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LES TARES DE L'ARENE AU GRAND JOUR : LUTTEURS VICIEUX, PROMOTEURS VEREUX, MANAGERS CORROMPUS

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LES TARES DE L'ARENE AU GRAND JOUR : LUTTEURS VICIEUX, PROMOTEURS VEREUX, MANAGERS CORROMPUS

Autant les K.O et les chutes sont nombreux dans l’enceinte, autant les coups bas sont nombreux en dehors. La lutte est un éternel combat de dupes (lambi golo). Dessous-de-table, lutteurs vicieux, promoteurs véreux, managers et directeur commercial corrompus… polluent l’arène. 

Des lutteurs vicieux

Dans l’organisation des combats, il arrive que certains lutteurs discutent directement avec le promoteur. Le manager se contente de signer une fois l’accord trouvé, sans être au courant des tractations faites à son insu : le deal. «Le lutteur convainc le promoteur à déclarer un cachet de 5 millions au Cng, alors que le montant réel est de 10 millions, informe une source bien au fait des choses. Le but est de réduire considérablement l’argent du manager. Lequel ne percevra son pourcentage (10%) que sur le montant déclaré au Cng, 5 millions.» L’autre moitié lui passe sous le nez. Mais du côté des managers, on dédramatise. Selon le président de ladite structure, Bassirou Babou, «le manager ne s’en tient qu’à la somme déclarée par le lutteur qui a pris sur lui la responsabilité de discuter directement avec le promoteur».

Des managers corrompus

Dans l’arène, les lutteurs ne sont pas les seuls à donner des coups. A force de les côtoyer, les managers deviennent de véritables cogneurs. Certains qui discutent directement avec les promoteurs abusent leurs poulains. Comment ? «Sous l’effet de la corruption, souffle une source très influente d’une écurie. Le promoteur le corrompt à plaider en sa faveur pour l’organisateur du combat de son lutteur. Dans ce cas, le manager reçoit discrètement une enveloppe qui n’a rien à voir avec les 10% qu’il doit recevoir du cachet du lutteur. Le promoteur propose, par exemple, 10 millions au manager, mais seuls les 8 millions sont déclarés au lutteur. Lequel sera obligé, conformément au règlement, de verser 10% de son cachet (8 millions) à son manager qui a déjà encaissé 2 millions du promoteur pour lui avoir facilité le montage du combat». Serigne Modou Niang, promoteur, dit ne l’avoir «jamais fait», mais reconnaît, toutefois, que «ça existe bel et bien. Il y a des gens qui le font». Généralement, «les lutteurs des régions et ceux qui disputent les combats préliminaires sont les victimes» de cet abus de confiance rejeté par le président des managers. Bassirou Babou dégage en touche : «Si ça existe, nous ne l’avons pas constaté au bureau des managers que je dirige.» 

Promoteurs véreux

Les promoteurs aussi savent donner des coups bas. Cette fois-ci, l’instance de régulation est la victime. «Pour revoir à la baisse les frais d’organisation à verser au Cng, certains promoteurs, en connivence avec les lutteurs, mettent de modiques sommes sur le contrat. Exemple : il déclare 10 millions au Cng alors qu’ils ont payé 40 millions aux lutteurs parce que si le cachet global des lutteurs dépasse 30 millions, le promoteur paie 5 millions au Cng pour les frais d’organisation. D’autres le font pour diminuer le reliquat.» Dans le souci d’aider un promoteur thiessois, deux lutteurs ont eu à jouer le jeu, malheureusement, à leurs dépens. Ils n’ont pas vu le reste de leur argent après le combat. Que faire dans ce cas de figure ? Saisir le Cng ? «Non» ! Porter plainte ? Oui ! «Seul le tribunal pourra résoudre ce problème, car la structure dirigeante ne peut rien faire. C’est pourquoi, on avait saisi, après le combat Baboye-Bombardier, le tribunal régional de Thiès pour abus de confiance», renseigne Pape Dia, frère de Bombardier.

