LES LIONS FACE AU MOZAMBIQUE : DÉFENSE DE PERDRE

Jamais par le passé, le Mozambique n’a décroché le moindre point face au Sénégal. Les “ Black Mambas ” se sont, en effet, inclinés toutes les trois fois que leur chemin a croisé celui des “ Lions ”. On attend donc, demain à Maputo, de l’équipe managée par Henri Kasperczak, qu’elle confirme cette tradition de domination. La qualification à la prochaine CAN pourrait être au bout de la victoire.

Maputo (Mozambique) : La seule fois où les “ Lions ” s’étaient produits à Maputo, ils en étaient repartis avec les 3 points de la victoire. C’était en octobre 92, en éliminatoires de la “ World Cup USA 94 ”. Un but de Mamadou Marième Diallo avait permis à la formation alors entraînée par Lamine Dieng et Amsata Fall de se mettre en orbite pour la qualification au second tour de ces éliminatoires-là. Malheureusement, le ticket qualificatif était finalement allé au Maroc (au détriment du Sénégal donc et de la Zambie qui partageaient ce groupe final).

Là, les “ Lions ” sont à nouveau de passage dans l’ancienne Lourenço-Marques. Cette fois, il ne s’agit pas de coupe du monde, mais de coupe d’Afrique, l’année prochaine au Ghana. Mais, comme il y a bientôt 15 ans, il s’agira de jouer pour la victoire. Puisqu’au-delà de ce succès de 1992, c’est bien la suprématie sénégalaise sur les “ Black Mambas ” qu’il va falloir confirmer, conforter. Et pour cause, en 3 confrontations, le Mozambique n’a jamais pris un petit point au Sénégal. Mieux (ou pire, suivant l’angle où l’on prend la chose), le Mozambique n’a jamais savouré le plaisir d’avoir fait vibrer les filets sénégalais. 3 matches, 3 défaites et 0 buts marqués. Contre … 9 encaissés. Car, avant ce but victorieux de Mamadou Marième Diallo à Maputo, il y a eu ceux de Bocandé et de Pape Fall, au Caire, lors de la 2 ème journée de poule de la CAN 1986. Et après, il y eut le carton plein (6 buts à 0), de Dakar, en avril 93, lors du match retour des éliminatoires de “ USA 94 ”.

Demain donc, on n’attend pas de Lamine Diatta, Tony Sylva et autres Demba Bâ, moins que de marcher sur les traces de leurs glorieux devanciers. Histoire d’être dignes de leur succéder. Mais aussi et surtout, pour se rapprocher de la qualification à la phase finale de la CAN de janvier et février prochain au Ghana. En effet, leader du Groupe 7 de ces éliminatoires (7 points), les “ Lions ” ont vu fondre sur eux leurs adversaires de demain. Lanterne rouge depuis la toute première journée, le Mozambique s’est refait une superbe santé, coup sur coup, au détriment du Burkina Faso qu’il a tenu en échec à Ouagadougou lors de la 3 ème journée, avant de le battre lors du tour suivant. Ce qui fait que de derniers, les “ Black Mambas ” sont devenus deuxièmes (5 points). Et surtout, ambitieux ! Et le match de demain leur offre la possibilité de devenir leader, en cas de victoire. Faut-il plus pour motiver une équipe ? Bien sûr que non ! C’est dire que les choses ne seront pas faciles pour les protégés de Kasperczak. Tant mieux ! Parce que, quand, comme les “ Lions ”, on se fixe pour ambition rien moins que de remporter le trophée continental, il faut commencer par se défaire de tous ces prétendants à la qualification qui encombrent la route vers “ Ghana 2008 ”. Or, à l’extérieur, l’équipe du Sénégal n’a jamais été à son avantage lors de ses éliminatoires. Battue à Ouaga (0 – 1, en octobre dernier), elle s’en est sortie de justesse il y a deux semaines à Mwanza chez la modeste Tanzanie (1 – 1). Les optimistes invétérés prévoient cependant que les “ Lions ” sont en phase ascendante et qu’ils franchiront demain un autre palier ; après la défaite, puis le nul, il est temps de gagner chez l’adversaire. Comme il y a une semaine à Blantyre, face au Malawi (3 buts à 2). Sauf que là, c’était en amical. Mais la prestation d’ensemble de l’équipe s’était assez nettement améliorée ; et Kasperczack a mis à profit les dernières séances d’entraînement du camp des “ Lions ” à Lilongwe, pour tenter de tirer tout le monde un peu plus haut. Individuellement et collectivement.

