Autrefois forteresse masculine,
la discipline sportive de la lutte est en cours de féminisation avec
l’irruption de jeunes filles devenues supportrices inconditionnelles ou
reporters sportives, rejoignant le petit monde des pratiquantes.
Les
combats de lutte sont une illustration de ce que le sport est devenu
"l’opium" des filles. Une des preuves de ce constat est à lier à la
présence massive des filles devant les guichets de billetterie, les
jours de combats.
Les filles ont rejoint les fans clubs des lutteurs, et
assurent souvent les premiers rôles, à l’image de Mame Diarra Gaye,
présidente du fan club féminin de Modou Lô, "Génération Kharagne".
‘’La lutte fait partie intégrante de notre tradition.
Nous avons compris et accepté cela, et nous œuvrons pour sa (lutte)
promotion’’, explique la présidente, trouvée au beau milieu de son
restaurant, aux Parcelles-Assainies, dans la banlieue dakaroise.
‘’Autrefois, nous (les femmes) prenions la lutte avec
frappe comme un sport de fou, du fait des coups qu’on y échange et du
sang qui y coule. Cela faisait que nous ne nous y retrouvions pas’’,
indique "Diarra Kharagne", tout en s’affairant aux fourneaux.
Pour cette jeune fille d’une vingtaine d’années, ‘’tout
le monde peut gagner maintenant sa vie dans ce sport, le lutteur, sa
famille et ses proches’’. ‘’Et notre devoir est donc de soutenir notre
lutteur (Modou Lô), afin de le galvaniser pour une victoire
retentissante, et cela, pour le bonheur de tout le monde’’,
ajoute-t-elle.
Le rituel est le même, la veille des combats, les
membres du fan’s club se réunissent pour mettre au point la chorégraphie
et les chansons qui seront exécutés le jour du combat, mais aussi pour
discuter de l’aspect sécuritaire.
Entre les sollicitations des clients, Mame Diarra Gaye
lance, au sujet des week-ends de combat de lutte : ‘’A partir du
vendredi, nous ne dormons plus, car il y a les posters à afficher, les
banderoles à attacher et les réglages de dernières minutes à boucler. Le
samedi, nous recevons les fans venant des quatre coins du Sénégal’’.
‘’Le jour du combat, poursuit-elle, nous veillons à ce
que les repas soient prêts dès 11h, pour que les gens puissent être au
stade à midi’’, a dit Mame Diarra Gaye. ‘’C’est un énorme plaisir pour
nous d’aller au stade pour pousser notre idole vers la victoire.’’
Une fois au stade (qui abrite les arènes de lutte), les
supportrices, vêtues de tee-shirts à l’effigie de leur lutteur, donnent
de la voix dans un concert de sifflets et de tambours.
La nouvelle coqueluche de l’arène, Balla Gaye 2, tombeur
du géant Yekini, a aussi son fan’s club à Guédiawaye. ‘’Nous supportons
Balla Gaye 2, car il est notre ami et nous l’aimons. Ses jours de
combat, aucune fille du fans club et du quartier ne restent chez elle’’,
déclare la présidente du club, Amy Fall.
‘’Nous nous chargeons de mobiliser et de sensibiliser
tout le quartier le jour du combat. A quelques heures du choc, nous
remplissons les gradins et assurons le spectacle avec les chants et la
danse, les hurlements devant chaque geste de notre lutteur’’,
signale-t-elle.
‘’En fait, poursuit-elle, c’est cela notre combat à nous
(membres du club). Nous devons concurrencer le fans club du camp
adverse’’. Pour Mme Fall, cet engagement ‘’n’est nullement lié à une
affaire d’intérêt ou à de l’argent’’.
Et pour convaincre, elle ajoute : ‘’C’est nous-mêmes qui
mettons la main à la poche pour payer nos entrées au stade. La seule
chose que le lutteur nous assure, ce sont les tee-shirts que nous
portons’’.
‘’Nous sommes venues apporter une touche féminine dans
ce milieu de la lutte qui était trop masculin. D’ailleurs, au sein du
fans club, les filles sont les plus nombreuses et nous ne rencontrons
aucune difficulté à nous imposer’’, a assuré la présidente.
Interrogé sur cette présence des filles dans les gradins
les jours de combat, Ansou Badiane, amateur de lutte, estime qu’elles
donnent "plus de charme" à l’univers de la lutte. ‘’Le milieu avait
besoin de cette touche féminine qui lui manquait.’’
‘’Je trouve très plaisant cette présence féminine dans
les gradins, cela apporte plus de rythme, de couleurs et de joie dans le
stade’’, renchérit Abdoulaye Diop, un élève, dans l’attente de son bus
devant la police des Parcelles Assainies.
‘’Personnellement, je ne vais pas au stade, mais je
regarde les combats à la télévision et j’apprécie beaucoup leur
engagement (celui des filles) qui est à féliciter’’, soutient-il, dans
un sourire.
Même son de cloche chez Daba Sarr, qui juge que ‘’les
lutteurs devraient même donner plus de soutien à ses jeunes dames qui
bravent la chaleur pour être derrière eux’’.
Cet engouement agace certains qui stigmatisent la
moralité de ces filles. ‘’Moi, jeune dame, je n’approuve pas que les
filles aillent au stade. Cela ne m’enchante guère. J’aime la lutte, mais
je n’y vais jamais. Je préfère rester à la maison et suivre le combat
devant mon petit écran’’, soutient Fama Ndiaye, vendeuse de fruits aux
Parcelles-Assainies.
Pour elle, ces filles ‘’manquent d’éducation, surtout
celles qui s’évanouissent à gauche et à droite’’. ‘’Une jeune fille bien
éduquée n’a pas sa place dans de tels endroits’’, tranche Fama dont le
point de vue rejoint un peu celui d’Abdou Fall, la quarantaine.
‘’Il est vrai qu’elles ont changé le milieu, mais je
pense qu’elles en font aussi trop. Toutes ces filles qui s’évanouissent
les jours de combats, c’est exagéré. Elles feraient mieux de rester chez
elles et faire la cuisine ou étudier’’, souligne t-il.
En pleine discussion sur les difficultés de la vie et de
la crise scolaire au Sénégal, "tata" Binetou et "vieux" Diagne
dénoncent une certaine "démesure" dans cet engouement sportif.
‘’Ce que je déplore le plus dans cette histoire, dit
M. Diagne, c’est l’accoutrement indécent des jeunes filles. Elles
s’habillent un peu n’importe comment. Je me demande si leurs parents
s’en rendent compte et s’ils sont au courant qu’ils vont au stade
habillées de cette façon.’’
2 Commentaires
Bip Bip
En Mai, 2012 (16:45 PM)MAIS J'AVOUE QUE BEAUCOUP D'ENTRE ELLES Y VONT PAR FANATISME PAR RAPPORT A UN LUTTEUR OU POUR DRAGUER CES DERNIERS,
CERTAINES FEMMES DIVORCEES AUSSI SE CHERCHENT DE JEUNES HOMMES BIEN MUSCLES POUR LES SATISFAIRE SEXUELLEMENT. YA DU TOUT DANS CE MILIEU.
CELUI KI ME CHERCHE ME TROUVERA, DRIANKE MO SAF DEH !!!
Jds
En Mai, 2012 (21:11 PM)Participer à la Discussion