Sponsors corrupteurs

Certains directeurs commerciaux ont des affinités avec des promoteurs et n’hésitent pas à casquer gros. «L’amitié prend le dessus sur le souci de la visibilité de leur produit. Parfois, c’est la corruption, affirme une source ayant participé à un montage d’une grande affiche. Ils aident le promoteur à décrocher le jackpot moyennant un pourcentage. C’est ce qui explique souvent la difficulté des jeunes promoteurs à trouver des sponsors pour leurs manifestations. Ils ne savent pas comment s’y prendre.» Serigne Modou Niang enfonce le clou : «Je n’ai que des rapports de confiance avec mes partenaires qui sont une dizaine. Mais l’accaparement des gros sponsors par certains promoteurs posent problème. On doit voir pourquoi les autres ne peuvent pas en bénéficier. J’ai organisé 16 journées dont 10 transmissions directes à la télé. Aucun promoteur ne l’a fait. Donc, si c’était une question de visibilité, les gros sponsors allaient m’accompagner. Mais je pense que ce n’est pas le cas.»

L’aspect mystique

La prouesse de certains lutteurs fortement écornée par l’aspect mystique. «Lors du premier combat de Bombardier contre Tyson, un sponsor s’était proposé à donner un marché de publicité au vainqueur. Après la chute du patron de l’écurie Boul Falé des rumeurs faisant état de la présence de Djiné dans l’arène sont venues entacher la victoire du Mbourois. Et le sponsor, des Toubabs, s’est désisté sous prétexte que la victoire relevée plus de l’aspect mystique que d’une prouesse du lutteur», témoigne Pape Dia, frère de Bombardier. Ce lutteur n’a pas de public, il se dope, l’autre étant plus côté.

Prolifération des lutteurs, une bombe à retardement

Aujourd’hui, nombreux sont les jeunes, 6 000 licenciés, qui nourrissent un rêve de star en entretenant un corps de lutteur à la plage, dans les salles de musculation ou de boxe. Dans l’espoir de décrocher un combat, ils apprennent à se battre, à mettre K.O un adversaire. Ils savent cogner là où ça fait mal. Ils savent aussi que loin de leurs parents, ils doivent se nourrir ou payer le loyer. Malheureusement, l’argent leur fait défaut. Ils n’ont pas de combat. Que faire alors ? «Certains agressent ou s’adonnent à des activités répréhensibles. Zale Lô 2 croupit en prison depuis trois semaines pour détention de chanvre indien. D’autres servent de gros bras pour faire le sale boulot, moyennant 10 000 FCfa. Ils embrassent un nouveau métier, garde du corps, dont ils ne maîtrisent pas les contours. Armés de corne ou d’objets tranchants, ils sont prêts à tout pour mériter leur recrutement. Ils ne neutralisent pas comme l’aurait fait un professionnel, ils violentent. Ils ne sont guidés que par l’instinct de lutteur dans l’enceinte de l’arène face à son adversaire. Ils n’ont aucune réserve et sont d’une promptitude à jauger leur talent de bagarreur, leur capacité de déhanchement (Mbott), ou tout simplement de lutteur. Durant les campagnes électorales, ils sont sur toutes les lèvres. Ce qui avait obligé le Cng, lors de la dernière Présidentielle, a menacé de radiation tout lutteur pris en flagrant délit.   

Réglementation

Le manager est le mandataire des lutteurs licenciés au Cng de lutte. Il a, comme le stipule l’article 2 du statut des associations des lutteurs, compétence à traiter avec les organisateurs pour le compte des lutteurs. Son rôle, article 4, consiste à «rechercher  des  combats  pour  ses  mandants,  négocier et signer les contrats de lutte, veiller aux intérêts moraux et matériels de ses mandants, veiller à faire appliquer les clauses contractuelles par ses mandants, respecter et faire respecter les statuts et règlements du Cng. Selon l’article 5, il est titulaire d’une licence de manager délivrée, par le Cng de lutte et renouvelable tous les ans.

Cette licence peut lui être retirée à tout moment pour faute grave. L’article 8 le rend «solidairement responsable avec son mandant de l’exécution des engagements contractés». «La mauvaise exécution du contrat de lutte expose son manager aux sanctions suivantes : avertissement, amende de 25 000 à 100 000 FCfa, retrait de la licence», article 9.



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