Et c’est demain seulement qu’on saura si ces leçons ont été bien assimilées. Qu’on saura si les “ Lions ” ont retrouvé leur talent et leur soif de vaincre qui en avaient fait des adversaires redoutés. Qu’on saura s’ils se sont fixé l’objectif de succéder à l’Egypte, l’année prochaine, juste pour frimer. En un mot, c’est demain qu’on saura si cette cuvée de “ Lions ” a perpétué la tradition de domination du Sénégal sur le Mozambique.

L’enjeu Les « Lions » qualifiés si …

Maputo : Plus qu’un “ résultat positif ” qui, dans quelques cas, peut également veut dire match nul, il faudra simplement la victoire aux “ Lions ” demain face aux “ Black Mambas ” de Mozambique. Ainsi, ils pourraient se qualifier pour “ Ghana 2008 ” dès avant la dernière journée et le match de septembre à Dakar face au Burkina Faso, si justement le Burkina qui reçoit dans le même temps la Tanzanie dans l’autre match du Groupe 7, a le … bon goût de faire match nul à Ouaga. En effet, s’ils s’enrichissent de 3 nouveaux points (ce qui leur en ferait 10), ils seront définitivement à l’abri de tout retour de n’importe laquelle des équipes concurrentes au ticket qualificatif. Le Sénégal est donc au nombre des 10 équipes qui peuvent décrocher leur qualification dès ce week-end. Les autres sont le Cameroun (GR 5), le Maroc (Gr 12), l’Algérie (GR 8), l’Angola (GR 8), la Côte d’Ivoire (Gr 1), le Nigeria (Gr 3), la Tunisie (Gr 4), le Togo (Gr 9) et l’Afrique du sud (Gr 11). Mais, encore une fois, pour les “ Lions ”, il faudra commencer par s’imposer et prier ensuite.

Le classement du Groupe 7

1er Sénégal : 7 pts ; + 5 ; 2ème Mozambique : 5 pts ; 0 ; 3ème Tanzanie : 5 pts ; - 3 ; 4ème Burkina Faso : 4 pts ; - 2

Henri Kasperczak, entraîneur des “ Lions ” : « L’équipe est plus sûre d’elle et de ce qu’elle fait »

Maputo : “ Il nous faudra rester dans l’efficacité de notre match amical contre le Malawi, être présents dans le jeu avec ou sans ballon. Il y aura aussi beaucoup de duels et de combats et il faudra en gagner le maximum ”. Telle est, selon Henri Kasperczak, la clef du match de demain. La pression ? Il la relativise, sans la banaliser, car, disposant de joueurs de haut niveau, habitués à la gérer en club. Depuis une semaine et la victoire à Blantyre contre les “ Flames ” qui a fait tant de bien à la tanière, le technicien polonais estime que son équipe “ est en progrès ”. Des correctifs ont été apportés aux insuffisances et aujourd’hui, à l’heure du match (15 heures à Maputo, 2 heures plus tôt au Sénégal) et sur le terrain du match, il se penchera sur les “ autres éléments à améliorer ”.

