sont confrontés, la dépression étant l'une d'entre elles.

Le commun des mortels les imagine insubmersibles. C’est méconnaître la vie tumultueuse d’un sportif de haut niveau, faite parfois de joie, de haut, mais aussi de tracas qui peuvent conduire dans le mur, à l’image d’une formule 1 qui perd ses freins.

Dans l’enquête réalisée par le Comité éthique et sport sur un panel de 1 200 sportifs âgés de 15 ans et plus, le phénomène de la dépression est de plus en plus grandissant. Plus de 80% des personnes interrogées ont vécu au moins une des situations suivantes : manque de force ou d’énergie, sentiment de tristesse, nervosité, anxiété, manque de confiance.

Ce qui pourrait alerter plus que tout dans cette enquête est le constat suivant : plus de la moitié des 15-17 ans (52%) ont osé avouer que la vie ne valait pas la peine d’être vécue. Autre élément très marquant : le sentiment de fragilité, de mal-être est nettement plus mis en avant par les hommes. Enfin, les sports collectifs génèrent plus de troubles.

Former les acteurs du sport à la détection des premiers signes de dépression

« Le tabou de la dépression existe. C’est le même problème que les maltraitances dans le sport. Le sportif se doit d’être une personne immatérielle qui ne subit aucune souffrance, qui doit être inhumain au sens propre du terme. Il est pris au piège dans son humanité et dans ce rôle qu’on lui impose », explique Laure Delisée. Selon cette psychologue, il faut former les acteurs du sport à la détection des premiers signes de dépression. « Il faut casser ce tabou de l’aide psychologique. Trop de gens pensent que si on va voir un psychologue, c’est que l’on est fou. »

Laure Delisée n’attend rien des fédérations, mais espère que d’autres partenaires plus proches des individus entrent en action pour gérer un problème de plus en plus urgent, à l’image des agressions sexuelles et de la maltraitance dans le sport. Le Comité éthique et sport tente actuellement des rapprochements avec le monde syndical, d'après Véronique Lebar, présidente du comité.

« À partir du moment où un sportif est mal dans sa peau, il n'accomplit pas de performances, c’est évident. Il faut être bien physiquement et psychologiquement », affirme Laure Delisée. Dans trois années, la France accueille les Jeux olympiques et attend une pluie de médailles... Le ministère des Sports et la Santé vont-ils accaparer le sujet ? À l’Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), on s'appuie sur les compétences d’experts reconnus, dont la psychologue du sport, Meriem Salmi. Mais cela ne touche qu’une petite partie des athlètes français.

« C’est un sujet qui me tient à cœur, car je l’ai vécu », lâche haut et fort le basketteur Gary Florimont. « J’ai fait une dépression et j’ai manqué de soutien par les personnes qui devaient être présentes. J’ai été très mal accompagné et j’ai envie que l’on casse ce tabou. Tous les sportifs, sans exception, passent par là. Derrière tout champion, il y a un perdant. On ne nous apprend jamais à appréhender les échecs. Et l’échec, c’est ce que l’on connaît le plus souvent dans une carrière. En tant qu’ambassadeur du Comité éthique et sport, c’est de mon devoir d’ouvrir la voie. »

À 27 ans, après une blessure au tendon d’Achille, Gary Florimont a été mis au placard. Il l’a mal vécu, il s’est senti inutile. « Je n’avais plus sommeil, je ne mangeais plus. J’avais du mal à me projeter dans l’avenir et trouver des choses positives dans la vie », raconte le Guadeloupéen, arrivé à l'âge de 15 ans en métropole pour intégrer un centre de formation. Gary Florimont aimerait que le monde du sport prenne le problème à bras le corps : « On est souvent dans le curatif, mais rarement dans la prévention. »

« Nos témoignages ne sont pas assez entendus »

En septembre dernier, la star du tennis féminin, la Japonaise Naomi Osaka, tentait de faire bonne figure face aux journalistes qui attendaient ses premiers mots après son élimination à l'US Open, à New York. « C'est vraiment dur d'articuler. J'ai l'impression d'en être à un stade où j'essaie de comprendre ce que je veux faire. Honnêtement, je ne sais pas quand je vais jouer mon prochain match. Je pense que je vais arrêter pendant un moment », avouait la championne, en plein désarroi, larmes sur les joues.

« Nos témoignages ne sont pas assez entendus. J’ai eu une période compliquée et je me suis effondrée psychologiquement. Je passais mon temps à pleurer, devant mon entraîneur et le psy du club. Mais on me disait : "Arrête de te plaindre, regarde ce que tu fais à l’entraînement, c'est génial !" », confie la nageuse Ludivine Blanc. « Physiquement, je maigrissais à vue d’œil. J’ai mis le mot "dépression" sur ce qui m’arrivait et personne ne voulait me croire. J’ai changé de structure après huit mois de souffrance. » Au bout d’une année, comme elle, un médecin met enfin le mot « dépression » sur son calvaire. « À partir de là, j’ai commencé à me reconstruire. Mais j’ai eu du mal à découvrir que c’était une dépression. Un sportif doit toujours aller bien, toujours être parfait. Il n’a pas le droit de dire que ça ne va pas. Je n’ai pas été entendue pendant trop longtemps. Il faut que ça change », estime Ludivine Blanc, qui a désormais des projets plein la tête.

Comme elle le souligne, la pandémie de coronavirus et les périodes de confinement ont été un vrai traumatisme pour les athlètes de haut niveau. L’enquête, réalisée de mi-octobre à mi-novembre 2020, souligne que 62% des personnes qui ont répondu estiment que la crise sanitaire « a eu un impact sur leur santé mentale ».

Chez les athlètes de haut niveau, la dépression peut surgir à tout moment. Le corps a beau être entraîné, si la tête ne suit pas, on court à la catastrophe. L’histoire la plus marquante des Jeux de Tokyo, l’été dernier, restera celle de la gymnaste Simone Biles. Alors que l’on attendait une nouvelle pluie de médailles de la part d’une des plus importantes gymnastes de l’histoire, l’Américaine avait déclaré forfait pour les finales du saut et des barres asymétriques. La reine de Rio 2016, avec quatre médailles d’or, devait être sacrée impératrice au Japon. Il n’en fut rien. Celle qui avait été dix-neuf fois sacrée aux Championnats du monde devait faire face à ses démons intérieurs. Dès lors, le monde entier se rendait compte qu’un sportif de haut niveau reste avant tout un être humain.


2 Commentaires

  1. Auteur

    En Décembre, 2021 (21:54 PM)
    on s'en tap
  2. Auteur

    En Mars, 2023 (11:34 AM)
    B­­­o­­­n­­j­­­o­­­u­­r, j­­e m'a­­­p­­­p­­e­­lle Alissia, j'ai 21 a­­­ns) Dé­bu­t du mo­­dè­le S­E­X­­E 18+) J'a­­ime êt­re pho­­to­grap­­­hi­­­ée n­­­u­e) Veuil­­­lez no­­­ter me­s phot­os à l'adr­esse su­­i­va­­­nte -- W­W­­W­­­.­X­­­2­­­1.­­F­­­U­N
    {comment_ads}

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email