Il ne reste que quelques jours à Baboye et Balla Gaye N°2 pour solder leurs comptes. Mais ce combat commence à faire perdre le sommeil aux amateurs de lutte de la banlieue qui craignent qu'une fin malheureuse ne trouble le voisinage entre Guédiawaye et Pikine.
À l'annonce du combat par le promoteur Gaston Mbengue, tout le monde a applaudi. Les amateurs de lutte ne pouvaient rêver mieux que cette affiché Baboye-Balla Gaye 2. Mais à l'approche de l'événement prévu le dimanche 1 er août prochain, au stade Demba Diop, la fièvre monte dans les deux camps. À Guédiawaye, fief de Balla Gaye 2, comme à Pikine, ville natale de Baboye, on prie pour que la banlieue ne soit divisée à cause d'éventuels incidents qui pourraient survenir le jour du combat.
«La lutte a évolué. Nous avons dépassé l'âge où un lutteur doit refuser d'affronter un autre champion. Ça fait mal d'entendre dire que des jeunes de Pikine s'interdisent de lutter entre eux. Moi, j'ai rencontré une fois mon propre frère. Si ça ne dépendait que de moi, Baboye et Balla 2 n'allaient jamais s'affronter, mais c'est le sport. Ils ont choisi la lutte comme métier et ce sont des professionnels qui connaissent les réalités de l'adversité. De leur comportement dans l'arène dépendra l'attitude des amateurs de la banlieue. Et on ne souhaite pas une division entre les populations de Guédiawaye et de Pikine condamnées à cohabiter dans la paix et l'entente», indique Samba Diaré Sy, une ancienne gloire de la lutte.
Rencontré à Amadou Barry, vendredi dernier, lors de la présentation de Modou Lô et Baye Mandione qui se rencontrent le 8 août, ce vieux de 70 ans s'est prononcé sur le duel. «Ce sont Mbassou Niang et moi qui avons créé l'écurie Hal Pulaar dont le chef de file est Baboye. Et j'habite Guédiawaye, le fief de Balla Gaye 2. Je peux donc me permettre de parler de ce combat entre mes enfants pour dire qu'ils partent à chances égales. Grâce à son expérience, Baboye peut piéger son jeune frère pour le terrasser. S'il privilégié un combat rapide, il peut s'en sortir. Mais si les choses tirent en longueur, il sera désavantagé car Balla Gaye 2 est plus jeune. Tout dépend de la stratégie et des consignes données par leur staff respectif. Mais la technique peut bien prendre le dessus sur la puissance physique», assure-t-il.
De leur comportement, dépendra l'attitude du public
De son côté, Paye Guèye (25 ans), stadiste à Amadou Barry a son favori: «Ce ne sera pas facile, mais je pense que Balla Gaye 2 va l'emporter. Il est plus jeune et plus puissant. Mais Baboye peut créer la surprise. Cependant, le plus important pour nous, habitants de la banlieue, c'est de faire en sorte que ce combat ne soit pas à l'origine de batailles rangées entre deux localités qui cohabitent paisiblement. Rien ne s'oppose à ce qu'ils se rencontrent, on craint seulement pour les troubles de voisinage», déclare-t-il.
Pour le chanteur Doudou Ndiaye Mbengue (62 ans), il n'y a pas de favori. «Ce sont deux champions de la banlieue qui vont s'affronter et au nom de la loi du sport. Balla Gaye 2 a fait son trou dans l'arène, mais qu'il sache qu'il a affaire à un adversaire d'une autre génération. C'est la banlieue qui est honorée par le montage de cette affiche. Et le vaincu doit sportivement féliciter le vainqueur. Ainsi, on lance un appel au Cng pour qu'il choisisse des arbitres courageux et qui vont donner un verdict exempt de contestation. Si la chute n'est pas claire, c'est la porte ouverte à des contestations et des casses qui ne vont pas épargner les populations innocentes de la banlieue», lance l'artiste de la banlieue.
Respecter la volonté des lutteurs
Le combat Baboye-Balla Gaye 2 a été monté en un laps de temps. C'est la volonté affichée par les protagonistes d'en découdre qui a facilité la tâche au promoteur. «Deux lutteurs sont à l'origine de ce combat. Ce sont Lac 2 et Modou Lô. On va donc vers des règlements de comptes en souhaitant qu'on fasse preuve de fair-play. Si les lutteurs ont accepté de s'affronter, on doit respecter leur volonté. Certes, ils se lancent des piques à l'occasion des cérémonies de signature de contrat, mais ce n'est pas une excuse pour que les camps des lutteurs s'emportent et s'adonnent à des actes de vandalisme après le combat. Comme ce fut le cas lors de Balla Gayé 2-Modou Lô», plaide Alassane Diagne (43 ans), mécanicien à Pikine. Le respect de la volonté des lutteurs est aussi prôné par Moussa Faye (72 ans), un autre habitant de Pikine. « Ce sont les jeunes qui ne comprennent rien à la sportivité. C'est parce qu'il y a le phénomène de l'argent. C'est Balla Gaye 2 qui a défié Baboye. C'est tout bénéfique pour la lutte. Si les négociations n'ont, pas tiré en longueur, c'est parce qu'il y a une volonté manifestée de part et d'autre pour clarifier un débat. Que tout le monde se range derrière et prie pour que les choses ne dégénèrent pas. Car, la banlieue a besoin d'un sport sans violence», dit-il.
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