Pour ce match qu’il avait qualifié de “ sorte de finale ”, Kasperczak se veut serein. Car, au bout de 3 semaines passées avec ses hommes entre Paris, Mwanza en Tanzanie et Lilongwe et Blantyre au Malawi, il a noté, hier à la descente d’avion à Maputo, que son “ équipe est plus sûre d’elle et de ce qu’elle fait ”. Mais, il est trop expérimenté pour savoir que le match peut donner une tournure bien inattendue aux évènements. Il assure, en tout cas, que “ les joueurs seront prêts ” et il espère qu’ils lui sortiront un match du même tonneau que celui en amical face au Malawi.

Son groupe est au complet et il sait qu’il aura forcément à trancher puisque presque tout le monde mérite de jouer ce match important. Il “ réfléchit ” à ce que sera son onze de départ. Car, dans tous les secteurs, il estime avoir plus de monde de qualité qu’il ne peut aligner : 4 défenseurs centraux (Diatta, Diagne Faye, Diakhaté et Adama Sarr) qui ont tous donné satisfaction, un milieu axial où ils sont 4 (Bayal, Ousmane Ndoye, Malick Bâ et Badara Sène) pour 2 places et un milieu excentré droit où il a Waïgo et … Diomansy qui peut également jouer en pointe… “ Je suis content d’avoir à faire un choix ”, dit malicieusement le technicien polonais. C’est dire qu’il comptera, comme toujours, d’abord sur les forces de son équipe. “ C’est un match capital pour nos adversaires, mais pour nous aussi. Et même si ça risque de se jouer lors de la dernière journée pour la plupart des équipes engagées dans cette compétition, nous, on fera tout pour gagner ”. Kasperczak ne perd pas de vue que, jusqu’ici, tous les matches du Sénégal à l’extérieur ont été très difficiles. “ Cette fois, nous avons eu la chance de travailler dans de meilleures conditions que par le passé. Il ne nous reste plus qu’à jouer ”. Et à gagner. Il aimerait bien, mais c’est pour dire, par expérience qu’ “ il y a toujours un point d’interrogation ” en football.

Eusebio sera là…

Maputo : On nous avait annoncé qu’il était là en renfort au staff technique des “ Black Mambas ” pour cette rencontre de la première importance de demain contre le Sénégal. Mais Eusebio, croisé hier soir à l’hôtel des joueurs sénégalais, l’ex “ Panthère noire ” de Benfica nous a confié qu’il n’était à Maputo que pour affaire. “ Je suis ici pour voir ma famille, des amis. Mais, comme j’aime le football, je ne peux pas manquer ce match ”. Né à Maputo qui était alors Lourenço-Marques, Eusebio a été l’un des plus grands attaquants que le football a connus. Avec son club de Benfica comme avec l’équipe nationale du Portugal avec laquelle il a disputé le Mondial 66 en Angleterre et dont il a longtemps détenu le record de buts marqués avant d’être détrôné, il y a quelques mois par Pauleta, il a illuminé le jeu Football pendant de longues années.

Sur le match dont il sera un spectateur intéressé demain, Eusebio se contente juste de dire que “ ce sera très dur et difficile. Je sais que le Sénégal a une très bonne équipe. Une des meilleures d’Afrique. Le Mozambique essaiera, lui, de jouer son football ”. De pronostic, il refuse de faire : “ je veux profiter du jeu. Et j’espère que le fair-play l’emportera ”.

Les joueurs : « On sera bien présents »

Maputo : L’importance du Mozambique – Sénégal de demain, les officiels sénégalais l’ont appréhendée à sa juste valeur. C’est pourquoi, ils ont choisi de mettre les joueurs dans les meilleures conditions à Maputo. C’est simplement le meilleur réceptif hôtelier de la capitale, le Polana Serena Hôtel en bordure de mer, qui leur a été choisi. Loin du centre – ville et de l’hôtel Ibis que la partie adversaire leur avait réservé ; histoire de renvoyer l’ascenseur au Sénégal qui avait logé la délégation mozambicaine en septembre dernier, dans un hôtel qui ne répondait plus depuis belle lurette, aux normes internationales. Parallélisme des formes, les “ Lions ” devaient même loger aux 11 ème et 12ème étages de l’Ibis. Tels les Mozambicains, à Dakar.

Heureusement que la mission avancée à Maputo a pu dénicher cet hôtel haut de gamme où les “ Lions ” ont passé leur après-midi d’hier à récupérer de la fatigue du voyage depuis Lilongwe au Malawi où ils ont passé une dizaine de jours à préparer le rendez-vous de demain. Et à l’image de Tony Sylva, ils ont apprécié les lieux. Pour le portier des “ Lions ”, seule la victoire sera belle. “ Nous n’avons pas fait tout ce périple pour jouer les touristes. Cela fait 2 semaines que nous préparons ce match et nous sommes prêts pour décrocher un bon résultat ”. Un bon résultat ? “ La victoire ”, précise-t-il. Sylva, l’un des 3 “ rescapés ” du Mondial 2002 (avec Diatta et Habib Bèye), prend au sérieux son rôle de grand-frère. Il estime que cette équipe-ci du Sénégal, essentiellement constituée de jeunes, mérite des félicitations et des encouragements après son nul de Mwanza. “ Avec les Diatta, Bèye et autres Diagne Faye, on conseille beaucoup les plus jeunes. On les motive, on les guide. Ils avaient tout donné contre la Tanzanie, ils vont en faire autant face au Mozambique ”.

Comme en écho, Bayal Sall et Pascal Mendy confirment. Nous savons ce qui nous attend face à un adversaire que nous avions battu à Dakar (2 – 0). Mais, nous sommes prêts depuis longtemps ”, selon le premier. Pour le second, “ nous savons que cet adversaire joue bien au ballon.

C’est à nous d’être les premiers partout, sur tous les ballons, au sol comme en l’air ”. Pascal Mendy qui sait ce que se dépenser sans compter veut dire, annonce qu’il faudra se battre pour gagner. “ Ce sera tout sauf facile. Mais les leçons tirées du match contre la Tanzanie nous serviront ”. Ce que dit, en d’autres termes, Bayal Sall “on sait que ce n’est jamais facile à l’extérieur. Il faut donc savoir être présent. Et je peux dire qu’on sera bien présents ”.

Dans le camp adverse : Tout pour la victoire

Maputo : L’exemple de Mwanza va faire tâche d’huile à Maputo. Après le président tanzanien lors de la 4ème journée, les “ Lions ” devraient avoir un spectateur de choix demain face aux “ Black Mambas ” : le président du Mozambique en personne. On raconte même ici, qu’il a demandé à toutes les “ huiles ” du pays d’être présentes à ce match que ses troupes doivent vaille que vaille gagner pour espérer se qualifier. Alors, de tous les coins du pays, les “ fonctionnaires ” ont convergé vers Maputo (à moitié tarif, en avion) pour pousser les leurs à se transcender. C’est dire si les “ Lions ” sont attendus. En fait, depuis que les “ Black Mambas ” ont tenu en échec les “ Etalons ” du Burkina à Ouaga avant de les battre à Maputo, ils se sont découvert une nouvelle ambition. Et comme 2 petits points les séparent de leurs hôtes du jour, ils se disent pourquoi pas leur chiper la première place du Groupe 7 avant le dernier tour ? Ils prennent tellement leur tâche à cœur qu’ils s’étaient exilés tous ces jours-ci à Mapula (près de 1000 km de là) et ne sont revenus à Maputo (à une quinzaine de km, tout de même) que tout dernièrement.

Et comme autant la confiance que la peur sont contagieuses, tous les Mozambicains se mettent à rêver d’un exploit. Difficile de rencontrer à Maputo un pronostiqueur qui ne vous annonce pas la défaite des “ Lions ”. A croire qu’ils se sont passé le mot : tous prévoient 2 – 0, pour les leurs, bien sûr.